Au temps glorieux des consoles 16-bit, la petite sorcière juchée sur son balai (pour azimuter tout ce qui bouge) a eu sa petite heure de gloire. Après l’épisode 100% paru sur Super Nintendo en 1994, elle nous a fait une apparition remarquée sur la console de chez Sega avec ce Panorama Cotton ; un titre exclusif et un peu à part si nous le comparons aux autres jeux de la série. Une poignée de décennies plus tard, Ratalaika a eu la bonne idée de convertir sur Switch ces Shmups d’antan, et celui-là en particulier, tout en surfant astucieusement sur la sortie récente de Cotton Reboot ! La bonne idée que voilà…
Abracadabra !
Alors que Cotton est traditionnellement connu pour être une série de Shoot-Them-Up en 2D à défilement horizontal, Panorama Cotton nous offre une simili-3D digne du grand classique Space Harrier. Notre sorcière est vue de dos, au premier plan, et nous avons droit à du bon grossissement de sprites pour les ennemis rondouillards et mignons tout plein (et qui foncent vers nous avec forte amabilité).
Pour le décor qui défile non-stop, histoire de simuler davantage la perspective, des damiers habillent le sol et même le plafond. La réalisation s’apparente à une petite prouesse sur cette bonne vieille Megadrive qui s’aventurait rarement dans de tels effets, avec un déluge de pixels à la clé. Les premières secondes nous plongent dans une ambiance étoilée et déjantée : c’est coloré, animé, ça bouge bien et ça zoome de partout.
Je vois rien, je comprends rien
En 2021, la nostalgie nous invite à avoir l’œil attendri et admiratif devant cette démonstration de savoir-faire, mais le rendu a forcément (un peu) vieilli et peut piquer nos petits yeux d’aujourd’hui, en toute objectivité.
Le jeu est un portage, sans changement, en dehors des options facilitant la partie (rewind et sauvegardes), et le jeu est de son temps, officiant sur une machine, une valeureuse Megadrive, avec d’immenses qualités mais aussi des limitations techniques. Pour ceux qui le découvrent tel quel, sans recul, les décors peuvent paraître tantôt vides et ternes, ou indescriptibles et trop chargés. La résolution est faible ; elle est d’époque.
Les ennemis, tous plus fous les uns que les autres, peuvent s’amasser sur l’écran en des tas informes. Ce qui en plus d’être pas très « jojo » rend l’action (souvent) illisible. Ce problème de lisibilité est d’ailleurs le principal défaut du jeu. Notre sorcière apparaît énorme à l’écran et cache une grande partie de ce que nous sommes censés viser. La gêne est réelle lors des premières joutes, notamment lorsque nous essayons de décrypter tant bien que mal ce qui s’anime de manière folle à l’écran. Autre point de discorde sur le même thème, il est par moment très difficile de savoir ce qui nous a touchés, ce qui est un poilounet rageant quand les pertes de vie s’accumulent.
A fantasy zone
Un Shmup, pour tout amateur de Shmups, est un genre qui se joue sans fin. Mais si Panorama Cotton offre 5 niveaux d’une taille plus que respectable, le finir est une formalité, même avec les problèmes de lisibilité. Le jeu peut se finir dès la première partie avec un peu d’astuces (utiliser toutes les magies contre les boss), et en tirant sans fin sur ce qui nous fait face, pour générer points et points de vie. Nous pouvons même nous poser la question sur l’intérêt du rewind (le rembobinage pour éviter une mort certaine), ou des sauvegardes, tant Panorama Cotton n’oppose pas de grande opposition et se joue d’une traite, quel que soit le niveau de difficulté. Dans les niveaux de difficulté les plus relevés, il y a plus d’ennemis et donc plus d’occasions, en les azimutant, de regagner de la vie !
Et pourtant, c’est en faisant plusieurs parties que Panorama Cotton devient étrangement addictif. Le jeu s’apparente en effet à un bonbon acidulé, enrobé de sucre pétillant, du « reviens-y » qui permet de dompter ce qui pose principalement problème : la lisibilité.
Nous comprenons peu à peu ce qui nous touche, nous comprenons peu à peu les passages dans lesquels nous nous perdions auparavant. Nous scorons davantage et gérons mieux les armes magiques en gobant intelligemment ces cristaux magiques aux couleurs changeantes. Le plaisir peut être décuplé à mesure que l’on connaît chaque segment du jeu (il y a des passages alternatifs), ou lorsque nous nous mesurons à des boss un peu tendres, mais bien ronds et bien rigolos. Encouragés à rejouer, comme il est de coutume dans ce type de jeu (le Shmup Kawaï), par une musique pleine d’entrain, tour à tour sautillante et guillerette.
Un véritable bonbon sur Switch en somme… Dommage que le prix du bonbon soit de 14,99€, soit 9 euros plus cher que d’autres portages de Shmups 16-bit proposés par Ratalaika, comme GleyLancer ou Gynoug, des titres qui nous paraissent plus ambitieux en termes de challenge et de gameplay…
Conclusion
Panorama Cotton, avec sa simili-3D, souffre d'un déficit de lisibilité et d'un prix qui auraient pu le condamner à jamais... Mais s'il n'est pas un shoot parfait, le plus indispensable ou le plus exigeant de sa génération, il est avant tout un titre amusant et sympathique. Il est dans l'esprit d'un Kirby : une balade sans danger (ou presque), agréable et mouvementée dans un univers plein de chamallows et d'étoiles. « Miam ! », comme on dit.
LES PLUS
- Une simili-3D pleine de charme
- L'univers étoilé de Cotton
- Des boss délires
- Une action rondement menée
- Des musiques entraînantes
- Rejouer n'est pas un problème
LES MOINS
- Un poil onéreux pour un portage
- Graphiquement, ça a pris un petit coup de vieux
- Facile, très facile
- L'intérêt du rewind ou des sauvegardes ?
- Ennemis parfois indéfinis
- La taille de notre perso, énorme, nous cache ce que l'on vise
- Difficile de savoir ce qui nous touche