Action/platformer sorti le 28 juillet 2022 sur Nintendo Switch, Xbox One et Series ainsi que sur PC, Azure Striker Gunvolt (ASG) 3 est développé et édité par Inti Creates, studio fondé par des anciens de Capcom ayant planché sur des licences bien connues des joueurs, à l’instar de Mega Man, Bloodstained ou Gal Gun. Attendu au tournant, leur dernier-né se révèle-t-il aussi convaincant que les deux premiers opus parus sur 3DS, sans oublier ce tandem de spin-off dédiés au personnage de Coppen, jouable dans le second épisode de la franchise ? C’est ce que nous allons voir, ensemble.
Le contexte
Dans l’univers d’ASG, humains et adeptes, dotés de super-pouvoirs (le Septima), cohabitent de moins en moins pacifiquement à mesure que les seconds prolifèrent, au grand damn des premiers, peu rassurés (coucou X-Men). Sumeragi, géant capitaliste de la technologie, en profite pour s’emparer du pouvoir à la (dé)faveur d’un coup d’État et instaurer une ségrégation institutionnalisée à l’encontre des mutants, traqués, massacrés ou capturés, puis étudiés en laboratoire, disséqués ou exploités.
Dans l’ombre cependant, la résistance s’organise. Opérant en tant que mercenaire pour le compte de cette dernière, nous incarnions au sein des précédents volets un adepte du nom de Gunvolt capable d’à sa guise manipuler l’électricité. Cette nouvelle itération s’inscrit donc assez logiquement dans leur continuité, bien qu’elle puisse totalement s’appréhender indépendamment, rassurez-vous.
Plusieurs décennies se sont ainsi écoulées depuis ASG2. Sumeragi n’a cessé d’étendre son emprise jusqu’à faire main basse sur le marché de l’énergie tandis que Gunvolt a disparu. Au cœur de l’intrigue, Krilin, prêtresse de combat relevant d’une société jumelle, est dépêchée dans un complexe secret de Sumeragi afin d’enquêter sur l’anormale concentration de glaives en ces lieux, barrières de protection contre les plus puissants des adeptes. Confrontée à un dragon primordial, forme ultime du Septima poussé au paroxysme de son évolution, qu’elle entreprend de purifier, quelle n’est pas sa surprise quand Gunvolt, asservi, en surgit, Sumeragi produisant à partir de son pouvoir d’énormes quantités d’énergie destinées à la population. Le hic ? L’exposition prolongée des adeptes à ces flux anarchiques favorise effectivement leur transformation en dragons primordiaux. Gunvolt, fraîchement libéré de ses chaînes, et Kirin vont donc tâcher d’empêcher le chaos qui se profile à l’horizon. L’histoire, sans détours inutiles, s’appréhende facilement.
Le fond
Ainsi contrôlez-vous Gunvolt et Kiron. Celle-ci peut lancer des talismans avec le bouton Y, sauter avec le bouton B, sprinter avec le bouton L, administrer des coups de katana avec R, foncer sur les ennemis frappés d’un talisman avec le bouton A, user de son attaque ultime avec le bouton X et de ses compétences secondaires grâce au stick droit. Son atout majeur réside dans les talismans – 7 en réserve, rechargeables en appuyant deux fois sur la flèche du bas – qu’elle projette, occasionnant de gros dégâts.
Gunvolt, quant à lui, dispose de la capacité de sauter à l’infini. C’est avec Y qu’il tire sur ses adversaires, avec A qu’il les charge, flotte et les gratifie d’arcs électriques bien sentis avec R, tout en bénéficiant également d’une compétence ultime en appuyant sur X. Le tir, s’il n’engendre pas de dégâts à proprement parler, permet de verrouiller une cible avant de fondre sur l’heureux élu ou de lui balancer 10 000 volts, paf en pleine face. Avantages non négligeables, ses dash aériens et au sol avec L, auxquels s’ajoute un bouclier natif le protégeant des projectiles physiques, actif lorsque vous n’attaquez pas. En gros, Gunvolt, immortel, pare automatiquement les assauts.
Vous jouerez toutefois principalement Kirin, Gunvolt prenant le relais au moyen d’une simple pression sur ZR ou ZL sitôt remplie la jauge d’entrave (située en haut à gauche de l’écran) : il suffit ensuite de se déchaîner tant que ladite jauge n’est pas épuisée. Game over si Kirin meurt, à moins que…
À moins que Lumen, Idol IA vous accompagnant tout au long de votre aventure, ne vous ressuscite en chantant et ne vous renforce, en tout cas jusqu’au prochain trépas, à condition néanmoins d’avoir accumulé suffisamment de Kudo, basiquement le système de scoring du jeu. Vous emmagasinez en effet un nombre croissant de points en enchaînant combos dévastateurs et compétences spéciales. Bonne nouvelle d’ailleurs, ce dispositif a été revu pour le meilleur dans ASG3 puisqu’il ne régresse plus, désormais, en fonction d’un niveau de difficulté prédéfini – à titre d’exemple, en mode hard, le Kudo retombait à zéro à la première erreur de combo – mais en fonction de la puissance de l’attaque que vous encaissez. Plus question, donc de réinitialisation ou de paramétrage préalable : une simplification bienvenue !
Autre nouveauté d’ampleur, dévoilée dans le trailer, les impulsions d’image de types actif, passif et chanson. Passons rapidement sur les chansons, qui vous autorisent à modifier l’OST lorsque Lumen fredonne. Beaucoup moins anecdotiques, les impulsions actives convoquent certaines des attaques emblématiques des héros de la série, à équiper comme bon vous semble dans la limite de quatre par mission. En poussant le stick droit dans une direction, Kirin bénéficie de leurs effets respectifs : soin, dégâts accrus, réduction du temps de latence des autres compétences, etc.
S’agissant enfin des impulsions passives, elles vous accorderont divers boosts (plus d’expérience et d’argent, réduction des dégâts…) et aptitudes supplémentaires, à l’image de la télesquive, soit l’esquive automatique d’un coup pour peu que Kirin ait assez de talismans en réserve, ou la possibilité de s’accrocher aux murs. Ces bonus s’acquièrent en récupérant des items bleutés au cours des niveaux ; du nombre amassé dépend ensuite une mécanique de gacha vous donnant aléatoirement droit à l’une ou l’autre de ces impulsions. Mais pas de panique, car je vous vois venir : les doublons sont automatiquement convertis en un beau paquet de fric, eu égard à leur rareté. Mieux, estimons-nous heureux que les développeurs n’aient pas tout bonnement recyclé les gouffres à pognon en vigueur sur smartphone ; ici, vous n’aurez pas un centime à débourser.
En matière de contenu, le titre, divisé en 2 actes riches de 4 missions chacun en sus des interludes et de la phase finale, peut s’enorgueillir d’une quinzaine de niveaux. Chaque mission s’articule autour d’un même pattern, à l’exception de l’introduction et de l’ultime boss : 2 phases de plateforme entrecoupées d’un mini-boss, avant l’incontournable boss de fin de parcours. Petite facétie propre à ASG3, les boss vaincus se relèvent parfois, flanqués eux aussi d’une Idol IA, bien que leur barre de vie soit alors divisée par 3. Pas de jaloux ! À l’issue de ces affrontements, Kirin obtient en outre un nouveau mouvement. Bref, les férus de Mega Man évoluent en terrain connu.
Le ranking, pour sa part, dépend de la vitesse d’exécution de la mission et du cumul de points, l’objectif demeurant (évidemment) de décrocher un pimpant S++, quoique parfaitement inutile, quitte à relancer le niveau. Ego, quand tu me tiens… Franchement bien foutu, le level design, à la courbe de difficulté harmonieusement dosée, nous incite à recourir d’instinct au panel varié d’actions et mouvements qui nous est soumis. Aux abonnés absents en revanche, les objectifs bonus des moutures 3DS dont nous pleurons la disparition, qui exigeaient en échange de récompenses toujours bienvenues, d’achever les missions en privilégiant les capacités indiquées.
Globalement moins ardu que ses prédécesseurs, ASG3 se boucle en 4 heures pour qui se contente du minimum syndical et de la mauvaise fin (il y en a plusieurs, si, si). Aussi tablez plutôt sur le double si vous vous savez l’âme d’un complétionniste. Au moins l’anglais ne vous fera-t-il pas obstacle, le titre s’avérant entièrement traduit ; quelques termes iconiques de la saga perdent toutefois de leur saveur dans la langue de Molière. Bien sûr, rien n’interdit aux puristes de basculer vers la version originale, de même que de revoir dans son intégralité la configuration des touches, optimisant encore l’expérience de jeu. Un excellent point !
La forme
Visuellement léché, ASG3 jouit d’un pixel art très expressif en jeu, se doublant de cinématiques dessinées largement aussi réussies. La direction artistique parvient à ses fins : préserver le confort de l’oeil en dépit du joyeux foutoir à l’écran ; en docké comme en portable, l’on distingue aisément qui est quoi, qui fait quoi… Quoi fait qui ? L’update graphique par rapport aux titres fondateurs sur 3DS se fait clairement ressentir, malgré des phases d’action perfectibles dont le rythme frénétique n’affecte, toutefois, nullement la fluidité du jeu qui tourne parfaitement, sans excès de lag.
Cristallisant toutes les attentes, la bande-son non plus ne démérite pas, loin de là, comptant pour chaque niveau un morceau spécifique, plutôt adapté à sa thématique. D’autant plus que ceux-ci, d’inspiration electro, laissent bientôt place à de la J-POP pure et dure lorsqu’une fois remplie la jaude de Kudo, Lumen entame son hymne : de quoi doubler, et varier, le répertoire ! Allergiques à la pop nipponne, passez votre chemin (ou coupez le son) ! Plus généralement, la balance entre dialogues, bruitages (tirs, attaques, etc.) et musique, à l’ajustement variable au gré des circonstances, se montre bien équilibrée. Les doublages, en anglais comme en japonais, ont de surcroît fait l’objet d’un soin tout particulier.
Conclusion
Dans la droite lignée de ses aînés, Azure Striker Gunvolt ne s'interdit toutefois pas quelques nouveautés, disséminées çà et là. L'expérience de jeu en ressort grandie, assortie d'un gameplay aux petits oignons combinant les aptitudes de Kirin et Gunvolt, d'une DA de bon aloi, d'une bande-son très réussie et d'une narration sympathique, en-dehors de rares errances dans la traduction et d'une durée de vie pas exceptionnelle, même pour le prix de 24 euros.
LES PLUS
- Le système d'impulsions d'image, pratique pour personnaliser ses compétences...
- Traduit en français …
- Kirin et Gunvolt, très plaisants à jouer
- Une histoire simple mais efficace
- La rejouabilité des missions
- Les doublages de qualité
- Pouvoir mapper les touches à sa convenance
LES MOINS
- … mais gâché par son pendant obscur, à base de gacha
- … bien que certaines expressions perdent de leur sens originel
- On peut encore faire mieux graphiquement
- Trop court, on en veut plus !
- La J-POP (une affaire de goûts)