Éditeur pionnier, Taito a marqué l’histoire des jeux d’arcade et même celle du jeu vidéo en général, à l’encre indélébile. Ils ont inventé le shoot-them-up avec le légendaire Space Invaders (1978), dynamité le jeu de plates-formes d’arcade avec la géniale série des Bubble Bobble (et ses dinos trop Kawaï), et boosté le casse-brique à la sauce SF avec Arkanoïd (les joueurs d’Amstrad auront une pensée émue, et la petite larme à sa simple évocation).
Après les compiles dédiées à la série de shmups Darius, Taito remet le couvert en fouillant dans son coffre à trésors (celui se trouvant au fond du grenier sous un monticule de poussière, une peau de bête et un chandelier) et nous propose 10 classiques des salles arcade des années 80.
Bien entendu, avant de se lancer dans cette compile, il s’agira d’être averti sur la partie graphique de ces titres ; les jeux présentés sont de véritables (et vénérables) antiquités, la plupart datant du début des années 80. Les motifs sont simples, et les couleurs le plus souvent criardes.
Petite sélection des meilleurs titres
- Beaucoup de quadras, de quinquas et plus se souviendront du classique Qix datant de 1981. Pour le pitch (et vous allez apprécier sa relative limpidité), nous sommes un point qui trace des lignes à l’intérieur d’un grand rectangle noir. Le but est de créer des zones (se colorant une fois fermées) et de gagner du territoire sur le rectangle noir, sans se faire toucher par les ennemis. La représentation est abstraite et le jeu demande un peu d’entraînement pour bien comprendre toutes ses subtilités, mais une fois maîtrisée, attendez-vous à de fortes montées d’adrénaline à mesure que le score monte. C’est nerveux, intense (les ennemis ne nous laissent pas de répit) et tactique. Qix fonctionne à merveille, encore à ce jour.
- Le shmup à défilement vertical, Halley’s Comet (1986), est l’autre jeu incontournable de la compile. Il nous convie à une bataille spatiale excitante qui ajoute, à la classique horde de vaisseaux ennemis et de gros boss, d’impressionnantes comètes à détruire. Un pourcentage nous alerte de la destruction prochaine de la Terre, ce qui met idéalement la pression pour ne louper aucune comète filant droit vers notre belle planète. Il s’agit d’un shmup solide, au concept novateur, dans un genre qui d’habitude s’aventure rarement dans l’originalité.
- Ninja Warriors, le titre le plus récent de la liste (1987), est un beat-them-all où l’on incarne des Ninjas face à une armada de militaires surarmés. Le jeu proposait une action révolutionnaire en son temps puisqu’elle se déroulait de manière panoramique sur pas moins de trois écrans ! L’effet sur Switch est forcément amoindri, et ne restent de l’expérience originelle que des bandes noires écrasant l’écran. C’est ce que nous retrouvions d’ailleurs sur les conversions consoles d’époque. In fine, il s’agit d’un bon petit jeu au gameplay (très très) simple. Les animations sont réussies et le niveau de détails graphiques est appréciable. C’était un jeu à la pointe, à l’époque.
- L’autre bonne surprise de Taito Milestones est l’antique Space Seeker (1981), rappelant le non moins antique Star Raiders de 1979. Comme dans ce dernier, nous évoluons en premier lieu sur une carte en 2D pour choisir la base à attaquer, et dans un second temps, c’est à l’intérieur du cockpit que nous attaquons les aliens avec une vue simulant la 3D. Les sprites ennemis grossissent à vue d’œil pour nous donner la sensation de profondeur. Ne vous fiez pas à sa présentation plutôt austère et raccord avec son temps, le jeu peut s’avérer très prenant. Une réussite !
Au rayon de la déception
- Le run and gun avec une vue de dessus, Front Line (1982), aura inspiré rien de moins que le célèbre Commando de Capcom. Si le jeu pose les bases du genre, sa difficulté harassante, surtout liée à la vitesse de déplacement du perso (nous allons dire qu’elle est « lente » pour rester poli) et à un tir passablement asthmatique alors que des dizaines d’ennemis nous assaillent, va vite refroidir notre enthousiasme.
- Dans Wild Western (1982), la défense du train en incarnant le Shérif distille une délicieuse ambiance de films de cow-boys (avec John Wayne en tête d’affiche). La musique d’antan (et plus globalement pour l’ensemble des jeux) s’avère entraînante et participe beaucoup au charme de ce jeu. Néanmoins, il faudra s’habituer aux commandes qui nécessitent de diriger son pistolet pour viser avec le stick droit, tout en manipulant son cheval (il y a des obstacles à éviter) avec le stick gauche, et bien entendu, en gardant un doigt pour appuyer sur le bouton de tir. Une gymnastique inconfortable demandant trois mains (la gâchette du Joy-Con aurait été plus appropriée pour le tir) qui nous rappelle que le jeu est bien de son époque.
- Alpine Ski est un jeu de ski très classique, même en 1982, en nous demandant d’éviter des obstacles divers sur la piste, tout en collectant les points qui jalonnent notre parcours. Plus nous accélérons, plus le score monte, plus nous prenons des risques, sachant que la vue de dessus, assez proche de notre free-rider, ne nous laisse que peu de temps pour réagir. C’est sympathique, mais pas inoubliable. Activision nous proposait déjà l’excellent Skiing sur Atari 2600 en 1980. Et ce jeu aux graphismes minimalistes tient franchement la comparaison avec le titre de Taito, paru pourtant sur borne d’arcade.
- Le run and gun Elevator Action a vraisemblablement inspiré la série mythique des Rolling Thunder, avec ces gangsters qui sortent en boucle par les portes. Pour l’époque, il devait s’avérer être une avancée pour le jeu vidéo avec cette possibilité de gérer nous-mêmes notre progression à l’aide d’un ascenseur, dans un immeuble de 30 étages. Mais aujourd’hui, seuls l’archéologie et le scoring vont vous motiver car l’action en elle-même est d’un parfait désuet.
- The FairyLand Story et Chack’n Pop rappellent l’esprit des Bubble Bobble : un univers mignon et une succession de tableaux fixes pour de la plate-forme typiquement arcade. Nous trouvons même quelques ennemis communs au jeu des dragons qui bullent. Si le premier est simple et efficace, voire élémentaire (une magicienne qui tire avec sa baguette magique, trois-quatre plates-formes par tableau et des ennemis à azimuter), le second souffre de son concept : pouvoir défier la gravité et marcher au plafond avec des ennemis partout. C’est original mais jamais confortable, même avec l’habitude. La confusion règne au niveau des commandes et sur ce qu’il est possible de faire ou non. Ces deux jeux résument notre sentiment sur cette compilation, et il est un peu partagé.
Pour ce qui est des options, nous avons toutes les possibilités qu’offrent les habituels portages sur Switch : sauvegardes (temporaires) à tout moment, vies paramétrables et continues infinis (en spammant la gâchette). Nous avons également un classement mondial afin de confronter nos scores à ceux de l’élite des joueurs, et histoire également pour l’éditeur d’augmenter sans frais la durée de vie de chaque titre, dont les parties, se basant quasi-exclusivement sur le scoring, excèdent rarement la dizaine de minutes. Pour conclure ce test sur notre plus grosse déception : il est vraiment dommage qu’il n’y ait pas de musée virtuel, de notes ou de galerie d’images pour nous présenter dignement ces jeux et enjoliver la compilation.
Conclusion
Si nous acceptons de dépenser la somme de 39,99€, nous avons donc l'occasion de réviser notre Histoire du jeu vidéo et de découvrir des jeux d'arcade singuliers et rares. Dans le lot, nous avons aussi des titres de leur temps, n'ayant pas dépassé, à raison, la décennie des eighties. L'ensemble s'avère, pour le joueur d'aujourd'hui, inégal entre un excellent Halley's Comet et un Front Line arthritique. Et frustrant car les meilleurs jeux Taito de l'époque, à savoir Space Invaders, Bubble Bobble et Arkanoïd, sont absents de la compile.
LES PLUS
- 10 jeux d'arcade
- Un véritable voyage dans le temps
- Les classiques Qix ou Halley's Comet
LES MOINS
- Le prix élevé de 39,99€
- L'absence des licences phares de l'éditeur : Space Invaders, Bubble Bobble et Arkanoïd
- Certains jeux ont méchamment vieilli
- Pas de musée virtuel, pas de galerie d'images, rien ou presque pour présenter les titres
Elevator Action j’adore ! Mais trop peu de jeux. Le Taito Legends de l’ère PS2 contenait 25 jeux. Du gros foutage de gueule !
On vie dans un monde de DLC …