La folie et la passion sont les deux moteurs des développeurs indépendants et ce n’est pas l’unique représentant du studio gallois Pug Fugly Games qui viendra nous contredire. Avec Destructivator SE, il signe sa première sortie sur nos Nintendo Switch. Un titre qui fleure bon l’amour d’un jeu vidéo commencé au début des années 1990 sur des machines mythiques telles l’Amiga 500, la meilleure machine du monde malgré les dires peu crédibles d’un certain chef concernant son Atari. Mais raviver les souvenirs d’antan suffit-il à faire un bon jeu ? Et bien nous verrons que Destructivator SE va plus loin et nous offre une expérience exigeante, mais rafraichissante. Alors, lançons tous ce cri de guerre : AMIGAAAAAAA !
La vengeance du brocoli
Destructivator SE n’est pas la première œuvre de Pug Fugly Games. Il en est la suite. Les curieux pourront trouver la préquelle sur Itch.io. Dans celle-ci, en 2145, le Destructivator est un être à part. Vêtu d’un costume vert immonde, il a tout de même le mérite d’avoir stoppé net l’envahisseur extraterrestre Zallagor. Mais la terre est à présent ruinée et il faut la reconstruire. Errrrrrrrreur ! Ce qu’il faut maintenant, c’est crier vengeance en allant, à notre tour, ravager la planète mère de Zallagor, la bien nommée Zerkl. Il va falloir renfiler notre plus beau costume couleur brocoli, pour peu que nous l’ayons quitté un jour bien sûr, et éradiquer la population de vils ravageurs de planète bleue !
Voilà pour le scénario, il ne faut pas en attendre davantage, et c’est tant mieux. Une mission claire et simple, que demander de plus. Nous allons donc parcourir les différents niveaux de la planète. Dans chacun de ces tableaux, nous devrons détruire toute trace de vie. C’est la seule et unique condition de victoire. Nous déambulerons donc à la recherche de tout être doué de raison pour mettre un terme à sa vie.
Ces habitants de Zerkl, les zerkloides pour les intimes ne sont pas juste de la chair à canon. Ils sont prêts à nous recevoir. Entre leurs armes de poing, leurs vaisseaux et leurs pièges, il va nous falloir beaucoup de talent pour réussir notre vengeance. Sous la forme d’un jeu d’action/plate-forme, nous parcourons chaque niveau avec de plus en plus de difficulté. Et oui, la difficulté est aussi un hommage aux jeux du temps passé.
Dans notre costume de frelon vert de pacotille, et armé de notre pétoire réglementaire, nous aurons un arsenal limité de mouvement disponible. Il nous sera possible de nous déplacer, de sauter et de tirer. Voilà c’est tout. Mais c’est en fait bien suffisant, car ici, le mélange action et plate-forme est parfaitement équilibré.
Quand Action rencontre Plate-forme
Une fois le tir enclenché, notre héros ne peut plus se déplacer le stick sert alors à orienter notre visée pour atteindre les monstres les plus mobiles. Mais ce n’est pas tout. Si nous sommes en phase de chutes, enclencher nos tirs nous permettra de ralentir notre descente, sans pour autant freiner ce qui se passe autour de nous. Un bon moyen d’attendre qu’un piège s’éloigne à une distance plus sécuritaire. Cette mécanique favorise le côté plate-forme nous diront les plus pinailleurs. Et nous répondrons que pour rééquilibrer le tout, les ennemis rencontrés sont très variés, nous obligeant à retenir leur pattern alors que dans le même temps nous devrons esquiver leurs attaques tout en portant les nôtres. De quoi rendre l’action un peu plus frénétique.
Action, Plate-forme, un partout, balle au centre. Et pour les départager, quoi de mieux qu’un peu de réflexion. En effet, grâce à son level design machiavélique, c’est bien notre manière d’aborder les difficultés présentes à l’écran qui fera la différence. Il faudra d’abord comprendre le déplacement des patrouilles pour éviter d’être pris dans un feu croisé. Il faudra connaître le type d’ennemi qui nous fait face. Car entre celui qui s’accroupit pendant que son arme charge, le rendant plus difficile à atteindre et celui qui fait feu dès qu’il sent notre présence, il y a déjà beaucoup de simples soldats.
À cela s’ajoutent les différents vaisseaux dans lesquels ils tenteront de mettre fin à notre quête. Bien plus dangereux, il nous sera possible d’en prendre le commandement dans certains niveaux, renouvelant ainsi agréablement le gameplay. Et c’est bien le point fort de la production de Pug Fugly Games, nous ne nous ennuyons jamais. En même temps, il ne nous en laisse pas vraiment le temps.
D’autant plus durant les combats de boss. Si les niveaux se maîtrisent avec un peu de logique, d’observation et de talent, les boss sont d’une bien autre envergure. Plus grands, plus rapides et plus létaux, ils sont un véritable rite de passage et demanderont énormément de résilience pour être vaincus. Notre barre de vie encaissant environ trois attaques ennemies ainsi que nos trois vies ne seront pas de trop pour espérer voir la suite de l’aventure. Suite qui remettra nos points de dégâts à zéro très généreusement.
La technique du petit homme vert
Avec un gameplay simple, mais efficace couplé à un level design maîtrisé, Destructivator SE offre une expérience de jeu intense et c’est via ses graphismes qu’il parachève son hommage aux titres du début des années 90. Tout en pixel art, ils sont à la fois simples, ce qui permet une parfaite lisibilité dans l’action, tout en étant suffisamment détaillé pour éviter la lassitude. Ils se renouvellent à chaque nouveau monde, et même si ce renouvellement est léger, il est suffisant pour ne pas générer d’impression de déjà-vu.
Les sprites sont de toutes tailles. En partant de notre propre avatar, tout petit et tout vert, jusqu’au boss prenant possession d’un bon quart de l’écran, il y en a pour tous les goûts. Nous repérons, malgré ces tailles très différentes, très vite à quel type d’ennemi nous avons affaire. Même les sprites très petits ont un code couleur et une arme bien identifiable ce qui nous permet de ne jamais être pris par surprise.
L’animation est sans faille, notre personnage répond au doigt et à l’œil quelque soit son mode de transport, que ce soit un vaisseau, une espèce d’hélicoptère ou juste ses chaussures, vertes, nous ne sommes jamais mis en défaut par la technique. Les collisions sont elles aussi parfaitement gérées et jamais nous n’avons du pester sur une pseudo-attaque qui soi-disant nous aurait touché, mais jamais de la vie, c’est n’importe quoi… non jamais.
La bande-son est elle aussi accrocheuse, elle peine à se renouveler, mais elle se montre efficace, que nous soyons en plein milieu d’un niveau ou durant une phase de combat de boss. Disponible à un prix de 6 €, la durée de vie pour venir à bout des quelques cinquante niveaux qui composent Destructivator SE dépendra du niveau de jeu du joueur. Après chaque monde qui se conclut sur le pique de difficulté du boss, le monde suivant semble commencer plus doucement avant de se montrer de plus en plus redoutable.
Post Scriptum :
Ce test est dédié au chef qui a eu une bien triste enfance en compagnie de son Atari…
Conclusion
En ne tenant que sur 57 disquettes de ce que furent les premiers ordinateurs familiaux, Destructivator SE réalise le rêve de nombreux joueurs ayant connu cette époque. À la fois simple et efficace, il propose une expérience accrocheuse et exigeante, mais non dénuée de réflexion sous la forme d’un jeu mêlant action et plate-forme. Doté de graphismes en pixel art détaillés, de sprites de toutes tailles, mais surtout d’un level design diablement efficace, le titre de Pug Fugly Games n’est peut être pas un jeu à mettre entre toutes les mains tant il peut être difficile, mais il plaira à tous les amateurs de jeux demandant de solides réflexes ayant un peu de nostalgie pour le début des années 90.
LES PLUS
- Le level design est vite diabolique
- Les graphismes rappellent les grandes heures de l’Amiga 500
- La bande-son est efficace
- Les contrôles répondent au doigt et à l’œil
- Les combats de boss sont frénétiques
- Le mélange action/plate-forme est parfaitement équilibré
- Le prix de 6 € est modique compte tenu des 50 niveaux et de la difficulté
- Les phases en véhicules apportent de la diversité
- Le gameplay est simple, mais efficace
LES MOINS
- La difficulté à partir du premier boss fait vraiment un gros bond
- Il manque un mode deux joueurs