Notre marque de fabrique, chez NT ? Les indés, dont nous raffolons. À l’affût, toujours prêts à dégainer face à la pépite de l’année. Ou l’expérience la plus perchée. Parfois la plus torchée, faut-il avouer. Les risques du métier ! Inukari – Chase of Deception aux ambitions très rétro, vaut-il ainsi qu’on s’y précipite, bave aux lèvres ? Crânement, nous tentons.
L’environnement, c’est important
Loin de moi tout prosélytisme éco-citoyen ou velléité politique à l’approche de la date fatidique du 10 avril 2022, puisqu’en tant que testeur de jeu, mais gamer dans l’âme d’abord, je me fous presque autant de la disparition de la faune sauvage que de la fonte des glaces, à moins qu’elle n’entraîne évidemment, l’extinction autrement plus dramatique des écrans, privés d’alimentation électrique. Blague à part, cette problématique, au cœur du titre d’Einzelartig Games, mérite qu’on s’y attarde.
Nous y incarnons en effet un simili-renard, pour ce qu’en laisse entrevoir un pixel art pas piqué des hannetons (nous y reviendrons), venu ici-bas restaurer l’ordre et l’harmonie dans la nature, qui se rebiffe face aux multiples agressions humaines. Vaste programme pour un canidé, même bipède et parfaitement anglophone, les boîtes de dialogues un poil longues qui ponctuent notamment les combats de boss, n’ayant bénéficié d’aucune traduction. Le gameplay primant toutefois largement sur l’intrigue, magnanimes, nous passerons outre.
Ce lointain cousin du Marsupilami
Moins connu mais tout aussi agile, notre héros comme monté sur ressorts, court, saute et frappe avec la même aisance que le célèbre Marsu de Franquin au sein de 3 mondes distincts, chacun composé d’une bonne dizaine de niveaux que nous traversons, frénétiques tel l’écureuil surexcité en quête de ses précieuses noisettes. A la différence près qu’ici, nous poursuivons rappelons-le, un dessein ô combien moins terre-à-terre que la vulgaire satisfaction de nos besoins primaires en vue d’une probable hibernation.
Ainsi n’avons-nous d’autre choix qu’asséner de sévères – mais justes – coups d’épée aux créatures hostiles se dressant sur notre chemin (pavé de nobles intentions, après tout) afin de les délivrer du malin, qui déguerpit à la première gifle reçue, c’est bien connu. Le concept d’un Sonic, en fait. Volontiers tortueux, les niveaux parsemés de maints dangers ne nous ménagent guère : précipices à franchir et montagnes à gravir, à-pics vertigineux, pas de quoi cependant rebuter le kangourou sous amphet’ qui sommeille en nous et défie la gravité par ses sauts démesurés, s’agrippe aux parois pour atteindre des plateformes jusque-là inaccessibles. Un gameplay cool et carrément intuitif. Sauf qu’à Dallas comme dans le jeu vidéo, l’univers, impitoyable, ne nous fait pas de cadeau.
Nous étions pourtant prévenus
Cruelle “Deception” – limpide, le titre n’avait pas menti -, les tableaux idylliques des débuts s’estompent au profit d’une répétitivité trop vite surgie, dans le game design. Traître infamie ! Seuls les décors tout en 2D varient quelque peu, et encore faut-il attendre le troisième et dernier tiers du périple, plus urbain, pour qu’enfin le pixel art à la sauce NES révèle son plein potentiel, en parallèle du design plutôt réussi des boss et du protagoniste principal. Pour qu’enfin également, malgré le double saut et de nombreux ennemis, la fluidité cesse de faire des siennes, le jeu accusant le reste du temps, d’inexcusables baisses de framerate. Inexcusables, même à 7€99.
Quant à la difficulté parfaitement inégale, celle-ci n’a pas fini de vous jouer des tours, et pas des plus poilants : l’ennemi lambda, parfois s’abat d’un coup d’épée, d’autres fois de deux, toutefois vous taloche dans la plupart des cas, notre ridicule portée de lame imposant de frôler l’adversité, dangereusement. Et puis gare, gare au ravin qui passerait par là, une cheville est si vite tordue, une aventure si vite conclue : à l’épuisement de notre barre de vie, retour à la case départ en dépit des nombreux checkpoints validés au cours du niveau. Heureusement que des vies supplémentaires s’acquièrent, en collectant suffisamment de pièces ou se débarrassant d’un maximum d’adversaires, dopant ainsi notre score. Autre alternative : atteindre le boss de mi-parcours.
Des boss au demeurant plutôt coriaces, à l’exception notable de l’affrontement final, d’une facilité déconcertante. Défilent alors les crédits, au terme d’une presque trentaine de niveaux expédiés en 2 à 3 heures. Rikiki, bien que deux modes qu’il eut cependant mieux valu intégrer dès le départ, contribuent ensuite à prolonger l’expérience : boss rush et speedrun, en totale adéquation avec le gameplay. Enfin, si la bande sonore à l’instar des graphismes, s’avère diablement efficace lors des combats de boss, cette dernière peine à se renouveler le reste du temps.
Conclusion
Petit jeu de plateforme sans grande prétention, Inuraki - Chase of Deception à défaut d'être bon, s'illustre néanmoins par sa prise en main naturelle générant un plaisir de jeu quasi immédiat. Pour le reste, c'est moyen, très moyen ; à blâmer, la difficulté mal dosée, les niveaux redondants dans leur structure, décors inclus, ainsi que les ralentissements ponctuels. Pas sûr non plus que le new game+, flanqué de deux modes bonus rallongeant la brève durée de vie, suscite l'envie de s'y replonger. Alors séchez donc ce filet de bave séché à la commissure de vos lèvres, là, juste là : vous auriez tort de foncer tête baissée d'autant que même l'intrigue pourtant digne d'intérêt, pâtit d'une regrettable absence de traduction.
LES PLUS
- Une histoire intéressante…
- De jolis graphismes en pixel art
- Un gameplay très intuitif
- Le design du héros et des boss
- Des modes speedrun et boss rush
LES MOINS
- … mais en anglais
- De nombreux ralentissements
- Une portée d’arme ridicule
- Les dégâts infligés aux ennemis sont assez aléatoires
- Une difficulté mal dosée au niveau des boss
- Des niveaux répétitifs
- Une musique elle aussi répétitive au sein des niveaux