A la simple vue des visuels du jeu, un mic-mac de dessins échappés d’un bloc-note d’étudiant en art (redoublant, clopeur et mal rasé), et de photos floues prises avec un Kodak jetable, le tout grossièrement assemblé avec ce bon vieux logiciel Paint sur Windows 95, peu d’entre vous vont prendre le risque de s’aventurer dans cet Infini…
Un chemin vers l’infini, pave de bonnes intentions
Lors du premier contact, la toute première réaction du joueur sera invariablement la même : « Qu’est-ce que c’est que ce truc ? ». Et puis 50% se verront dire « C’est affreux » et les 49,998% autres « Wha, c’est chelou quand même ? ». Comptez déjà 30% d’abandon passé les trois-quatre premiers niveaux contre seulement 20,1235% des joueurs à se dire enthousiaste : « tout de même, tout ceci est fort original, c’est de l’art moderne, c’est une pure provocation intellectuelle ! ».
Pour plonger (littéralement) dans le jeu Infini, il faut garder l’esprit ouvert. Ouvert à toutes les expériences possibles. Peut-être avant même de jouer à Infini, il est préférable de tester sur cette même Switch des jeux comme Wurroom ou Isolomus (deux titres signés Michael Rfdshir et Serge Bulat) pour expérimenter l’expérimental (façon plasticine). Vous trouverez après coup Infini infiniment terre à terre… Bref, pour jouer à Infini sans tomber dans le sarcasme ou le « c’est tout pourri d’office », il faut ouvrir ses chakras tout comme notre héros nommé Espoir. Lequel, c’est sa peine, chute sans fin.
Nous pourrons ainsi lui venir en aide sans arrière pensée, lui qui est perdu dans une sorte de cauchemar métaphysique ou de rêve borgésien (c’est selon). Nous sommes à la recherche du Livre des Sables, lequel contient une infinité de pages qui pourrait disposer en son cœur d’une sortie… A moins que la sortie ne se trouve dans un amas de racines géantes… Durant ce périple, vous ferez la connaissance de Paix, de la chienne Poésie, du Temps, de la Guerre (avec une mitraillette à la place de la tête) ou de Mme Technologie… Des personnifications de concepts, aux allures de Dieux. Chacun vous donnera à sa manière la route à suivre au gré d’une histoire tellement cryptique, tellement absurde, qu’elle en devient amusante…
L’important, c’est la profondeur
Avant même d’être une expérience visuelle (le fameux mic-mac, ma foi, fort étrange) ou auditive (la bande-son oscille entre bruitages épars, musique volontairement dissonante et désagréable ou véritables chansons pop vocodées…), l’œuvre du studio canadien Barnaque est un jeu, un véritable jeu, un challenge exigeant qui aligne avec un tempo finement étudié une centaine de puzzles, particulièrement originaux et souvent corsés comme le café de papa.
Pour rappel, notre perso chute, attiré inexorablement vers le bas… Avec quelques nuances : à chaque monde, sa nouvelle contrainte et sa nouvelle possibilité (des ailes par exemple). Le jeu nous propose des labyrinthes aériens où l’on va découvrir que l’on peut passer l’extrémité de l’écran pour se retrouver à l’autre bord de l’écran (comme dans les premiers jeux d’arcade). Nous pourrons interagir avec la vitesse de notre personnage ou avec l’aire de jeu en l’agrandissant ou en la rétrécissant avec l’aide des gâchettes (et plus tard, nous ferons même mumuse avec la profondeur). La règle immuable d’Infini est : ce qui est hors-champ n’existe pas.
Infini lorgne sur le célèbre Braid ou le moins connu The Bridge avec ses puzzles jouant sur l’espace et cette maxime, que chaque jeu à énigmes devrait ériger en étendard : « l’impossible devient possible ». La grande majorité des puzzles étonne par leur ingéniosité, avec des résolutions d’énigmes particulièrement inattendues. Et c’est un véritable plaisir lorsque la solution s’offre à nous (le fameux éclair de génie).
Tout n’est, hélas, pas parfait dans cette proposition. Une poignée de puzzle peut agacer profondément. Deux ou trois puzzles sont nettement ratés (les parties plates-formes avec la chienne Poésie surtout) avec un level-design qui affiche un certain culot dans l’aberration et des collisions a bisto-de-nas, alors que le jeu exige en permanence de la précision. Il n’empêche, l’ensemble vaut mieux que ces quelques errements et il vaut mieux, surtout, que l’idée que l’on s’en fait avant d’y jouer.
Conclusion
Ne vous fiez pas à son allure de petit jeu flash pour hispters, sorti de nulle part et sans envergure, ce sont des heures de jeu, et de grattages de barbe qui vous attendent avec cet Infini. Une œuvre infiniment hirsute, ambitieuse et exigeante.
LES PLUS
- Des fulgurances, tout plein de fulgurances
- Plus de 100 niveaux, minimum 8h de jeu
- Un challenge exigeant et gratifiant
- Les niveaux jouant sur la profondeur
- L'histoire est tellement absurde qu'elle en devient amusante
LES MOINS
- Visuellement rebutant
- Certaines musiques vont vous tourmenter à vie
- Les niveaux ratés avec la chienne
- Gare au découragement !
t a bien fait de la tester ! c est vraiment repoussant ….merci de ton avis
C’est vraiment la beauté intérieure qui compte ici ^^