Bienvenue au pays des cauchemars ! Ici vous n’incarnez pas Alice, mais Emma. Ici vous ne poursuivez pas un lapin blanc, mais un ours en peluche animé. Ici vous n’explorez pas de terrier, mais la maison d’un magicien dans l’espoir de le retrouver. C’est le scénario de Tandem: A Tale of Shadows. Instillant une ambiance glauque à souhait sans non plus succomber à l’horreur, le jeu nous entraîne dans les entrailles d’une bâtisse bien particulière.
Un jeu de plateforme/réflexion qui allie parfaitement 2D et 3D
Dans Tandem: A Tale of Shadows, vous incarnez à tour de rôle Emma, une jolie fillette, et Fenton, l’ours en peluche du magicien Thomas Kane. La belle cinématique d’introduction plante le décor : un bruit interpelle Emma alors qu’elle enquête sur la disparition du mage. Se précipitant dans la rue, elle y rencontre Fenton, fraîchement tombé d’un fiacre. Nos compères lancés à la poursuite dudit fiacre, arrivent alors au manoir du magicien. Une bien étrange demeure que le jeu nous invite à parcourir afin de percer le mystère de sa disparition inexpliquée.
Nous voilà partis pour explorer l’imposant bâtiment divisé en 5 parties à l’atmosphère distincte, dotées de pièges spécifiques, comme si nous naviguions d’un monde à l’autre. Chaque partie consiste ainsi en une succession de niveaux qui tous représentent, un puzzle à déjouer reposant sur un même concept : l’action de mécanisme, la recherche de clé, l’esquive de monstres… C’est la conception des niveaux et le gameplay qui rendent chaque puzzle totalement différent.
Lorsque vous contrôlez le personnage d’Emma, vous évoluez dans un univers en 3D avec vue de dessus, aussi bien dans d’étroits couloirs que dans de vastes pièces. La plupart du temps, vous disposerez d’une lampe qui vous permettra de projeter des ombres sur les murs en fonction de votre position et des éléments à proximité. Fenton peut alors s’en servir de plateformes pour atteindre un interrupteur ou un objet distant, à la faveur d’un gameplay en 2D. Bien entendu, chaque monde introduira ses propres mécaniques de jeu, renouvelant continuellement l’expérience.
Chaque niveau proposera une énigme ou un puzzle agréable avec une difficulté adaptée nous faisant parfois bien galérer. Il nous faudra dans tous les cas compter sur la complémentarité de nos deux protagonistes, en switchant de l’un à l’autre : nous tenons là un gameplay vraiment plaisant, malin et parfaitement exploité.
Une ambiance glauque aux multiples influences
Magnifique graphiquement, le titre puise à la fois son inspiration dans l’architecture victorienne et les œuvres de Tim Burton, Jules Verne, ou encore Conan Doyle, composant un univers cohérent largement évocateur d’Alice au pays des Merveilles Cauchemars.
Et s’il ne verse pas dans le genre horrifique, Tandem: A Tale of Shadows a ce petit quelque chose de vraiment peu rassurant, voire angoissant. Notamment car nos personnages, dépourvus d’une quelconque arme, s’avèrent à la merci du premier venu. En témoignent les énormes veuves noires du premier monde, loin d’être ravies de nous voir fouler leur territoire… À moins que nous ne leur fassions office de petit-déjeuner.
L’ambiance certes particulière, se laissant apprécier sans frayeur ni violence, nous a véritablement conquis, en outre sublimée par une superbe bande-son au rendez-vous durant toute l’aventure.
Des personnages complémentaires
Nous l’évoquions, le gameplay du jeu, assez simple, s’articule autour du duo d’Emma et Fenton, la première tirant, poussant les objets, actionnant des interrupteurs et se déplaçant au sein des lieux en marchant ou en courant. Quant au second, il sautera de plateforme en plateforme, actionnera lui aussi divers mécanismes et permettra d’attraper les éclats de fin de niveaux.
Le design de ces derniers, basé sur la synergie entre nos comparses, nous impose de passer de l’un à l’autre pour progresser. Un concept poussé à son maximum qui se révèle au cœur du jeu.
Du fait d’une prise en main plutôt accessible, il n’y a pas de tutoriel à proprement parler. Nous progressons donc petit à petit à force d’expérimenter, c’est d’ailleurs l’un des charmes du titre. On se rend par exemple rapidement compte que Fenton ne peut se mouvoir dans les zones d’ombre, et qu’Emma doit impérativement éviter les arachnides sous peine de leur servir de dîner. Vous l’aurez sans doute remarqué, nous délivrons des informations uniquement relatives au premier monde, afin de vous laisser par vous-même, apprécier l’ensemble du périple.
Tandem: A Tale of Shadows n’est pas punitif : en cas de mort prématurée, vous reprendrez la partie dans la salle en cours, depuis le dernier endroit « sûr » que vous avez occupé. Aussi pouvez-vous tenter de résoudre d’une nouvelle façon le puzzle qui vous fait face.
Au vu du plaisir éprouvé à visiter les 5 ailes du manoir, nous aurions comme dans l’écrasante majorité des jeux de ce type, adoré prolonger le voyage au-delà des 6 à 8h qu’il vous faudra pour en venir à bout, selon votre façon de jouer. Une durée de vie tout à fait correcte eu égard aux classiques du genre, mais que voulez-vous, quand on aime, on ne compte pas…
Conclusion
Fort d'une ambiance glauque à souhait, d'une direction artistique magique et d'un gameplay original et ingénieux, Tandem: A Tale of Shadows ne manque définitivement pas de charme. Particulièrement bien exploitée, la complémentarité entre nos deux protagonistes se double de graphismes et d'une bande sonore à leur meilleur, tandis que le level-design, suffisamment travaillé, saura vous tenir en haleine durant 6 à 8 heures. Seul reproche, la narration trop discrète qui aurait pourtant contribué à étoffer encore un peu plus le jeu, tout bonnement sublime. Si l'atmosphère vous conquiert néanmoins et que vous raffolez des puzzle-platformers, foncez… Ce titre est fait pour vous !
LES PLUS
- Des personnages réellement complémentaires
- Des énigmes à la difficulté idéalement dosée (ni trop dures, ni trop faibles)
- Des graphismes magnifiques
- Une bande-son à tomber
- Une ambiance glauque, façon "Alice au pays des Cauchemars", juste parfaite
LES MOINS
- On aimerait en avoir plus
- Une narration plus présente aurait encore sublimé le jeu