Alors qu’il semblait se spécialiser dans le petit jeu indépendant, l’éditeur de jeu Ratalaika Games tente de diversifier encore davantage son catalogue en proposant des remasters de Shoot’em Up sortis sur Megadrive. Alors après un Gley Lancer qui atteignait enfin, près de 30 ans après sa sortie sur le sol nippon, nos sols européens, c’est au tour d’un autre Shooter de Masaya Games, Gynoug, de revenir d’entre les morts. Mais si le premier était inconnu lors de son arrivée, Gynoug, quant à lui, a su se faire une place dans le cœur des amateurs de Shoot’em Up à défilement horizontal. Le défi est donc bien différent pour l’éditeur qui devra proposer davantage pour satisfaire les puristes.
Gynoug c’est plus fort que toi
Si pour la majeure partie des joueurs, LE Shoot’em Up de la Megadrive c’est Thunderforce III, et il serait absurde de leur donner tort, la console de Sonic a su accueillir de nombreux autres titres possédant énormément de qualités, dont la première mise en avant était bien souvent le côté plus mature des titres Megadrive face à sa concurrente, la Super Nintendo. De ce point de vue, les développeurs de Masaya Games s’en sont donnés à cœur joie sur Gynoug, avec un scénario qui tient dans la poche, mais qui donne la part belle aux démons.
Nous nous retrouvons ainsi à incarner Wor, un ange qui veut sauver son monde. Pour cela, il doit affronter des hordes de bêtes à cornes dans des niveaux allant de la sombre forêt jusqu’au plus profond des entrailles suintantes d’un monde organique en passant par une usine. Le contrat de la diversité pictographique est rempli même si nous regrettons que ces niveaux soient trop hétérogènes. Il faut attendre les mondes 4 et 5 pour réellement entrer dans un univers sombre et dérangeant.
C’est dommage, car le bestiaire que nous rencontrons est bien plus en adéquation avec le thème de notre histoire. Il nous faudra venir à bout de divers monstres volants ou rampants tous plus horribles les uns que les autres. Les boss notamment sont extrêmement détaillés et dégoulinent de tout ce qu’ils peuvent sur nos écrans. Nous nous retrouvons avec une ambiance lorgnant du côté du Steampunk et du démoniaque.
Si le résultat est inégal suivant les tableaux, chacun fourmille malgré tout de détails qui les rendent très agréables à parcourir. D’autant plus que beaucoup d’effets
de parallaxe, soit un changement de point de vue, et de déformations des décors viennent agrémenter notre voyage au cœur de cette folie. Car oui, Gynoug est un voyage au cœur de la folie. Une folie rappelant fortement les créations biomécaniques effrayantes H. R. Giger, l’artiste suisse à la base de l’esthétique d’Alien.
Une bonne vieille marmite
Parce que c’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes, Gynoug propose un vrai Shoot’em Up à l’ancienne. Son gameplay est basé, d’abord et avant tout, sur l’apprentissage des niveaux plutôt que sur l’utilisation de réflexes de ninja pour se faufiler à travers une pluie de projectiles. Certains passages n’en demeurent pas moins extrêmement impressionnants. Ils empilent les ennemis avant de les projeter sur notre pauvre ange. Il en est de même durant les combats de boss. Ceux-ci prennent une place conséquente de l’écran et, selon leur attaque en cours, peuvent envoyer un nombre fatal de tirs, nous laissant bien peu de place pour manœuvrer.
De notre côté, pour nous défendre, nous disposons d’une attaque normale et d’une attaque magique. L’attaque normale peut être de deux types, chacun de ces types est améliorable. Pour pouvoir en changer, il faut attraper les bons items au bon moment. Le level design est suffisamment bien construit pour nous offrir à chaque fois le type d’attaque le plus adapté à la situation en cours. La plupart du temps, rater l’item de changement d’arme signifie galérer davantage pour réussir à passer le passage en question. Les cinq niveaux sont plutôt longs et il vaut mieux éviter de gaspiller nos vies avant de devoir utiliser un crédit et revenir au début du tableau en cours.
Toujours pendant nos déambulations dans ces niveaux, nous récupérons des parchemins. Ceux-ci nous permettent d’utiliser nos attaques magiques. Elles sont en nombre limité. Il faut donc nous montrer prudent dans leur utilisation. Il est possible de stocker jusqu’à trois parchemins. Par contre, une fois une magie lancée, elle remplace la précédente et n’est plus disponible avant d’avoir retrouvé un parchemin du même type. Les attaques magiques sont variées et dévastatrices. Nous apprenons vite à connaître la signification des lettres sur les parchemins pour pouvoir les utiliser au mieux. Là encore, le level design est impeccable et nous obtenons toujours les magies, qu’elles soient défensives ou offensives, les plus adaptées à notre situation.
Le gameplay obtenu est donc sans fioritures, mais il se montre complet et il nous permet de mettre en place des stratégies efficaces une fois les pièges mémorisés. Pour éviter d’être trop dépendant de ces changements d’armes, principales ou magiques, nous pouvons aussi améliorer nos tirs, les rendant efficaces dans n’importe quelle situation. Ces améliorations s’amenuisent à chacune de nos morts. Celles-ci n’entraînent aucun temps de latence vu que notre avatar réapparaît dans la foulée sans aucun temps d’attente. Il n’y a jamais de temps mort dans Gynoug.
Le portage de l’amour ?
Maintenant que la lumière a été faite sur ce magnifique jeu de 1991 qu’est Gynoug, il va falloir aborder la partie technique. Et là, il faudra d’abord définir ce que l’on attend d’un remaster. Il y a prioritairement le respect pour le matériel d’origine. De ce côté, Ratalaika Games est irréprochable. Le rendu graphique, que nous soyons en docké ou en nomade est identique à ce que nous avions sur nos Megadrive. Pour les amoureux des sensations passées, il est même possible de s’amuser à appliquer et à configurer de manière très pointue un filtre CRT qui permettra aux nostalgiques de retrouver la vision du jeu qu’ils en avaient sur leur écran cathodique de 36 pouces, avec ses scanlines et ses coins arrondis.
Il est toutefois dommage que, tel ce qui a été fait par les maîtres du genre, DotEmu, sur Wonder Boy notamment, nous ne disposions pas d’une refonte graphique switchable, permettant de naviguer à l’envie entre l’ancien et un nouveau rendu. Pour se faire pardonner, Ratalaika Games nous a mis à disposition beaucoup d’options pour faciliter notre aventure. Que ce soit les sauvegardes à la volée en plein milieu de parties ou le rewind, il est beaucoup plus aisé d’arriver à terminer Gynoug sans avoir à suer du sang. Il est même possible, via le menu de triche, de mettre en place des crédits illimités, des vies infinies, ou pires, une invulnérabilité. Le jeu y perd beaucoup de saveur, mais il en faut pour tous les goûts.
Il est aussi dommage que ce portage n’ajoute pas une fonction multijoueur. Si le Shoot’em Up peut se pratiquer de manière solitaire, il n’est jamais meilleur que lorsqu’il se partage. C’est le plus gros défaut de ce titre et il n’est toujours pas réparé après tout ce temps passé. C’est une vraie déception. Si son tarif affiché de 6 € est loin d’être exorbitant, le peu d’ajouts proposés nous laisse sur notre faim, d’autant plus que pour en profiter vraiment, il vaut mieux avoir investi dans une manette pro. Les sticks des Joy-Con se montrant trop courts pour déplacer précisément notre ange à travers les pluies de projectiles.
Conclusion
Ratalaika Games semble vouloir exploiter le filon des Shoot’em Up rétro et grand bien lui en a pris. Gynoug est toujours un excellent titre qui a su, grâce à une patte graphique glauque et détaillée, garder toute sa superbe. Son système de jeu est toujours aussi plaisant et les ajouts tels le rewind, les sauvegardes de partie à la volée et le menu de triche permettront aux plus anciens d’entre nous, aux réflexes aussi usés que leurs genoux, de parcourir ce titre sans craindre pour leur santé mentale. Si nous regrettons que le travail de remaster se soit limité à ces options, pouvoir disposer d’un tel titre dans de si bonnes conditions à un prix raisonnable est un vrai plaisir.
LES PLUS
- Des graphismes détaillés et glauques qui rappelle pourquoi la Megadrive se voulait être la console mature
- une bande-son accrocheuse qui met parfaitement dans l’ambiance
- Des boss énormes à l’esthétique inspirée de H. R. Giger
- Des passages proches d’un Manic Shooter
- Un Shoot’em Up à l’ancienne dont il faut apprendre les tracés et les pièges
- Des mécaniques de tirs principaux et secondaires simples et efficaces
- Le menu de triche est parfait pour adapter son challenge
- Le rewind et les sauvegardes à la volée sont indispensables donc présentes
- Un classique de la Megadrive qui revient, c’est toujours un plaisir
- Le filtre CRT ultra configurable est amusant
- Le prix de 6 € reste correct pour un titre d’une grande qualité
LES MOINS
- Les Joy-Con se montrent insuffisamment précis et le pad pro est plus adapté
- Le travail de DotEmu sur Wonder Boy rend tout travail de remaster insuffisant et Gynoug ne fait pas figure d’exception, tant pis
Mon shmup préféré sur MD ! Un plaisir d’y jouer sur Switch en mode portable. Je le vois plus comme un simple portage, (avec, c’est vrai, des options en plus) que comme un remaster. Disons que je m’attendais au jeu d’origine sans changement.