Comment noter un jeu quand celui-ci base tout ou presque sur son fan service ? Faut-il être un fan pour comprendre ce que les développeurs ont cherché à offrir, quitte à avoir un avis éclairé, mais biaisé ou, tout au contraire, faut-il ne pas faire partie du public cible pour être capable d’en donner un aperçu s’adressant à tout à chacun au risque d’occulter ce qui en fait une œuvre importante pour d’autres ? Et surtout, la question se pose-t-elle encore lorsque le jeu s’appelle Seven Pirates H, qu’il fait partie de la série des Genkai Tokki, des jeux très orientés Ecchi, comprenez par-là que la majeure partie du visuel met de jeunes filles très légèrement vêtues sur nos écrans ? La réponse en fin de test.
Avertissement : les captures d’écran sont volontairement édulcorées et ne représentent pas le contenu en jeu.
PEGI 16
Commençons par prévenir le lecteur imprudent qui s’égarerait devant la relative gentillesse des illustrations mises en avant sur ce test. Ce portage de Genkai Tokki : Seven Pirates H est d’abord et avant tout un jeu coquin. La série est connue pour cela et cette version Switch n’est en rien édulcorée. Nous allons nous retrouver aux commandes de jeunes filles dont la principale préoccupation sera l’évolution de leur poitrine et autant être franc, le tactile est pris en compte. Le tout reste gentil, mais un PEGI 16 est de mise, donc si la candeur qui se dégage de la page e-shop vous attire pour votre fille de 10 ans qui souhaite découvrir un RPG mignon, fuyez pauvre fou ou celle-ci risque de vous poser des questions sur votre rapport aux femmes et à leurs atours mammaires.
Mais avant d’évoquer ces phases de gameplay, revenons sur l’histoire qui nous est contée. Dans celle-ci, nous incarnons Parute, une jeune pirate humaine qui souhaite devenir une légende. Pour cela, elle reçoit, de manière inopportune, un compas magique indiquant la localisation du prochain des sept trésors. Dans la même séquence, elle prend aussi, et en pleine face, le monstre garçon Otton. Celui-ci lui révèle alors qu’elle ne pourra jamais venir à bout des monstres filles qui peuplent les mers, car sa poitrine est ridiculement petite.
Heureusement pour nous, notre brave et dévoué Otton est maître dans la discipline du Booby Training (et le testeur insiste sur le fait qu’il a hésité à mettre une majuscule à une telle compétence…) et il est prêt à nous faire profiter de son entraînement. Nous voilà donc partis avec notre pervers/entraîneur (barrer la notion inutile) personnel. Très rapidement, les premiers monstres filles que nous aurons vaincues viendront se joindre à notre équipage pour augmenter ainsi notre force de frappe.
Nous naviguons alors d’île en île en passant quelquefois par des aléas tel un bateau fantôme pour avancer dans notre quête. Malheureusement, celle-ci est d’une platitude inversement proportionnelle au bonnet de nos héroïnes. La narration est basée sur de petites saynètes drôles cinq minutes, mais qui deviennent très vite redondantes et complètement inintéressantes. Notre histoire ne décolle jamais et le côté pervers des dialogues, rigolo la première demi-heure, fini par lasser, car il ne se renouvelle jamais et qu’aucune tension, en dehors du maillot des protagonistes, n’apparaît jamais.
Il est tout à fait possible de passer complètement chacun des moments de narration tant ceux-ci tournent en rond et n’apportent absolument rien à ce récit qui tourne en boucle du début à la fin. Bien sûr, les fans de la série diront qu’ainsi le fan service est respecté et que la série des Genkai Tokki est connue pour cela. Est-ce une raison pour ne rien mettre en place d’autre ? Non. Les dialogues sont lourds, les personnages inintéressants, et les plans fixes olé olé ne sauvent en rien cette histoire.
Touche à tout sous exploité cherche amateur
Si Seven Pirates H se présente comme un J-RPG classique dans lequel il faudra explorer des donjons pour récolter des items et vaincre des boss, ces phases de gameplay sont nettement minoritaires face à celle qui nous prendra le plus de temps : le booby training. En effet, à chaque monstre vaincu, nous récupérons un peu de liquide H. Une fois un certain volume atteint, nous pouvons l’utiliser pour valider la montée de niveau de notre héroïne. Comment cela : en lui tripotant les seins.
Mais pas n’importe comment. En fonction du mouvement effectué, nous modifierons l’une des six caractéristiques de la poitrine susmentionnée. Entre la hauteur, la fermeté ou la taille, il y a de quoi s’amuser… les cinq premières minutes. Mais quand il faut recommencer cela toutes les deux minutes cela devient répétitif. D’autant plus que les donjons sont ridiculement petits et qu’en quelques minutes nous en avons fait le tour et découvert l’ensemble des secrets qui le composent.
Les combats sont, pour la plupart, expédiés en quelques secondes. Seuls les affrontements contre les boss demandent un peu plus de concentration. Nous avons à notre disposition trois phéromones : rouge, bleu et vert, et un système de pierre-feuille-ciseaux classique. Malheureusement, les combats sont tellement déséquilibrés dans notre sens que nous n’avons jamais à mettre en place la moindre stratégie. Même les dégâts des boss sont ridicules.
Les combats se déroulent au tour par tour, à chaque attaque que nous faisons, nous augmentons le degré d’excitation de nos combattantes qui, à un certain stade, peuvent lancer différentes attaques spéciales plus ou moins dévastatrices et coûteuses. Ce système pourrait apporter de la variété et de la stratégie aux combats, mais là encore il n’est jamais exploité et ne sert qu’à envoyer des animations dans lesquelles nos héroïnes prendront des postures aguicheuses.
Entre deux donjons, nous parcourons la mer en bateau, ces phases ne servent qu’à déclencher des dialogues inutiles et lassants. Nous pouvons aussi explorer les recoins de cette carte pour y découvrir de petits secrets, malheureusement, cet univers est tellement petit que quelques secondes suffisent largement à en faire le tour complet. Encore une fois, le fan service misant tout sur la poitrine gâchent complètement un élément de gameplay qui aurait pu se montrer bien plus profond.
Mammaire n’est pas pour
Insistant toujours sur son côté décalé, Seven Pirates H propose un système de craft qui nous permet d’améliorer les statistiques de nos combattantes via leur tenue. Enfin via la culotte et le soutien-gorge. Il est aussi possible de récolter cette lingerie dans des coffres ou de l’acheter via les Booby Kin, des personnages cachés sur la carte. Malheureusement, une fois encore, cette mécanique mêlant craft et recherche est sous-exploitée.
Les Booby Kins sont bien trop faciles à débusquer et le craft se fait très facilement. Il nous suffit de revenir dans un donjon déjà fini, de marcher littéralement sur les monstres pour récolter les éléments nécessaires tout en augmentant notre niveau général de poitrine, ce qui entraîne d’enchaîner les niveaux toujours plus facilement.
La cerise sur la tototte qui vient faire déborder le vase concerne avec le loot d’œufs. Régulièrement, en détruisant un monstre, nous récoltons un œuf. Il est possible de l’ouvrir pour récolter des matériaux ou des tenus. Sauf que pour cela, il faut le placer entre les seins d’une héroïne, nous avons le choix, puis d’effectuer des cercles avec ceux-ci pour venir à bout de la coquille. C’est encore une fois rigolo la première fois, mais au cinquantième œuf, c’est extrêmement lassant. Et les œufs sont tellement nombreux que nous finissons par ne plus en tenir compte.
C’est vraiment dommage, car en ce qui concerne l’interface générale du titre et les options d’accessibilité, un vrai travail a été effectué pour nous faciliter la navigation dans le menu et la recherche. La classique comparaison de vêtements est bien sûr présente, mais un aperçu du résultat des améliorations mammaires l’est lui aussi. De même, il est possible d’afficher la location générale des éléments nécessaires au craft d’un objet. Le résultat est un titre qui se finit en une dizaine d’heures avec une complétion proche des 100 %.
D’un point de vue technique, ce remake oscille entre le sympathique et le décevant. Les écrans fixes qui nous présentent nos héroïnes dans des positions et des situations pour la plupart affriolantes sont irréprochables. Les dessins sont soignés et détaillés. Le passage à la 3D est bien plus aléatoire. Les niveaux, déjà très courts, sont relativement pauvres en détail et vides, tandis que la modélisation de nos héroïnes, si elle est soignée au début du jeu, souffre vite du booby training. Ainsi, si les sept héroïnes sont toutes bien différentes et que même le kraken devient craquant en monstre fille, le booby training va rapidement mettre des baguettes de pain dans leur brassière, ce qui avouons-le n’est pas très gracieux.
Nous combattons toujours avec quatre combattantes parmi les sept disponibles et nous pouvons facilement adapter notre stratégie en fonction du monstre que nous allons affronter en prenant celles qui ont la phéromone forte face à celle du boss que nous affrontons. Le système d’expérience les récompense toutes et aucun farm d’xp n’est nécessaire à notre progression. Durant le temps passé à jouer, la bande-son tourne très vite en rond et les voix japonaises, sous-titrées en anglais, sont-elles aussi très vite fatigantes.
Conclusion
Seven Pirates H est un J-RPG qui a tout misé sur son fan service et la poitrine de ses héroïnes. Malheureusement ce fan service s’est mis en place au détriment de toutes les idées qui auraient pu faire de cet épisode de Genkai Tokki un jeu sympathique. Il en ressort un titre à la narration sans aucun enjeu, aux mécaniques qui rendent allergique aux atours féminins et à la durée de vie trop courte compte tenu de son prix de 40 €. Beaucoup d’autres RPG font bien mieux dans tous les domaines, y compris celui de la poitrine de leur héroïne, sans pour autant se montrer vulgaires et inintéressants.
LES PLUS
- Les mécaniques et la narration sont rigolotes la première heure de jeu
- La prise en charge du tactile est une bonne idée
- Les images fixes sont de bonnes qualités
- Le système de combat est simple et efficace
- L’interface est complète et bien pensée
LES MOINS
- L’impression de faire toujours la même chose et de s’ennuyer arrive vite
- L’histoire n’a aucun intérêt
- La gestion des poitrines féminines tend vite vers le n’importe quoi
- Casser les œufs est vite casse-pied
- Les donjons sont ridiculement petits
- Le prix de 40 € est bien trop élevé pour une si petite durée de vie
- Les combats sont sans intérêt, car trop facile et sans stratégie
- La carte générale est trop petite
- Il faut une bonne maîtrise de l’anglais pour profiter des dialogues