Parce qu’il est des projets qui, dès leur annonce, nous donnent furieusement envie de les essayer et parce que la Switch est une console incroyable capable de nous faire jouer aussi bien en nomade qu’en docké, il faut bien avouer que nous attendions le titre de la petite équipe française de Midgar Studio avec beaucoup d’impatience. Malheureusement, son arrivée sur nos machines fétiches, pour être possible, se devait de passer par la technologie du cloud. Cette technologie a le don de faire souffler le chaud et le froid depuis sa sortie. Entre coup de bluff, avec l’apparition du Ray Tracing sur un titre tel Control, et grosse déception, avec le récent Guardians of the Galaxy, nous étions dans un état d’expectative fébrile, et nous avions bien raison d’être prudent…
La technique qui fait mal aux yeux
Avant de parler de l’œuvre de Midgar Studio, il nous faut en premier lieu aborder le portage fait par Ubitus. Depuis l’apparition du cloud sur Switch, ce sont eux qui se sont chargés de mettre en place les solutions pour que nous puissions profiter, entre autres, des Control et autres A Plague Tale sur nos consoles hybrides. Le moins que nous puissions dire est que le résultat, s’il fut emballant dans un premier temps, est de plus en plus insuffisant, avec un dernier portage en date de Kingdom Hearts III qui, bien que suffisant en nomade, était vraiment vilain sur grand écran.
Malheureusement pour elle, car oui, c’est malheureux de détruire une œuvre telle Edge of Eternity, la production du studio français a été bien malmenée par Ubitus, au point de la rendre pénible à jouer, pour des raisons différentes, aussi bien en nomade qu’en docké. Si la Switch nous a montré qu’elle est capable, nativement, de faire tourner des jeux en 1080p en 60fps, il n’y a aucune raison pour qu’elle ne puisse recevoir un flux vidéo de la même qualité.
Pourtant, la qualité des graphismes affichés ne fait clairement pas honneur au travail des développeurs. Ce qui apparaît sur nos écrans, aussi bien en nomade qu’en docké, ressemble, lorsque nous sommes en mouvement, à une bouillie tantôt floue ou granuleuse. Nous sommes très très loin des fières images mises en avant sur l’eShop ou des captures faites à l’arrêt. Pour se faire une idée de ce qui s’affiche sur nos écrans, il faut regarder en 480p une vidéo uploadée en 1080p. Le résultat n’est net que lorsque rien ne bouge à l’écran. Malheureusement, ce n’est que très rarement le cas.
Entre le mouvement de l’herbe, le brouillard ou le déplacement de nos personnages, il est très rare de pouvoir profiter des décors dans lesquels notre aventure se déroule. C’est d’autant plus dommage que le niveau de détails affiché à l’écran semble être équivalent au réglage haut de la version PC. La profondeur d’affichage est importante tout comme le nombre d’objets présents sur notre écran. Toutefois, cela crée une impression de floue encore plus grande, surtout sur un petit écran. Il est plus agréable, mais tout est relatif, de jouer en docké pour répartir un peu ce flou.
Tu marches dans quoi là ?
Nous en arrivons à des extrémités qui paraissent inconcevables à notre époque, comme se déplacer dans une vaste étendue, entourés d’herbes hautes et d’arbres flous, puis d’être soudain bloqué. Ce n’est qu’en laissant à l’image le temps de se stabiliser que sort de cette bouillie un rocher, expliquant ainsi notre progression stoppée. Les textes d’indications à l’écran sont eux aussi très difficiles à lire tant ils sont pixélisés.
Jouer en nomade n’atténue en rien ces défauts et en ajoute même de nouveau. Ceux-ci concernent essentiellement la taille des textes. Chose agréable, il est possible de multiplier la taille des dialogues jusqu’à quatre fois leur taille d’origine. C’est une très bonne chose et cela rend la narration très claire. Mais, car il y a toujours un mais et ça en devient navrant pour ce pauvre Edge of Eternity qui méritait bien mieux, tous les autres textes affichés sont très petits et en deviennent quasi illisibles une fois la console dans nos mains. Lire le nom et le niveau des ennemis demande une vision d’astronaute pour être réussi, il en va de même pour l’affichage des statuts ou pour les diverses quêtes rencontrées tout au long de nos pérégrinations.
La technologie cloud est sensée nous offrir une expérience dont la seule limite est donnée par la machine faisant tourner le jeu. Cette machine, pour Edge of Eternity, n’est clairement pas à la hauteur. Nous avons effectué une comparaison avec un Pc à 800 € datant de déjà 6 ans et la version du jeu disponible grâce au Game Pass. Sur ce Pc, le titre de Midgar Studio est capable de tourner en ultra avec des temps de chargement d’à peine quelques secondes. Sur Switch, ces mêmes temps de chargement dépassent allégrement les deux minutes. Sans connaître la technologie mise en jeu, il paraît évident qu’Ubitus ne souhaite pas offrir aux joueurs Switch ce pour quoi ils ont payé. Seule la fluidité, en tout cas avec une connexion fibrée, est irréprochable.
Une œuvre pleine de promesses
Pourquoi ce premier paragraphe laisse un goût si amer en bouche ? Et bien parce que le petit studio français de Midgar Studio a dû mettre dans son jeu tout son talent et ses tripes et que ce portage n’est clairement pas là pour lui rendre hommage. Avec l’envie de nous proposer un J-RPG aux mécaniques complètes et classiques tout en lui conférant un univers et une narration mise au goût du jour, le pari semblait difficilement atteignable pour un si petit groupe et pourtant le résultat est bluffant, en tout cas sur Pc..
L’univers mis en place est un modèle de possibilités à exploiter. Notre aventure se déroule sur la planète Heryon. Celle-ci a connu l’arrivée de visiteurs venus de l’espace, les Archélites, qui, sans aucune contrepartie, lui ont offert sa technologie, ouvrant ainsi la voie à une ère de paix et de prospérité. Pourtant un jour, ils se sont retournés contre les habitants d’Héryon, déclenchant une guerre dévastatrice. Ils ont même été jusqu’à mettre au point une maladie, la corrosion, qui attaque tout être vivant.
Dans ce monde ravagé par les conflits, nous incarnons Daryon, un adolescent dont la garnison est soudain attaquée par les Archélites. Il trouve refuge dans un temple dans lequel l’archimage sacrifie un nombre important d’adeptes pour pouvoir lancer un sort capable de mettre fin à l’attaque Archélite. Daryon décide alors de déserter pour débuter une aventure, avec sa sœur, dans le but de trouver un remède pour leur mère, atteinte de la corrosion. Bien vite, cette quête deviendra vitale pour tous les habitants d’Héryon.
L’univers d’Edge of Eternity est extrêmement vaste et il aurait été très probable qu’un studio disposant de moins de talent se noie dans un monde si riche ou n’en aborde qu’une partie. Il n’en est rien. Chaque aspect du scénario est maîtrisé et il est difficile de décrocher du titre malgré des quêtes à mener parfois caricaturales. La narration n’est pas non plus en reste. Loin des clichés du genre, nos héros ont droit à des lignes de textes tantôt touchant, tantôt très drôle. Les stéréotypes de genre, trop présent sur notre média, sont ici souvent renversés.
Notre aventure se déroule dans un vaste monde fait de zones, plus ou moins grandes, interconnectées. Beaucoup de téléporteurs jonchent ces lieux et il est facile et agréable, en tout cas sur Pc, de découvrir ces vastes panoramas qui n’attendent que nous. La direction artistique est irréprochable et les environnements se renouvellent très souvent. Un cycle jour/nuit vient en plus d’effets météo. Loin d’être négligeables, ces effets auront de plus un rôle dans le déroulement des combats.
Du classicisme maîtrisé
À chaque contact avec l’une des créatures agressives peuplant le monde d’Héryon, nous déclenchons un combat. Nos personnages restent alors sur les lieux qu’ils parcouraient précédemment, mais un quadrillage hexagonal vient se plaquer sur le sol. Suivant les éléments présents sur la carte, il est possible que plusieurs combattants d’un même camp occupent la même case. Pratique pour se focaliser sur un ennemi unique, mais dangereux dans le cas d’un sort de zone.
Une fois le combat démarré, nous retrouvons le principe d’une jauge ATB qui définira l’ordre d’action des différents combattants en place sur l’hexagone, qu’ils soient alliés ou ennemis. S’offre à nous alors une palette de coups classiques nous permettant de choisir entre le déplacement, l’utilisation de magie, le lancement d’attaque ou la consommation d’item. Certaines actions demandent alors le remplissage d’une barre ATB de lancement, celle-ci étant annulable lorsque le lanceur subit une attaque, il faut se montrer vigilant pour ne pas se faire coincer et éviter de prendre de plein fouet les coups spéciaux ennemis.
À la fin de chaque combat, nos protagonistes et leur arme gagnent un certain nombre de points d’expérience, permettant ainsi d’augmenter leurs statistiques de base tout en débloquant certaines capacités. Celles-ci, sous la forme d’emplacement sur l’arme, s’activent grâce à des cristaux. Ces cristaux sont de différentes sortes, symbolisées par des couleurs différentes et possèdent tous des modificateurs de statistiques différents. La possibilité d’optimiser ses combattants comme nous l’entendons, autant en termes de statistiques que de capacités, est très complète.
Ce système d’armes est complété par un système de loot et de craft qui nous permet, en trouvant les matériaux et les recettes nécessaires, de multiplier les dégâts, autant magiques que physiques. Chaque combat propose aussi un défi, tel tuer l’ennemi marqué en dernier ou encore ne jamais soigner un allié, qui, si réalisé, apporte un peu plus de loot. Une bonne idée pour apporter de la variété dans nos combinaisons. Notons toutefois qu’après chaque combat, toute notre équipe récupère l’entièreté de ses points de vie et de ses points de mana, simplifiant drastiquement notre progression.
Conclusion
Edge of Eternity aurait dû être une alternative plus qu’intéressante face à un titre tel Fire Emblem. Son système de combat tactique est ultra efficace et il prend place dans un univers vaste et complexe à la narration parfaitement maîtrisée. Malheureusement, son arrivée sur Switch via le cloud est une catastrophe. Ses graphismes, bien que très détaillés, sont flous et granuleux et l’impression d’être face à une vidéo en 480p est omniprésente. De plus, les textes à l’écran, en dehors des dialogues, sont la plupart du temps illisibles, notamment en nomade. La seule façon de profiter comme il le mérite du titre des Français de Midgar Studio est d’y jouer sur une autre machine et nous le regrettons profondément.
LES PLUS
- Le système de combat mélangeant hexagone et jauge ATB est très efficace
- La narration est efficace avec de bons dialogues et une entrée en matière marquante
- L’univers d’Edge of Eternity est complexe et vaste
LES MOINS
- Les graphismes sont soit granuleux soit flous
- Les images présentes sur l’eShop sont clairement mensongères
- Les textes affichés à l’écran sont pixélisés et flous, donc illisibles
- Le flou est omniprésent à chaque mouvement
- Quasiment injouable en portable
- Les temps de chargements sont vraiment très longs
- Le travail des développeurs de Midgar Studio ne méritait pas un tel traitement
- Certaines quêtes de l’arc principal sont vraiment ridicules
- L’ergonomie du menu n’est pas optimale
c’est souvent que les images de l’eshop sont mensongères (Life is strange true colors, les images sont les mêmes sur le store xbox)
Et quand est il du bug de chargement ? Perso, j ai pu y jouer 2h et depuis impossible…dès que je lance ma sauvegarde je reviens a la page principale…et ça depuis 2 jours…ça fait cher pour juste jouer 2h !
Nous n’avons jamais rencontré ce bug malgré un temps de jeu de plus de 20 h et n’en avons trouvé aucune trace sur le ternet
peut etre juste une sauvegarde corrompue, le début du jeu étant fait de nombreuse cinématique, nous vous conseillons de recommencer la partie en sautant ces phases
Message sur la page de connection au jeu aujourd’hui concernant ce problème…il est donc bien réel c’est dommage que personne n en ai parlé…a part sur un autre forum…bref Ubitus bosse dessus en espérant que ça avance assez vite
Bonjour, je suis à une dizaine d’heures de jeu et je n’ai pas rencontré ce bug non plus.
Bon courage !
J’ai rencontré un bug également, en tout début de jeu, quand il faut atteindre le sommet de la montagne. Il ne sa passait rien quand j’y suis arrivée. Et aucun bouton de la manette ne s’activait plus. Finalement, j’ai arrêté, sans possibilité de sauvegarder.
J’ai recommencé une partie et là, nickel !
Par contre, les temps de chargement sont tellement longs que parfois, je me demande si le jeu n’a pas planté…
D’ailleurs, ça plante parfois au moment de la sauvegarde ou sur l’écran de game over. L’image se fige et je dois relancer le jeu car il ne se passe plus rien…
bonjour, ayant eu le jeu en avant première, avec peu de monde sur les serveurs, il est possible que ceux-ci n’étaient pas surchargés, les problèmes viennent peut etre des peu de moyens mis en place