Entre corridors obscurs, pièces éclairées à la seule lueur d’un téléviseur et moult silences oppressants, on ne saurait mieux dire s’agissant du jeu Madison que, dans sa chanson éponyme, Bernard Lavilliers au sujet de la peur qui “tire tes volets vers les huit heures du soir, et renforce tes gonds et ferme tes couloirs. Dans le silence humide où la télé allume, son œil unique aux reflets bleutés dans la brume.”
“Atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?”
Misant sur l’horreur psychologique en vue à la première personne, Madison préfère aux combats et contraintes habituellement propres aux survival, les énigmes, l’enquête et la découverte de l’angoissante demeure, glauque à souhait, dans laquelle se réveille notre héros, Luca. C’est en effet par l’interaction avec les éléments du décor qu’il combine à l’envi, que le joueur pourra s’extraire d’un mauvais pas.
En faisant légèrement pivoter un poste de télévision allumé, on parvient par exemple, dès les premiers instants du jeu, à deviner dans un recoin sombre la silhouette d’une poignée tombée sous un canapé, dont il convient de s’emparer afin de récupérer dans un tiroir verrouillé, le marteau nécessaire à la démolition des planches condamnant l’accès à la pièce suivante. Le système, bien que très classique, fonctionne à merveille.
Luca met en outre rapidement la main sur un Polaroïd, celui-là même dont on s’arrachait les clichés à développement instantané dans les années 90, non sans d’abord les avoir éventés. Ainsi garde-t-on trace du moindre graffiti suspect, ou révèle-t-on à l’occasion un passage dérobé en pointant l’appareil dans la direction appropriée, au moment opportun. Ponctuant l’événement, l’écran qui vibre alors ne manque jamais de surprendre un joueur dans l’expectative, d’autant que la vue FPS renforce notablement l’immersion.
Certes particulièrement réussi visuellement, le titre scénaristiquement, ne s’éloigne guère des sentiers battus ; évidemment, la bâtisse révèle peu à peu de sombres secrets relatifs à l’hérédité du protagoniste principal, son grand-père féru d’horlogerie, ce fameux Polaroïd aux fonctionnalités inédites mais aussi la mystérieuse Madison, qui donne son nom au jeu.
N’aie pas peur de vivre si tu as peur de mourir
Madison s’illustre par sa gestion pertinente du son et des silences qui, s’immisçant sporadiquement malgré le grondement permanent de l’orage, l’écho de lointaines chutes d’objets et les grincements de porte, provoquent un profond sentiment de malaise. Parce qu’il ne succombe pas aux nappes de synthé typiques du genre, le sound design, tout bonnement, surprend, excelle et ravit.
Si l’impossibilité de sauvegarder manuellement et les huit emplacements – seulement – de l’inventaire, contraignent parfois le joueur à poursuivre la partie contre son gré, ou laisser à leur triste sort certains coffres et leur dû, le HUD du titre nous facilite toutefois la vie par sa signalétique, à l’instar de l’icône d’un oeil signalant au survol, un item observable ; le picto d’une mini-sacoche nous incitera pour sa part, à plutôt lorgner du côté des objets déjà stockés.
Sous ses airs d’escape game horrifique accessible la majeure partie du temps, Madison sait aussi se montrer particulièrement retors ; en pareil cas, le joueur éploré n’a d’autre choix que de rebrousser chemin, passant et repassant au peigne fin les alentours et salles préalablement visitées. L’aventure pour en voir le dénouement, exige de toute façon de consentir à un certain nombre d’allers-retours au cours des 5 à 6 heures qu’elle dure environ, selon la capacité effective de chacun à démêler ou non, les situations les plus inextricables.
Conclusion
Soufflant le chaud et l’effroi, Madison, fort d'une atmosphère autrement plus angoissante que les nombreux jump scare à ponctuer le périple, respecte la promesse initiale d'effrayer tout en triturant les méninges du joueur, dont il flatte par ailleurs la rétine et les tympans.
LES PLUS
- Une ambiance sombre
- Des énigmes variées
- L’utilisation du Polaroïd
- Une gestion des sons efficace
- Beaucoup de jump scares
LES MOINS
- La gestion de l’inventaire