Annoncé lors du dernier Nintendo Direct Indies, Silt avait de quoi séduire par sa direction artistique plutôt atypique… Mais l’exploration vaut-elle qu’on se mouille ? Enfilez votre tenue de plongée, et venez faire un tour dans les abysses !
Joue-la comme Cousteau
Silt est le premier jeu du studio anglais Spiral Circus Games. Fondé en 2018, le studio a la particularité de n’être composé que de quatre personnes : un développeur, Dom Clarke, un graphiste, Tom Mead, un animateur, Antonenko Anton et enfin un responsable audio, Nick Dymond.
Nous devons l’idée de Silt à Dom Clarke et Tom Mead, les deux amis ayant une passion mutuelle pour l’étrange et le surnaturel… Quoi de mieux que de combiner les fonds abyssaux qui regorgent de créatures étranges, tout en proposant une petite dose de surnaturel via des mécaniques de jeu dont nous parlerons un peu plus tard…
Comme la majorité des jeux indépendants, le scénario de Silt joue beaucoup sur l’interprétation personnelle. Un court texte introductif fait mention de quatre Goliaths qu’il faudra trouver et vaincre, pour récupérer l’énergie enfouie dans leurs yeux afin de réaliser notre destinée…
Puis le jeu démarre et nous propose d’incarner un plongeur qui se réveille attaché à une chaîne dans ce qui semble être les Abysses. Très vite, nous découvrons que notre plongeur dispose d’une capacité spéciale lui permettant de transférer son esprit dans le corps des animaux marins qui nagent à proximité… Ainsi, il faudra posséder le poisson « Piranhoïde » qui passait par là, pour venir détruire la chaîne en métal qui retenait notre plongeur. Il faudra ensuite reprendre possession de notre corps et continuer notre exploration vers la pièce suivante, où une autre énigme se posera à nous.
Réflexion sous-marine.
Silt est présenté comme un jeu d’exploration, il n’en reste pas moins très linéaire dans son déroulement. En effet, les zones à parcourir pour progresser dans le jeu s’enchaînent sans vraiment proposer d’alternatives à l’exploration. Il est vrai que parfois, nous avons le choix d’aller plutôt à gauche ou à droite, mais c’est pour mieux revenir du côté opposé après. Comme nous le disions en introduction, le jeu propose une petite particularité au niveau du gameplay : la possession des animaux marins à proximité. Sachez qu’en règle générale, il faudra toujours utiliser les animaux qui nagent à côté de vous pour espérer avancer. On ne compte pas loin de 11 espèces différentes, chacune ayant une capacité spéciale qui sera forcément utilisée dans la salle que vous souhaitez parcourir.
Il arrivera parfois qu’il faille enchaîner les possessions (oui, oui c’est possible) et passer d’un animal marin à un autre pour continuer notre progression… Un petit coup de dent d’acier du Piranha avant de prendre possession d’un genre de requin-marteau pour exploser un mur friable !
Attention cependant, car certains amphibiens que vous relâcherez n’hésiteront pas à s’en prendre à vous (surtout les plus gros) et pourront vous faire passer de vie à trépas. Mais la plupart du temps, ils se montreront inoffensifs. Au final, les énigmes à résoudre pour avancer reposeront sur un bon enchaînement de possessions et parfois à un placement judicieux de personnage ou de créature… sous peine de devoir reprendre la salle depuis le début !
Par chance, le système de sauvegarde automatique est relativement bien pensé et permet de reprendre dans la salle où nous nous étions arrêtés. Mais il est parfois rageant de devoir reprendre une salle du début, juste parce que nous avons oublié de mettre le personnage au bon endroit… Il faut trouver le bon tempo dans certains enchaînements et la progression se fait via un apprentissage par l’échec. Mais les vies sont infinies, donc pas d’inquiétude !
Chaque zone parcourue s’achèvera par un affrontement contre un Goliath (Boss) qui fera généralement appel à l’utilisation des nouvelles espèces que vous avez rencontrées dans les pièces que vous venez de parcourir. Là encore, les Boss disposent de patterns relativement simples à comprendre et les affrontements ne seront jamais très dangereux.
Au final, le côté « exploration » se ressent surtout dans la diversité et la beauté des zones parcourues…
Une ambiance en niveau de gris
La très grosse force du jeu, c’est son univers. Entièrement dessiné par Mr Mead, les décors sont aussi variés que mystérieux ! Il y a un vrai sentiment de profondeur au niveau des décors, que ce soit à l’arrière-plan et au premier plan et l’on regrette presque que l’exploration se limite à des déplacements en deux dimensions sur un seul plan…
Graphiquement et par son utilisation des niveaux de gris, le jeu vous rappellera le bien connu Limbo qui propose une ambiance similaire, mais sur la terre ferme ! Par contre, les décors et les créatures imaginés par Mr Mead sont quand même un peu plus détaillés !
L’univers mêle steampunk (dans certaines salles) et créature des abysses, en jouant également sur la lumière… Certaines zones demandent même d’allumer votre lampe frontale ou mieux, de prendre possession d’un poisson luminescent pour trouver votre chemin dans une grotte sombre (quel dommage que l’idée ne soit pas reprise plus souvent dans le jeu !)
Au niveau de l’animation, c’est également du très bon travail, le tout est très fluide et l’inertie des déplacements contribue à rappeler que nous évoluons sous l’eau. Idem pour les déplacements des différents animaux marins que nous pouvons posséder (tous différents dans leur façon de se mouvoir).
Au niveau de l’ambiance sonore, la musique sait se faire discrète, mais s’avère toujours de bon ton en fonction de la situation et les effets sonores participent à « l’immersion. » Nous sommes réellement plongés dans cette ambiance Abyssale et nous vous recommandons fortement de profiter de l’expérience avec un casque. Comme nous le disions plus haut, le jeu est relativement facile et la progression pourra se faire en mode détente, sans grosse prise de tête.
Techniquement le jeu tient la route, même si nous avons réussi à le faire planter une fois, en essayant de faire sortir notre âme d’un poisson possédé alors que celui-ci venait d’être dévoré… Notre plongeur s’est alors retrouvé dans un état catatonique et il a fallu relancer la partie pour continuer notre progression. Mais honnêtement, cela tient plus du détail, l’ensemble est vraiment propre.
Conclusion
Silt coche toutes les cases du bon jeu indépendant. Un gameplay relativement original, une histoire qui laisse une belle part à l’interprétation et surtout une direction artistique aux petits oignons ! Nous vous recommandons d’ailleurs de faire un tour sur la page de Mr Mead qui a géré l’aspect graphique de l’univers du jeu (https://www.mrmead.co.uk/). Néanmoins, le jeu souffre d’une durée de vie un peu courte (comptez 3h pour en voir le bout) avec un potentiel de rejouabilité peu élevé… De fait, la facture peut paraître élevée (19,99 euros). Toutefois, les quelques heures parcourues pour venir à bout de votre exploration se feront dans la plénitude d’un quasi-silence abyssal. Nous vous recommandons d’attendre une belle promotion pour plonger dans cette belle aventure !
LES PLUS
- Une très belle ambiance sonore et visuelle.
- Très facile à prendre en main.
- Permet de se détendre le temps d’une soirée.
- La progression à base de possession.
LES MOINS
- La durée de vie.
- On aurait aimé une expérience plus longue !
- Et plus de variétés dans les énigmes !
- Relativement facile.