Dans le monde du jeu vidéo, les histoires se suivent et se ressemblent de moins en moins. Fini les errements adolescents pour savoir qui allait faire le titre le plus photo réaliste à base d’explosion d’hémoglobine… Comment ? C’est toujours le cas pour les gros AAA ? Mais personne n’y joue plus de cinq heures, ce n’est pas grave. Non, car dans ce monde de brutes, la vraie nouveauté vient des titres venus pour nous faire voyager dans leur univers calme et paisible. Malheureusement, ça ne les empêche pas de se finir eux aussi trop vite, mais l’essentiel, et le prix, sont ailleurs.
Tout n’est que calme et plénitude
Growbot fait partie de ces titres tels Samorost, Botanicula ou Machinarium. Des titres qui nous permettent de vivre une aventure dont les mécaniques sont directement inspirées des Point’n’click, mais dont leur intégration dans un monde doux et apaisant est un véritable tour de force et une expérience à part. Des jeux dont les références sont tellement éloignées de ce que nous pouvons vivre tous les jours, que chaque énigme posée par ces développeurs est d’abord et avant tout un choc des cultures.
Dans Growbot, nous incarnons Nara. Nara est une capitaine en formation. Elle doit rejoindre l’un des vaisseaux protecteurs pour y apprendre les rudiments du métier. Ces stations d’accueil, au nombre de six, forment un rempart protégeant leur monde. Celui-ci possède un écosystème extrêmement développé dans lequel toutes les formes de vie, aussi bien végétales qu’animales, vivent en harmonie et dont les growbot en sont les protecteurs. Malheureusement pour elle, et pour son peuple, sa propre station d’accueil est attaquée par une force cristalline qui vient tout bloquer sur son passage.
D’où vient cette menace, et comment en venir à bout tout en remettant en état son vaisseau de formation, autant de questions qui se poseront à nous et dont les réponses seront judicieusement distillées tout au long des deux à trois heures nécessaires pour en voir le bout. Et nous allons pointer tout de suite le plus gros problème du titre des anglais de Wabisabi Play : sa durée de vie. Les mécaniques de Point’n’click sont très pauvres, tout comme les énigmes dont il faut venir à bout. La nécessité de se creuser les méninges est quasiment absente tout au long d’une aventure qui se termine très vite.
Et c’est bien dommage, car pour le reste, la narration et l’univers mis en place sont intéressants et en parfaite cohérence. Le voyage que nous propose Growbot est un dépaysement total, dans lequel les règles de notre univers sont absentes. Si le besoin d’énergie est bien présent, celle-ci est fournie par un être possédant une galaxie dans son ventre et dont les oreilles libèrent de la vapeur lorsqu’il boit un thé spécial. Tout dans cet univers respire la douceur et la joie de vivre.
Et là, c’est le drame
Une fois en jeu, nous contrôlons Nara qui devra ramasser deux ou trois objets, jamais plus, et les utiliser, de manière évidente, sur le seul objet de la salle qui semble en avoir besoin. C’est vraiment très faible pour un Point’n’click. Pour rehausser le niveau, des énigmes viendront nous demander d’utiliser nos talents de débloqueur de casse-tête. Une fois encore, ceux-ci sont faits pour être résolus par le commun des mortels, et il ne nous est jamais arrivé d’être bloqués par une énigme.
La dernière mécanique, plus originale, nous demande de mélanger et d’utiliser les sons produits par les différentes espèces de la flore locale. Celles-ci forment alors un orgue végétal sur lequel nous pouvons jouer et composer des morceaux. Nos compositions peuvent ainsi créer des clés sonores, qui seront nécessaires pour débloquer certains passages ou pour attaquer les cristaux présents. Une idée intéressante reprise du vénérable Loom, un Point’n’click cultissime sorti en 1990 et produit par Lucasfilm Games. La simplicité est cette fois-ci adaptable, et c’est tant mieux.
Les amateurs de sonorités pourront s’amuser à écouter solennellement la mélodie à reproduire, puis à la décomposer avec les fleurs nécessaires. Les joueurs n’ayant point l’âme musicale se contenteront de regarder le nom des plantes qui s’affiche une fois l’aide activée. Dans tous les cas, il n’est pas très compliqué de reproduire les morceaux, et nous avançons toujours rapidement sur ces parties. Mais le principal problème avec cette partie, c’est qu’elle manque cruellement de folie. Les effets que nous déclenchons grâce à notre musique sont très simples et ne se renouvellent jamais.
D’un point de vue technique, c’est un peu aussi la douche froide pour cette version Switch. Si les graphismes sont magnifiques et irréprochables, de nombreux freezes entachent notre expérience et nous font sérieusement penser que le jeu a crashé. De la même façon, les contrôles sont loin d’être optimisés pour notre console hybride. En docké, nous déplaçons un curseur avec les problèmes de lenteur que cela engendre, tandis qu’en nomade, le tactile est loin d’être efficace. Il nous faut alors employer un fonctionnement mêlant ces deux facettes pour optimiser notre temps de jeu.
Conclusion
Growbot du studio Wabisabi Play est une expérience qui commence par nous émerveiller avant de tout doucement finir par nous lasser. Si son univers est fascinant, ses mécaniques de Point’n’click sont sous-exploitées, ses énigmes bien trop simples, et seule l’utilisation de l’orgue fleural apporte un peu de nouveauté, bien que des titres cultissimes comme le Loom de Lucasarts faisait bien mieux il y a déjà 30 ans. Alors certes, il propose une expérience calme et relaxante qui aurait pu suffire à en faire un titre plaisant, mais ses contrôles lourds, ses freezes, et sa très faible durée de vie viennent gâcher ses qualités. Nous espérons qu’un patch vienne corriger ces défauts, mais à l’heure où sont écrites ces lignes, nous ne le conseillons pas, surtout à plein tarif.
LES PLUS
- Les graphismes sont magnifiques et très détaillés
- La bande-son est relaxante à souhait
- La très faible difficulté en fait un parfait jeu pour faire découvrir le Point’n’click
- La narration est pleine de bons sentiments et efficace
- L’univers mis en place est intéressant à découvrir
LES MOINS
- L’orgue végétal est sous-exploité
- Les énigmes sont vraiment très simples
- Les mécaniques de Point’n’click sont sous-exploitées
- La durée de vie de 2 à 3 heures est vraiment faible
- Les contrôles ne sont pas adaptés à une utilisation à la manette
- Les fréquents freezes d’écran sont pénibles
- La comparaison avec Loom fait très mal
il me tape dans l’œil celui-là, ses défauts ne vont pas me freiner.