Il paraît qu’on a payé les testeurs de NT pour chanter les louanges de Pokémon Arceus, que le big boss du site c’est Keanu Reeves et que certains rédigent leurs tests en apesanteur. Vous n’y croyez pas ? Ben voyons. En notre possession pourtant, maintes et maintes preuves mais bon, restons-en là ; à chacun son intime conviction à l’ère de la post-vérité.
Aussi ne vous avisez pas de douter de l’honnêteté et de la sincérité de l’équipe, dont les reviews tutoient des sommets d’intégrité. C’est donc empreint du plus vif respect à l’égard de ces valeurs fondamentales, que nous vous présentons en ce jour béni le digne héritier de Borderlands, coiffant au poteau les meilleurs FPS de ces dernières années et se hissant directement au panthéon des GROS CACAS, nous avons nommé, tadaaa… Pandemic Shooter.
La théorie des jeux pourris
D’accord, l’intertitre, évocateur, ne laisse guère de place au doute, mais ici nous sommes directs. Et francs. Et honnêtes. D’accord, nous ne vous referons pas le coup de l’intro qui pue le gros complot, et pour cause : le scénario de Pandemic Shooter titille notre fibre parano, charriant le pire des réseaux sociaux, depuis les allégations des « platistes » jusqu’à la 5G contrôlant nos pensées, zombies inclus. En guise de prélude aux niveaux, les dialogues entre reptiliens – intégralement en anglais ou polonais, car c’est bien connu, un lézard ça ne parle pas français… – nous achèvent. Drôles et résolument culottées, ces références très appuyées feront partie intégrante du gameplay.
C’est justement du côté de ce dernier, mais plus largement de tous les côtés, que le bât blesse. Quand un éditeur promet de nous amuser à flinguer du mort-vivant à tour de bras, dans des environnements riches en événements, nous le prenons au pied de la lettre. Parce qu’on est francs. Et honnêtes. Reconnaissons d’ailleurs qu’en matière de divertissement, le jeu fait le café. Les effets du breuvage magique se dissipent cependant en une petite heure à peine, alors que la lassitude, déjà, l’emporte sur l’envie de trucider des clones à la chaîne dans une ville rectiligne, tout en couloirs. Un niveau préliminaire peu convaincant, donc.
Les arts cinématographiques et vidéoludiques nous ayant toutefois inculqué une notion essentielle, la patience, n’allons pas tel un orc mal léché, fracasser d’emblée notre masse sur le crâne du premier Illuminati venu. Ainsi passons-nous au suivant. Puis au 3ème niveau, et au 4ème, à partir duquel nous autorisons-nous, enfin, à laisser déferler notre rancœur : que d’indigence dans le game design et les mécaniques de jeu ! En tout point identiques, la cité, les couloirs et les adversaires tournent en une boucle mortifère, seule la brève intro et les objets à faire office d’explosifs se renouvelant.
Un vaccin anti-fun
Nous sommes en effet équipés d’explosifs à « motifs » thématiques au sein de chacun des niveaux : terres plates, vaccins, antennes 5G, lézards qui déguerpissent à l’explosion des zombies… Des clins d’oeil amusants d’abord, à la longue épuisants. Si le titre brillait par ses autres aspects, peut-être aurions-nous, grands seigneurs, pardonné sa trop grande redondance. Les défauts abondent néanmoins, à commencer par la maniabilité : bouton Y pour mettre en pause, gâchette L pour recharger, ZR pour tirer et flèches directionnelles pour changer d’arme. Un mapping des touches peu ergonomique auquel on finit heureusement par s’habituer, les options n’offrant en aucun cas de les reconfigurer.
À notre disposition, 8 stages – pardon, une même map répliquée 8 fois – avec pour seul but d’en nettoyer la vermine et de dégommer le boss. L’éclate totale en somme, bien qu’au départ nous nous attardions, candides que nous étions, à traquer avec application le moindre humanoïde en phase de décomposition, avant de rapidement déchanter et se contenter par la suite, de tracer en ligne droite, direction la sortie. À savoir qu’en outre, Pandemic Shooter qui ne doute décidément de rien, se gargarise sur sa fiche produit d’un mode infini dans lequel tuer des zombies en illimité. Oui, oui, vous avez bien lu, comme le coca à KFC et comme si nous n’éprouvions pas déjà cette foutue impression dans l’aventure classique.
Les plus masochistes se rabattront sur les succès – tuer tant de zombies, courir sur telle distance, etc. -, pas désagréables en soi mais fades et répétitifs, à l’image du jeu dans son intégralité. Comptez 4 à 5 heures pour en voir le bout, un exploit à réserver une fois encore à ceux qui aiment se faire du mal.
Une PS2 qui crache ses tripes
Dernière étape de ce long chemin de croix, la bande-son et les graphismes. Cache-misère par excellence, le cel-shading échoue pourtant à sauver ces derniers du naufrage, au contraire d’un Borderlands. C’est horriblement moche, entre les textures baveuses de l’ère PS2 et le néant abyssal des décors, que l’on jurerait avoir été photocopiés d’un niveau à l’autre, ennemis compris. Quant aux armes, jamais nous n’aurions soupçonné qu’un pistolet en plastique à la peinture douteuse, fasse autant de dégâts.
De dégâts, la bande sonore non plus ne se prive pas, curieusement assourdie la majeure partie du temps lorsqu’une brusque envolée lyrique vient, soudain, nous percer les tympans. En gros, un bug semble s’être emparé de la musique qu’on ne peut que deviner ténue en arrière-plan, dans l’impossibilité d’ajuster le volume. Dommage qu’il n’en aille pas de même des bruitages, bien présents mais extrêmement pauvres et peu variés.
Conclusion
La vie est trop courte pour s'encombrer de Pandemic Shooter, et trop chère pour lui concéder 4.99 euros. Ne vous fiez pas à son tarif de prime abord attractif, tant les 8 niveaux composant ce jeu de tir à la première personne, parfaitement identiques à l'instar des ennemis, ne valent pas, mais alors vraiment pas le détour. L'absence de traduction française qu'on déplore parfois, aurait ici plutôt tendance à servir le scénario qui se veut corrosif, mais finit surtout par user le joueur, passé l'émoi des premiers instants. Les complots c'est rigolo cinq minutes, les graphismes techniquement datés 30 secondes et la musique, bin la musique on la cherche toujours, donc on n'en préjugera pas. Alors fuyez, fuyez à moins que vous ne rêviez secrètement d'empaler du zombie reptilien sur une antenne 5G.
LES PLUS
- Durée de vie courte
- Tuer des zombies
- L'humour (au début)
- Les succès à débloquer
LES MOINS
- Graphisme affreux et très en retard
- La musique, portée disparue
- Ultra-répétitif
- Le mode infini, c'était pas assez répétitif comme ça ?
- Bouton Y (!!!) pour mettre en pause
- En anglais ou polonais