Pardonne-nous public, pardon aux geeks allergiques à toute forme d’écriture manuscrite, mais il nous faut aujourd’hui parler littérature. Le jeu qui suit, non sans une bonne dose d’humour, rend en effet un bien bel bien bel hommage aux maîtres de l’aventure en toutes lettres, j’ai nommé Jules Vernes et Sir Arthur Conan Doyle. Little Orpheus saura-t-il pour autant rivaliser avec ses homologues de papier, Voyage au centre de la Terre, Le Monde perdu, et autres chefs-d’oeuvre du genre fantastique ? Réponse dans les lignes à venir.
La bombe perdue
Chers visiteurs, bienvenue à Jurassic Park ! Se tromperait-on d’univers ? Pas tout à fait, puisque deux ou trois ptéranodons finiront bien par pointer le bout de leur bec. Mais revenons-en à l’uchronie initiale. Le titre s’ouvre sur l’interrogatoire en 1962, d’un baroudeur soviétique du nom d’Ivan Ivanovich de retour d’une expédition au centre de la Terre… avec trois années de retard. Plus inquiétant encore, la bombe nucléaire alimentant sa capsule d’expédition, Little Orpheus, s’est volatilisée dans l’intervalle. Sommé de se justifier par le peu amène général Yurkovoi, notre rescapé sur un ton badin, ne craint pas de livrer, fanfaron, sa version des faits… hautement fantaisiste.
Ainsi allons-nous vivre sous la forme d’un platformer à défilement latéral en 2.5D, les 9 chapitres de son prétendu périple, entrecoupés d’un flot ininterrompu d’inepties à vous en laisser abasourdi, de gags tout aussi absurdes et de dialogues proprement lunaires, à l’accent russe délibérément exagéré. Tablez sur 5 à 6 heures de franche rigolade, une durée de vie relativement convenable s’agissant d’un soft originellement publié sur IOS, qui compte en prime une poignée de bonus à déverrouiller.
En jeu, le souffle épique de l’aventure ne tarde pas à nous saisir. Nos mirettes s’écarquillent à la vue des panoramas, grandioses, alors que s’enchaînent brillamment entremêlées, phases de plateforme et de puzzle game. Face aux obstacles, Ivan prestement, court, saute, rampe et glisse. Entre autres formes de vie inconnues à la surface du globe, ne résistent à son efficace palette de mouvements, typique du genre, ni éboulements, ni dinosaures.
Camarade, dites-moi tout
Si chacun des 9 épisodes à composer Little Orpheus, comme nous l’avons déjà mentionné, bénéficie d’un fantastique effort narratif, saupoudré d’humour corrosif, quelques soucis d’optimisation viennent cependant ternir l’expérience de jeu, à l’instar des sous-titres français dont le défilement laborieux, complique la lecture.
Mais n’allons pas non plus cracher dans la soupe, si bien assaisonnée, d’un titre intégralement traduit dans la langue de Molière, pas plus que nous ne raillerons le doublage en russe des dialogues, une pure merveille ! La bande-son de toute façon, épate : la musique s’adapte à toutes les situations, même les plus incongrues ; mention spéciale à la séquence de l’oeuf à déplacer en fufu ! Un bémol néanmoins, le léger décalage parfois observé entre les bruitages et l’action à l’écran, à l’image du cri à la Tarzan qui retentit tandis que nous nous balançons de liane en liane.
Graphiquement en revanche, le résultat prête à débat. Quand certains, légitimes, y verront la marque d’un retard technique d’autant moins excusable qu’il s’agit d’un titre remasterisé pour l’occasion, d’autres à l’instar de l’auteur de ces lignes, apprécieront la patine granuleuse des modèles et textures, flous et sensiblement pixélisés, manifestement empruntée aux classiques du 7ème art tels Le Voyage de Sinbad ou Jason et les Argonautes. Quoi qu’on en pense, l’hommage en tout cas, n’entrave en rien la félicité éprouvée manette en main, à traverser en toute fluidité ces inventifs tableaux colorés.
Conclusion
Parmi la multitude des productions vidéoludiques, Little Orpheus par l'irrévérence de son propos, détonne autant qu'il réjouit. Caricaturant allègrement les classiques de l'aventure fantastique en roman comme au cinéma, tendance années 60, le titre loufoque à souhait, s'inscrit visuellement dans cet héritage en forme d'hommage totalement assumé. Un choix artistique cohérent mais à rebours des standards actuels, au risque de rebuter les technophiles patentés - y en a-t-il encore sur Switch, cependant ? Les joueurs moins tatillons se régaleront pour leur part d'un doublage dans la langue de Tcheckhov renforçant l'immersion, assorti d'une traduction française impeccable, et plus largement d'une bande-son à l'orchestration mémorable durant les 5 à 6 heures d'un périple désopilant, qui recèle d'ailleurs quelques surprises et bonus à débloquer. Une pépite donc, qu'il serait criminel de laisser passer !
LES PLUS
- Graphismes rétro, en forme de vibrant hommage au cinéma fantastique d’antan…
- Bande sonore aux petits oignons…
- Sous-titrage en français…
- Entièrement doublé en russe
- Une bonne dose d’humour
- Une histoire captivante
- L'âme de Jules Verne plane sur toute l'aventure, Conan Doyle confirme qu'il adore
- Les phases de plateforme et de puzzle game s’imbriquent parfaitement
- Des situations in game vraiment drôles
- Très bonne durée de vie
- Des bonus à débloquer
LES MOINS
- … qui peuvent toutefois donner l’impression d’un jeu techniquement daté
- … malgré de légers décalages par moments
- … au défilement horizontal pas optimal
Comment avez vous fait pour le tester, il semble n’être pas disponible et sans date 🙁
L’éditeur nous a frouni un code. Aujourd’hui, on ne sait pas quand le jeu sortira et pourquoi il est aussi en retard.
ce jeu est d une nullite sans nom ! d un ennui !