The Ramp, du programmeur Paul Schnepf, est un titre à part. Il le définit d’ailleurs lui-même, non pas comme un jeu vidéo, mais comme un jouet. The Ramp nous renvoie donc, en tant que testeur, à la définition même de ce qu’est le jeu vidéo et ce que nous en attendons. Pourtant, notre média préféré nous a habitués à tracer une frontière extrêmement floue à ce sujet. Suivant nos achats, nous pouvons très bien vivre une aventure dictée par ses créateurs en suivant une liste de règles définies à l’avance comme dans n’importe quel jeu de plateforme ou JRPG. Mais nous pouvons aussi nous retrouver au beau milieu de nulle part sans aucune indication ni but tel un aventurier de Minecraft. Nous pouvons même nous retrouver sur une frontière entre ces opposés avec le meilleur jeu de l’univers connu et inconnu, à savoir Zelda Breath of the Wild.
Une intro prise de tête
Dans le cas de Minecraft, le logiciel est clairement un jeu et c’est à nous d’en faire ce que nous voulons. Nos consoles Switch sont-elles aussi des jouets et des projets tels les kits de Nintendo Labo accentuent cette impression par leur côté manipulation et construction. Mais du coup qu’est-ce qu’un jouet ? Le Robert nous le définit ainsi : objet dont se servent les enfants pour jouer, le jeu étant quant à lui une activité improductive servant à se divertir.
The Ramp est-il un jeu ou un jouet ? La définition du Robert nous oblige à le classer dans la case des jeux, le jouet n’est autre que notre Switch. Cette distinction sémantique éclaircit, nous allons pouvoir aborder plus sereinement le test de The Ramp et essayer de comprendre pourquoi son concepteur a cherché à noyer le poisson ainsi. Car oui, nous n’allons pas spécialement être tendres avec celui-ci.
Dans le titre de Paul Schnepf, il est clairement indiqué qu’il n’y a pas de scénario, pas de score et rien à débloquer. Nous pouvons juste réaliser des figures avec un skate-board. Des titres tels ceux de la série des Tony Hawk nous avaient déjà proposé une plongée dans ce monde avec une partie exploration non-négligeable et des titres comme le tout récent OlliOlli World lui ont même ajouté une dimension frénétique très agréable. Et bien The Ramp, c’est la négation de tout ce qui fait le charme des titres précédents.
Dans The Ramp, nous avons à notre disposition que trois sites qui ont la taille d’un écran additionné d’une grande rampe qui ne permet de faire qu’un seul saut avant d’être réinitialisée. Le premier consiste en un tube, le second en une piscine et le troisième… en une piscine avec un passage. Voilà, c’est tout, il faudra nous en contenter. En cinq minutes nous avons fait le tour de ce que propose le titre.
Le vide, ça ressemble à quoi ?
Le gameplay, quant à lui, nous propose de diriger notre skater dans ces environnements, de le faire accélérer en pressant la touche A aux bons moments, puis de réaliser des tricks une fois en l’air à l’aide des sticks directionnels. Sur le papier, l’idée est très bonne, pas de fioritures, pas de superflus, uniquement l’essentiel, à savoir du skate. Nous sommes presque devant un jeu d’arcade basant tout sur son concept. Mais un jeu d’arcade fonctionne, car il propose un challenge via les high-score. Là il n’y en a aucun. Nous enchaînons les figures sans raison et très vite sans aucun intérêt.
Car The Ramp n’est pas un jouet, il est un jeu vidéo et il se doit de respecter les codes de notre média, non pas pour faire plaisir à un quelconque diktat, mais tout simplement pour être intéressant à jouer. Paul Schnepf a créé un jeu équivalent aux planches à doigt. Ce n’est pas très cher, 5 €, c’est amusant cinq minutes, mais une fois passé ce temps, nous en venons à nous demander pourquoi nous avons fait cet achat avant de le ranger, honteusement, au fond d’un tiroir.
D’un point de vue technique, la réalisation est correcte, mais elle se laisse vite oublier. Nous pouvons choisir un avatar parmi cinq, mais cela n’a aucune influence sur le gameplay. La musique se coupe très vite tant elle est répétitive et les graphismes sont tellement minimalistes que nous en venons à nous demander à quoi servent les 700 Mo nécessaires à l’installation du soft. Les contrôles répondent toutefois parfaitement bien et il est plus facile d’y jouer que sur smartphone.
Conclusion
En cherchant à offrir une expérience différente aux joueurs, Paul Schnepf, avec The Ramp, signe un titre qui est bien trop loin de ce que nous attendons d’un jeu vidéo. Le gameplay pourrait être intéressant s’il était soutenu par un système de scoring, il n’en est rien et nous nous retrouvons à enchaîner les tricks sans aucune raison. Le nombre de sites disponibles est ridicule, nous en faisons le tour en cinq minutes et ils n’apportent quasiment aucune variation au gameplay. Certes, la prise en main est bonne et nous réalisons nos figures facilement, mais The Ramp n’est que l’ébauche d’un jeu vidéo et ce ne sont pas les belles phrases de présentation qui viendront rehausser un titre aussi creux et sans aucun intérêt. Nous ne pouvons que conseiller de se tourner vers le très bon OlliOlli World pour des sensations arcade ou vers Tony Hawk’s Pro Skater 1 +2 pour un peu plus de réalisme.
LES PLUS
- La prise en main est impeccable
- Le gameplay aurait pu être intéressant
LES MOINS
- Aucun score, aucun but… aucun intérêt
- Seulement trois sites plus une rampe, c’est très peu
- Les graphismes sont minimalistes et génériques
- Le contenu est vraiment très pauvre
- La fiche e-Shop ressemble à un cache-misère
- Disponible gratuitement avec un site sur smartphone