Imaginez un monde où une épidémie mortelle s’abat sans crier gare… Prenant d’abord la forme d’une fièvre avant le développement de symptômes aggravants pouvant causer la mort, ce monde, ce n’est pas le nôtre, mais celui dépeint dans Unforeseen Incidents… Le jeu est sorti initialement en 2018, avant son portage sur Nintendo Switch en ce début d’année 2022. Il parait évident qu’à l’image des scénaristes des Simpson, les auteurs du jeu ont certainement eu une vision de l’avenir…
Day of the epidemy
L’histoire vous invite donc à incarner Harper Pendrell, bricoleur, chômeur, tendance loser, mais toujours prêt à filer un coup de main (parfois par la force des choses). Notre héros commence son périple dans son appartement de célibataire bricolo, entouré de matériel électronique en tout genre. À la radio, les informations parlent du match du jour opposant les Seagulls de Port Nicola au Blue Ridge Raccoons, mais aussi d’un virus mystérieux qui frappe la ville de Yelltown… « La fièvre Yelltownienne ».
Le téléphone sonne… Au bout du fil, un ami de longue date, le Professeur MacBride. Celui-ci est bien embêté car son ordinateur portable ne charge plus… Il n’en faut donc pas plus pour lancer Harper dans une quête à la recherche de son… couteau suisse !(Afin évidemment d’aller réparer l’ordinateur du Professeur). L’occasion une fois là-bas d’évoquer la maladie avec le Prof et d’apprendre que celui-ci travaille actuellement à un remède… Rassuré (un peu) Harper rentre chez lui et croise une jeune femme à l’agonie dans la rue… Visiblement touchée par le virus, elle a à peine le temps de lui confier une lettre mystérieuse à remettre à un (une ?) journaliste du nom de Helliwell… Bon gré, mal gré, c’est le début d’une aventure mêlant épidémie, quarantaine, théories complotistes, secte mystérieuse, homme en noir, homme de paille… vous l’aurez compris le scénario ne manque pas de rebondissements et nous éviterons d’en dévoiler d’avantage ici… !
Le Chevalier de Yelltown
Unforeseen incidents est donc un jeu d’aventure façon point & click ! Si vous avez déjà joué à Monkey Island, Day of the Tentacle ou encore Les Chevaliers de Baphomet, vous serez en terrain connu ! Vous devrez donc déplacer votre personnage à l’écran en « cliquant » sur certaines zones ou personnages avec lesquels vous pourrez interagir. Il faudra souvent récupérer des objets et faire des associations pour progresser dans le jeu. Par chance, tel McGyver, notre héros est équipé d’un couteau-suisse qui le sortira de bien des mauvais pas (et permettra accessoirement de forcer quelques serrures…).
De manière générale, les interactions et combinaisons d’objet à faire pour progresser seront toujours très logique ! Il n’y aura jamais d’associations d’objets saugrenues à faire pour créer un nouvel objet par exemple et si association il y a, vous aurez forcément récupéré au préalable un manuel qui vous expliquera comment arriver à vos fins.
Le jeu vous demandera parfois d’être très attentif dans la lecture des documents que vous trouverez, en effet ils contiendront souvent des informations (ou des mots de passe), nécessaires à votre progression. Certains passages sont d’ailleurs assez retors, notamment celui ou vous devrez deviner un mot de passe en lisant un journal intime… Dans le même ordre d’idée, nous vous recommandons d’aller au bout de tous les dialogues possibles avec les personnages… Il est parfois arrivé que nous soyons bloqués, car nous n’avions pas posé une question spécifique de peur de faire un « mauvais choix de phrase ». Sachez donc qu’il n’y a jamais de mauvais choix (malgré les possibilités) et que vous ne serez jamais bloqués à cause d’une phrase mal prise par votre interlocuteur.
Les énigmes proposées sont donc variées et se renouvelleront régulièrement au cours de votre avancée dans les quatre chapitres qui composent l’histoire…
The Curse of Port Nicola
Un petit mot maintenant sur la maniabilité, comme son nom l’indique, les jeux en Point & Click sont pensés pour être joué à la souris… Mais comment faire sur Nintendo Switch alors ? Eh bien nous pouvons saluer l’effort qui a été fait sur le portage, en effet 3 possibilités s’offrent à vous ! Soit vous pourrez utiliser l’écran tactile (attention quand même si vous avez des gros doigts), soit vous pouvez utiliser les sticks analogiques (le gauche pour déplacer le personnage dans le tableau et le droit pour pointer les éléments du décor. Il est également possible d’utiliser le stick droit à la manière d’un pointeur de souris, mais la lenteur des déplacements et l’imprécision des sticks pourrait avoir raison de votre patience). Soit vous pouvez utiliser les boutons pour passer d’un élément interactif à un autre (certes, on pourrait croire que cela simplifie les choses, car on peut immédiatement voir apparaître les zones « intéressantes », mais cela vous permettra uniquement de gagner du temps sans avoir à utiliser vos doigts ou le stick analogique).
Mais le meilleur dans tout ça, c’est qu’il est possible de cumuler les trois en même temps ! Ainsi vous pourrez utiliser votre doigt pour « cliquer » sur un point d’intérêt et utiliser les boutons pour accéder avec précision à votre inventaire. On a parfois noté quelques clics de travers en utilisant les boutons, nous envoyant parfois dans une zone, alors que notre curseur était placé sur une autre depuis la carte, mais rien qui n’entache l’expérience de jeu.
On notera par contre que les déplacements du personnage semblent un peu lents, mais c’est une des caractéristiques de ce type de jeu, sachez que vous pourrez au cours du jeu faciliter vos déplacements en utilisant une carte qui vous transportera directement dans une zone spécifique.
Niveau maniabilité, certaines énigmes demandant un minimum d’interaction seront parfois plus facile à résoudre en utilisant vos doigts alors que d’autres demanderont d’utiliser les boutons pour plus de précision. Même si cela demande une certaine gymnastique au début, au final le confort de jeu n’en est que meilleur.
Blazing Harper
Il est temps de parler de l’aspect graphique du jeu et franchement… il est de très bonne facture ! L’ensemble dessiné à la main, fait très Bande Dessiné et les décors sont vraiment très fouillés et variés. Les différents chapitres vous feront voyager, passant du cadre d’une petite ville à un décor plus champêtre, sans oublier le passage dans la grande ville et l’inévitable laboratoire top secret… La direction artistique est vraiment très soignée !
Il en est de même pour les personnages que vous croiserez, allant du professeur à l’air sympathique au vieux grigou du café, sans oublier l’artiste un peu dans son monde et votre poto alcolo… Une belle galerie de portrait qui promet des dialogues tout aussi détonants et parfois plutôt drôle !
En effet, malgré le côté sérieux de l’histoire, on se surprendra à sourire devant certains dialogues, notamment quand il s’agit de Harper. Les doublages (en Anglais seulement) sont très convaincants, les acteurs donnant corps aux différents personnages qu’ils incarnent. Notons d’ailleurs, pour les anglophobes, que l’ensemble du jeu est traduit en Français (les dialogues, les articles de journaux et les documents que vous ramasserez dans le jeu). La traduction est d’ailleurs de très bonne facture !
On regrettera juste que si pour les dialogues la police d’affichage utilisée est très lisible en portable, ça pique parfois plus les yeux dans les documents où l’affichage est parfois trop petit pour être lisible. Ce n’est pas rédhibitoire, mais ça peut être fatiguant lors de la lecture (plus longue) de certains documents.
L’ambiance sonore globale s’avère plutôt immersive. Excellente au niveau du doublage, bien pensée lors de certains passages où vous aurez une petite musique de fond ou alors un fond sonore ayant trait à l’environnement dans lequel vous êtes (le bruit des mouettes et des vagues près du port par exemple).
La seule chose qui fait un peu défaut dans ce bel emballage, c’est l’animation lors des déplacements des personnages qui fait parfois un peu trop rigide, voire robotique. Idem pour la pseudo synchro labiale lors des dialogues. Encore une fois, cela ne nuit pas à l’expérience du jeu, c’est juste dommage que l’animation soit un peu en deçà de l’aspect graphique et sonore du jeu.
Mais honnêtement, Unforeseen Incidents n’a pas à rougir devant ses grands frères Georges et Guybrush !
Conclusion
Le Point & Click n’est pas mort ! (bon on le savait déjà). Unforeseen Incidents est la preuve, une fois encore, qu’un titre où l’on fait un effort au niveau du portage pour tirer profit de l’ensemble des capacités de la console (notamment de son écran tactile) est franchement appréciable ! L’histoire (qu’aurait pu écrire les scénaristes des Simpson pour le côté prédiction), s’avère très prenante dans un contexte qui rappelle forcément l’actualité. Le jeu saura vous occuper une bonne dizaine d’heures ce qui est la moyenne pour ce genre de jeu. Si vous aimez les jeux d’aventure façon Point & Click, ce Unforeseen Incidents saura assurément répondre à vos attentes !
LES PLUS
- La direction artistique très BD.
- Le Scénario prenant.
- L’utilisation de l’écran tactile !
- L’ambiance sonore (voix et musiques) au top.
- Une traduction française de qualité !
- La possibilité de switcher entre les différents modes de maniabilité sans avoir à toucher aux options.
LES MOINS
- On s’emmêle parfois un peu les doigts en switchant entre le tactile et l’utilisation des boutons.
- Certaines énigmes pas toujours évidentes (l’épouvantail).
- Les phases de « hack » entre les chapitres.
- Les textes un peu trop petits lorsqu’il s’agit de lire des documents ou les cartes.
- Les animations un peu trop robotiques.