Après une sortie sur PC en août 2021, The Big Con du studio canadien Mighty Yell, nous arrive aujourd’hui, dans sa Grift of the Year Édition, sur nos Nintendo Switch. L’occasion pour nous de revenir sur ce titre qui souhaite rendre hommage aux années 90 et aux cassettes vidéos, des artefacts magiques de niveau 99 que seuls les initiés peuvent encore maîtriser sans danger. Alors cette grande arnaque, nous parlons de la traduction littérale du titre, vaut-elle le coup d’être vécue ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.
Vidéo Kill the Radio Star
The Big Con est une histoire qui nous narre les aventures d’Ali Barlow qui tente par tous les moyens de sauver le vidéo store de sa mère, en proie à la cupidité de quelques usuriers. Ce n’est pas moins de 97 000 € que doit trouver celle-ci en à peine quelques jours pour conserver son local de location de film. Car oui, cher lecteur, il y a de ça quelques années, les films ne se téléchargeaient pas directement sur sur nos écrans de 100 cm de diagonale. Il fallait soit attendre leur passage sur une grande chaîne, soit les acheter ou les louer sur un support de la taille d’un gros livre appelé « cassette », incroyable non ?
Et c’est justement l’échoppe que tient Mme Barlow, la mère d’Ali. Celle-ci l’aide en conseillant les clients sur les films qui pourraient les intéresser. Pour cela, elle n’hésite d’ailleurs pas à espionner leurs conversations pour trouver l’œuvre qui correspond à leurs attentes. Cette capacité à laisser traîner ses oreilles lui sera très utile vu qu’il s’agira de son point de départ dans le monde de l’arnaque.
Car oui, lorsque le commerce de sa maman est en danger, la seule solution : s’en remettre à l’illégalité. Grâce à l’aide d’un artiste du genre, Ted, nous apprenons les ficelles du métier et nous nous fixons un but : l’aider à monter sa grande arnaque, d’où le titre, à Las Veganza, pour ensuite partager les gains et récupérer le commerce familial. Mais pour financer notre voyage depuis notre petite ville de Lisbon, nous devons commencer par les bases : le vol à la tire.
Depuis les rues de Lisbon en passant par le centre commercial de Mallton jusqu’au casino de Las Veganza, cette activité aura une place prépondérante dans notre road trip. Pour le reste, il nous faudra laisser traîner nos oreilles pour fournir à chaque quidam ce qu’il attend et ainsi récupérer une juste récompense. Celle-ci peut être sous la forme d’espèces sonnantes et trébuchantes, mais elle peut aussi prendre la forme d’un code qui nous permettra d’entrer dans un lieu inatteignable sinon.
Si la plupart du temps, jouer les pickpockets est suffisant pour débloquer l’étape suivante de notre aventure, réduire The Big Con à une simple simulation de vol à la tire serait trop simpliste. Le plaisir pris à y jouer tient d’abord et avant tout dans la multitude de larcins à commettre. Pour cela, il faut s’investir dans les dialogues pour ne rien rater. Des collectibles sont aussi de la partie sous forme de stickers ou d’objets. En fonction de nos découvertes, nous serons récompensés par de précieux billets.
Arnaques, crimes et botaniques
Le titre de Mighty Yell prend la forme d’un jeu d’aventure dans lequel nous aurons à discuter, choisir la bonne ligne de dialogue, récupérer les items nécessaires et réussir les petits mini jeux disponibles. Voler le contenu d’un portefeuille demande de réussir un jeu de jauge. Une flèche se déplace sur un rectangle dans lequel une petite zone bleue rétrécit avec le temps, à nous de lâcher le bouton dans la zone bleue. Si cette mécanique est simple et efficace, elle prend de plus en plus de temps dans notre avancée dans les niveaux. Il est toutefois possible de la rendre automatique à n’importe quel moment si une trop grande lassitude se fait sentir. Nous pouvons alors nous concentrer davantage sur la narration, mais nous perdons la seule difficulté de The Big Con.
Un autre mini-jeu consiste à flouzer, c’est-à-dire à demander de la monnaie sur une grosse somme, puis déconcentrer le compteur pour lui faire recommencer depuis le début malgré la somme déjà engrangée. Là encore, l’idée est intéressante, mais la mise en place est bien trop simpliste. Seules deux indications sont à retenir, un soupir et nous narrons une blague, un étonnement et nous racontons n’importe quoi. Cela est largement suffisant pour doubler notre mise à chaque tentative. Mais nous tournons encore trop vite en rond.
Des quêtes annexes parsèmeront notre aventure. Elles nous demanderont la plupart du temps d’atteindre tel ou tel lieu puis de dénicher le bon item. Rien de bien transcendant si ce n’est la narration. Les références aux années 90 sont de la partie. Que ce soit la partie graphique, qui rappelle le design de T-shirts dont les porteurs faisaient fureur dans les cours de récré, ou les multiples objets qui sont maintenant tombés en désuétude, nous naviguons dans un monde si semblable au nôtre et pourtant si éloigné.
Arrête-moi si tu peux !
Si d’un point de vue contenu et gameplay, le constat est plutôt plaisant, d’un point de vue technique, le résultat est bien plus contrasté. Il y a d’abord la petite durée de vie. Il est tout à fait possible de terminer cette histoire en à peine cinq heures. Et si celle-ci est sympathique, il est difficile d’en ressortir pleinement satisfait, tant nous avons toujours l’impression de faire la même chose tout au long de notre aventure. Le gameplay ne se renouvelle que trop peu et passer son temps à voler et arnaquer les gens sans aucun scrupule ni remords n’est pas non plus très gratifiant.
La prise en main est elle aussi sujette à caution. Si les actions de base ne posent aucun problème, déclencher un larcin et lancer une conversation se font, quant à eux, avec la même touche. Trop souvent les actions se confondent et il nous faut retenter plusieurs fois l’appui sur la touche Y en espérant ne pas relancer pour la cinquième fois le même dialogue. Ces dialogues, entièrement traduits en français sont de très bonne qualité et l’essentiel du pouvoir d’attraction de The Big Con vient de leur humour.
La partie graphique est bien plus soignée. Avec un design sorti tout droit de Sauvé par le Gong, une sitcom pour ado des années 90, les décors sont chargés de détails et font la part belle à un déluge de couleurs toutes plus étranges les unes que les autres. Il en ressort un jeu à la patte magnifiquement étrange qui ne lasse jamais et qui sait nous surprendre régulièrement en détournant des affiches de films cultes par exemple.
Plus gênants, de petits bugs ont parsemé nos sessions de jeu. Il y a d’abord les quelques lignes de textes non traduites, pas vraiment un problème, mais jamais agréables. Plus compliqué, pour chaque heure de jeu, un à deux blocages complets sont apparus après une sauvegarde automatique. Heureusement, relancer le jeu nous renvoyait au lancement de la saynète loupée. Cela reste toutefois désagréable.
Conclusion
À la limite du jeu d’aventure et du road movie pour adolescent, The Big Con du studio canadien Mighty Yell nous entraîne dans une histoire sympathique qui vaut davantage pour sa narration que pour les mécaniques de gameplay qu’il met en place. Facile à prendre en main et jamais compliqué, nous suivons les aventures d’Ali dans ce monde bariolé des années 90 sans foi ni morale. Les amateurs de dialogues soignés et d’aventures adolescentes seront aux anges, surtout que le titre est entièrement traduit en français. Les petits bugs présents sont pénibles et s’ils ne gâchent pas l’expérience, nous espérons qu’ils seront vite patchés.
LES PLUS
- L’esthétique années 90 mise en place est agréable et bourrée de détails amusants.
- La bande-son se laisse écouter sans gêner la progression.
- La prise en main est globalement efficace.
- Les mécaniques de gameplay sont faciles à comprendre.
- La narration est efficace et prenante de la première à la dernière minute.
- Les dialogues sont très bien écrits.
- Entièrement disponible en français.
- Il est possible d’automatiser le vol à la tir.
LES MOINS
- Les petits bugs sont pénibles.
- Les phases de pickpocket sont vite redondantes.
- La double utilisation de la touche Y est source de confusion.
- Les phases de flouze sont vraiment trop simples.