Qu’est-ce qui fait un bon Twin Sticks Shooter ? En voilà une question qu’elle est bonne et sur laquelle nous allons nous pencher aujourd’hui avec le premier titre du studio australien Chunkybox Games, Wildcat Gun Machine. Découvrir ce premier essai sera pour nous l’occasion de le comparer au ténor du genre que sont dans le désordre Enter the Gungeon, Assault Android Cactus+ ou encore celui qui mériterait plus d’attention Trigger Witch. Car si les mécaniques du Twin Stick semblent simples à comprendre, assimiler ces codes et savoir les réutiliser est une tout autre histoire, comme nous le montre, malheureusement, ce Wildcat Gun Machine.
C’était pas ma guerre !
Shooter (n’hésitez pas à dé-simplifier cette assertion dans les commentaires.), les rogue-lite, dont Enter the Gungeon est le représentant et les autres. Ceux-là ne génèrent pas leur niveau aléatoirement, mais nous envoient parcourir un monde préconçu. Dans ce cas, c’est bien Assault Android Cactus+ qui fait figure de référence.
Si dans le cas des rogue-lite, mettre en place une narration peut sembler compliqué, même si des efforts dans ce sens sont à noter depuis quelques années, les Twin Stick prenant place dans un monde pérenne peuvent se permettre de mettre en place une histoire, de préférence la plus what the fuck possible. Wildcat Gun Machine fait partie des concurrents d’Android Cactus. Nous prenons le contrôle de… Ben, nous n’en savons rien en fait.Simplifions notre propos en déclarant haut et fort qu’il n’existe que deux genres de Twin Stick
Pas grave, car nous venons pour… Ah mince ça non plus nous n’en savons rien. Ça commence à faire beaucoup là. Aucun semblant de narration ne vient nous indiquer ce que nous faisons dans un endroit dont nous ne savons rien aux commandes d’une héroïne dont nous ne comprenons pas ce qu’elle fait là et dans quel but. Même pas une ligne de texte. Rien. Le vide absolu. C’est bien dommage tant il semble facile de combler ce manque en terminant le premier niveau après une petite heure de jeu.
Donc, du point de vue du testeur, nous sommes une unité venue sauver un complexe scientifique ayant ouvert une porte sur une dimension démoniaque quelconque. Les êtres en étant sorti ont tué tout le monde et certains ont, en quelques sortes, vampiriser les méchas les plus puissants du laboratoire. À nous de mettre un peu d’ordre dans tout ce bazar. Rien de tout cela n’est officiel, vu que même les développeurs ne communiquent en rien sur cette sombre histoire, mais il fallait bien combler les trous.
Cahier des charges : check
Maintenant, que nous pensons savoir dans quoi, nous mettons les pieds, il est temps de rentrer dans le vif du sujet et d’aborder le gameplay. Un Twin Stick Shooter, c’est d’abord et avant tout un jeu dans lequel il va falloir se déplacer pour esquiver les tirs ennemis avec le contrôleur gauche tout en visant avec le contrôleur droit et tirant avec la gâchette ZR. Nous devons aussi régulièrement esquiver en employant la touche L, passer d’une arme aux munitions infinies à une arme qui ne durera pas dans le temps, mais à la puissance de feu supérieur grâce à X avant de balancer une grenade avec ZL tout en chargeant une jauge de puissance nous permettant d’invoquer un pouvoir destructeur hors de commun.
Voilà ce que doit être un tel type de jeu. Et ce cahier des charges est parfaitement rempli pour le titre de Chunkybox Games. De plus, son côté linéaire enlève complètement le côté aléatoire du loot d’un Enter the Gungeon pour nous offrir de nouvelles armes, le plus souvent adaptées aux situations auxquelles nous allons faire face.
Ces armes, proches de la quarantaine, s’acquièrent soit en les ramassant dans les niveaux, soient en les achetant. La monnaie du jeu est à base d’ossements ramassés sur des cadavres jonchant le sol des niveaux parcourus ou récoltés en annihilant tout monstre se montrant un poil envahissant… Tout monstre donc.
Du tir large au tir rapide en passant par le tir transperçant, il y en a pour tous les goûts et l’impression de monter en puissance au fur et à mesure de notre progression est très agréable. De même, nous pouvons acheter des améliorations à nos capacités, comme la grenade électrostatique, plus dévastatrice que celle de base, ou augmenter le nombre de dash effectuables à la suite avant de nécessiter une recharge.
Twin Stick mon amour… déçu
Mais si tout est parfaitement conforme à ce que nous attendons d’un twin sticks shooter, pourquoi ce Wildcat Gun Machine est en dessous de ses concurrents demanderont les plus téméraires. Et bien pour des détails qui finissent par ne plus en être. Il y a d’abord les effets sonores. À chaque fois que nous touchons un ennemi, une espèce de « plop » se fait entendre, ce qui, il faut bien avouer, n’est pas vraiment ce que nous attendons d’un démon se prenant une pluie de balles dans le buffet.
Il y a aussi les petits problèmes de décors. Nous nous retrouvons très souvent bloqués par des éléments du décor qui ne semblent pourtant pas dépasser outre mesure. Ainsi, longer un mur pour attirer des monstres risque fort d’être mortel si une porte coulissante se trouve dans les parages, car elle nous bloquera le passage sans raison. Mais ce n’est pas tout, l’angle de vue choisie pose souvent des problèmes via des ennemis cachés par la perspective.
Ce ne sont là que de petits tracas que nous apprenons vite à résoudre. Il en est pourtant un autre plus gênant. L’angle de vue choisie, toujours lui, est relativement proche de notre héroïne ce qui fait que bien souvent, nous nous retrouvons à tirer sur un monstre que nous ne voyons absolument pas. Seuls les « plop » nous indiquent que nous faisons mouche. C’est relativement pénible. Se rapprocher n’étant jamais une bonne idée lorsque nous subissons une pluie de projectiles, nous nous contentons trop souvent de ce pis-aller. Cela donne une impression de manque de dynamisme assez peu en adéquation avec ce genre de titre.
Toujours dans les détails qui fâchent, le système de progression est assez étonnant. Il y a d’abord ces niveaux qui nécessitent de trouver des clés pour déverrouiller les sections suivantes. Cela nous renvoie à la préhistoire du jeu vidéo et marque un vrai manque d’imagination de la part des développeurs. Chacun des niveaux suit la même logique. Avancer pour débusquer la clé bleue, avancer, tuer un mini boss, obtenir la clé suivante, avancer tuer le second mini boss pour alors débloquer le boss du niveau, le fameux mécha possédé.
Mi-figue, mi-raisin, mi-raté
Des téléporteurs viennent fluidifier notre progression et le système de sauvegarde est efficace. Nos morts donnent lieu à un choix étonnant : reprendre là où nous en étions en ayant perdu toutes nos jauges, bouclier et attaque spéciale, ou reprendre depuis le début de la zone en cours pour justement charger ces jauges et progresser plus facilement par la suite. Autant être franc, les zones étant relativement peu étendue, nous n’avons jamais utilisé le retour partiel, préférant reprendre depuis le début pour ainsi marcher plus facilement sur le boss.
D’un point de vue graphique, les choix effectués sont eux aussi variables. Si le design général des monstres et de notre héroïne mêle agréablement bande-dessinée et démons, nous sentons que le gros du travail a été porté sur les boss de jeu tandis que le reste s’est retrouvé au second plan avec nettement moins de détails. Ainsi, les décors sont assez génériques et ne viennent jamais attirer notre regard.
Concernant la durée de vie, il faut une toute petite dizaine d’heures pour venir à bout de ce Wildcat Gun Machine. Si les phases en mécha viennent agréablement apporter un sentiment de puissance extrême, celles-ci sont bien trop courtes et le manque complet de narration nous empêche de nous sentir motivés par cette aventure dont nous ne savons rien. Il faut s’accrocher, surtout compte tenu de la difficulté grandissante, pour avoir envie de venir à bout du titre du studio australien.
Conclusion
Wildcat Gun Machine est un titre à qui il ne manque pas grand-chose pour devenir plaisant, une caméra plus éloignée, une histoire, des bruitages dignes de ce nom et des graphismes plus travaillés en sont les éléments les plus importants. Il en ressort un twin stick stick shooter qui se laisse prendre en main facilement, qui offre un vrai sentiment de monter en puissance, mais qui peinent à nous maintenir accrochés tout au long de cette aventure dont nous ne savons absolument rien. De plus, le manque d’un aspect multijoueur est un vrai manque que rien ne saurait pardonner.
LES PLUS
- Les boss sont de grandes tailles et détaillés
- Le mélange démons / bande-dessinée passe bien
- Les armes sont nombreuses et variées
- La progression de la difficulté est assez linéaire et plaisante
- Les bases du gameplay : dash, changement d’arme et visée sont maîtrisés
- Le prix de 15 € est raisonnable
LES MOINS
- Les décors sont trop génériques
- La caméra est trop proche
- Les bruitages sont vraiment insuffisants
- La narration est complètement inexistante
- Les collisions avec les murs sont pénibles
- L’absence de multijoueur est un manque criant