Connaissez-vous Kunio-kun ? Il s’agit d’une des sagas vidéoludiques japonaises les plus prolifiques de l’histoire du jeu vidéo. Notre racaille préférée a exercé des activités aussi variées que de la balle au prisonnier, du football ou encore des bagarres médiévales, le tout dans presque une cinquantaine de jeux sortis sur tous les supports possibles et imaginables, de 1986 à nos jours. Certains jeux Kunio ont été renommés pour Europe et devraient parler aux retrogamers dans la salle : renegade, Nintendo world cup soccer…
Mais n’oublions pas que le cœur d’activité de notre ami Kunio est le bourre pif dans la tronche et c’est justement ce dont nous allons parler aujourd’hui avec River City Girls Zero, sorti uniquement au Japon le 29 avril 1994 sur Super Nintendo (ça ne nous rajeunit pas…) sous le nom de Shin Nekketsu Kōha: Kunio-tachi no Banka (à vos souhaits).
Que vaut donc cette réédition sortie tout droit d’un autre âge ? L’esprit du Kun fou est-il bel et bien présent ? C’est ce que nous allons voir dès maintenant.
Cry me a river (city)
Nuit noire, la pluie s’abat sans relâche sur le bitume. Un jeune couple traverse la route, insouciant. Personne ne se doute encore de l’issue tragique des événements. Soudain, une moto file à toute allure et renverse le pauvre jeune homme. Le pilote criminel daigne à peine jeter un œil à son crime odieux et s’en va. Malgré ce délit de fuite, et ce dans un éclair de lucidité, la survivante réussit à identifier l’individu : il s’agirait de Kunio-kun, le célèbre lycéen expert en bagarre.
Aussitôt, la police vient arrêter notre protagoniste et son accolyte de toujours Riki pour les mettre immédiatement en prison. A partir de là, nos deux racailles vont tâcher de laver leur honneur et de prouver leur innocence, à la force des poings et des pieds. L’histoire de RCGZ commence ainsi en prison d’où vous tenterez de vous échapper. Vous serez par la suite amenés à traverser différentes zones pour faire avancer l’enquête. Entre guerre de gangs de lycéens et mafia japonaise, vous traverserez des environnements hauts en couleurs. Le moindre pixel respire le Japon : parc d’attraction, lycée, salle de Pachinko (des sortes de machines à sous), le tout apportant une cohérence et une immersion très agréables.
Plus tard, Kyoko et Misako, les petites copines de Kunio et Riki viendront se joindre à la bande pour apporter leur soutien et botter encore plus de fesses. Ces deux héroïnes ont eu droit en 2019 à un excellent jeu dédié intitulé « River City Girls ». Le jeu dont nous sommes en train de parler est une passerelle scénaristique entre l’épisode de 2019 et sa suite « River City Girls 2 » qui est prévue courant de l’été 2022, d’où le fait d’avoir renommé la version japonaise en « River City Girls » (vous suivez toujours ?). Pour appuyer ceci, nous aurons droit à une sorte de pré-introduction sous forme de BD (ainsi qu’une « outro », une fin après la fin) dans laquelle les deux filles jouent à la cartouche sur super nes et émettent leur lot de commentaires meta plutôt amusants sur leur présence dans ce « vieux » jeu.
Enfin, pour donner un petit coup de jeune au jeu à l’occasion de sa sortie sur Nintendo Switch, les développeurs ont ajouté une intro et une fin animées du plus bel effet, ainsi que des nouvelles musiques créées notamment par l’artiste en charge du jeu River City Girls. Voilà, la boucle est bouclée.
Riki ou la belle vie
Beat the up oblige, votre objectif consistera à vider chaque niveau de tous les ennemis, puis d’affronter un boss bien balèze qui fera fondre votre barre de vie comme neige au soleil. Heureusement, vous disposerez d’une part de crédits infinis (ouf…) mais surtout d’une palette de coups plutôt variée pour un jeu de 1994.
Outre poing, pied et le saut, vos avatars pourront effectuer des attaques spéciales dévastatrices qui rappelleront des souvenirs au plus vieux d’entre les lecteurs qui ont connu le jeu culte Double Dragon. Vous pourrez entre autres choper les adversaires, les frapper au sol ou bien taper quelqu’un qui approcherait un peu trop dans votre dos. Pour varier les plaisirs et prouver que les coups de savates ne sont pas que l’apanage des bad boys, il sera possible d’une simple pression sur le bouton L de changer de personnage à la volée parmi les 4 disponibles (Kunio, Riki, Kyoko et Misako). De plus, il existe même certaines subtilités dans les décors que vous pourrez utiliser à votre avantage pour tabasser avec style. Néanmoins, aussi bizarre que cela puisse paraître, les développeurs n’ont pas jugé utile de mentionner tous les coups sortant de l’ordinaire dans le mini tutoriel de début de partie. C’est un choix étrange qui pourrait laisser croire à certains joueurs que le gameplay du jeu est très pauvre alors que ce n’est pas le cas.
Côté durée de vie, RCGZ est assez long et est agrémenté de dialogues apportant un semblant de background à l’histoire. Attention toutefois, c’est un jeu assez difficile. Passés les premiers niveaux, la courbe de difficulté va réellement augmenter, notamment lors des combats de bosses. Il faudra persévérer et faire preuve de fourberie pour venir à bout de certaines rencontres qui peuvent devenir rapidement frustrantes pour les moins patients. Notons également certaines séquences à moto particulièrement stressantes à cause d’une maniabilité approximative, mais heureusement elles sont au nombre de deux.
Plutôt deux fois Kun
Les amateurs de l’époque 16 bits ou les amoureux du beau pixel seront aux anges. Le jeu propose une belle 2d très connotée Super Nintendo, ainsi que quelques effets plutôt originaux pour l’époque. Les séquences de moto citées plus haut utilisent le fameux mode 7 de la Super Nes, pour un rendu convaincant.
Quelques options d’affichage permettent d’ajuster la scène à l’écran de la Switch, quitte à déformer un peu le tout ou encore de mettre un cadre autour de la scène pour décorer façon borne d’arcade. Malheureusement, seuls deux contours sont disponibles, et moches de surcroit… Quel dommage, là où d’autres jeux rétro proposent des habillages magnifiques.
Enfin, les musiques et bruitages sont sympathiques sans être inoubliables.
Conclusion
En définitive, RCGZ est un beat them up rétro défoulant et drôle avec ses personnages attachants et sa variété de situations. Témoin d’une autre époque, il souffre de quelques lacunes mais cette douce nostalgie lui confère un bon capital sympathie. Toutefois, l’expérience s’avère un peu chère si l’on n’est pas fan du genre et/ou de la licence Kunio-kun. Préférez-lui River City Girls 2 qui sortira d’ici quelques mois ou bien le premier opus qui est encore excellent et qui propose un gameplay et une expérience modernes en tous points.
LES PLUS
- Une rareté rétro enfin disponible et accessible dans nos contrées
- Une traduction de très bonne facture
- Des environnements diversifiés
- Une palette de coups variée
- Des ajouts sympathiques (nouvelle intro, fin, musiques)
LES MOINS
- Répétitif
- Difficile, voire frustrant (les séquences de motos…)
- Il manque un tutoriel pour les subtilités de gameplay que l’on découvre quelques fois par hasard
- Pas forcément envie d’y retourner une fois fini (dommage pour le prix)
- Bizarrement, très peu d’options de personnalisation de l’affichage (seulement deux contours d’écran pas beaux…)