Vanillaware est un studio japonais jouissant d’une bonne notoriété et à l’origine de nombre de titres à succès critique. Certains sur Wii les connaissent pour Muramasa the Demon Blade, tandis que d’autres se remémorent les souvenirs passés sur Odin Sphere ou encore Dragon’s Crown. En annonçant 13 Sentinels: Aegis Rim, le studio ne s’attendait certainement pas à un développement étalé sur six ans, ni devoir annuler le titre sur certaines plateformes. Après avoir récolté les récompenses lors de sa sortie initiale en 2019-2020, en ce printemps 2022 Atlus mise à nouveau sur 13 Sentinels: Aegis Rim ainsi que sur la Nintendo Switch afin de donner une ultime chance au dernier bébé de Vanillaware auprès des joueurs. Voici notre rapport sur cette magnifique expérience délivrée par ce studio incroyable.
Un récit extraordinaire de Vanillaware
C’est ainsi que nous devons résumer l’aventure et l’histoire que nous propose Vanillaware sur 13 Sentinels: Aegis Rim. Une histoire incroyable avec un premier point fort, celui d’être entièrement traduit en français. Le jeu nous présente un récit tellement riche, passionnant et envoûtant qu’il serait une insulte de trop vous en dire. L’écriture dans un jeu vidéo a rarement été aussi bonne et disons-le, le jeu mérite ces nominations ou récompenses dans la catégorie de la narration. Essayons tout de même sans trop vous en dire de vous mettre l’eau à la bouche.
Nous démarrons à Tokyo dans une époque contemporaine, sans plus d’indication. La ville est sous le coup d’une attaque menée par des Kaiju, genre d’extraterrestres, et nous dirigeons une résistance menée par des jeunes lycéens. Nous reviendrons sur les combats mais une fois la première bataille terminée, le jeu nous propose de choisir le personnage de Juro Kurabe et nous fait vivre le prologue de son récit. Son récit nous fait démarrer avant l’attaque que nous venons de vivre en 1985. Nous assistons à son quotidien d’étudiant cinéphile au lycée Sakura. C’est également l’occasion de connaître certains de ses camarades de promo jouant un rôle plus ou moins direct et important dans la trame.
Nous voyons que son prologue croise notamment la route de Fuyusaka Iori ou encore Amiguchi Shu. Personnages clés puisque nous vivrons également leur prologue et leur récit de leur point de vue. Le titre le suggère ; nous avons une histoire tournant autour de treize protagonistes au-delà des trois cités précédemment. Chaque histoire est découpée en plusieurs parties et le prologue nous donne l’illusion d’une progression linéaire. En effet, le début du jeu nous fait jouer le prologue de certains personnages en alternant entre narration et bataille. Nous pourrions penser que la progression globale se fasse de cette manière mais pas du tout.
Une fois le prologue de bataille terminé, la phase de jeu correspondant à une fin de tutoriel des combats, le jeu s’ouvre sur une progression assez libre. Nous avons ainsi un menu divisé en trois : Histoire, Bataille et Archives. Nous pouvons naviguer librement entre ces catégories. En saisissant Histoire, vous êtes sur un menu regroupant les protagonistes du jeu et il faut choisir l’histoire que vous désirez vivre. Tous ne sont pas disponibles d’emblée et se débloquent en parcourant le récit de certains ou en avançant dans la partie “Bataille”. De la même manière le récit d’un personnage peut se bloquer si vous n’avez pas atteint un certain stade avec un autre ou un certain pourcentage du mode “Bataille”.
L’histoire et les batailles sont donc subtilement liées et vous motivent à passer de l’un à l’autre très naturellement. Par ailleurs, nous mentionnons le fait que nous démarrons en 1985 mais là où l’écriture va dans la complexité, c’est que chaque personnage ne vient pas nécessairement du point que nous croyons. Certains viennent de l’après-guerre en 1945, d’autres viennent du futur en 2025 voire d’un futur encore plus lointain que nous préférons vous laisser découvrir. Leur point commun est de se battre contre l’invasion des Kaiju à bord de gros Mechas appelés Sentinelles. Ces sentinelles peuvent remonter dans le temps. Nous pouvons ainsi voyager à travers différents checkpoints de l’histoire d’un personnage pour rassembler de nouveaux indices de réflexion à présenter. Cela permet d’évoluer sur une nouvelle voie du récit et progresser vers la véritable conclusion.
Il y a tout de même quelques problèmes de lisibilité et nous bloquons parfois en mettant en avant de mauvais indices qui ne nous permettent pas de progresser mais rien de bien méchant. Le déblocage se fait assez aisément en reprenant au checkpoint. Ces batailles, ces tragédies et tous les traumatismes vécus dans ce récit d’une bonne quarantaine d’heures dépeint un véritable voyage narratif rarement expérimenté. Un récit très bien raconté par Vanillaware à travers le vécu de personnages attachants et très profonds. La durée de vie n’en sera que plus longue pour ceux qui visent le 100% dans les trois catégories du jeu. Dommage que l’arrivée du portage tardif sur Switch ne soit pas agrémentée de bonus pertinents pour les joueurs, comme une nouvelle histoire supplémentaire et justifiant éventuellement un second passage en caisse.
Vanillaware tente le Tactical RPG
Justement à côté de l’histoire, nous avons le mode Archive qui regroupe différents éléments de lore du jeu. Ces éléments sont parfois à débloquer grâce à des points de Codex que l’on aquiert en jouant des batailles. Parlons donc des fameuses batailles du jeu. Notre communauté a peut-être déjà croisé la route de Vanillaware à travers un certain Muramasa The Demon Blade sur Wii en 2009. En vérité, les quelques jeux du studio ne sont pas si différents dans leur approche de gameplay ou game design. 13 Sentinels: Aegis Rim est la grande exception avec une expérience qui n’est plus celle d’un genre de Castlevania ni d’un jeu d’action en 2D ultra dynamique.
Ici, nous avons un Tactical en semi temps réel à base de combats de Mechas Sentinels contre des machines extra-terrestres ennemies incluant de la défense de terminaux et de la défense de la ville dans laquelle se déroule l’action. Nous démarrons tout ça sur une vue aérienne du quartier dans lequelle se déroule le combat que nous avons saisi. Il y a toujours un terminal à défendre avec un pourcentage de vie, un autre pourcentage de destruction de la ville ainsi que des icônes représentant nos différentes sentinelles. Chacun de nos protagonistes pilote une sentinelle.
Les vaisseaux ennemis apparaissent par vagues d’icônes de tailles diverses dans l’arrondissement et se dirigent toujours vers le terminal. Nous avons « deux minutes » pour éliminer toutes les vagues ennemies ou survivre afin de remporter la bataille. Entre guillemets puisque nous sommes sur du semi temps réel et que selon notre temps à réfléchir et à sélectionner nos actions ce temps ne sera jamais vraiment de deux minutes. Quand le tour d’un de nos personnages est disponible son icône est pleinement colorié et nous pouvons suspendre l’action pour saisir une commande à effectuer.
Chaque personnage a des PV et des PE, le premier est la vie de votre sentinelle et le deuxième sont des genres de PM consommés lorsque vous utilisez des techniques. Lorsque votre sentinelle arrive à zéro PV, vous pouvez encore diriger votre personnage pour fuir et tenter de réparer votre mécha pour revenir dans le combat. Les attaques peuvent être de courte portée ou de très grande portée et sur des zones d’effet plus ou moins grandes. Cela dépend des spécificités de chaque personnage mais surtout de la génération de Sentinelle qu’ils pilotent. Les Sentinelles sont divisés en quatre génération : la G1 est spécialisée en corps à corps terrestre, la G2 est polyvalente au niveau terrestre, la G3 est spécialisée en longue portée et enfin, la G4 est spécialisée en assaut aérien.
De la même manière que nos héros, les ennemis ont différentes particularités. Ainsi, il s’agit de bien utiliser les propriétés de chacun de vos personnages et générations de sentinelle pour remporter une victoire confortable. En éliminant des ennemis, vous remplissez une jauge spéciale qui peut être utilisée une fois au maximum pour activer une capacité spéciale du terminal. Cela peut notamment vous permettre de paralyser temporairement les ennemis ou vous soigner parmi d’autres possibilités. À la fin vous remportez de l’XP réparti selon la performance de chacun des membres qui ont participé à la bataille.
Cela peut faire monter de niveau vos héros, renforcer leurs stats et débloquer de nouvelles aptitudes passives. Vous gagnez également des crédits à utiliser pour débloquer de nouvelles techniques pour vos sentinelles et votre terminal. Par ailleurs, il est possible de multiplier le score de fin de combat en enchaînant les victoires. Notons aussi que nos héros et leurs sentinelles ont une endurance. Après deux batailles les pilotes doivent se reposer d’une bataille pour totalement récupérer. Cela force ainsi à l’utilisation des treize protagonistes et adapter vos stratégies selon les personnages ou sentinelles en combat.
Un portage presque parfait
En parlant de stratégie, cette sortie Switch vous permet aussi d’adapter votre manière de découvrir ce chef d’œuvre de Vanillaware. Si vous ne l’aviez pas encore fait, la Nintendo Switch nous permet de jouer à 13 Sentinels: Aegis Rim de la manière la plus confortable c’est-à-dire en portable ou en TV. Le découpage du jeu est également excellent pour ce format portable. Parfois, nous avons l’impression que l’histoire progresse de manière pas très fluide avec des personnages qui enchaînent des répliques et s’arrêtent de parler sans que cela ne débloque de nouvelles réflexions ou indices.
En fait lors d’un déplacement et en jouant en portable, ces coupures fréquentes permettent de facilement suspendre sa session confortablement et ne pas avoir à reprendre sur une sauvegarde effectuée en plein milieu d’une discussion. Puis sur un ressenti plus global, ça permet de ne pas avoir à se retrouver à consommer une quantité indigeste de texte à chaque fois et apprécier encore plus la narration du jeu. Puis si la surdose commence à se faire sentir, nous pouvons juste finir un chapitre de personnage pour lancer une bataille et se détendre. L’expérience manque peut être juste d’une fonctionnalité tactile pour plus de confort mais ce n’est qu’un détail.
D’ailleurs ce détail inexistant permet de mieux apprécier l’image du jeu en portable sans avoir à mettre nos gros doigts dessus. Nous n’allons pas vous mentir, le portage est incroyablement réussi. Certains diront de bien meilleure optimisation que sa sortie initiale. De notre côté nous avons expérimenté de très rares chutes de framerate, notamment en combat, qui ne ruinent pas nécessairement l’expérience. De plus, notre Nintendo Switch OLED nous montrait un jeu incroyablement beau. L’écran OLED rend magnifiquement hommage au style coloré de Vanillaware, au chara-design et à la DA qui donne l’impression d’évoluer directement sur des illustrations. Il est très plaisant d’évoluer dans les décors de ville ou campus scolaire japonais familiers, résidence plus traditionnelle plus ancienne, laboratoire scientifique futuriste, paysage en flamme ou en ruine parmi bien d’autres illustrations.
Nos yeux sont éblouis par les différents visuels qui accompagnent les différents moments de l’histoire et renforcent bien plus notre immersion dans le jeu. En TV tout reste de très bonne facture. Malgré cela tout n’est pas parfait, les animations en 2D des personnages sont parfois étranges lors des déplacements impliquant de la profondeur. Certains éléments de décor ont peu voire aucune physique. Nous ne parlons que de la partie histoire, en bataille l’aspect visuel manque de variété. Nous avons toujours les mêmes cartes vues du dessus et les mêmes icônes. D’ailleurs, ce rendu est assez austère en combat et ça manque de lisibilité.
Difficile de dire quel icône correspond à quel type d’ennemi. De notre côté, à part les mentions en grosses lettres, difficile de savoir quel triangle correspond à quel personnage et sentinelle. Un constat regrettable vu la beauté du mode Histoire. D’ailleurs, les combats sont rejouables et proposent quelques objectifs annexes afin de débloquer des points de codex. Cependant, soyons honnêtes, en difficulté normale les combats sont faciles et ne nécessitent pas nécessairement de grande réflexion. Cette absence de challenge ne motive peut-être pas plus la rejouabilité pour du 100%, il est possible de monter la difficulté mais le challenge reste toujours discutable.
Enfin, l’ambiance sonore du jeu est également de très bonne facture. Alors il faut aimer le style musical, certains trouveront des thèmes quelconques et génériques mais selon nous les thèmes accompagnent très bien le récit et surtout les combats du jeu. Les thèmes de boss sont mémorables et nous motivent bien à détruire une horde d’ennemis gigantesques. Bonne initiative d’inclure le dual audio, nous ne jugerons pas du doublage anglais mais ce qui est sûr c’est que le travail japonais est toujours incroyable. Nous le remettons en avant mais le jeu est traduit en français. D’ailleurs, la traduction française est de très bonne facture et semble basée sur le texte japonais avec de nombreux éléments ou des nominations reprises directement du japonais.
Conclusion
13 Sentinels: Aegis Rim livre une nouvelle bataille sur une nouvelle sentinelle que nous connaissons tous, la sentinelle Nintendo Switch. Une expérience qui fut acclamée du public et que nous ne faisons que confirmer à nouveau sur la console hybride de Nintendo. Effectivement, le dernier né de Vanillaware n’est pas parfait mais ce ne sont que quelques tares qui n’arrivent pas à enlever l’excellence de l’expérience proposée. Au final, après avoir traversé ces nombreuses batailles imprégnées d’odeur nauséabonde de Kaiju, le printemps a rarement été embaumé d’un parfum issu d’une expérience aussi envoûtante que 13 Sentinels: Aegis Rim.
LES PLUS
- La Réalisation et la DA magnifique signé Vanillaware
- Sublime sur Nintendo Switch OLED
- Techniquement solide
- Un tactical aux mécanismes intéressants
- La liberté permise entre Histoire, Bataille, Archive
- Très bon découpage de l’histoire pour le jeu portable
- Ou simplement pour respirer après une longue session histoire
- Une narration de très grande qualité
- Des personnages très attachants et bien écrits
- Bande sonore de bonne facture
- Une durée de vie très bonne
- Dual Audio présent
- Traduit en Français !
LES MOINS
- Quelques animations bizarres
- Pas de variété visuelle sur le champ de bataille
- Difficulté peu présente
- Ça manque de lisibilité en bataille
- Ça manque d’un peu de lisibilité des indices de réflexion de l’histoire
- Certains diront que le découpage n’est pas si bon
- La fonctionnalité tactile aurait été cool
- Quelques thèmes quelconques
- Pas de bonus du portage tardif, dommage...
Merci pour ce test qui donne vraiment très envie
yep !
Super intéressant surtout connaissant atlus
Très peu de tactical surtout un jeu interactif et énormément de lecture, si vous voulez de la stratégie allez plutôt sur triangle
Sinon le jeu est dispo depuis 200 ans sur PS3 pour ceux qui ont la flemme de mettre 50 euro