Penchons nous ensemble aujourd’hui sur les raisons qui poussent de plus en plus de développeurs à porter leur jeu free to play smartphone vers un modèle payant sur Switch. Est-ce l’appât du gain facile grâce au public jeune et innocent d’une console merveilleuse se vendant par palette entière depuis de nombreuses années ou est-ce la volonté de faire connaître au plus grand nombre leur production ? Vu le nombre de smartphones en circulation et le coût prohibitif d’un jeu free to play, parions que ce soit la première explication qui soit la bonne et observons en détail un exemple représentatif de ce qu’il ne faut pas faire : Kickerinho World du studio polonais Orbital Knight.
Mais qu’est-ce qu’un jeu console ?
Passons sur le scénario, il n’y en a pas. Nous choisissons l’un des avatars disponibles et tentons d’enchaîner les jongles balle au pied. Voilà, c’est tout. Et c’est déjà trop peu. Un joueur console à davantage d’attentes qu’un joueur mobile qui ne cherchera, sur ce type de jeu, qu’à s’occuper le temps d’un trajet interurbain. Un joueur console ne va pas prendre sa console pour y jouer dix minutes, il a déjà son smartphone pour cela. Un joueur console ne va pas payer 5 € pour jouer dix minutes à un jeu qu’il peut obtenir gratuitement sur son téléphone, car oui, le joueur a un cerveau.
Mais fermons les yeux, métaphoriquement sinon il sera impossible de lire la suite de ce merveilleux article, et imaginons ensemble le public visé par ce jeu. Il appartient à cette rare catégorie de joueurs n’ayant ni tablette ni smartphone à portée de main. Il ne sait donc sans doute pas ce que sont les stores en ligne tel Google Play, l’App Store ou l’Eshop et consomme son jeu vidéo grâce aux achats cartouche de ses parents, de ses grand-parents ou, pour pousser le vice plus loin, de sa tatie Jacqueline. Quel est l’intérêt de viser un tel joueur qui n’aura jamais connaissance d’un Kickerinho World ?
Rouvrons maintenant nos yeux, métaphoriquement toujours, et tentons de croire que les développeurs n’ont cherché qu’à partager une expérience extrordinaire dans laquelle trop peu de gens ont déboursé leurs euros sont tombés. Et bien même pas. Kickerinho World n’est même pas un bon jeu mobile. Son gameplay se limite à appuyer sur la bonne touche au bon moment. Pourquoi pas me diront les plus obtus au ton volontairement moqueur de ce début de test.
Et bien tout simplement, car ces touches se limitent à être deux : ZL et ZR. Voilà, c’est tout. Le gameplay consiste à appuyer sur une de ces touches ou sur les deux, mais nous y reviendrons plus tard, c’est extrêmement pauvre et inintéressant dès la deuxième minute. Mais ce n’est même pas le pire. Le pire, c’est que rien n’est fait pour que la touche à utiliser soit clairement identifiable.
C’est quand qu’on s’amuse ?
La touche ZL permet de jongler avec le pied, le talon ou le genou gauche, la touche ZR permet de faire la même chose avec la partie droite de la jambe. Il faut appuyer sur les deux touches pour déclencher une tête, sauf que, premier défaut, lorsque la balle quitte notre tête, soit il faudra la laisser redescendre, soit il faudra effectuer à nouveau une tête et la différence est tellement subtile que la plupart du temps, nous nous trompons.
Mais ce n’est que le premier défaut lié à ces têtes. Le second concerne la prise en main. Appuyer sur deux touches est à la portée de quasiment tous les joueurs et l’auteur de ces quelques lignes en a toujours été capable, sauf pour Kickerinho World. Une fois sur deux, l’appuie sur les deux touches se solde par une jambe gauche ou droite qui se lève bloquant ainsi le compteur dès la première tête. Dépasser les vingt jongles n’est pas un chemin de croix, c’est juste une longue prière pour demander qu’aucune tête ne vienne pointer le bout de son nez.
En tant que jeu venant d’un modèle free to play, le titre d’Orbital Knights propose bien évidemment son lot de customisation de personnage. Nous pouvons donc modifier sa coiffure, ses vêtements ou même le lieu devant lequel il s’amuse balle au pied, mais franchement, récolter suffisamment d’argent pour débloquer tout cela s’apparente davantage à une séance de masochisme. Séance qui s’agrémente parfaitement de la bande son casse pied et répétitive.
Conclusion
Si depuis trente ans chaque portage d’un jeu vidéo d’une console à une autre était un bonheur pour les joueurs, l’arrivée de nos téléphones comme support vidéoludique à quelque peu changer la donne. Ainsi un titre sans profondeur, sans gameplay et sans scénario, n’ayant pour lui que la possibilité laissé au joueur de passer le temps d’un trajet en métro sur une application gratuite, ne pourra jamais devenir plaisante en arrivant sur une console, qu’elle soit nomade ou non. Kickerinho World est donc une catastrophe à tous les étages, inintéressant, répétitif et mal réglé. Les amateurs de jeux de rythme s’amuseront bien plus avec des titres comme Avicii Invector tandis que les mateurs de ballons ronds doivent se tourner absolument vers Rocket League.
LES PLUS
- Il est disponible gratuitement sur smartphones
- Il permet d’en apprendre plus sur soi-même et notamment sur notre appétence au sadomasochisme
LES MOINS
- Le gameplay est d’un ennui cosmique
- La prise en main est catastrophique
- Les graphismes ne font rien pour relever le niveau
- La bande-son est très vite agaçante