Il y a des jeux qui nous font du bien. Des jeux qui, par leur concept intéressant, font défiler les heures sans que nous ne nous en rendions compte et qui, au moment où il faut bien aller se coucher, nous font faire de beaux rêves. Youropa, du studio danois Frecle, sorti sur PC en 2018 et arrivant sur Switch en cette année 2022, est de ceux-là. Avec son concept amusant et son ambiance soignée, il va nous emmener dans son monde et peut être même un peu plus, voici pourquoi.
Tu me fais tourner la tête
Il faut bien avouer que dans un premier temps, Youropa nous laisse un peu perplexe. Nous débarquons dans un Paris qui a éclaté en morceau et dont ceux-ci flottent au gré de leur envie. Nous apercevons au loin une tour Eiffel déconstruite dont les étages ne sont plus qu’un lointain souvenir. Nous décidons toutefois d’en faire notre but à atteindre et commençons à suivre un chemin semé d’embûches.
Pour parcourir ce chemin, nous contrôlons un drôle d’avatar dont la jauge de vie est symbolisée par la peinture dont il est badigeonné. Celui-ci n’est pas très agile au moment où nous en prenons le contrôle. Son seul pouvoir est de posséder des ventouses à la place des pieds. La gravité n’est plus qu’un lointain souvenir pour ce drôle de bonhomme sans visage. En effet, tant que la surface sur laquelle il marche ne possède pas d’arête, il peut continuer à la fouler sans aucun problème, atteignant ainsi les zones les plus renversantes des stages qu’il lui faut traverser.
Ces premiers niveaux sont donc l’occasion pour nous de nous familiariser avec un level design jouant parfaitement sur la 3ème dimension et sur les zones cachées. Chaque lieu que nous parcourons est assez limité en taille, mais les recoins sont suffisamment nombreux pour nous permettre d’avoir le sentiment de devenir un petit explorateur. Pour avancer, il nous faut passer à travers des portes. Malheureusement, celles-ci sont la plupart du temps fermées et il faut trouver où se cache l’interrupteur qui va l’ouvrir.
Certains de ces interrupteurs sont situés sur d’autres parcelles et nous devons alors partir explorer d’autres lieux pour ensuite revenir à notre point de divergence et nous rapprocher de notre objectif. Pour nous retrouver dans cet imbroglio de mondes flottants, une carte générale nous permet d’avoir un visuel sur le tableau que nous parcourons et sur le chemin que nous devons ensuite suivre. Nous pouvons aussi voir que chaque niveau comporte des collectibles cachés à récupérer de différentes sortes, de quoi charmer les amateurs de complétions.
You’ve Got the Power
Assez rapidement, notre avatar va pouvoir débloquer de nouveaux pouvoirs. Le premier lui permet de déplacer la caméra en mode panoramique pour pouvoir découvrir les codes secrets cachés à l’arrière du décor. Heureusement pour nous, il n’est jamais nécessaire de spammer cette fonction pour être sûr de ne rien rater. Lorsque c’est nécessaire, un œil peint à la bombe nous indique que cette action est nécessaire.
Le second pouvoir nous permettra d’attraper des objets puis le troisième nous permettra de leur donner un bon coup de tatane. S’offre alors à nous de nouveaux puzzles, certes assez classiques pour le genre, mais toujours efficaces. Régulièrement de nouvelles capacités viendront se greffer à celles que nous possédons déjà venant renouveler un gameplay qui ne se repose jamais et qui nous maintient captivés jusqu’au dénouement de notre périple.
L’autre point fort de Youropa est de ne jamais se contenter du minimum. À ces phases de puzzles/réflexion viennent s’ajouter des ennemis ainsi que la gestion de l’eau. En effet, être de peinture oblige, nous craignons l’élément aqueux plus que tout. À nous de trouver comment éviter ces jets intempestifs ou ces pluies mortelles. D’autres dangers peuplent bien sûr notre parcours. Entre des blocs à bouger, des lanceurs, des zones glissantes, des plateformes bien peu solides et des tuyaux, il y a de quoi s’amuser sans jamais sentir de sentiment de déjà vu.
Heureusement pour nous, les niveaux que nous allons parcourir sont assez limités en taille et si un coup et une chute nous étourdissent pour un temps et nous font perdre notre peinture, mourir n’est jamais vraiment pénalisant. En effet, atteindre la fin de sa réserve de santé signifie juste revenir à la dernière sauvegarde automatique. Celle-ci étant très régulière, nous revenons quasiment toujours à la plateforme que nous venons de quitter en cas de décès. La frustration ne pointe jamais le bout de son nez.
Un lever de soleil permanent
D’un point de vue technique, les danois de chez Frecle ont peaufiné leur titre pour nous offrir une version Switch vraiment agréable. Les niveaux que nous parcourons regorgent de détails, mais s’il est si plaisant de s’y promener, c’est d’abord via la gestion de la lumière. Même en portable, nous sommes toujours plongés dans une ambiance lumineuse du plus bel effet. La bande-son va dans le même sens en se montrant toujours douce et reposante.
La peinture corporelle de notre avatar est entièrement personnalisable, il est possible de débloquer des sets de peinture et nous avons aussi la possibilité de faire profiter la communauté de nos créations en partageant nos réalisations ou en utilisant celles offertes pour des joueurs au talent bien plus développé que ceux du rédacteur de ces quelques lignes. Au fur et à mesure que nous trouvons les éléments cachés, ceux-ci nous débloquent des items utilisables ensuite dans un mode création.
Comme tout mode de ce type, il va falloir se montrer patient pour créer un niveau de qualité. Dans une vue version caméra d’épaule, il est assez difficile de monter rapidement un niveau en utilisant les objets débloqués, d’autant plus que le menu est loin d’être optimisé. Ce mode a toutefois le mérite d’être présent et les amoureux du genre pourront utiliser la physique toute particulière de Youropa pour se faire plaisir.
L’autre problème avec ce mode concerne la relative inertie de notre personnage. Si en jeu classique, elle n’est vraiment pas gênante vu le rythme relativement tranquille de notre aventure, elle est bien plus pénible en mode création, car elle manque de précision. Il faut sans cesse corriger notre position pour placer le cube souhaité à sa bonne position. Quoi qu’il en soit, les six heures passées en compagnie de notre boule de peinture, que ce soit pour mener à bien son périple ou pour tenter de créer notre propre niveau, ont largement mérité les 15 € du tarif de base.
Conclusion
Youropa du studio Danois Frecle est, aux premiers abords, un petit jeu mignon de puzzle/réflexion. Toutefois, il cache bien son jeu en ajoutant constamment de nouvelles mécaniques de jeu pour renouveler notre plaisir de jeu tout au long de notre périple. Ses graphismes sont détaillés et chatoyants et sa bande-son relaxante accompagne parfaitement notre temps passé en sa compagnie. Sa prise en main est un peu savonneuse, notamment en mode création, mais elle n’est jamais gênante pour mener à bien aventure. Une bonne pioche pour les amateurs de casse-tête jouant sur la 3ème dimension et l’exploration ainsi que pour les créateurs en herbe voulant jouer avec la gravité dans le mode création. Et dans le doute, une démo est toujours disponible…
LES PLUS
- Les graphismes sont soignés, détaillés et lumineux
- La bande-son relaxante nous accompagne parfaitement
- La prise en main est efficace en mode histoire
- Le gameplay se renouvelle constamment au fur et à mesure de notre avancée
- La durée de vie est correcte compte tenu du prix
- La personnalisation et le partage de notre avatar sont un plus appréciable
- La gestion de l’eau est une idée très bien menée
- La carte globale est efficace et nous permet de ne jamais être perdu
- Le mode création est vraiment complet
- La durée de vie avec complétion est bien plus élevée
LES MOINS
- Le but d’ouverture de portes ne varie jamais durant notre aventure
- L’interface du mode création est perfectible
- La prise en main est trop imprécise pour le mode création