Du plus loin que remontent nos souvenirs, les histoires nous ont toujours bercés. Ces récits antédiluviens dans lesquels une princesse, prisonnière d’une tour ou d’un maléfice, soupirait après un noble prince supposé la délivrer. Mais qu’adviendrait-il si personne n’arrivait ? Qu’adviendrait-il si la jeune dauphine émergeait, seule, d’un long sommeil brumeux peuplé de songes interférant avec sa réalité, et se découvrait captive d’une prison éternelle dont elle ne sait rien ? Voilà pour le concept d’Aspire: Ina’s tale, premier-né du studio brésilien Wondernaut Studio.
Il était une fois
La présentation du jeu faite, l’histoire est simple et directe. Nous incarnons Ina, une petite fille tombée en léthargie dont le réveil survient alors que le cristal dans lequel elle reposait, se brise enfin. A défaut de souvenirs, les rêves emplissent sa tête sans qu’elle ne comprenne où elle est, ni ce qu’elle fait là. S’ensuit un parcours au cours duquel elle cherchera les réponses, depuis cette tour énigmatique qui lui paraît tout de même très familière.
Dans ce simili conte, l’histoire se dévoile sous forme de petits textes et dialogues. Pas une cinématique pour l’étayer, c’est justement ce qui la magnifie. Car ici, chacun l’interprétera comme il l’entend. Certains la trouveront malsaine, d’autres croiront discerner une ode à la liberté, à l’insouciance, la fin de l’enfance même. Chacun d’après son vécu, jugera de cette aventure majestueuse à plusieurs niveaux de lecture et de ce qu’il en retient.
Grandiose mais succinct, le périple d’Ina s’achève en à peine quatre heures, une durée de vie convenable au regard du prix de 12€99 et, bien entendu, à relativiser selon que vous abordiez avec plus ou moins d’aisance les phases d’énigmes et de plateforme.
De la liberté naît le défi
Parce qu’il s’agit avant tout d’un jeu de plateforme. Tout en 2D, le titre s’articule autour d’enchaînements de niveaux à l’image des réputés Limbo, Inside ou encore Gris. Par son aspect graphique et surtout son gameplay, la filiation s’avère d’ailleurs bien plus évidente avec ce dernier qu’avec les productions de Playhead.
Notre avatar cavale, saute, tire et pousse des caisses à l’occasion. Il lui arrive même pour manipuler des objets, d’utiliser de petits orbes au cœur d’énigmes toujours plus nombreuses durant les 64 niveaux qui composent le jeu. Celles-ci feront la part belle aux phases de plateforme, où courir et bondir demeureront nos principaux recours. A l’instar de Gris, notre personnage glisse le long de pentes qui semblent s’étirer à l’infini, donnant alors lieu à de fantastiques et magnifiques envolées lyriques et visuelles.
Mais d’autres obstacles se dresseront sur la route d’Ina. Rien d’insurmontable, juste assez pour triturer sa matière grise de temps en temps. Et s’ils se font rares, les interlocuteurs croisés en chemin constitueront un agréable vent de fraîcheur, tout en distillant de précieuses bribes d’information relatives à l’environnement et la narration qui en découle, bien qu’elle demeure plutôt sibylline et sujette à interprétation, comme dit précédemment. Grâce aux choix qui parfois nous sont soumis, les dialogues ainsi noués éclaireront d’un jour nouveau notre exégèse sans toutefois changer le cours de l’aventure.
Une féérie de tous les instants
Loin d’être aussi aimables et diserts que ces bienveillants PNJ, les quelques ennemis venant étoffer le lore de ce monde étrange, s’intègrent avec autant de douceur au sein des niveaux qu’en adéquation avec le scénario. Sources de courses-poursuites effrénées générant d’incroyables énigmes qui par moment, mettent notre patience et notre intellect à rude épreuve, les adversaires potentiellement synonymes de sévères échecs qui s’enchaînent, entraînent alors un retour au dernier checkpoint, heureusement jamais très loin. Rien d’handicapant, vraiment, mais long et pénible lorsque les morts se succèdent.
Divers items disséminés çà et là, se laissent en outre aborder au gré d’une voie de traverse, d’un sentier secret. Certes dispensables, ces éléments rattachés à chacun des PNJ rencontrés, n’en servent pas moins le récit, et les graphismes – très réussis – aussi : les décors en 2D, ciselés et agrémentés de sublimes reflets, nourrissent notre imaginaire déjà stimulé par cette escapade onirique, que parachève magistralement la musique. Les partitions tantôt calmes, tantôt plus dynamiques, accompagnent en effet chacun de nos pas avec la grâce d’un Gris, qui n’en renierait pas les accents majestueux.
Conclusion
Rafraîchissant, Aspire: Ina’s tale saura cependant vous réchauffer durant vos sessions de gaming hivernales et convenir à tout type de joueur, par la simplicité et l’intuitivité de son gameplay. Nul doute que son histoire à tiroirs multiples, se dévoilant par fragments au fil des rencontres et des niveaux, parviendra chez chacun d’entre vous, à éveiller de lointaines sensations et souvenirs épars qui fonderont votre perception du récit, nimbé d’un halo de mystère dont il ne se départit jamais complètement. Visuellement enfin, le titre – magnifique - plaira assurément au plus grand nombre, de même que sa bande-son tout bonnement sublime, point d’orgue d’un fabuleux voyage qu’il convient d’entreprendre à tout prix (12€99, rappelons-le).
LES PLUS
- Ses graphismes en 2D, magnifiques
- Ses effets de réflexion, magiques
- Son gameplay, simple et intuitif
- Son histoire mystérieuse, qui se révèle avec parcimonie
- Ses différents niveaux de lecture
- Des items facultatifs venant compléter le lore
- Sa bande sonore, majestueuse
- Ses dialogues à choix multiples…
LES MOINS
- … mais qui n’auront aucune incidence sur le déroulement de l’histoire
- Ses temps de chargement un poil longs