Qu’est-ce qui rime avec l’été arrive ? Et bien tout simplement, les éditeurs vont tenter de faire du pognon avec un jeu de fitness ! Comment ça, ça ne rime même pas, la rime c’est d’abord et avant tout dans tête que ça se passe. Et justement, Let’s Get Fit arrive sur nos Nintendo Switch, en bundle en physique avec un lot de sangles, absentes dans la version dématérialisée, forcément, pour nous faire retrouver le chemin de la platitude abdominale. Allons-nous encore avoir droit à une énième production inintéressante et rangée tout au fond d’un tiroir après une semaine de bons et loyaux services, bref Let’s Get Fit fera-t-il rimer sport et jeu vidéo ? La réponse est non et voici pourquoi.
Commençons par l’échauffement technique
Pour juger de la qualité d’un jeu de sport, il y a plusieurs critères qui doivent entrer en considération. Le plaisir immédiat est-il présent ? La sensation de travailler est-elle immédiate ? Et surtout, nous incite-t-il à tenir sur la longueur ? Pour le reste, ce ne sont que des considérations techniques qui, bien que pouvant gâcher l’expérience, ne peuvent pas réellement apporter un réel plus aux activités proposées. Voilà donc quels seront nos points de jugements.
Commençons par aborder les différentes façons de se procurer ce Let’s Get Fit. En bundle physique ou en dématérialisé. L’un offre deux sangles et l’autre non. Ces sangles se fixent à l’avant-bras droit et en haut de la cuisse gauche et sont censées détecter nos mouvements. Dans quel but ? Pour nous octroyer la juste mesure de points lorsque nous faisons un mouvement correct. Sans cet accessoire, nous tenons de temps à autre un demi-joy-cons dans la main ou faisons l’exercice en le posant.
Cela semble être un bon compromis, sauf que dans le cas du dématérialisé, des séquences d’exercices deviennent tout simplement inaccessibles. Et oui, l’achat du titre sur l’eShop nous offre une expérience incomplète. Il est bien sur possible de mentir au jeu en déclarant avoir une sangle, ou de s’en fabriquer une maison avec un vieux morceau de ficelle traînant dans un tiroir, mais que les développeurs n’aient pas trouvé d’autre solution que d’amputer une partie des fonctions est tout simplement inacceptable.
Toutefois, après quelques essais, nous nous rendons vite compte que la détection de mouvement est vraiment limitée et qu’elle n’apporte rien d’autre que des points supplémentaires. Ces points viennent gonfler un score global que nous pouvons comparer avec les joueurs du monde entier. Les joueurs aimant ce type de challenge se régaleront, mais en fait non, car s’ils aiment suer, ils seront déjà inscrits dans une salle de sport à profiter d’une ambiance bien supérieure à ce qui est proposé ici.
Des exercices à l’aveugle
En effet, nous avons droit ici à quatre coachs aux styles différents et à leur salle attitrée. Si leur design est différent, leurs mouvements sont des copiés/collés tout comme leur charisme. Il est autant possible de se sentir motiver par ces avatars numériques que de se réveiller grâce à un café étant déjà passé vingt-huit fois dans une cafetière. Pire, la plupart du temps, lorsque nous exécutons les exercices, nous n’entendons pas leur consigne et n’avons aucune idée de là où nous en sommes.
Il suffit de regarder l’écran, dicteront savamment les plus innocents. Erreur ! lui répondront les testeurs ayant passés plusieurs minutes la tête à deux centimètres du sol en traits d’exécuter un défi de planche. Ce qui, soyons honnêtes, est plutôt incompatible avec la possibilité de regarder en l’air la télévision. Pas grave, il suffit de passer en mode nomade ! NON ! Car l’exercice suivant nous demandera de nous lever pour faire des jumpings Jack et malheureusement, la faible taille des icônes de description nous fait perdre du temps d’exercices durant le moment où nous tentons de le décrypter.
Pour atténuer ces erreurs, le soft nous propose, en fonction de nos réussites dans les exercices, de mettre à jour, en temps réel, notre lieu de travail. En effet, chaque réussite fera s’allumer un voyant qui débloquera de temps en temps un nouvel objet ou qui fera tomber les murs nous entourant. Nous passerons ainsi d’une salle triste à une zone en plein air emplie de ruine gallo-romaine. Pourquoi ? Et bien parce que !
Avant de conclure cette partie technique déjà très décevante, nous allons évoquer celui qui est, sans doute, le seul jeu de fitness à avoir tenu la route : le vénérable Wii Fit. Pourquoi cet avis tranché ? Et bien tout simplement grâce à la balance incluse. Ne nous mentons pas, si nous achetons de manière compulsive ce genre de jeu, c’est d’abord et avant tout dans l’espoir de perdre du poids en pratiquant de l’exercice. Cette balance nous permettait d’observer nos erreurs, de les corriger et offrait ensuite un vrai suivi. Rien de tout cela n’est présent ici. La détection de mouvement étant précaire, rien n’indique que nous faisions correctement ou non les exercices et le suivi sur le long terme n’existe pas.
La salle dans ta poche ? Vraiment ?
Si le premier écran qui nous est présenté nous met en garde contre une activité physique trop intense, le reste du soft s’en contrefout royalement ou plutôt ne fait que le minimum pour se montrer inclusif. Là où la plupart des coachs sportifs vont permettre à leurs élèves d’adapter leur effort en leur proposant des variantes des exercices proposés, ici Let’s Get Fit se contente juste de diminuer le nombre de répétitions et d’interdire l’accès à certaines séquences en fonction du choix de force effectué, entre 1 et 5.
Une fois ces constatations faites, nous avons face à nous ce que nous pourrions trouver trouver gratuitement sur n’importe quel store de smartphone. Une liste de séquence à effectuer de manière libre ou sous forme de répétition programmée. Chaque séquence possède une force, une durée et un thème. Nous pouvons sélectionner facilement celle que nous voulons travailler.
Il est aussi possible, à l’aide d’un filtre, de mettre en place notre propre série d’exercices, bien qu’à aucun moment nous n’ayons la main sur leur choix. En effet, à travers différents paramètres, telles la force de l’exercice ou la zone du corps que nous souhaitons travailler, c’est le logiciel qui sélectionne pour nous la séquence adéquate. À aucun moment nous n’avons accès à la liste d’exercices présents. Ce qui explique sans doute l’impression de vite tourner en rond en refaisant ad nauseam toujours la même chose. D’ailleurs, cette volonté d’en faire le moins possible se retrouve aussi dans les textes. Si les dialogues sont traduits en français, les exercices, eux, ne le sont pas. Oubliez les positions de gainage et les pompes, il nous faudra ici faire des push ups et des plancks.
Si la fiche eShop nous vente une centaine de mouvements possible, il faut déjà en enlever une bonne moitié avec un échauffement qui comprend une vingtaine de mouvements, dont des rotations de tête, exercice ô combien épuisant pour l’organisme, et une séance d’étirement qui ne sert à rien tant chaque muscle se retrouve sollicité durant une petite seconde et demie.
Pour tenter de nous faire tenir sur la longueur, des défis hebdomadaires sont mis en place. Un exercice à répéter chaque jour avec une difficulté croissante. Malheureusement cet exercice débute pour tout joueur au même point et se termine de la même façon. Là encore, l’adaptabilité est proche du néant. Tandis que les meilleurs s’ennuieront les premiers jours, les débutants seront en position latérale de sécurité dès le second. Bien sûr un indicateur de ressenti permettra au logiciel d’adapter la suite, mais c’est trop peu. Un test d’endurance en début de jeu aurait été plus adéquat.
Conclusion
Let’s Get Fit est très loin d’un titre valant 30 à 35 €. Il ne propose qu’une expérience que nous pouvons retrouver dans de nombreuses applications gratuites sur smartphone. Sa seule feature exclusive à cette version Switch concerne une détection de mouvements bancale qui, de plus, limite les exercices lors d’un achat en dématérialisé. Si les échauffements qu’il propose sont sympathiques, les étirements sont ridicules et manquent d’explication tandis que ses exercices manquent d’adaptabilité pour les débutants. De plus son interface souffre de nombreux défauts et son suivi est quasi inexistant. Il ne vient jamais concurrencer une inscription en salle (trouvable pour 80 € par an) ni remplacer le toujours fonctionnel Wii Fit et sa balance. Un titre qui restera dans un coin de l’armoire au bout d’une semaine.
LES PLUS
- Les exercices sont ce que retrouvons, de base, avec un coach sportif…
- L’échauffement est complet et sympathique…
- Les exercices sont bien calibrés pour ceux ayant déjà une bonne condition physique…
- La sensation de travailler est bien réelle.
LES MOINS
- … qui débuterait dans le métier et lirait sa fiche technique sans chercher à s’adapter à son public.
- … bien qu’un peu court.
- … rendant de ce fait Let’s Get Fit inutile pour eux.
- L’interface en exercice est bancale avec des indications que nous ne pouvons voir en travail.
- Les indications sonores sont, la plupart du temps, insuffisantes.
- Beaucoup d’application smartphone font aussi bien gratuitement.
- Les coachs ont un charisme très limité ;
- Ne remplace jamais une inscription en salle.
- Le suivi sur le long terme est quasi nul.
- La détection de mouvement est très approximative.
- La version dématérialisée est amputée de certains exercices.