Après avoir étiré leur concept de Reigns, Nerial Limited revient avec Card Shark. Un jeu qui prône le fait d’être malhonnête dans une France du XVIIIe siècle. Original dans son visuel, original dans son concept, le jeu est intriguant et intéressant, mais qu’en est-il réellement ? Et bien prenez votre plus beau jeu de cartes, c’est parti pour Card Shark !
Je n’ai pas les mots
Dans Card Shark vous dirigez un homme muet, au départ serveur il deviendra rapidement complice de Saint-Germain, personnage historique qui à vécu au XVIIIe siècle et qui pratiquait l’art de l’alchimie. En réalité, c’est quelqu’un de très mystérieux, d’ailleurs nous retrouverons tout le long du jeu des personnages historiques qui s’adonnent à des jeux de cartes pour passer le temps. L’écriture des personnages est intéressante : sans cracher sur leurs histoires, ils nous montrent une partie un peu différente plus axée autour du jeu d’argent.
Votre rôle consiste à être l’acolyte de Saint-Germain la plupart du temps : vous allez parfois juste servir du vin à table, mais aussi battre et distribuer les cartes et parfois même prendre part directement à la partie. Saint-Germain est en fuite (avec vous) après un léger souci que vous découvrirez au début de l’aventure. Recueillis dans un camp de tricheurs, il vous faudra leur donner un peu d’argent régulièrement pour faire tourner la boutique.
Autant le dire maintenant, c’est le faux semblant de liberté qui est le point faible de Card Shark. Si l’histoire principale, qui tourne autour des secrets du roi Louis XV est prenante et intéressante, notamment l’histoire autour des fameuses « Douze Bouteilles de Lait ». Il n’y a pas vraiment d’autre chose à grappiller à côté, mais il faut encore le préciser cette histoire principale est vraiment prenante et intéressante. Nous avons souvent le choix du futur lieu, plusieurs villes en France comme Toulouse ou Versailles jusqu’en Allemagne, c’est sympa, mais finalement ce n’est qu’un faux sentiment de liberté, car il faudra les faire dans tous les cas et ça n’influera pas vraiment sur le scénario qui va réellement avancer après ce faux sentiment. Vous aurez une table de jeu permanente, pour récupérer de l’argent au cas où vous seriez en manque et surtout réutiliser des tours que vous avez appris plus tôt.
Rien dans les poches, rien dans la manche … ah bah si en fait.
Si dans les bandes-annonces du titre nous avions l’impression que l’on allait jouer à un jeu de cartes, dans lequel la triche était possible, ce n’est pas le cas. Vous ne jouerez que la triche et ce n’est pas plus mal, on évite la lourdeur et leu meublage.
Vous ne serez presque jamais à table, votre rôle, d’ailleurs, n’est pas d’être réellement le tricheur, vous êtes l’assistant du tricheur. Vous allez la plupart du temps aider le comte Saint-Germain à avoir une main d’enfer. Il va alors entre chaque voyage, le temps que la calèche arrive sur le lieu, vous apprendre une nouvelle technique. Au final ce n’est pas moins de vingt-huit tours de passe-passe que vous allez apprendre.
Du plus simple, par exemple servir du vin et en profiter pour regarder la main de l’adversaire ensuite il ne vous restera qu’a nettoyer la table d’une certaine manière pour que le compte connaisse la carte la plus forte du jeu adverse. Mais vous allez aussi apprendre des tours classiques comme le Bonneteau ou le Pile ou Face. La technique du pliage de cartes, d’incitation à couper où vous avez besoin ou bien encore le tri les cartes n’auront plus de secret pour vous.
Chaque tour va consister alors à effectuer des actions à l’aide de la manette : par exemple servir du vin se fera en inclinant le joystick, cependant attention, si vous inclinez trop fort vous n’aurez pas le temps de bien regarder les cartes alors que le verre adverse débordera. Trier les cartes dans un paquet consiste aussi à incliner le joystick, mais dans plusieurs directions pour plus effet, ce n’est pas la même inclinaison pour déplacer une carte, en marquer une ou bien au contraire déplacer plusieurs cartes. Ces commandes sont en général très simples, cependant plus le jeu avance plus il faut en retenir et une fois que le tour est considéré comme appris vous n’aurez plus aucun rappel.
Le jeu mise beaucoup trop sur la mémoire du joueur, il nous prend trop souvent pour des Rain Man. C’est souvent très frustrant de perdre, car on a fait une mauvaise manipulation par précipitation : il faut faire trois fois le tour pour gagner le chapitre. En tout cas il n’est pas aisé de gagner trois manches d’affilées : une erreur et c’est la mort. Mort qui n’est finalement pas définitive : au début du jeu, vous pourrez défier celle-ci en trichant, cependant plus vous mourrez plus ça sera difficile ensuite ce sera la fin définitive et il faudra alors recommencer à zéro (vous pouvez aussi relancer le jeu au moment où vous perdez la partie de cartes pour recommencer avant, mais chut je ne vous ai rien dit).
Une magnifique peinture
Card Shark est très beau, de prime abord on se demande un peu ce que c’est visuellement, mais au final nous avons l’impression de nous déplacer dans un tableau peint à la main. Les animations des personnages et surtout de notre héros lors de son déplacement sont presque comme celui d’une marionnette, ce qui nous donne toujours ce sentiment d’omniscience dans l’histoire, comme si l’on suivait l’histoire du comte et du muet plus que si l’on était le muet. Ce n’est pas désagréable du tout.
Les musiques sont aussi partie prenante du jeu : elle colle parfaitement aux différents moments du jeu. De plus les animations ainsi que les bruitages lors des manipulations sont criantes de vérité et augmentent d’autant plus l’immersion et le sentiment qu’on réalise vraiment une arnaque.
Conclusion
Card Shark est surprenant, on s’attend à jouer aux cartes et finalement c’est une série de mini-jeux qui se retrouve face à nous. Ce qui est vraiment une bonne nouvelle, c’est alors un jeu unique dans l’univers du jeu vidéo, tout comme Reigns à l’époque, nous avait surpris, Card Shark nous surprend et nous emporte dans son concept. Malgré des options d’accessibilité, de facilité et même d’indices, on se retrouve vite submergés par la tonne de tours et de techniques que l’on apprend jusqu’à les mélanger. Il est presque recommandé de faire le jeu d’une traite (qui nous a pris un peu moins d’une dizaine d’heures) malgré la légère lassitude qui peut nous atteindre. On ne peut que vous conseiller cet ovni magnifique et ingénieux.
LES PLUS
- 28 tours de passe-passe « différents »...
- Des tours qui se complexifient de plus en plus...
- L’histoire autour de Louis XV
- Ces graphismes magnifiques
- Les bruitages et les animations des tours sont impeccables
LES MOINS
- … Mais qui se ressemblent un peu trop pour certains
- … Qui deviennent malheureusement trop difficiles à retenir sur le long terme.
- Le stress d’aller vite en permanence sans avoir le temps de réfléchir ne serait-ce qu’un peu, il faut parfois trop jouer à l’instinct.
- Ce faux sentiment de liberté et l’absence de réelle trame secondaire.
- On aurait aimé en avoir plus !
Excellent test… Un magnifique jeu effectivement !