Comment trouver sa place sur une Nintendo Switch lorsqu’on est un jeu de course arcade, alors que celle-ci accueille déjà un Mario Kart, un Crash Team Racing, un Team Sonic Racing et un Nickolodeon Kart, tous d’une qualité allant de exceptionnel pour le premier à vraiment pas mal pour le dernier ? Certain ont fait le pari réussi de mettre en place un univers futuriste et une vitesse subliminale tel Fast RMX ou Redout, d’autre nous ont emmené dans un monde miniature, c’est le cas des sympathiques Hot Wheels Unleashed ou Table Top Racing et c’est aussi le créneau qu’ont choisi de remplir les développeurs espagnols de chez Eclipse Games avec le troisième titre de leur série Super Toy Cars, l’épisode Offroad. L’occasion pour nous de voir combien le chemin pour réaliser un bon jeu de course est chemin semé de nids de poule.
Micro Machine Revival
Après les très oubliables Super Toy Cars premier du nom et sa suite, sobrement affublée d’un numéro 2, arrive aujourd’hui sur nos Switch l’épisode Offroad. Nous sommes toujours au contrôle de miniatures de véhicules de course dans un monde qui, lui, est à taille réelle. Les possesseurs d’une chevelure grisonnante se souviennent avec émotion de son modèle : Micro Machine, un jeu merveilleux de fun à plusieurs, mais inintéressant en solo.
Pour ajouter un peu de piquant au genre, des titres tels Re-Volt avaient, en leur temps, décidé d’ajouter des items à utiliser en course pour se protéger ou pour attaquer les autres concurrents, bref un Mario Micro Machine Kart Like. Super Toy Cars Offroad ne cherche pas à faire varier la formule et propose tout simplement un clone de Re-Volt. Pourquoi pas ? Si la qualité est au rendez-vous, le plaisir nous attendra forcément au tournant. Le mot important était le « si »…
Le menu qui nous accueille fait déjà très peur. Ses graphismes et sa navigation rappellent des titres de la fin des années 90. Des rectangles jaunes et une ergonomie à faire pleurer un prof de programmation de lycée. Nous avons le choix entre un mode carrière, un mode match rapide et des options réparties en deux menus… pourquoi pas.
Commençons par celle-ci, surprise, nous pouvons choisir d’activer une accélération automatique et une direction automatique. Un jeu de course qui ne nécessite plus de toucher à la manette, il fallait y penser. Ces aides sont complètement inutiles vu qu’imparfaites. Notre véhicule prendra souvent les murs bordant la piste et l’accélération n’a pas besoin d’être gérée, un appui constant suffit largement en termes de gestion.
Mais revenons-en à ce qui fait le cœur d’un jeu de course… ben la course quoi. En démarrant le mode carrière, nous commençons par acheter la seule voiture disponible, le buggy. Nous débloquons ainsi cinq compétitions. Pour avancer dans chacune d’entre elles, il nous faut réaliser des objectifs qui correspondent aux différents modes de jeu disponibles. La course classique, la course sans item, la course à la mort, le contre la montre, la course à élimination et le mode dérapage.
La trace de pneu qui fait mal
Avant d’arriver à ce mode dérapage, autant être honnête, nous passions un moment, certes pas passionnant, mais au moins pas désagréable. Les courses à élimination, à la mort et classique et honnête font le travail. Les variations sont minimes et nous jouons toujours de la même façon, mais la modification des objectifs apporte son lot d’injustices rigolotes. Car oui, une course à élimination supprime régulièrement le dernier candidat, prendre un missile et passer du premier au quatrième rang au moment où le timer passe à zéro est forcément rageant, mais c’est le jeu.
Nous nous amusons, nous râlons, nous apprenons doucement les circuits et surtout les raccourcis, bref nous progressons. Jusqu’au moment où le drame arrive. Dès la seconde mission de quasi chacune des compétitions arrive un mode dérapage. Dans celui-ci il faut réaliser le plus de dérapages possibles. L’idée est sympathique, mais la réalisation est catastrophique. Notre véhicule est loin d’avoir un maniement très précis, le dérapage accentue encore plus ce problème, la zone de détection du dérapage est très peu large et surtout surtout, c’est quoi le délire de vouloir nous faire déraper sur une quasi-ligne droite !
Si les premières courses se laissent gagner dès notre première participation, se retrouver bloquer à cette deuxième étape de la compétition par ce mode dérapage est d’une frustration sans nom et gâche complètement la moitié de plaisir que nous avions pris à batailler contre nos adversaires dans un rythme plutôt soutenu. Nous sommes loin des maîtres du genre que sont les Mario Kart, mais essayer d’arriver sur les items avant nos adversaires et ensuite les utiliser à bon escient procure toujours un sentiment de plénitude. Pourquoi tout foutre en l’air avec un mode dérapage vraiment très mal pensé.
La perfection est dans les détails
Nous retrouvons ce genre d’imperfections un peu partout dans le dernier titre d’Eclipse Games. Un tour dans le menu des commandes et nous voyons que la touche d’accélération devient la touche d’étranglement, la personne capable de nous expliquer comment nous en sommes arrivés à ce terme gagne un lave-linge dédicacé. Il y a aussi de petites erreurs de murs invisibles qui nous bloquent, nous font prendre des dégâts et cela alors que l’objet en question est à une distance de sécurité suffisante pour ne pas nous avoir inquiété.
Ces errances viennent gâcher un level design qui se montre plutôt bien conçu avec beaucoup de raccourcis et de virages à négocier au frein à main. Nous sommes loin de la folie des niveaux du dernier Mario Kart, mais pour un jeu indépendant, la volonté de varier les décors et d’ajouter une dose d’imprévu avec des pièges adaptés au monde est à souligner. Mention spéciale pour le râteau du jardin japonais qui aura eu le mérite de nous surprendre régulièrement.
D’un point de vue graphique, c’est le même constat. Nous nous déplaçons dans des niveaux avec beaucoup d’objets à utiliser ou à contourner. Malheureusement, l’impression de flou constant gâche ces décors, les textures sont assez pauvres et une caméra assez proche du sol limite trop souvent notre champ de vision nous empêchant de déterminer dans quelle direction nous devrons-nous diriger.
De même, en termes de contenu, la tendance est au mitigé. Si le nombre de quinze circuits est honnête tout comme le nombre de voitures, nous avons trop vite l’impression d’acheter une nouvelle voiture juste pour son aspect cosmétique tant le buggy de départ permet de gagner énormément de courses sans souffrir plus que de nécessité grâce aux améliorations techniques à acheter. La bande-son, quant à elle, essaie de se renouveler comme elle peut et elle fait le travail pour nous mettre dans une ambiance propice.
Conclusion
Avec leur troisième opus dans la série des Super Toy Cars, le studio Eclipse Games se rapproche un peu plus d’un jeu agréable à parcourir. Le level design des circuits est intéressant et les sensations de courses sont bien agréables. Toutefois de petites errances viennent gâcher ce constat notamment un défi dérapage catastrophique. La possibilité de jouer à deux sur un même écran est agréable, mais nous sommes loin des parties à 4 offertes par la concurrence sans parler de l’absence d’un mode en ligne. D’autant plus qu’à 20 €, les titres qui apportent plus sont déjà nombreux.
LES PLUS
- Les décors regorgent d’éléments et de détails…
- Le level design est bien pensé avec beaucoup de raccourcis à découvrir.
- Les modes disponibles apportent de petites variations agréables
- Les sensations de conduite sont sympathiques.
- Le contenu en termes de circuits est présent.
LES MOINS
- … mais ils souffrent d’un flou très prononcé.
- Le défi dérapage est une catastrophe.
- Quelques murs invisibles pénibles.
- La comparaison face à la concurrence fait mal.
- L’ergonomie du menu est très perfectible.
- Pas de mode en ligne ni de mode quatre joueurs.
- La caméra est trop basse et gêne parfois la visibilité.
- L’auto-pilote et l’auto-accélération n’ont aucune utilité.
- La prise en main avec un demi joy-con n’est pas optimale.
Commentaire non conforme au règlement
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