Le cinéma a beaucoup inspiré le monde du jeu vidéo et son évolution jusqu’à maintenant. Des développeurs choisissent de créer des jeux photoréalistes avec une expérience de jeu exemplaire nous donnant vraiment l’impression de jouer un film. L’autre alternative, prisée par d’autres, c’est de proposer un genre de film interactif. Lorsque les développeurs de Five Dates ou Maid of Sker s’associent, nous nous retrouvons ainsi avec Night Book, une expérience correspondant à la seconde option que nous évoquions.
Être interprète et se confronter en direct à du surnaturel
On assiste à un récit du point de vue de Loralyn, une jeune femme enceinte et interprète pour le groupe Glossa Lingua. Son mari s’occupe de subvenir aux besoins financiers de la famille, et entreprend actuellement la construction d’un complexe hôtelier sur une île. Séparé par la distance, notre jeune couple communique par vidéoconférence. D’ailleurs, nous vivons ce récit uniquement via l’écran PC de notre héroïne.
L’histoire se dévoile à travers une série de vidéoconférences de celle-ci et les autres personnages de l’histoire, ou avec les vidéos de caméras surveillances connectées à son PC, sans oublier les conversations vidéos via smartphone. L’histoire aurait pu être similaire à une simple comédie ou un drame familial. Pourtant, le développeur a trouvé bon de rajouter un peu d’occulte à tout cela, comme s’il cherchait à donner plus d’intérêt à son histoire en jouant sur un autre genre.
Ainsi, ajoutons le fait que l’hôtel que cherche à bâtir le mari de Loralyn doit être construit sur un site considéré comme une sorte de Terre Sacrée pour une ancienne tribu locale. Une ancienne civilisation répondant au nom de Kannar, une région dans laquelle aurait vécu Loralyn par le passé et dont elle a même étudié quelques éléments. Ces études lui ont même permis de comprendre plus ou moins le langage de cette civilisation perdue. Peu importe le choix que vous ferez dans votre récit, vous serez confronté à cette langue.
Vous assisterez alors aux manifestations occultes menaçant le quotidien trouble et difficile de notre héroïne. Une histoire d’esprits invoqués d’une civilisation perdue et mécontents des actions humaines du présent. Un récit qui ne durera que grand maximum une heure, avec de nombreux embranchements dépendamment des choix que vous effectuerez. Soulignons que la majorité de ces choix amènent des changements mineurs de répliques et de scènes, tandis que les fins restent multiples mais pas aussi nombreuses que ces embranchements.
La durée de vie de Night Book dépendra ainsi de votre intérêt et de votre investissement dans le récit proposé. Le prix proposé peut correspondre à quelques séances de cinéma. Il faudra donc que vous soyez motivé à relancer ce “film” du début pour faire des choix qui parfois vous amènent à découvrir quelque chose de différent de votre première expérience. Ces éléments ne sont pas si nombreux, les runs seront majoritairement constitués de scènes déjà vues.
Une histoire, une expérience, et une réalisation imparfaite
Heureusement, nous avons la possibilité de passer les scènes déjà vues. On se retrouve ainsi à relancer le jeu en martelant le skip pour ne faire que des choix différents. Night Book est intéressant, et son système de choix est pertinent au premier run. En fait, chaque choix doit être effectué en un court laps de temps limité. Cela nous permet de mieux ressentir le stress de notre héroïne, Loralyn, face aux évènements qui surviennent. On effectue ainsi les bons ou les mauvais choix dans une panique similaire à l’héroïne.
Passez la première expérience si votre recherche ne se limite qu’à effectuer les choix que vous n’avez pas effectués pour voir toute l’histoire. Il est possible de désactiver le temps limité des choix et juste d’enchaîner les skips, puis faire vos choix. Night Book devient juste très vite un film interactif où vous n’intervenez que sur les choix de Loralyn. Il n’y a ainsi pas de gameplay pertinent passé le stress des choix rapides à faire. Si vous préférez avoir une expérience cinématographique avec un gameplay plus pertinent, Night Book n’est certainement pas pour vous.
C’est dommage puisque le jeu cherche à introduire des éléments typiques d’un jeu, comme le fait de consulter des documents reçus par mail, ou d’avoir une vue sur la progression des relations entre les différents personnages. Mais quand tout revient à zéro à chaque run, et qu’une bonne partie des personnages ne sont que partiellement développés, alors l’intérêt n’y est plus. C’est un comble pour ce genre de jeu dont le scénario doit être suffisamment pertinent pour motiver à refaire une partie.
En résumé, la première fois, Night Book est cool dans son genre. Rien de révolutionnaire dans son scénario, mais il reste appréciable. Il faudra aimer les œuvres réalisées en FMV pour apprécier le jeu, ce qui signifie que graphiquement, le jeu est très beau puisqu’il est filmé en prise réelle. Le jeu d’acteur est crédible et les répliques données sont bonnes, puis l’exploitation d’effets visuels occultes est bien réalisée. Pourtant, à la réalisation comme au scénario, on a quelques failles bien visibles.
En termes de réalisation, nous pouvons notamment distinguer des faux raccords. Sur le scénario, nous en parlions, mais il y a un système de relations entre les différents personnages. Pourtant, nous n’avons pas le temps de bien les comprendre ou de nous attacher à eux avant la fin du récit pour vraiment nous y intéresser. Nous avons juste l’impression d’être à un tournant majeur du récit de Loralyn, puis que tout est soudainement accéléré par des éléments occultes et que nous vivons la fin précipitée de tout ça.
Conclusion
Si vous cherchez un film thriller intéressant à regarder sur votre Switch, Night Book peut être sympathique à visionner. Réservez-vous une bonne heure afin de vous plonger convenablement dans ce récit de tous les jours, avec quelques éléments occultes, afin de faire frissonner les plus sensibles d’entre vous. L’expérience est convenable en tant que telle. Pourtant, si vous recherchez un jeu, préparez-vous à être déçu par son gameplay très pauvre ainsi que la répétitivité de l’expérience. Après tout, pour les perfectionnistes, l’expérience exigera de refaire plusieurs fois l’histoire du début afin de tout débloquer et tout voir. Un film imparfait, mais sympathique à voir d’un côté… Et un jeu très mauvais à faire de l’autre. À vous de parcourir Night Book en toute connaissance de cause.
LES PLUS
- Réalisation FMV de qualité avec de bons effets visuels
- Un jeu d’acteur plutôt bon et crédible
- Un scénario convenable avec des choix stressants à faire
- Des fins multiples
- Possibilité de skip les scènes déjà vues
- Sous-titré en français
LES MOINS
- Il faut aimer les productions en FMV
- Gameplay inexistant
- Quelques faux raccords
- Beaucoup d’embranchements mineurs
- Un récit qui a l’air un poil précipité
- Des personnages inégalement développés
- Difficile d’y revenir pour voir les autres fins
- Très court