Vaste monde que celui des JRPG, pourtant réduit en nos contrées occidentales aux mythiques Dragon Quest et Final Fantasy. Peinent ainsi à s’exporter au-delà de l’archipel nippon, d’autres licences telle Metal Max. Exclusivité japonaise parue sur Famicom en 1991, la franchise forte de moult suites et même d’une déclinaison manga, n’est toutefois jamais parvenue à s’imposer sur la scène internationale. Une injustice d’autant plus criante qu’elle fut la première de sa catégorie, à s’inscrire dans un univers ouvert et non linéaire, assorti d’un système de véhicules à rechercher, collecter, et surtout utiliser. Cette remasterisation Switch de son dernier volet Metal Max Xeno, originellement publié sur PS4 et Vita, débarque-t-elle à point nommé pour la réparer, ou bien au contraire, après la guerre ?
Quand Dragon Quest rencontre Mad Max
Dans Metal Max, le monde n’est plus qu’un immense désert aux mains d’êtres maléfiques et odieux parmi lesquels, rescapé de l’apocalypse, nous tâchons de préserver le peu qu’il reste de l’humanité. Un postulat de départ aux forts relents de Mad Max, qui ne brille ni par son originalité, ni son accessibilité : à l’instar de la plupart des productions circonscrites au pays du soleil levant, l’absence de traduction française lui fait cruellement défaut, a fortiori lorsqu’on entend conquérir le marché européen. Au moins l’anglais sauve-t-il la mise !
C’est de toute façon dans ses quêtes à foison et ses combats aux petits oignons, jalonnant un monde ouvert aux multiples ramifications, que réside le véritable intérêt d’un bon vieux JRPG au gameplay voisin d’un Dragon Quest. Du moins l’imaginions-nous…
Aux commandes de Tankmon
Grave erreur. En lieu et place de la débauche d’activités annexes escomptées, l’environnement aride qui, sous nos yeux avides s’étend, se révèle beaucoup trop vide et restreint. Les décors se répètent inlassablement. A l’exception de rares coffres et débris, il n’y a décidément pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Vous auriez toutefois tort de vous détourner prématurément d’un titre masquant derrière son extrême redondance, des mécaniques de gameplay assez addictives pour qui persévérerait. Metal Max se distingue en effet du tout-venant, et ce depuis son lancement, par son système d’affrontement dual qui offre de combattre au choix, avec son personnage et d’autres membres de son équipe… ou son propre char d’assaut. Oui, oui, un char d’assaut qui, loin d’être anodin, fluidifie grandement les déplacements et décuple notre puissance de feu – mitrailleuse, quand tu nous tiens !
Intervient alors l’aspect “collectionnite aïgue”, puisque le tank en question, se révèle entièrement customisable à partir de pièces à dénicher dans le moindre recoin, quand il ne s’agit pas, carrément, de véhicules inédits. N’allons pas non plus crier au génie, hein… Il n’empêche que cette composante stratégique à base d’augmentation de stats, gestion d’équipement et amélioration desdits véhicules, bien vue et bienvenue, dynamise les combats qui se déroulent en simili-temps réel, un peu à la manière d’un Tales Of – l’arène en moins, l’environnement ouvert nous permettant d’attaquer à notre guise les ennemis, par ailleurs tous recensés sur la carte (excluant de fait les rencontres aléatoires).
La carte répertorie, en outre, la majeure partie des secrets, missions secondaires, coffres, véhicules et pièces de collection, facilitant grandement le farming requis par la difficulté, en dents de scie ; c’est-à-dire qu’en dépit de votre attirail de plus en plus perfectionné et de nombreux boss vaincus à votre actif, vous n’êtes jamais à l’abri qu’un impudent mob de rang inférieur, vous colle la raclée de votre vie. Vous n’aurez cependant pas à ravaler trop longtemps votre fierté, une dizaine d’heures suffisant à boucler le jeu. La faute à une map trop fournie, donc, et rikiki avec ça, qui balise à l’excès l’exploration.
Je vous parle d’un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître…
Visuellement non plus, le titre d’une confondante laideur, n’incite guère à la flânerie. Textures datées à peine dignes de l’ère PS3 le disputent, sur grand écran, à d’occasionnelles bouillies de pixels. Aussi ne saurions-nous que trop vous recommander de vous contenter du mode nomade, bien que les paysages figés, tristes à en mourir, n’en paraissent pas plus enthousiasmants. La thématique “post-apo” n’excuse pas tout ; visez plutôt Shin Megami Tensei V, dont le Tokyo insalubre et dépeuplé s’en tire autrement plus décemment. Une affaire de budget, sans doute. D’époque également, alors que date d’il y a déjà quelques années la version originale de Metal Max Xeno: Reborn, entachée des mêmes tares et carences.
Enfin, la bande-son, quasi inexistante, compte 3 à 4 pistes audio différentes, à moins qu’elles ne se ressemblent tout bonnement trop pour qu’on les distingue. En résulte une ambiance sonore à l’image de l’ensemble du jeu : vide. Répétitive.
Conclusion
JRPG d'un autre âge venu de terres lointaines, Metal Max Xeno: Reborn n'a plus rien, aujourd'hui, du révolutionnaire qu'il fut voilà plus de trois décennies. Plombé par un gameplay au moins tout aussi daté que ses graphismes, hideux en mode docké, le titre de Kadowaka Games devrait rebuter l'immense majorité des joueurs actuels, qui ne sauraient compter sur un scénario à ce point anecdotique, qu'on en arrive à zapper l'essentiel des dialogues sans l'ombre d'un remord. Saluons malgré tout le système de véhicules à trouver et à améliorer, ainsi que des affrontements plutôt divertissants en s'y attardant. Pas sûr, cependant, qu'il reste encore grand monde pour ce faire, nonobstant les inconditionnels de la licence, qui s'accommoderont plus aisément de l'absence de traduction et d'une bande-son digne de ce nom.
LES PLUS
- Les graphismes tout juste passables en mode portable…
- Les véhicules à collecter
- Les améliorations et la personnalisation
- Les combats, un poil stratégique
- Les combats, en simili-temps réel
LES MOINS
- … mais d'autant plus laids en mode docké
- La bande-son, répétitive et trop discrète
- La difficulté en dents de scie
- La durée de vie d'une dizaine d'heures, trop courte pour le genre
- Un scénario éculé
- L’absence de traduction française