Quoi quoi quoi, un jeu avec Conga dedans, ça ne peut être qu’un grand jeu non ? Et justement… non. Avec un nom rappelant les deux expériences Gamecube que furent la série des Donkey Konga et Donkey Kong Jungle Beat, nous étions pourtant dans l’expectative et l’annonce du chef nous demandant de tester le titre des Allemands de Giant Door nous laissait penser qu’une bonne étoile s’était penchée sur nous. Malheureusement ce devait être pour régurgiter un trop plein de vodka, car le résultat, joycon en main, a beaucoup de mal à passer. Et c’est donc sur cette note d’une finesse peu commune que commence le test de Derpy Conga.
Le conga de Murphy
Tout commence pourtant bien dans Derpy Conga, ou plutôt tout commence très mal avec la découverte d’une météorite arrivant droit sur notre planète de résidence. Et comme le canon destructeur de comète n’est plus en état de fonctionner, la seule solution à envisager est donc, tout simplement, de quitter la planète avec le premier engin spatial à porter de nos mains. C’est à ce moment que les problèmes s’enchaînent, en suivant la fameuse loi de Murphy, et que notre véhicule tombe lui aussi en panne. Nous laissant atterrir sur une île dont nous devrons retrouver le plus d’habitants pour appeler un vaisseau de secours et prendre à nouveau la fuite jusqu’à la nouvelle panne.
Même si ce schéma se répète après chaque fin de niveau, ce petit scénario a le mérite de nous faire sourire et de donner un but à nos déambulations sur cette planète appelée à disparaître. Notre personnage principal est attachant, sorte de petite boule orange surmontée d’un point d’interrogation, il a le mérite de ne pas nous repousser. Ses comparses, rencontrés au fil de notre aventure, sont eux aussi attachants et nous avons envie de les tirer de ce mauvais pas. Les lieux visités se renouvellent de temps en temps, apportant un peu de diversité à notre périple.
Toutefois, c’est au moment même de prendre les choses en main que la mécanique se grippe. Les contrôles sont une abomination. Le principe de Derpy Conga consiste à attraper tous nos compatriotes pour former une grande chaîne de l’amitié et fuir tous ensemble à bord du même vaisseau. Mais si diriger un personnage est à la portée de tout un chacun. Devoir manipuler une file de plus de dix protagonistes, pour les faire traverser des ponts ou sauter au-dessus d’un précipice, est vite bien moins aisé.
La caméra ne vient rien arranger. Sur une Switch Oled sans aucun souci de drift, elle part tout simplement où bon lui semble dès qu’un objet vient la contrarier. Pire, il nous est possible de changer le membre actif de notre file indienne, malheureusement, s’ils ont le malheur de n’être pas tournés dans la même direction, la caméra se met alors à sauter d’un côté à l’autre de notre file, donnant sérieusement le mal de mer et rendant toute progression impossible. Pire de pire, la physique générale de nos bestioles est souvent très hasardeuse.
La prise en main précaire
Le premier écueil rencontré concerne la fin du niveau de tutoriel. Il nous faut, pour le quitter, faire en sorte que le premier membre de notre cordée, ou le dernier, c’est selon les points de vue, attrape l’échelle du vaisseau. Rien que cette simple action est pénible et difficile à réaliser. Mais ce n’est que l’action la plus simple à effectuer. En effet, nos héros ont la possibilité de former un cercle, via l’appui sur la touche ZL. Cette formation permet d’entourer des objets pour ensuite les déplacer.
Très bonne idée nous dirons les plus taquins. Sauf qu’une fois sur deux, nos compagnons galèrent à trouver le chemin de leur main. S’ils finissent par y arriver au bout d’un moment, c’est alors l’item qu’ils entourent qui a bien des difficultés à réagir normalement. C’est notamment ce qui se passe constamment avec la plante servant à nous propulser sur de longues distances. Rien que l’entourer sans passer à travers est un véritable parcours du combattant. Nous nous retrouvons ainsi trop souvent à faire avec les moyens du bord, cherchant à gruger le level design pour passer outre cette physique balbutiante.
Ce n’est malheureusement pas le seul bémol concernant la prise en main. Des phases de gameplay nous demandent, en effet, de reproduire un diagramme au sol à l’aide d’une boule que nous déplaçons. L’inertie de la boule n’est que le premier des défis, le second concerne la précision demandée et, malheureusement, comme rien ne nous explique qu’il faut rompre le cercle pour valider notre dessin, le troisième défi consiste à deviner qu’il faut rompre le cercle au lieu d’attendre comme un âne la validation de notre forme.
Le dernier point de mécanique est plutôt positif. Nous rencontrerons sur ce monde des habitants inflammables. Leur combustion ne dure pas indéfiniment et de petits puzzles, nous demandant de les frotter contre des murs ou de les amener près de sources incandescentes, parsèment alors notre parcours. Les déplacements de notre troupe rendent le tout toujours aussi bancal, mais l’apport n’est pas si mauvais que le reste.
Toutes ces mécaniques, nous pouvons les découvrir à deux joueurs. La catastrophe est alors totale. Entre un écran qui ne sait jamais s’il doit se scinder ou non et une prise en main qui essaie de simuler le déplacement à mains nus d’un bloc de béton de 450 kg, le titre de Giant Door se transforme en une expérience que nous ne souhaitons pas voir se reproduire de sitôt.
Conclusion
Derpy Conga tente de mettre en place une mécanique originale basée sur la mise en cordée de personnages. Si l’idée mérite d’être soulignée, la prise en main très hasardeuse qui en résulte détruit complètement la moindre parcelle de plaisir que nous pouvons avoir à la vue des habitants malchanceux de ce monde, pourtant mignon et coloré. De plus son prix de 16 € ne donne vraiment pas envie d’investir dans un titre si mal optimisé.
LES PLUS
- Les graphismes sont colorés et mignons
- La bande-son ne vient jamais nous perturber
- Le scénario ainsi que les saynètes sont amusants
LES MOINS
- La caméra est vraiment très capricieuse
- La prise en main est catastrophique
- Les idées de gameplay sont gâchées par une physique trop hasardeuse
- Le mode deux joueurs est juste injouable