Il est des faits bien peu connus des historiens et pourtant les développeurs de chez Woblyware n’ont reculé devant aucun effort pour nous les présenter aujourd’hui. Oui, des mages, des guerriers et des enchanteurs ont parcouru les vastes étendues de l’ouest sauvage américain pour aider les colons fraîchement débarqués à traverser les dangers d’un si périlleux voyage. Toutefois pour éviter que cette nouvelle ne vienne bouleverser nos certitudes, ils nous présentent les faits sous la forme d’un rogue-like aux mécaniques de RPG, à savoir Royal Frontier. Va-t-il falloir mettre à jour nos manuels d’histoires ou passer à côté de cette caravane ? Sans doute que la vérité est ailleurs.
La conquête de l’ouest fantasy
Après cette introduction qui aura le mérite d’avoir fait tourner de l’œil à la moitié de nos lecteurs professeurs d’histoire géographie, et nous savons qu’ils sont nombreux, nous n’avons même plus besoin de revenir sur le scénario de Royal Frontier, tout a déjà été dit. Nous sommes une section de trois joyeux mercenaires ayant pour mission de protéger un convoi de colons. Il va nous falloir combattre les différents groupes de bandits qui jonchent notre parcours pour atteindre la terre promise.
Une fois notre équipe constituée, ceux-ci peuvent choisir trois bénédictions parmi celles disponibles. Nous optons naturellement pour davantage de force de frappe, pour une résistance accrue aux dégâts ainsi que pour une augmentation de 20 % de nos bénéfices nets après impôts sur le revenu et prélèvement obligatoire à la… oups nous nous égarons. Et nous voilà partis pour le premier chapitre, le bois du ponant.
Nous arrivons sur une carte dont l’itinéraire comporte quinze arrêts. Ceux-ci peuvent être de quatre sortes, un combat classique, un trésor à ouvrir, un événement aléatoire, un repos bien mérité, mais incomplet et, pour finir, un combat de boss. À peine le temps de se chauffer les muscles de la cuisse avec une marche vivifiante que le premier groupe d’ennemis nous cherchant querelle se présente. S’engage alors un combat dans la plus pure tradition des Mario RPG, à savoir un choix d’attaque ou de capacité, suivi de la possibilité d’un appui sur la touche A au bon moment pour augmenter nos dégâts.
Ce système ajoute un peu de piquants à des affrontements qui manquent sinon cruellement d’intensité. En effet, Royal Frontier est d’abord et avant une course de fond, un marathon dans lequel il faut savoir gérer son effort et ne pas tout donner dans la première minute. Quasiment aucune aide ne pourra nous parvenir dans ces contrées isolées. Nous ne pouvons compter que sur nous même et sur le peu de ressources que nous possédons de base. L’achat de potions de soin n’est qu’une utopie dont sont parsemés nos rêves les plus fous. Il va falloir rationner nos attaques spéciales sous peine de ne plus être en mesure de nous défendre.
À la frontière du réel
Une fois ce principe digéré, nous comprenons que nous ne pourrons pas parvenir à notre fin dès la première tentative ni dès la suivante d’ailleurs. Toutefois, chaque défaite nous permet d’engranger des points d’expérience qui débloque, une fois un palier atteint, de nouvelles bénédictions. Nous voyons ainsi apparaître la possibilité de nous équiper de 10 parchemins, dont deux de soins. Plus loin, nous pourrons passer d’un bonus de +1 à un bonus de +3 en attaque. Et voilà, la volonté des développeurs de chez Woblyware nous apparaît enfin. Il ne souhaite pas notre réussite, il souhaite s’amuser à nous voir mourir un nombre calculer de fois pour ainsi progresser sur notre chemin.
Nous pouvons aussi modifier notre équipe de base. En fonction de nos réussites et des boss que nous avons vaincus, d’autres héros intrépides voudront rejoindre notre équipe de joyeux mercenaires. C’est ainsi qu’un pistolero au mousquet affûté, qu’un nain au bouclier puissant, et qu’un assassin à la frappe mortel pourront faire parti de notre équipe de trois combattants. Cela ajoute un peu de diversité tout en laissant le niveau de difficulté inchangé. Ce ne sont que les bénédictions qui nous permettront d’aller toujours plus loin.
Malheureusement, ce choix entraîne un certain ennui trop rapidement et il est difficile d’enchaîner les parties. À chaque nouvelle tentative, nous retrouvons nos personnages à leur niveau le plus bas. Avec une seule compétence et une seule attaque. Les combats sont toujours les mêmes et nous sommes bien trop conscients de nos limites pour pouvoir espérer nous en tirer. Nous sommes aussi très dépendants des items que les ennemis daigneront nous laisser lors de leur mort. Entre de meilleures armes, de meilleures armures et des reliques pouvant booster nos statistiques, il nous faudra beaucoup de chance pour optimiser notre équipe.
C’est le principal défaut de Royal Frontier, il n’est plaisant d’y jouer qu’à petite dose. Revenir à chaque fois aux capacités de bases, alors que nous avions fini avec une équipe ayant débloqué de nombreuses attaques différentes, est extrêmement frustrant. De même, si la progression sur la carte est logique entre les combats et les événements aléatoires, les repos dans les villages qui ne rendent qu’une partie (30 %) de la vie OU du mana sont très discutables. Un campement improvisé aurait été davantage dans l’esprit de la difficulté.
Une technique royale ou pas
D’un point de vue technique, nous pourrions aussi reprocher au titre de Woblyware son système d’expérience par palier. L’expérience que nous gagnons remplit une jauge qui nous débloque quelques bénédictions supplémentaires. Le problème c’est que si nous dépassons les attentes du palier, il semble que toute cette expérience en trop soit perdue. Pour chacune de nos tentatives, nous nous sommes retrouvés avec la désagréable impression d’avoir été trop performant pour rien. Royal Frontier semble posséder un nombre minimal de parties à effectuer pour tout débloquer, il ne nous récompense jamais pour avoir dépassé les attentes fixées, frustrant.
D’un point de vue graphique, le pixel art est de bonne qualité. Les personnages jouables sont soignés tout comme les ennemis et les boss. Toutefois, les décors ne se renouvellent que trop rarement et ils laissent la désagréable impression d’être à moitié vide. Il en va de même pour la carte générale. C’est dommage, car le soin apporté aux événements aléatoires est sympathique, les situations sont variées et les choix que nous devons faire, comme choisir la bonne couleur pour le champignon à manger, ont un réel impact sur notre progression.
La bande-son est elle aussi dans la norme. Elle se laisse très vite oublier tout comme les sons qui nous accompagnent à chacun des coups que nous donnons ou recevons. Il est toutefois difficile de reprocher tous ses éléments au titre de Woblyware compte tenu de son prix de 7 €, qui descend même à 5,60 € pour son lancement. À ce tarif, ce sont plusieurs heures de jeu qui s’offrent à nous. Jamais frustrantes, elles s’accompagnent d’un réel sentiment de progression, au moins grâce aux bénédictions.
Conclusion
Pour un prix de 7 €, Royal Frontier de Woblyware est un rogue-like aux mécaniques de combat façon Mario RPG sympathique. Ses graphismes sont corrects tout comme sa bande-son. Sa progression est toutefois bien trop encadrée et ne récompense pas les joueurs qui ont su dépasser les attentes inhérentes aux remplissages de la jauge d’expérience. Les combats se suivent ainsi et se ressemblent bien trop pour offrir des heures de plaisirs continus et il vaut bien mieux fractionner son temps de jeu et y revenir de temps en temps pour ne pas se sentir trop frustrer. Un bon petit jeu qui viendra combler, s’ils existent, les instants de pause entre deux gros jeux.
LES PLUS
- Les graphismes, en pixel art, sont sympathiques
- La bande-son se laisse écouter
- Le système à la Mario RPG, où l’appui sur A au bon moment augmente les dégâts, est bien repris
- Les combats sont un marathon dont il nous faut gérer les dépenses en vie et en mana
- Pour un prix de lancement de 5,60 €, nous avons une bonne durée de vie
- Les nouvelles bénédictions apportent un vrai sentiment de montée en puissance
- Les nouveaux personnages déblocables varient le gameplay
- Tout en français
LES MOINS
- Les combats se suivent et se ressemblent
- La jauge d’expérience qui n’utilise pas ce que nous avons gagné en plus est frustrante
- Il faut fractionner son temps de jeu pour ne pas se lasser