Ah, la culture japonaise ! Entre tradition et modernité, ou comment concilier le théâtre No et les mangas, l’art de l’arrangement floral et Godzilla et surtout comment réunir la cérémonie du thé et la fascination pour les petites culottes. C’est ça, le Japon, un pays de contraste. La série des Akiba’s Trip ne cherche pas à rendre hommage à la première partie, elle nous plonge en plein milieu du quartier repère des geeks du monde entier : Akihabara, pour nous emmener dans un voyage déjanté au pays des vampires et des sous-vêtements. Alors quand nous, pauvres Occidentaux, avons la possibilité de mettre la main sur le remake du premier épisode, c’est d’abord et avant tout un devoir anthropologique que de découvrir le titre d’Acquire.
Le DIM de la colère
Tout commence durant cette bien triste journée, par une banale agression dans une ruelle d’Akihabara. Beaucoup de rumeurs courent sur ce quartier, devenu au fil du temps la Mecque de tous les otakus. Il y a en même qui disent que des êtres buveurs de sang hantent ses ruelles en quête de victimes. Eh bien cette victime, c’est nous ! Nous sommes en fait un simple dommage collatéral du tabassage en règle d’un de nos amis. Celui-ci se fait victimiser par un certain Yu qui n’hésite pas à s’en prendre à tout ce qui remue dans les environs. Heureusement, sa sœur, Rui, nous vient en aide alors que nous nous trouvons à l’article de la mort. Pour cela, elle nous inocule son venin pour nous transformer en créature à sang froid.
Alors que nous sommes en pleine récupération, nous sommes emmenés par une femme mystérieuse. Elle nous apprendra bien vite qu’elle fait partie de l’organisation NIRO et que cette société secrète a pour but d’empêcher les vampires de Shadow Soul de dominer le monde en commençant par le quartier d’Akibahara… il faut bien commencer quelque part, non ? Pour cela, ces Shadow Souls déambulent dans les rues à la recherche des potentiels futurs dirigeants de notre monde et les rendent faibles, pour ainsi pouvoir prendre leur place.
Alors oui, tout le monde sait que ce sont les otakus qui, un jour, domineront le monde, enfin c’est ce qu’ils pensent depuis le fin fond du sous-sol de leur mère. Si ce scénario est clairement barré, il est complètement assumé tout le long du jeu et c’est le plus important. D’autant qu’il ne s’arrête pas là, après une brève séance d’interrogatoire pour savoir si nous voulons aider NERO, nous apprenons que pour défaire ces vampires, il suffit… de les mettre à poil. Ben oui, un vampire, ça craint la lumière du jour. Bon, il faut en fait les mettre en sous-vêtements. Tant que les jambes ou le torse ou la tête sont encore équipés d’une pièce de tissu ou d’équipement, il n’y a rien à craindre, par contre, dès lors que ces trois éléments de notre anatomie se retrouvent à l’air libre en même temps, c’est la fin assurée.
Nous apprendrons donc, de ce qui semble être une stripteaseuse, les arts martiaux du déshabillage ! À nous de les mettre en place dans les combats face aux forces du mal pour voir nos ennemis s’enfuir, le DIM entre les jambes. Nous aurons aussi à notre disposition un détecteur de vampires. Fourni par les Akiba Freedom Fighters, bien pratique et prenant la forme d’un appareil photo, il nous permettra, lors de nos déambulations dans Akiba (le diminutif d’Akihabara), de démasquer ces odieux complotistes avant de les défaire à base du Strip-do (vivement son introduction au projet J.O. d’été).
L’esthétique du coton
Ne se prenant jamais au sérieux tout au long de la dizaine d’heures nécessaire pour en voir le bout, Akiba’s Trip est avant tout, d’un point de vue occidental, un hommage loufoque à Akibahara ainsi qu’aux otakus. Les allusions aux idoles et aux déviations de leurs fanas pullulent tout au long de notre aventure. Nos péripéties n’en souffrent pas pour autant d’un manque d’intérêt. Au fur et à mesure que nous avançons, les retournements de situation et autres complots s’enchaînent agréablement et nous font tenir jusqu’au bout de notre voyage dans ce quartier si particulier. Celui-ci se veut d’ailleurs une modélisation de ce qu’il était en 2011, date de la sortie de l’opus sur PSP au Japon ; si Akiba a bien sûr changé depuis lors, il est intéressant de voir à quel point les développeurs d’Acquire ont voulu lui rendre hommage en le rendant le plus fidèle possible.
Si la version PSP d’Akiba’s Trip était plutôt jolie à l’époque, celle proposée dans ce remake ne transcende pas l’œuvre originale. Certes, les modèles 3D des bâtiments et des personnages sont lissés, mais les textures restent floues. Le travail de restauration sur ce titre se limite, comme trop souvent, à une amélioration de la résolution, un petit lissage et c’est tout. Le rendu n’est pas désagréable, mais il est loin de ce dont sont capables nos Switch. Un travail sur les textures aurait permis une découverte de ce quartier mythique bien plus agréable. Découpés en sept parties, les niveaux sont vraiment très petits et se parcourent d’un bout à l’autre en quelques secondes, augmentant encore la sensation d’un remake au rabais.
Nous nous déplaçons de rue en rue et de magasin en magasin, accomplissant les missions qui nous sont données, que ce soit pour faire avancer l’histoire ou pour débloquer de nouveaux items dans les commerces. Ces échoppes nous proposent différents items qui feront progresser notre défense ainsi que notre attaque. À nous de récolter suffisamment de yens pour avoir la chance de nous les offrir. Il est aussi possible de looter les tenues, les armes et le liquide de nos adversaires, encourageant ainsi le farming. Cela pour deux raisons, premièrement, dans le cas où, en plein combat, une partie de notre tenue se verrait arrachée, il faudra bien la remplacer, constituer un stock est donc une priorité. Deuxièmement, quitte à déambuler dans Akihabara, autant le faire avec classe, distinction et pourquoi pas avec ostentation.
Nos choix vestimentaires faits dans le menu sont directement visibles une fois en jeu. Rien ne nous empêche ainsi de flâner paisiblement avec une jupe d’hôtesse d’accueil, un blazer tout ce qu’il y a de plus classe, le tout accompagné d’un casque de soudeur. Les possibilités de customisation sont énormes et le choix des armes à notre disposition adopte la même politique. Tout est utilisable pour mettre à mal le plan maléfique des Shadow Souls. Une bouteille de jus de fruits, okay. Une guitare, okay. Nos petits points sertis d’une barre métallique OKAY. Encore une fois, ce choix apparaîtra directement sur notre personnage que ce soit durant nos promenades ou durant les combats.
Le trou dans la chaussette
Si la volonté d’Acquire d’offrir à ses joueurs un titre qui pourrait les plonger dans l’ambiance décalée d’Akibahara est pour l’instant une réussite, il faudra aussi aborder leurs ratés. Ceux-ci concernent malheureusement le cœur du gameplay, à savoir les combats. Ils se limitent à frapper nos ennemis à trois hauteurs différentes : haut, bas et milieu avec les trois touches Y, X et A, la touche B servant à sauter. Malheureusement, il n’y a pas de combo ou autres subtilités. La garde mise en place avec la touche R ne sert pas vraiment et l’on s’en sort sans vraiment faire preuve de talent (en tout cas le testeur ne sent pas de talents particuliers) et même lors d’affrontement contre plusieurs ennemis, ceux-ci ne nous harcèlent que très raisonnablement. Enfin, l’absence de verrouillage amène trop souvent notre avatar à taper dans le vide ridiculement.
Une fois les vêtements adverses suffisamment affaiblis, nous pouvons déclencher le QTE qui nous permettra de déshabiller l’importun cherchant querelle. Ce système de combat est trop répétitif et n’apporte que peu de plaisir et de variété. Les attaques sont toujours les mêmes, peu importe l’arme avec laquelle nous combattons. De même, la caméra est loin d’être irréprochable que ce soit en phase d’exploration ou en phase de combat. Heureusement, Akiba oblige, des petits jeux vidéo parsèmeront notre aventure et viendront diversifier nos activités.
Conclusion
Akiba’s Trip : Hellbound & Debriefed est un jeu à part. Son gameplay, à base de déshabillage, est certes redondant, mais il est tellement incongru parmi les productions actuelles qu’il en devient attachant. Son univers mélangeant otaku et vampire nous mettra toujours le sourire aux lèvres tout en maintenant un petit suspens. L’arrivée du titre d’Acquire, dix ans après sa sortie japonaise, sur nos sols occidentaux laisse espérer la venue prochaine d’autres titres atypiques. Toutefois sa localisation uniquement en anglais et son faible travail de remaking laissent un petit goût amer.
LES PLUS
- L’esprit bien décalé et coquin tient sur la longueur
- La narration est bien menée
- Le gameplay est simple à appréhender…
- La bande originale bien punchy nous met dans l’ambiance
- Le strip-do, quelle invention merveilleuse
- La customisation esthétique est très poussée
- Le choix des voix japonaises ou anglaises est un plus
LES MOINS
- … mais il ne se renouvelle jamais
- Le travail de remake est vraiment faible, surtout concernant les textures
- Tout en anglais