Certaines licences populaires du passé sont désormais oubliées par les grands et ne sont plus qu’un nom sur l’héritage d’un studio. Face à cela et à défaut de pouvoir utiliser ces noms pour eux, certains créateurs ne se cachent plus de faire appel au financement participatif pour donner vie à leurs nouvelles idées. Des concepts qui auraient pu permettre à ces licences oubliées de revenir, si les studios en question avaient donné leur aval pour cela. C’est ainsi que Yoshitaka Murayama, créateur de la série Suikoden pour Konami, présenta un premier teaser de Eiyuuden Chronicles : Hundred Heroes, développé par son studio Rabbit & Bear Studios l’année dernière. Un successeur non dissimulé de Suikoden dont la date de sortie reste très vague. En attendant, le studio a annoncé à la surprise de tous un Action RPG, faisant office de préquelle au jeu, l’année dernière. C’est ainsi que nous nous retrouvons aujourd’hui à vous parler de Eiyuuden Chronicles : Rising, sur Nintendo Switch.
Les héros se réveillent en douceur sur Switch
Eiyuuden Chronicles : Hundred Heroes nous a promis, à son annonce, un récit de guerre et de trahison avec de nombreux personnages à incarner. Pourtant, certains de ces héros ont peut-être eu une histoire passionnante à vivre avant que la guerre n’éclate. C’est cela que tente de nous proposer cette préquelle intitulée Rising. Nous démarrons avec le personnage de CJ, une jeune chasseuse de trésors tout juste arrivée au village de Nouveau Nevaeh. Celle-ci a été attirée par de nombreuses rumeurs répandues par le village afin de faire venir de nouvelles personnes et tenter de le faire renaître.
Nous constatons rapidement que le village de Nouveau Nevaeh a en fait été récemment réduit en un tas de ruines. Les efforts de la jeune Maire et des quelques habitants restants visent à reconstruire le village, mais également à lui donner un tout nouveau visage. Nouveau Nevaeh attire les convoitises de nombreux aventuriers, de part sa région riche en découverte à faire et surtout l’accès à un tumulte runique sous le village. CJ arrive dans le but de faire partie de ces aventuriers et dénicher de nombreux trésors pour elle. Pourtant, la Maire Isha lui fera obstacle en soulignant le fait qu’une licence est nécessaire pour ces activités.
Cette licence est délivrée par la Maire elle-même, contre une somme d’argent plus qu’exagérée pour le porte-monnaie de votre nouvelle arrivée. Demandant une autre manière d’obtenir cette licence, Isha lui propose d’acquérir des tampons pour une carte de pointage témoignant de travaux rendus au village. CJ devient ainsi une sorte de bonne à tout faire pour le village dans l’unique but d’obtenir cette licence. Retrouver un chat, ramener du bois ou d’autres matériaux pour construire une boutique. Voici notre quotidien de quêtes Fedex, qui aurait pu être lassant et répétitif s’il devait s’éterniser.
Heureusement, Isha nous délivre en fait la licence au bout de quelques missions imposées par le jeu. Libre à nous ensuite de continuer à ramasser ses tampons en rendant service au village ; certaines de ces quêtes tampons étant tout de même imposées par le jeu. Et pour cause, certaines de ces quêtes Fedex, au début, ont une importance puisque la récompense est l’ouverture de nouveaux commerces et fonctionnalitsé utiles au gameplay. Puis une fois les infrastructures construites, elles ne sont là que pour renforcer celles-ci, remplir une carte de pointage de plusieurs grades et servir de prétextes à la “reconstruction” de Nouveau Nevaeh, puis voir le village prendre de plus en plus vie. À vous de jauger votre patience à faire tous les allers-retours demandés.
Ainsi, la durée de vie gonfle considérablement selon votre niveau de jeu, bien que celui-ci ne soit pas difficile, puis dépend de votre volonté de faire toutes les annexes ou non. Au-delà de ces annexes, la trame d’une dizaine ou vingtaine d’heures, dépendamment des profils de joueurs, est très linéaire et nous sommes rejoints dans notre aventure par quelques personnages clés qui joueront également leurs rôles dans Eiyuuden Chronicles : Hundred Heroes. Citons notamment les personnages de Garoo et la Maire Isha, qui ajoutent également leur pierre à l’édifice dans le gameplay du jeu. Un récit qui présente plutôt bien le lore de Eiyuden et quelques personnages attachants de la licence, tout en gardant une réserve pour le vrai gros morceau.
Progresser en changeant de héros
Selon les dires, et contrairement à Eiyuuden Chronicles : Hundred Heroes dont on n’a encore rien vu, cette préquelle Rising se présente comme un A-RPG en 2D. Nous dirigeons ainsi les personnages de CJ, Garoo et Isha à travers différents donjons et environnements 2D, divisés en plusieurs zones comme dans ce que chacun appelle désormais un “Metroidvania”, le village de Nouveau Nevaeh servant simplement de HUB à cela. La formule étant ce qu’elle est, vous devinez ainsi le côté linéaire de la progression de l’aventure que nous avions mentionné.
Ces environnements sont remplis de ressources à ramasser pour remplir les quêtes du village et le reconstruire. Toutefois, il sont également infestés de monstres à tuer. Pour progresser, nous avons notre stick ou croix directionnelle pour bouger, une touche de saut, une touche d’attaque, et une touche de compétence spéciale. Chacun des 3 personnages jouables ont des stats, des spécialités différentes, et un gameplay qui change subtilement. CJ est assez agile, et a pour spécial de pouvoir esquiver grâce à un pas rapide latéral.
Garoo peut user de sa force pour détruire des gardes, et de sa robustesse pour se mettre en garde, tandis qu’Isha use de sa magie pour attaquer à distance, peut flotter temporairement dans les airs et se “téléporter” pour esquiver des attaques. Ajoutons la mécanique d’Attaque de Lien qui permet d’enchaîner un certain nombre d’attaques en switchant de personnages lors d’une offensive. En fait, à part le bouton de saut, les autres touches X, Y, A sont attribuées à un personnage, et une pression sur celles-ci vous permet directement de switcher.
Ainsi, vous pouvez par exemple détruire une garde avec Garoo, et enclencher une Attaque de Lien en enchaînant avec CJ pour une rafale d’attaques rapides suivie d’une puissante attaque magique d’Isha pour conclure. Le nombre d’Attaque de Lien possible augmente en avançant dans le jeu, mais une fois déclenché, vous êtes dans l’impossibilité d’en lancer une temporairement. Une lueur bleue apparaît sur votre personnage lorsque ce temps est écoulé et que vous pouvez en déclencher une nouvelle.
Un A-RPG qui manque d’un petit quelque chose…
L’expérience aurait pu se résumer à cela et être sympathique à défaut d’être révolutionnaire, mais elle comporte quelques défauts parfois propres au genre et parfois juste propres au jeu. Pour commencer avec le défaut propre au genre, c’est la répétitivité du gameplay, couplé ici à l’absence de difficulté. Nous avançons en tuant les ennemis devant nous souvent de la même manière sans vraiment réfléchir, ou sans nécessairement user de toutes les possibilités offertes par le jeu à côté des Attaques de Lien. À l’exception de certains ennemis et certains boss, et encore, il nous est arrivé de vaincre des boss en quelques coups d’Attaques de Lien.
En poursuivant sur les défauts propres au jeu, certains éléments qui pourraient sembler basiques ne sont pas nécessairement disponibles d’emblée ici. Par exemple, certaines possibilités de gameplay en exploration et combat se débloquent en renforçant des structures du village. Il est possible de totalement se couper de ça en ne s’attardant que sur la quête principale. Comme le fait de pouvoir faire des doubles sauts ou des attaques au-dessus ou en dessous de CJ. Cela est certainement réalisé de sorte à vous motiver à aller sur les annexes, et ainsi la reconstruction de Nouveau Nevaeh.
À vous de juger si ces quelques éléments subtils ajoutent une réelle plus value à l’expérience qui justifierait les allers-retours nécessaires pour réaliser les annexes du jeu. Heureusement tout de même qu’il y a un système de voyage rapide pour vous téléporter directement aux différents points de sauvegarde du jeu, afin de vous assister dans cette tâche. Pour le reste, ce sont surtout des défauts dans la réalisation du jeu. Sans nous attaquer directement au visuel encore, nous devons évoquer les animations rigides des personnages. Les gestuelles sont parfois telles que ça en devient caricatural à voir et digne d’un genre de playmobil.
L’effort a été mis sur les Attaques de Lien, on sent que c’est la mécanique phare du jeu. Sinon, les protagonistes, comme tous les autres personnages du jeu, ont un traitement d’animation minimal. Pas non plus d’efforts de mise en scène, même dans les moments clés du scénario. Visuellement, le jeu n’est pas moche à regarder et bénéficie même d’une réalisation colorée et de beaux effets de lumière. Puis techniquement, nous n’avons noté aucune baisse de régime en TV comme en portable. Seulement, la DA et les décors entre 2D et 3D sont assez étranges. Difficile de pleinement savoir si nous aimons ou non le rendu. Deux choses sont sûres, l’effet de flou sur les décors à l’arrière et l’aliasing, ou imperfection visuelle, bien visible à l’œil.
Dommage, car en soi ça fourmille de détails et on sent qu’il y a une volonté de nous dépeindre ce monde au mieux pour ce petit spin-off. Espérons que ceci ne soit qu’un gros brouillon très “early” de ce qui se prépare pour Eiyuuden Chronicles : Hundred Heroes. Pour terminer, la bande-sonore est juste convenable et accompagne juste bien le jeu. En fait, les musiques sont sympathiques à la première, deuxième puis disons troisième écoute. Puis on se met à les fredonner toujours avec le sourire, avant que quelques minutes après elles soient juste répétitives et lassantes. Ça manque ainsi de variétés sonores, et on se surprend à se délecter à entendre une nouvelle musique avant qu’elle ne tourne à son tour en rond dans notre tête. Enfin, ça manque d’un petit peu de vie, via par exemple un doublage.
Conclusion
Eiyuuden Chronicles : Rising se présente comme une mise en bouche sympathique à prix léger avant Eiyuuden Chronicles : Hundred Heroes. Une bonne présentation du monde et de la trame à venir dans Hundred Heroes, tout en douceur. Un Action RPG qui ne révolutionne rien mais qui se laisse jouer et apprécier sans prise de tête. Notamment si le côté répétitif et les interminables allers-retours n'affectent pas votre appréciation et votre expérience. La réalisation est imparfaite mais gageons que cela ne soit qu’une ébauche au prochain jeu toujours en développement et à venir. Laissons-lui le bénéfice du doute, aidons à la reconstruction de Nouveau Nevaeh, et préparons-nous à inviter de nouveaux héros à l’avenir.
LES PLUS
- Assez joli, coloré avec de belles lumières
- Solide en TV et en Portable
- Un A-RPG sans prise de tête
- Le switch de personnages et les Attaques de Lien
- Le lien étroit entre la reconstruction de Nouveau Navaeh et la richesse de gameplay
- Bonne présentation de l’univers de Eiyuden
- Ainsi que de quelques personnages clés
- Une durée de vie convenable pour le genre…
- Des musiques sympathiques et entraînantes…
LES MOINS
- Le flou à l’arrière, et visuellement pas si propre
- Une DA qui reste étrange
- Les animations raides des personnages
- Mise en scène ?!
- Expérience répétitive !
- Pleins d’allers-retours pour le 100%
- Des subtilités basiques de gameplay à débloquer en annexes ?!
- … Ceux qui s’attendent à du gros RPG trouveront ça court
- … Puis en fait après 3 écoutes ça tourne en rond les musiques
- Ça sent la retenue dans l’écriture pour le gros à venir
- Ça manque de doublages