Les développeurs asiatiques s’affirment de plus en plus aux côtés du Japon à notre époque. Cependant, dans les contrées orientales, le marché est très dominé par les productions smartphones et PC. Ainsi, la plupart des productions sortent sur ces plate-formes. Pourtant, à travers le monde, et même en Asie, la Nintendo Switch se fait une place pertinente auprès du public asiatique. Longtemps réservé au marché du smartphone, les développeurs Coréens de Kiwi Walks tentent une première approche sur console avec un remaster de Witch Spring 3 ainsi qu’une localisation anglaise à l’attention de la console hybride de Nintendo.
Un récit de sorcière entre lumière et ténèbres
Nous incarnons une sorcière sans nom vivant au plus profond d’une forêt envahie d’une légère brume. Une scène presque tout droit tirée des plus grands clichés des contes de sorcière. Pourtant, le tout est réalisé avec les éléments sinistres du folklore en moins. Cela commence par notre héroïne qui a plus le visage d’une sorcière toute mignonne aux cheveux blond/argenté tout droit inspiré du design kawai actuel des œuvres asiatiques.
Un design bien en opposition de la classique sorcière laide à la peau verte au visage rempli d’horrible verrue. Au-delà de notre héroïne, le décor alentour lui-même se veut plus coloré et moins sale que le stéréotype de la sorcière que nous avons. Reste à notre jeune sorcière sa fameuse marmite et ses formules magiques. Jouons ensuite les alchimistes avec cette marmite en ajoutant des invocations de poupée et des techniques d’épéiste et l’on obtient quelque chose d’intrigant.
Continuons à développer ce récit, notre héroïne explore ainsi les environs de sa forêt afin de recueillir plus d’énergie vitale dans sa petite pierre sacrée afin de déverser celle-ci dans ses poupées. Cela permet à celles-ci de prendre vie et de l’aider directement dans son exploration. L’histoire prend une tournure différente lors d’une de ces explorations. Notre protagoniste, poursuivant un simple sanglier pour des provisions, fait alors la connaissance d’un humain.
Celui-ci se présente comme étant un explorateur du nom d’Adrian. On comprend progressivement qu’il recherche une pierre sacrée afin de pouvoir réveiller sa mère victime d’une certaine maladie. Celui-ci donne d’ailleurs un nom à notre sorcière en la nommant Eirudy. Pourtant, notre jeune ami n’est pas au courant des pouvoirs de notre héroïne. Pour cause, le contexte du monde oblige notre jeune Eirudy à cacher son identité de sorcière, et même à se battre avec Adrian sans utiliser ses pouvoirs.
C’est ainsi que débute l’aventure d’Eirudy dans ce grand continent ne portant pas nécessairement les sorcières et autres entités divines surnaturelles dans leur cœur. Une quête qui débute avec Eirudy décidant d’aider à soigner la mère d’Adrian en cherchant l’acquisition d’une autre pierre sacrée. Puis cela se transformera en une quête d’une vingtaine d’heures impliquant bien plus de monde et d’entités que prévu. Un récit à fins multiples penchant entre ombre et la lumière. Le défaut de cette histoire sur Switch est d’être uniquement traduite en anglais alors même que les jeux smartphone ont une traduction FR.
Invoquez vos poupées en combat.
On ressent cette volonté du studio à proposer une expérience qui doit enchanter les potentiels amateurs du genre tout en ayant conscience du public présent sur Smartphone. Le genre de public qui ne se soucie pas nécessairement des mécanismes complexes et réfléchis. Pourtant, Witchspring 3 cherche aussi à se différencier du genre d’expérience en plusieurs parties ou saisons avec abus de farming quotidien limité à une “énergie payante” voire du gatcha à outrance.
Nous nous retrouvons avec un gameplay rappelant n’importe quel JRPG de base aujourd’hui. Des mécanismes d’exploration de décors avec récolte de matériaux pour fabriquer de nouveaux objets plus ou moins importants à votre cause. Puis un système de combat au tour par tour présentant quelques subtilités empruntées au genre et en y déversant un peu de lore de Witchspring. Notamment la mécanique d’invocation de poupée qui ne dépend que de votre progression personnelle dans le jeu.
Nous pouvons invoquer jusqu’à 3 poupées par combat et 1 poupée par tour. Chaque poupée nous apporte un soutien actif ou passif en combat. Toutefois, les poupées que nous invoquons et leur puissance ne dépend que de votre capacité à leur infuser de l’énergie vitale. En avançant dans le jeu, nous pouvons aussi renforcer nos poupées moyennant cette fameuse énergie vitale. Pour recueillir cette énergie, il s’agit simplement de remporter des combats et de récolter la vie des monstres.
Notons qu’au début notre pierre sacrée n’est limitée qu’à une petite quantité d’énergie vitale. Les poupées à notre disposition sont ainsi très très limitées puisque la transmission d’énergie vitale dans une poupée ne peut se faire qu’en une fois. Le jeu vous oblige ainsi à avancer un peu afin d’arriver au moment où vous pouvez améliorer votre pierre sacrée pour y mettre plus d’énergie et ainsi pouvoir réveiller plus de poupée. Au-delà de cette mécanique de poupée, nous avons juste un cercle de commande à saisir afin de commander l’action de notre héroïne Eirudy.
Un RPG Smartphone solo complet aux mécanismes intrigants.
Nous vous décrivons des combats au tour par tour, mais c’est légèrement plus subtil. Le système de Witchspring 3 se veut un peu dynamique avec la présence d’un genre de barre ATB. Ainsi, il ne s’agit pas d’alterner simplement votre tour d’action et celui de votre adversaire, mais de compter sur vos stats d’agilité afin que votre jauge d’action se remplisse rapidement pour saisir votre action.
Autrement dit, avec une bonne agilité, vous pouvez enchaîner plusieurs tours d’action avant même que votre adversaire agisse. Soulignons que l’invocation de poupée ne se fait que par 1 poupée par tour jusqu’à 3 poupées en combat maximum. Cependant, l’invocation de poupée ne compte pas pour un tour d’action donc vous pouvez agir directement après la dite invocation. De plus, les actions de celles-ci sont gérées uniquement par l’I.A. Pour le reste géré vos actions entre magie, utilisation d’objets, attaques physiques ou défense.
La magie consomme des MP tandis que vos enchaînements d’attaque physique consomment quelques PV. Le système vous propose également de combiner les effets de magie avec vos offensives physiques afin de maximiser vos dégâts. Par exemple, en usant de magie de feu vous avec un certain pourcentage de brûler un ennemi. Un adversaire brûlé est plus sensible aux attaques physiques en plus de prendre des dégâts de brûlure. Un système de combat relativement simple à comprendre. Nous ne pouvons que vous recommander de prendre connaissance de toutes les possibilités offertes par ce système pour bien l’exploiter.
Bien entendu, ce dernier conseil est une évidence, mais spécifiquement dans Witch Spring puisque votre héroïne ne monte pas de niveau. Cela ne l’empêche pas d’avoir des stats qui peuvent être boostées via l’équipement ou par des éléments que vous obtenez par mijotage dans la marmite. Il est également possible de monter les stats de votre sorcière par entraînement quotidien.
Cela n’est possible que lorsque vous jouez un certain temps au jeu et que la jauge de session d’entraînement soit au moins pleine une fois. Cette jauge peut se remplir plusieurs fois et vous permettre d’enchaîner les sessions. Une session d’entraînement vous permet de choisir 5 options parmi une bonne dizaine de possibilités. Chaque option boost un certain nombre de stats d’une catégorie. Vous remarquerez que chaque option correspond à un jour d’entraînement pour notre héroïne.
Un jeu smartphone boosté sur Switch et très onéreux
Chaque session d’entraînement fait écouler 5 journées du jeu qui n’ont pas forcément d’incidence sur le rythme de votre aventure. Puis pour vous rassurer, la jauge de session d’entraînement se remplit assez vite. En progressant dans le jeu et en améliorant votre pierre sacrée, la jauge se remplit encore plus vite. Si le besoin de farm se présente, comme dans un jeu smartphone, il n’est ainsi pas nécessaire d’enchaîner des combats, mais de perdre du temps.
Il s’agit juste de vous promener sur la carte du jeu, ramasser des matériaux, remplir des objectifs plus ou moins annexes et cette jauge se remplit petit à petit. Certains objectifs augmentent même directement certaines stats. Ainsi, si l’envie de maximiser votre héroïne se présente, il n’est pas nécessaire de vous impliquer de manière très active dans le jeu. Paradoxalement, cela peut éventuellement vous ennuyer.
Outre l’augmentation de stats, l’intérêt de la progression de votre personnage est dans le déblocage de nouvelles techniques de combat, de nouvelles recettes à mijoter dans votre marmite ainsi que de nouveaux sortilèges et de nouvelles manières de les customiser. L’acquisition de ces nouvelles possibilités est plutôt recommandée pour progresser confortablement dans le jeu. Quitte à avoir l’impression de vous promener pour rien et faire des allers-retours. Un détail fâcheux lors de la collecte toutefois, c’est le fait qu’à chaque objet une fenêtre de description apparaît. Chaque collecte de matériaux devient lourde à faire.
Qu’est-ce qui différencie alors significativement cette expérience Witch Spring 3 de sa version Smartphone ? Le studio s’est permis d’upgrade graphiquement le jeu notamment dans les textures ainsi qu’en proposant de nouvelles illustrations clés et magnifiques du jeu. L’aspect 3D cel-shading reste relativement simpliste, mais la végétation est plus détaillée puis le rendu se veut moins cubique notamment sur des éléments de relief. L’animation de tout ça reste tout aussi basique, certains éléments manquent toujours de physique tandis que la bande sonore accompagne correctement tout ça.
Nous avons également un doublage pour les personnages lors des parties importantes du scénario. Notons aussi des événements exclusifs à la version Switch puis de nouveaux costumes et autres bonus. La version Switch écarte aussi les achats intégrés au jeu sur Smartphone en échange de quoi cette version “intégrale” sur Switch nous est proposée à un prix fort élevé en comparaison à la version mobile. Un prix excessivement onéreux selon nous par rapport au travail effectué pour cette version. Ce dernier point reste évidemment à l’appréciation de chacun.
Conclusion
A la recherche d’un petit RPG coloré et mignon pour cette seconde partie de l’été 2021 ? Witch Spring 3 Re:Fine peut être la bienvenue dans votre ludothèque Switch si vos compétences en anglais ne sont pas mauvaises. Héritant de mécaniques issues de son origine smartphone, votre implication totale n’est pas nécessairement requise pour bien progresser dans le jeu. Un format pas si bête en cette période de vacances d’été et de session de jeu potentiellement moins intense. Reste à voir si les apports et changements effectués pour cette version Switch focalisé sur une expérience plus solo sont à votre goût. Puis surtout si ces modifications sont suffisamment pertinentes afin de justifier la tarification Switch excessive et votre passage en caisse sur cette version du jeu.
LES PLUS
- Un rendu coloré et mignon
- Les illustrations clés et artworks du jeu
- Des mécanismes de gameplay intéressant
- Le système d’invocation de poupée
- La partie craft et alchimie
- Adapté pour de petite session
- Une durée de vie convenable en allant en profondeur
- Une histoire mignonne à fin multiple
- Bande sonore mignonne comme l’ensemble
- Un doublage japonais pour plus de vie
- Les apports et changements de cette version
- Bien adapté pour la TV et le portable
LES MOINS
- Plus joli que sur mobile mais pas impressionnant pour la Switch
- Toujours des animations basiques et des éléments sans physique
- Jeu trop simple ?
- La progression trop passive ?
- Le descriptif des objets à collecter sur la map…
- Des aller-retours...
- Plutôt court en ligne droite
- Un scénario attendu
- Quelques thèmes pas si mémorables
- Une version Switch à prix trop fort
- Où est passée la FR de la version smartphone ?