Après le très réussit Faeria, sortit en 2016, qui mélangeait jeu de cartes et jeu de plateau dans des matchs à un contre un extrêmement tactiques, le studio belge Abrakam revient avec son nouveau projet : Roguebook, lui aussi basé sur le deck building. Un renfort de poids est venu les aider pour ce titre puisque ce n’est nul autre que Richard Garfield, le créateur de Magic: The Gathering, qui est également crédité en tant que Co-Designer. La sortie prévue du titre sur nos Nintendo Switch pour le 21 avril 2022 est l’occasion pour nous de vous présenter les mécaniques d’un titre qui a beaucoup de mal à ne pas nous obséder.
Deux mécaniques valent mieux qu’une
Si Faeria nous demandait de construire notre victoire en gérant à la fois notre deck et l’utilisation de nos unités, disponibles via les cartes, sur un plateau de jeu, Roguebook se distingue de son ainé par des mécaniques de jeu bien différentes. Nous avons à notre disposition deux combattants, ceux-ci devront venir à bout des ennemis qui leur font face. Pour cela, ils auront à disposition plusieurs capacités. Celles-ci sont disponibles via les cartes que nous tirons et que nous pouvons utiliser en fonction d’un coût en nombre de points à utiliser à chaque tour. À nous alors de construire notre deck de manière à pouvoir faire face à toutes les épreuves que nous rencontrerons.
Si cette mécanique rappelle, à raison, le très estimé Slay the Spire, le titre d’Abrakam ne s’arrête pas là. En effet, avant de mener un quelconque combat, nous avons la possibilité de déplacer notre équipe sur un plateau à cases hexagonales. Durant ces phases entrecoupant chaque combat, nous devrons gérer nos déplacements. Les cases ne sont pas disponibles de suite, pour les rendre praticables, il nous faut utiliser de l’encre. À chaque début de niveau, nous avons un certain nombre de pinceaux encreurs qui révèlent l’ensemble des cases se situant à nos alentours. Mais nous pouvons aussi gagner des encres supplémentaires comme récompense à la fin de nos combats.
L’exploration de cette carte est loin d’être anecdotique. Rogue Lite oblige, chaque nouvelle partie nous redonne le contenu de base en termes de carte. Si celui-ci est suffisant, et surtout équilibré, pour défaire le premier boss, il devient rapidement trop limité pour la suite de notre aventure. Et c’est là que nos déambulations sur la carte vont se révéler très importantes. Sur celle-ci se trouvent différents points très importants, notamment celui nous permettant d’acheter, à un prix bien inférieur de celui pratiqué dans le magasin, des cartes supplémentaires. De quoi compléter notre deck au fur et à mesure.
Malheureusement, il faudra, pour découvrir ces points, réaliser des combats, au risque de perdre des points de vie si précieux pour la suite de nos déambulations. Pour nous aider, nous trouvons aussi, sur la carte, des bonus nous redonnant de la vie, mais aussi des histoires, en lien avec le monde de Faeria, qui nous offre des bonus sous forme d’objet ou d’allié. Nous trouverons aussi des pages du Roguebook qui nous permettront de débloquer, de manière perpétuelle, des ajouts sur la carte, nous simplifiant, au fur et à mesure de nos essais, l’aventure. Tous ces bonus vont singulièrement aider notre progression durant les combats au cours des parties que nous allons mener. De plus, chaque tentative apportera de l’expérience à nos combattants. À chaque palier atteint, nous débloquerons de nouvelles cartes pour ceux-ci, fluidifiant encore davantage notre progression.
Des combats classiques, prenants et efficaces
Sur la carte nous aurons la possibilité de mener trois types de combats. Les normaux, qui nous apporteront des récompenses… normales, des héroïques, plus risqués mais dont les récompenses seront à la hauteur de la difficulté et enfin les boss, qui peuvent très bien être tentés dès le début du niveau, sans aucune exploration de notre part, et qui ouvriront la voix au chapitre suivant de notre aventure.
Si dès le début de notre aventure, seuls deux héros sont disponibles, deux autres se débloquent au fur et à mesure de notre avancée. Nous retrouvons alors certains des personnages de Faeria qui viennent rejoindre notre roaster. À chaque nouvelle partie, nous pouvons alors choisir deux combattants parmi ceux débloqués pour recommencer nos déambulations dans ce livre maudit. Le choix de ceux-ci influencera énormément notre façon de jouer. Chaque personnage à ses qualités propres. La première, Sharra, nous assure de faire un maximum de dégâts tandis que le second, Sorroco, jouera le rôle du bouclier capable d’encaisser le plus gros des charges… à condition de tirer les bonnes cartes.
Car oui, en tant que rogue lite, Roguebook a forcément une composante aléatoire dans ces combats. À nous de construire intelligemment notre deck pour être capables de diminuer la part de chance. Après les premiers combats, qui nous permettent de comprendre quoi mettre dans notre deck, notre débloquons des cartes de plus en plus puissantes. Celles-ci peuvent concerner l’un de nos héros voir les deux dans des combos de plus en plus dévastateurs. L’accumulation de cartes, sujet de déséquilibre, est ici récompensée par un système de compétences qui se débloque en fonction de notre nombre de cartes. Là encore, c’est une mécanique de jeu qui ajoute de la profondeur au gameplay d’autant que chaque palier nous demande de choisir quel héros possédera la compétence débloquée.
Un lore qui fait du surplace
Les deux héros que nous débloquons renouvellent agréablement le gameplay en introduisant des mécaniques nouvelles. Ainsi Seifer charge une barre de rage en fonction des dégâts qu’il reçoit ou des cartes que nous utilisons. Une fois pleine, elle nous permet de maximiser fortement sa prochaine attaque ou sa prochaine défense. Aurora, quant à elle, dispose de beaucoup de carte de buff tout en étant dangereuse lorsque cela devient nécessaire. À nous d’utiliser ces capacités intelligemment pour construire notre équipe de rêve et la faire suffisamment évoluer pour atteindre la fin du livre.
Si certaines productions récentes, telles Sword of the Necromancer ou Hadès, nous ont montré qu’il était possible de combiner narration et rogue lite, le titre des développeurs belges est un cran en dessous. Misant tout sur sa rejouabilité et sur les éléments à débloquer pour nous permettre d’aller toujours plus loin, il pose juste les bases nécessaires à son univers pour nous laisser ensuite avancer par étape. La qualité visuelle des cartes et le soin apporté aux différents protagonistes de notre aventure, tous les deux de grande qualité, nous laissent espérer qu’une mise à jour puisse développer ce monde dans lequel nous avons déjà passé des centaines d’heures.
Venir à bout du livre nous débloque un système d’épilogue qui nous renvoie combattre, mais avec un niveau de difficulté qui augmente à chacune de nos réussites, mais dont les récompenses sont de plus en plus grandes. Nous débloquons enfin le mode compétition de Roguebook (disponible uniquement sur PC). Dans celui-ci, chaque jour, les joueurs peuvent tenter de finir le plus rapidement possible un même schéma de niveau. C’est intéressant, mais nous sommes loin des matchs mis en place dans Faeria. La durée de vie est donc plutôt bonne, mais le manque d’aspect compétitif limite bien plus la durée de vie. De même, si les graphismes sont vraiment soignés, nous regrettons toutefois le manque d’animation dans l’utilisation des capacités de nos héros ainsi que la répétitivité induite par le genre.
Conclusion :
Si les fans de Slay the Spire ou Monster Train prendront certainement plaisir avec ce Rogue Lite Deck Builder, les fans de Faeria risquent de ne pas retrouver ce qui leur avait tant plu. L’exploration du monde est plaisante et tactique tout comme les combats que nous menons, les cartes sont nombreuses et les composantes aléatoires renouvellent constamment notre expérience de jeu. Toutefois, notre stratégie dépend fortement de ces objets que nous allons récupérer aléatoirement durant notre aventure, ce qui ajoute une couche d’aléatoire dont la section jeu de carte doit s’adapter à chaque nouvelle partie. La construction sur le long terme d’un deck, principe cher au fan de Faeria, ainsi que le combat contre des joueurs humains est une composante qui a disparu dans le nouveau titre d’Abrakam. Il n’en reste pas moins que nous attendons avec impatience l’arrivée de Roguebook sur nos Switchs tant celui-ci à la capacité de nous attirer dans ses filets.