Dire que Persona 5 Royal était attendu sur Switch est un euphémisme, sûrement une histoire de droits pendant un bon moment. La malédiction est levée et le voici sur notre Switch adorée. Considéré comme l’un des meilleurs RPG de la dernière décennie, Atlus nous livre un spin-off d’une grande série qui finit par éclipser l’original. Alors préparez votre meilleur tenue d’école japonaise, c’est parti pour Persona 5 Royal !
Mise en garde
Afin de garder la surprise pour tout le monde, nous allons tâcher de vous divulguer le moins de choses possibles. Cependant, nous allons quand même devoir parler des débuts du jeu pour vous expliquer le contexte. Nous allons aussi vous parler du gameplay dans sa grande largeur, en essayant là aussi de vous laisser le plaisir de découvrir encore plein de choses une fois le jeu en votre possession. Il faut aussi noter que Persona 5 n’est pas un jeu pour les enfants ; les thématiques que l’on rencontre au sein de notre aventure sont loin d’être joyeuses, entre tentative de suicide, harcèlement moral et physique, il faut ne pas être fragile mentalement pour vivre cette histoire.
Nous vous souhaitons d’avance une bonne lecture.
Un adolescent à priori normal
Dans Persona 5, vous pouvez choisir le nom et prénom de votre personnage principal. Nous utiliserons celui de la série Persona 5 : The Animation, réalisé par CloverWorks (A-1 Pictures), à savoir Ren Amamiya, que nous appellerons Ren.
Ren est un garçon fondamentalement gentil, peut-être un peu trop. Un soir, en rentrant, il entend une femme se faire agresser dans la rue. Il décide alors de venir à son aide. Mais il n’est pas tombé sur une bonne personne et il se retrouve alors avec un casier judiciaire. Mais surtout, il est expulsé de son école et se retrouve transféré dans une autre école et passe sous la tutelle de Sôjirô Sakura. Peu agréable au premier abord, voir limite rude, ce tenancier de café s’avèrera très protecteur envers vous et vous logera dans son café.
Ce postulat de départ, tout lâcher pour une nouvelle vie, permet de nous impliquer à fond autour de Ren, car vous le comprendrez rapidement, vous allez vivre et diriger sa vie. Ren découvre alors Tokyo, son métro, ses quartiers et son école entre autres. Mais là aussi pas de bol pour lui, ça ne va pas se passer aussi facilement, une application va s’installer sur son téléphone et il lui sera impossible de la retirer.
Dans sa nouvelle école, il est vite rattrapé par ses vieux démons. Au moindre retard, on lui rappelle qu’il est en probation ; au moindre faux pas, on lui remet aussi dans le visage. Autant dire qu’il faut faire profil bas, mais ce n’est pas aussi simple. Nous allons rencontrer rapidement notre premier ami, Ryûji. Sous ses airs de voyous, il est en fait un garçon extrêmement gentil et qui souffre d’avoir arrêté le volley. Le volley est un sport important au lycée Shûjin, le professeur de sport de l’école Suguru Kamoshida est un ancien médaillé olympique de la discipline, donc autant dire qu’il est adoré voire idolâtré dans le lycée.
Mais c’est là que le bât blesse, il profite un peu trop de son statut de « star », entre séances de sport qui poussent les élèves bien trop loin, la violence physique qu’il peut avoir envers certains élèves, la manipulation mentale qu’il fait aussi subir aux élèves, voire même le harcèlement et le chantage sexuel envers Ann. Évidemment, Ren se retrouve impliqué dans l’histoire, pas dans le monde réel, mais dans le Metavers.
Cet univers représente en réalité la psyché de certaines personnes souvent malsaines, elle se matérialise sous la forme d’un Palais dont l’antagoniste sera le roi. Ren et Ryuji se retrouvent rapidement emportés dans ce premier Palais et découvrent alors toute la perversion et la manipulation de Suguru Kamoshida. Cependant, dans cet univers, pas de preuves, c’est un monde alternatif qui représente tout le mauvais côté de son Roi. Rapidement, Ren et Ryuji sont rejoints par Morgana, un chat qui s’y connaît plutôt bien dans ces univers. Il va alors servir de guide, mentor, membre de notre équipe, et bien sûr, mascotte de Persona 5. Vous apprenez que l’on peut matérialiser et obliger à se rendre la personne qui détient ce Palais si vous réussissez à voler son trésor. C’est là que les Voleurs Fantômes se forment et rentrent en jeu.
En avançant dans ce Palais, notre héros va dévoiler sa Persona, une entité présente au fond de son âme et qui représente du coup sa puissance dans le Palais. Il va alors obtenir son masque et sa tenue, et s’en suivra bien évidemment Ryuji, Morgana ayant déjà la sienne. Ann les rejoindra rapidement, et notre équipe de départ sera alors au complet. Voleurs oblige, chacun va alors avoir son propre nom de code : Joker pour Ren, Skull pour Ryuji, Panther pour Ann, et Mona pour Morgana. Avec leurs noms de code, leurs Persona et leurs tenues, ils sont maintenant fin prêts pour arpenter ce Metavers.
Comme vous avez pu l’apercevoir dans la vidéo d’intro présente dans ce test, l’histoire nous est racontée comme une sorte de gigantesque flashback pendant que vous êtes interrogés par une inspectrice. Nous ne vous dévoilerons rien de plus, mais sachez que l’histoire va vous procurer diverses surprises bien… Surprenantes !
Shin Megami Tensei n’est pas oublié
Il ne faut pas oublier que Persona, au départ, n’est qu’un spin-off de la saga Shin Megami Tensei. On retrouvera alors dans le gameplay toute l’essence même de la saga mère. Notamment le fameux principe de faiblesse et de résistance.
Utiliser la faiblesse d’un ennemi vous permet de l’étourdir, mais surtout de vous donner une nouvelle chance d’attaquer et donc d’enchaîner comme ça les étourdissements. Si vous avez la chance d’étourdir tous les ennemis, vous allez alors avoir la possibilité soit de faire une grosse attaque à l’aide de tous vos coéquipiers, soit d’essayer de recruter un ennemi.
Car oui, Shin Megami Tensei fonctionne toujours de la sorte, vous avez un héros et vous recrutez des Persona pour rejoindre votre groupe. Ici, vous avez un groupe classique comme un RPG lambda (Ryuji utilisera l’électricité, Ann le feu, Morgana l’air), mais votre protagoniste, lui, est plus polyvalent. En plus de sa Persona de départ, vous allez pouvoir en recruter d’autres et basculer de l’une à l’autre à la volée en plein combat. Ce qui permet, dans le cas de bons recrutements, d’avoir la totalité des forces de notre côté.
Mais attention, les attaques spéciales utilisent des SP (équivalent de mana), une denrée qui va vite devenir rare, donc votre héros ne peut pas être seulement une machine à faiblesse.
Comme d’habitude aussi dans la licence, vous avez la fameuse Velvet Room, un endroit situé à mi-chemin entre notre monde et… Quelque part. Dans cette zone, vous allez pouvoir fusionner vos Persona pour en créer de plus puissantes, enregistrer vos Persona pour pouvoir les faire revenir moyennant finances, ou bien justement faire revenir des Persona enregistrées. Bref, c’est votre zone à Persona.
Concernant les ennemis et les Persona donc, vous ne serez pas pris par surprise. Avec la licence, à l’instar de Final Fantasy ou Dragon Quest, le roster ne change pas énormément. On peut alors parler soit de grandes références et de roster solide, soit de fainéantise. De notre côté, on ne saurait se pencher tellement nous aimons les RPG, et c’est assez classique dans le milieu. Ce roster, en revanche, va être sublimé par des boss et les Persona uniques de chaque héros. Globalement, toutes les Persona sont magnifiques et bien modélisées.
Vous pensez avoir le temps ?
Le déroulement de Persona est, comme chaque jeu de la licence, basé sur le principe d’année scolaire. Notre héros Ren va devoir vivre son année scolaire tout en continuant ses histoires de voleurs. Le matin (en dehors du week-end), vous êtes à l’école, vous allez alors devoir étudier. De temps en temps, des questions vont vous être posées. Ce sont des questions très souvent typiquement japonaises, donc sur leur histoire ou leurs expressions, etc. Autant vous dire que sans un guide à côté c’est très compliqué, mais une bonne réponse améliorera vos stats en connaissance.
Car oui, il n’est pas question ici que des stats de votre personnage de RPG, force, magie, endurance… Ces caractéristiques-là sont bien présentes, mais liées à vos Persona (et donc, changent en fonction du Persona actif). Mais on parle ici de Stats Sociales, qui vont servir pour vos… Interactions sociales ! Car Persona ce n’est vraiment pas que des combats et du parcours de Palais. Il y a une forte présence du social et de la gestion de votre temps libre.
L’après-midi est donc un espace libre, vous allez pouvoir y effectuer tout un tas d’action, mais seulement une action par créneau. Passer du temps avec l’un de vos alliés ou confidents, passer du temps au cinéma, travailler dans un boulot d’appoint… On ne va pas aller dans tous les détails, nous vous laissons là aussi le plaisir de découvrir toutes les possibilités. Le soir est aussi un créneau d’action. Toutes les actions ne sont pas disponibles le soir, mais d’autres se libèrent comme lire un livre, faire de la musculation, ou encore passer du bon temps dans une source d’eau chaude. Ah, et bien sûr vous pouvez aussi, au passage, faire votre lessive.
Toutes ces interactions se font sur les jours où vous n’êtes pas dans un Palais. Aller dans un Palais prend une journée entière, à vous de choisir si vous faites des allers-retours dedans (et donc prendre du temps), ou alors rentrer dedans et finir tout le Palais d’un coup. Il n’est pas vraiment possible dans votre première partie, et en découvrant le jeu, de tout maximiser dans tous les domaines. C’est-à-dire le social, les Palais, les amitiés, les confidents. Il y a tellement de choses à faire qu’il est même agréable de découvrir tout ça avec le temps.
Une ambiance de dingue
Persona est une licence qui a toujours réussi à se démarquer de sa série mère par son ambiance. On oublie le côté fin du monde, univers détruit, sombre, des sectes de partout qui veulent toutes mettre à mal le monde qui peine à survivre. Nous sommes dans une ambiance totalement colorée, un parti pris visuel d’UI complètement assumé et fort.
Si vous vous êtes penchés sur l’historique de Persona 5, vous savez qu’il est sorti d’abord en anglais partout dans le monde. La version Royal a eu la chance d’avoir une traduction européenne, et surtout française, pour notre plus grand plaisir. Et force est de constater que ce n’était pas que la traduction du texte (qui, soit dit en passant, est énorme en volume), mais aussi l’intégration parfaite du français dans l’Interface Utilisateur (UI), que ce soit en combat, en menu, splash screen, partout en fait. C’est parfaitement intégré et c’est tellement agréable.
Beaucoup de jeux ont essayé de s’inspirer (voire de copier, on ne va pas se mentir) de cette direction artistique forte et magnifique, sans jamais réussir à égaler ou frôler la qualité de celle de Persona 5.
L’ambiance sonore et musicale est aussi à un niveau très élevé, on se souvient tous des thèmes des Final Fantasy ou Dragon Quest qui ont bercé notre enfance. Ce sont des chefs d’œuvre musicaux, et force est de constater que Persona 5 se range aux côtés de tous ces chefs-d’œuvre. On appréciera tout autant écouter les thèmes du jeu en jouant qu’en dehors, une vraie merveille. Chaque thème colle à tout ce qu’il touche et, chose dont nous n’avons pas souvent l’habitude, il y en à même des chansons et c’est vraiment bien fait. C’est assez rare de ne pas réussir à s’en lasser, même après 100h de jeux.
Vous l’aurez donc compris, l’ambiance visuelle et sonore du titre est d’un niveau qui côtoie les plus grands. Scénaristiquement c’est aussi très solide, difficile de ne pas vous en parler tellement nous aimerions en discuter, mais il faudra se contenter de nous croire. La quantité de choses à faire, la possibilité de recommencer le jeu et de faire des choix différents (par exemple se lier d’amitié avec d’autres personnes en priorité), même si globalement refaire le jeu ne vous apportera pas une fin différente, votre approche pourrait être différente. La quantité de dialogues est affolante, Persona 5 est régulièrement sur internet classé tantôt du côté RPG, tantôt du côté Visual Novel. Il est fondamentalement un RPG, il n’y a pas vraiment de débats à avoir autour de ça (prise de niveau, tour par tour, équipement…), mais le côté Visual Novel est compréhensible tellement il est présent.
Si un Palais peut prendre plusieurs heures à faire, la partie dialogue vous en prendra beaucoup plus. Alors certes, si ça ne vous intéresse pas vous pouvez zapper la quasi-totalité des dialogues et vous contenter des résumer réguliers que propose le jeu, mais ce serait quand même passer à côté du titre.
Royal au bar
Côté contenu, comme nous l’avons dit précédemment nous avons droit à la Royal Edition, alors nous n’allons pas tout vous lister, mais il faut noter que c’est la version « complète » du jeu, c’est-à-dire que l’on a la totale ! Des personnages en plus, une partie de scénario en plus, mais attention, ce n’est pas comme dans beaucoup de jeux un DLC ; d’ailleurs, Royal n’est jamais sorti en tant que DLC, c’est bien une nouvelle itération du titre. Ces ajouts de scénario sont inclus dans toute l’histoire du jeu, et ce dès le début. Pour ceux qui ont déjà fait Persona 5, c’est une super nouvelle car nous découvrons une histoire un peu différente (mais elle ne fait pas un virage à 180° non plus), et pour ceux qui ne connaissent pas, eh bien dites-vous que vous avez une histoire qui est déjà conséquente et bien encore plus conséquente !
En plus de tout ça, le jeu va aussi contenir des DLC cosmétiques. Si vous voulez que votre équipe ressemble à un ersatz de Super Sentai c’est possible, ou bien les habiller en majordomes/soubrettes c’est aussi possible. Bien sûr, le maillot de bain est disponible. À côté, le jeu va vous fournir aussi tout un tas de petits objets utiles pour votre premier Palais (et un peu plus), ça rend certes le jeu plus simple, mais après libre à vous de ne pas vous en servir, ce ne sont pas des armes ultra puissantes par exemple, mais un stock de « potions » pour bien commencer.
Du côté du portage Switch, il n’y a clairement rien à redire. Le jeu est déjà pensé au départ pour être joué à la manette, donc autant dire que ça ne nous change rien. Visuellement, le jeu est juste sublime, nous aurions pu craindre d’être très compressé, mais non, le jeu est vraiment très propre. On se retrouve même à avoir des combats et des assets globaux qui ne subissent pas d’aliasing.
Pouvoir jouer en portable à ce magnifique RPG est un régal, nous avons testé d’y jouer sur une Switch OLED et c’est sublime, l’écran et sa taille mettent encore plus en avant ses couleurs pétantes. Sur une Switch Lite, la taille de l’écran, certes plus petit, n’empêche pas de jouer. Les textes restent bien lisibles sans aucun souci. Quand en version dockée, c’est Royal, le jeu n’a rien à envier à la version PS4 du titre. Nous avons même remarqué qu’il était peu gourmand en batterie, alors chance ou pas de notre côté, en tout cas nous avons fait de belles sessions.
Conclusion
Persona 5 Royal est déjà considéré comme un chef-d’œuvre. Ce n’est pas avec le portage Switch que la tendance va changer, au contraire même tellement y jouer partout est une chance et un bonheur. Après tant d’années d’attente, le portage est sublime, presque à se demander si ce n’est pas un développement natif sur la console. Avec une histoire qui touche des thèmes divers, mais dérangeants sans jamais les tourner en ridicule, un contenu qui déborde de choses à faire, un système de combat solide et efficace, une direction artistique magnifique et des musiques entraînantes, il est difficile de faire la fine bouche devant Persona 5 Royal. Si vous êtes allergiques à la lecture il faudra peut-être passer votre chemin, en dehors de ça vous passerez un moment plus qu’agréable auprès de personnages et d’une histoire qui vous marqueront pour très longtemps.
LES PLUS
- Un portage parfait.
- Une direction artistique à tomber.
- Des musiques entraînantes qui donnent envie de chanter.
- Une histoire solide et qui n’hésite pas à parler de thèmes pas simples.
- Une durée de vie de plus de 100h.
- Une quantité de choses à faire totalement affolante.
- Un système de combat emprunté à Shin Megami Tensei et sublimé par la DA de Persona 5.
LES MOINS
- Beaucoup de textes qui peuvent rebuter certaines personnes.
- Comme dans Shin Megami Tensei, les combats reposent un peu trop sur les SP
- Un jeu trop parfait pour certains ?
Alors, en tant qu’ultra fan de Persona, je tiens à apporter des précisions et/ou corrections : 1) Ryuji était dans le club d’athlétisme (ce qui explique la fin du donjon du bateau)
2) Les social links et les caractéristiques sont apparus à partir de Persona 3, pas dans le P1 ni les deux P2. Il est hyper important de maximiser les caractéristiques car on ne peut progresser dans certains social links qu’à certains niveaux de caractéristiques. Les social links facilitent la vie (un camarade prend un coup à votre place, la prof vous permet de faire une activité après une exploration de donjon grâce à un massage, etc).
3) On ne peut pas parler de fainéantise pour la reprise du bestiaire habituel, ça reviendrait à dire que les spin-off de Pokemon sont fainéants parce qu’on y retrouve des monstres de la franchise. De plus, P5R en a ajouté pas mal, de nouveaux démons.
4) Persona 5 tournait aux alentours de 100h, P5R tourne vers les 150 heures de jeu. Mais un Persona se déguste surtout en New Game +, où l’on reprend son compendium, ses caractéristiques (évitant d’avoir à étudier à nouveau), nous laissant ainsi le temps de maximiser TOUS les social links, ce qu’on ne peut pas faire sur le 1er run, et permettant de fusionner certains démons comme l’ultra puissant Satanaël. Donc comptez 300 heures et plus.
5 ) Attention, le démarrage d’un Persona est long. Comptez deux heures de blablas avant de pouvoir parcourir le premier donjon.