1997 (!). Entouré d’un fort succès, le titre « Theme Hospital », développé par le non moins célèbre Bulfrog, sort de l’ombre et se dévoile sur PC. Les joueurs y découvrent alors un jeu de gestion d’hôpital inoubliable, avec des répliques de haut-parleur qui resteront gravées dans leur mémoire. La simulation se prête sans mal à toutes sortes de fantaisies, avec des maladies tout aussi extravagantes que loufoques. La tête gonflée remporte la palme des maux improbables.
Porté par un tel succès, les joueurs n’ont guère oublié cette excursion insolite dans le milieu hospitalier, et Theme Hospital reste un souvenir assez puissant dans l’esprit des plus aguerris du genre.
2022. L’attente fut longue ! 25 ans plus tard (!!!), nous voilà cette fois-ci plongés dans le monde universitaire, avec ses cursus multiples et variés, mais aussi et surtout, avec ses étudiants qui veulent réussir tout en faisant moult et moult fiestas. La jeunesse, quoi !
Les études, c’est un peu comme une sacrée grande boîte de chocolats : nous ne savons jamais vraiment sur quoi nous allons tomber ! Si si ! Entre les locaux plus ou moins modernes ou désuets, les professeurs plus ou moins investis et les copains plus ou moins sympa, il y a effectivement de quoi bâtir un univers particulièrement varié selon les parties et la volonté des joueurs (et des développeurs pour aiguiller tout cela, tout de même). Two Point Campus propose deux modes de jeu : le copieux bac à sable permettra de laisser libre court à l’imagination des joueurs pour celles et ceux qui le souhaitent, tandis que les autres s’attèleront aux missions et seront à la tête d’une dizaine de facultés, chacune orientée globalement sur un thème bien précis. À chacun son style de jeu. Notre conseil ? Faites les deux !
Entre les bons petits plats et les joutes chevaleresques
Admettons-le avec bonheur : nous avons été (très) agréablement surpris par cette nouvelle simulation particulièrement aguicheuse. Si notre arrivée sur le soft pouvait laisser entrevoir un intérêt limité par une première mission assez classique, il n’en était rien. En effet, la première université dans laquelle il vous faudra faire vos preuves est assez traditionnelle, mais elle s’avère parfaite pour prendre en main le jeu et avancer sereinement dans la multitude de tâches qui vous seront peu à peu confiées.
Chaque faculté débute par une courte vidéo, accompagnée d’une voix off (sous-titrée en français). Le joueur est ainsi amené à découvrir l’environnement dans lequel il va travailler pour les prochaines années (virtuelles, donc rapides, rassurez-vous !). Ces petites séquences ont le mérite d’exister et de poser le décor. Mais force est de constater que les graphismes n’ont rien de bien folichons ici, ils sont assez vides et finalement peu esthétiques. Nous ne nous y attarderons pas.
Bien entendu, la première mission prend les allures d’un épais tutoriel, avec de nombreux conseils et de multiples astuces pour apprendre aux joueurs tous les rouages d’un maître de cérémonie universitaire. Cette prise en main, nous la redoutions beaucoup… Elle peut s’avérer chaotique sur console tandis qu’elle brille sur PC. Rapidement, nos craintes se sont estompées et nous avons apprécié le choix des développeurs : la touche Y permet d’ouvrir le menu consacré à la construction. Les boutons L et R déploient à la suite les menus de gestion, tels que les formations, les emplois du temps, mais aussi la gestion du personnel ou encore les prêts auprès des organismes bancaires. Sur le papier, cela peut paraître un peu rébarbatif, mais dans les faits, les touches sont bien sélectionnées et permettent d’atteindre les différentes catégories sans difficulté.
Revenons à nos petits étudiants sur lesquels nous nous faisons la main ! Ces derniers s’affichent à l’écran avec plus ou moins de folie, certains s’affairent à suivre les cours avec assiduité tandis que d’autres ne songent qu’à rejoindre le syndicat des étudiants afin de vous solliciter pour mettre en place de nombreuses soirées. Les apprentissages, c’est bien. Les soirées, c’est encore mieux !
Le joueur devra ainsi continuellement jongler entre ces deux aspects importants : la formation en tant que telle, et le bien-être de ses étudiants mais aussi de son personnel. De nombreuses salles sont à disposition, et ne cessent d’augmenter au fil de l’avancée dans le jeu. La construction de ces dernières rappellent loooooourdement celle de Theme Hospital. Les habitués retrouveront vite leurs marques, avec les petites poubelles, les radiateurs et les plantes vertes un peu partout. Les petits nouveaux comprendront très vite la mécanique de construction et la nécessité d’offrir aux résidents un cadre de vie vaste et agréable. La qualité des formations, mais aussi leur nombre et l’ensemble des locaux annexes, permettront d’attirer toujours plus d’étudiants (et de leur soutirer des frais de scolarité toujours plus importants !), tandis que vous resterez le maître de l’embauche de votre personnel. Les professeurs pédagogues se recrutent avec précision en fonction de leurs compétences, tous comme les assistants ou les concierges qui seront multitâches. Vos équipes devront elles aussi être formées afin de devenir de plus en plus compétentes, et ainsi délivrer un contenu de qualité aux étudiants assoiffés de savoir.
Difficile de nous contredire : nous travaillons mieux dans un cadre propre et confortable. De fait, un soin important doit être porté sur l’esthétisme et la propreté des lieux. L’investissement n’est pas anodin puisque vos étudiants se montreront souvent plutôt capricieux et ne manqueront pas de vous solliciter, par un petit mail parfois assez insistant, pour l’acquisition de nouvelles structures, nouveaux décors, et autres bouquins plus ou moins onéreux qu’il serait bon d’acheter. Acheter, acheter, acheter. Vous n’allez faire que ça !
Le paiement s’effectue en dollars dans la grande majorité des cas. Au-delà des constructions et autres achats traditionnels, il sera nécessaire de mettre la main au porte-monnaie pour former convenablement vos équipes, pour programmer vos soirées les plus folles, mais aussi pour améliorer vos machines ou encore pour lancer de nouvelles recherches. La réussite de certains objectifs permet de débloquer des Kudosh, une seconde monnaie d’échange qui vous sera utile afin d’acquérir toutes sortes de nouveautés, de ce petit banc d’amoureux pour accroître les relations amoureuses de vos étudiants (oui oui… Il y a même un lit d’amoureux !), jusqu’au poster criard à placarder sur tous les murs pour rendre vos locaux plus attrayants encore.
Les formations, quant à elles, se débloquent grâce aux points de formation et vous permettent de mettre en place des cours complètement foufous. La robotique, ça vous tente ? À nouveau, plus vous évoluerez dans le jeu, plus l’offre des formations va s’étoffer.
Le grand gourou des universités
Afin de devenir le plus grand des gérants de facs, il va falloir en comprendre tous les rouages. Chaque mission comporte son flot d’objectifs plus ou moins aisés, ses caractéristiques et ses petites pépites… L’ensemble de vos universités est récapitulé sur une carte, stipulant les caractéristiques de chacune. Comme il est coutume dans le milieu, il convient de réussir un minimum la mise en place d’un campus avant de pouvoir débloquer le suivant.
Le temps est compté par mois et par année scolaire. Ainsi, il va falloir vous retrousser les manches afin de tenir le rythme : chaque fin d’année donne lieu à un bilan. Combien d’étudiants ont échoué ? Combien ont obtenu leur diplôme ? Combien seront encore chez vous l’année prochaine ? Avec persévérance vous parviendrez à décrocher les trois étoiles pour chacune des missions proposées. Il faudra très probablement être un peu patient (et accélérer le temps) pour clôturer certaines requêtes, mais plutôt que d’attendre que les mois passent, ce sera l’occasion de faire quelques zooms aiguisés sur votre étudiants…
Salut les copains !
Bien qu’il suinte littéralement de partout son prédécesseur Theme Hospital, Two Point Campus parvient à se faire son petit nom et son petit monde bien à lui… En reprenant les ingrédients qui ont fait mouche. Ainsi, en prenant le temps de zoomer sur les étudiants, vous découvrirez toutes leurs facéties, leurs extravagances. Il serait dommage de passer à côté d’une des petites saveurs du titre, qui n’est autre que l’humour… Les jeux de mots sont fréquents, les dessins sont volontairement ronds et colorés… Le résultat est homogène, avec une ambiance bon enfant tellement agréable. Le joueur n’a qu’une seule envie : faire sortir de terre la plus belle des universités, à la fois à son image, mais aussi aux goûts de tous ses pensionnaires.
Les musiques s’enchaînent comme si elles sortaient directement d’un vieux jukebox. Certaines sont plus fun que d’autres. Les haut-parleurs, quant à eux, sont particulièrement volubiles. Souvenir, souvenir…
Quartier liiiiibre !
Impossible de clôturer ce test sans vous toucher quelques mots du bac à sable. Rappelons qu’il est nécessaire de se faire succinctement la main sur les premières missions du jeu pour le débloquer. Un choix judicieux des développeurs puisque le jeu est si riche qu’il est important de parfaitement le prendre en main pour en profiter pleinement.
Une fois cette étape terminée, à vous le grand bac à sable !
Quelle âme donnerez-vous à VOTRE campus ? Avant toute chose, il vous faudra sélectionner votre carte, le siège de votre travail. Le nombre de terrains disponibles sur la zone est précisé afin de mettre en avant les capacités d’accueil du territoire. N’espérez tout de même pas faire un campus sans limite… Une certaine restriction reste imposée, ce qui pourrait frustrer les joueurs les plus acharnés. Néanmoins, les capacités de la console ne seraient probablement pas à la hauteur de tels édifices… Nous y reviendrons.
Le choix du mode vous permettra, dans un second temps, de paramétrer votre partie selon vos humeurs. L’épreuve peut alors être standard avec une difficulté équilibrée, plus ardue avec un fond de départ réduit, plus simple avec des finances imposantes (youpiiiiiiii), ou encore personnalisée (l’argent et les Kudosh disponibles au départ, mais aussi les points de formations et même la température !). La création est plutôt notre dada… Alors c’est sans grande hésitation que nous avons sélectionné le mode créatif, avec des finances confortables.
Malgré l’ouverture du mode bac à sable, le joueur n’est pas laissé à l’abandon devant son grand lopin de terre. Guidé, voir tenu par la main, il sera dans un premier temps nécessaire de sélectionner une formation. Enfin, une… Le mode créatif nous offre 1000 points de formation au démarrage ! De quoi se laisser tenter par quelques extravagances ! Et si nous bâtissions un campus complètement décalé avec des cours d’entourloupes et de carottages ? Vous n’y croyez pas ? Ahah, vous n’avez encore rien vu !
Laissant libre court à notre imagination (là est bien le Saint-Graal du bac à sable…), nous avons même tenté la construction de bâtiments de formes incongrues. Nous avons néanmoins été passablement déçus de ne pas pousser la personnalisation plus loin encore. Nous voilà bien gourmands face à l’opulence des capacités qui nous est pourtant déjà offerte !
Enfin, nous avons tout retiré. Crac. Boum. Plus rien. Nada. Ah ! Nos étudiants étaient tous perdus… Accélérons le temps afin de pousser le soft dans ses pires retranchements. Le rouge commence à envahir notre écran, le campus se vide, les étudiants abandonnent le navire, esseulés et déprimés. Les bâtiments sont jonchés de détritus, et bientôt l’inspecteur académique vient nous rendre visite… Ça va faire mal ! (Par contre, le maire, lui, a aimé le campus vide, à notre grande surprise !)
Pauvres petits étudiants ! Notre façon de nous faire pardonner ? Leur offrir pour l’année prochaine le meilleur campus de tous les temps. Vous tenez le pari de faire mieux ?
Quelques petites imperfections
Malgré un confort et un plaisir de jeu indéniables, certains aspects peuvent être améliorés. Nous avons en effet rencontré quelques bugs, avec quelques retours intempestifs sur l’écran d’accueil de la Switch. La sauvegarde est, fort heureusement, fréquente. Aussi, la petite console montre ses limites alors que le campus devient de plus en plus vaste et populaire, avec des ralentissements perceptibles, parfois plus soutenus encore lors du retour dans le menu.
Enfin, le zoom arrière présente de sévères lacunes. Il devient rapidement difficile de s’orienter dans une grande université disposant d’un certain nombre de bâtiments. En effet, le zoom arrière est très limité et ne permet pas une grande visibilité des terrains. Nous nous sommes perdus plusieurs fois…
Soulignons tout de même une activité certaine des développeurs, avec des mises à jour d’ores et déjà disponibles tandis que le jeu est sorti il y a peu. Nous avons ainsi bon espoir que le jeu poursuivra son perfectionnement, et pourquoi pas son évolution d’ici quelques semaines.
Two Point Campus est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch au prix de 40 euros environ. Une version boîte est disponible.
Vous souvenez-vous ?
Les patients sont priés d’être patients.
Les patients sont priés de ne pas mourir dans les couloirs.
Il est interdit de vomir dans les couloirs.
Un médecin est demandé en salle de gonflage !
Le saviez-vous ?
Two Point Hospital est disponible sur Nintendo Switch, pour toutes celles et ceux lourdement en mal de la gestion d’un hôpital !
Conclusion
Transpirant son prédécesseur hospitalier dans tous les moindres recoins, Two Point Campus n’en reste pas moins une véritable petite pépite indispensable pour tous les amoureux des jeux de gestion. Son contenu riche, sa jouabilité assez bluffante malgré un support console, et son univers plein de couleurs et d’humour, sont autant d’atouts sans équivoque de sa qualité indéniable. L’originalité des campus bâtis est particulièrement fun, avec des thèmes populaires et des formations toujours plus atypiques. Two Point Campus parvient à accrocher le joueur de nombreuses heures, avec une envie irrépressible d’y revenir pour faire de son parc universitaire le meilleur campus de tous les temps. Même si le jeu finit par montrer ses limites et ne manque pas de quelques petits bugs, nous sommes comblés par ce soft qui surpassent même nos attentes pourtant assez conséquentes. Vous hésitez ? N’hésitez plus !
LES PLUS
- Un univers original, fun et plein d’humour.
- Un riche contenu à déverrouiller.
- Une bonne jouabilité malgré la complexité indéniable à mettre en place un tel jeu de gestion sur console.
- Un bac à sable qui permet de se lâcher un peu.
- Cette ressemblance avec l’inoubliable Theme Hospital.
LES MOINS
- Quelques bugs et ralentissements.
- Un zoom arrière ridicule.
- Haut-parleurs anglais, dommage !