Après nous avoir fait patienter 8 années, Platinum Games exauce enfin nos souhaits et sort enfin le troisième opus de Bayonetta sur notre console favorite. Bien que la licence soit appréciée de certains joueurs, Bayonetta reste tout de même destiné à un public de niche qui l’a connu en 2009 à l’origine, ce qui n’est plus tout jeune. Le studio va-t-il réussir à propulser notre sorcière bien aimée sur les devants de la scène grâce à ce nouvel opus ? Ce test ne répondra pas à cette question mais vous permettra déjà de vous en faire un avis.
Si vous voulez découvrir le début de l’histoire par vous même, nous vous recommandons de sauter la lecture de ce paragraphe. Nous retrouvons encore une fois Bayonetta affairée dans le quartier de Manhattan en compagnie d’Enzo, son homme à tout faire. Cependant, la promenade sereine ne dure pas bien longtemps et New York se voit envahie de créatures humanoïdes. Contrairement aux anges et aux démons qui étaient invisibles aux yeux des humains normaux dans les deux premiers jeux, cette invasion est loin de passer inaperçue et fait la une des journaux. Malgré l’intervention de Bayonetta et de Jeanne pour tabasser du méchant, la ville se voit complètement ravagée et elles doivent fuir face à l’ennemi en surnombre. Dans la folie de l’action, Enzo parvient à s’en tirer également et a récupéré au passage une jeune fille tombée du ciel. Tout ce beau monde se retrouve au calme dans le bar de Rodin : Gates of Hell. La jeune fille se présente sous le nom de Viola et vous apprend que ces créatures nommées homonculus sont des armes biologiques humaines. L’entité qui les a conçues a découvert l’existence du Multivers et son but est de détruire chaque monde pour les réunifier en un unique sous son joug. Votre monde actuel est l’un des derniers à avoir échappé à sa domination. Votre objectif sera de récupérer des artéfacts dans les autres mondes restants du Multivers afin d’affronter l’entité à l’origine des homonculus pour l’empêcher de concrétiser son plan.
Il n’est pas forcément nécessaire d’avoir joué aux deux premiers jeux pour profiter de Bayonetta 3. Le scénario peut se suffire à lui-même mais avoir joué aux précédents opus vous permettra d’en apprécier pleinement toutes les facettes. De plus, avec son scénario porté sur le Multivers et des scènes spectaculaires à la Dr Strange, Bayonetta vous emmène dans des univers et décors variés tout au long de cet opus. Que ce soit le début du jeu avec New York, le Japon moderne, la Chine antique ou l’Egypte, le jeu vous fera beaucoup voyager au cours de votre périple. Comme l’implique la présence du Multivers, chaque monde dans lequel vous mettrez les pieds aura également sa Bayonetta, avec son propre chara-design lié à son thème, qui viendra vous épauler à sa manière face aux homonculus. Le jeu se présente toujours comme un couloir mais avec des grands espaces libres mélangeant quelques énigmes de sauts, des casse-têtes et toujours les éternels chats noirs, corbeaux et crapauds de l’Umbra à récupérer. En fouillant un peu chaque zone, vous trouverez des niveaux cachés qui vont vous imposer un défi avec des contraintes et un temps limité. Ces défis ne sont pas obligatoires mais sont nécessaires si vous visez le 100% et vous permettront de prouver à vous même que vous avez maîtrisé le jeu. Que ce soit les énigmes, les casse-têtes ou les défis, les réussir vous récompensera par l’apparition d’un coffre. Les coffres que vous obtenez en récompense vous offriront des composants pour fabriquer vos sucettes magiques ou des fragments de cœurs de sorcières et de perles lunaires pour améliorer vos capacités. Quatre fragments de cœurs vous offrent un cœur complet tandis qu’il suffit de deux fragments de perles pour en obtenir une entière. A côté de ça, réussir à récupérer les trois animaux cachés dans un niveau vous permettra de débloquer des niveaux bonus lors de sélection de niveaux. Ces petites activités annexes vous donnent de quoi souffler un peu entre chaque combat, sauf si vous souhaitez foncer tête baissée pour terminer l’histoire.
Concernant les combats, chaque ennemi que vous découvrez pour la première fois aura sa petite présentation, tout comme nous l’avions dans les précédents opus. Pour les affronter, Bayonetta se bat comme à son habitude avec ses pistolets favoris mais pourra s’équiper également de plusieurs autres armes telles que le G-Pillar (une grosse masse d’arme équipée d’un canon), les Ignis Araneae (des yoyos géants enflammés) ou encore l’Express terminus (une double tronçonneuse que vous pouvez chevaucher comme une moto). Chaque arme est associée à un démon et permet à Bayonetta d’emprunter temporairement son pouvoir et sa forme lors des enchaînements de combos ou lorsque vous vous déplacez rapidement. Contrairement aux opus précédents où vous deviez choisir quelle arme mettre aux mains et aux pieds, Bayonetta 3 vous impose un set complet d’armes pour chaque exemplaire. En revanche, vous pouvez équiper deux sets d’armes à la fois et basculer d’une arme à l’autre avec la touche L, sans avoir à passer dans le menu (sauf si vous voulez utiliser un set différent de ceux actuellement équipés). En dehors des armes, vous aurez l’occasion de faire appel aux démons sous leur forme originelle directement en combat. Cela permet de créer des combos dévastateurs et de vous en mettre plein la vue au passage. Parmi les démons que vous pouvez appeler se trouvent les trois emblématiques de Bayonetta 2 : Gomorrah, le grand dragon, Madame Butterfly l’iconique invocation de Bayonetta et Phantasmaraneae la grosse araignée. Mais bien d’autres vous attendent, autant que d’armes sont disponibles, chaque invocations ayant ses aptitudes et avantages selon vos préférences. Tout comme les armes, vous êtes limités quant au nombre de démons que vous pouvez invoquer. Vous n’en avez que trois à disposition en combat dont un parfois imposé dans le déroulement de l’histoire. Pour en changer, vous devez passer par le menu. Ces invocations ont cependant un risque, elles laissent Bayonetta sans défense et à la merci des ennemis qui se seraient faufilés entre les pattes de vos géants amis. Vous pouvez à tout moment interrompre l’invocation pour reprendre le contrôle et ainsi esquiver le danger. Le plus important mais également le plus intéressant au niveau du gameplay est d’alterner les deux pour maximiser les dégâts infligés. Les esquives parfaites qui viennent ralentir le temps ainsi que les attaques sadiques sont bien évidemment de retour et complètent la panoplie des coups possibles car tout est cumulable. Vous pouvez esquiver une attaque pour passer en stase temporelle et en profiter pour invoquer un démon durant le slow motion adverse. Chaque combat remporté vous rapportera une médaille qui se base sur trois critères : la qualité de vos combos, le temps mis pour finir le combat et le montant de dégâts subis. La combinaison de ces critères vous octroie une médaille selon l’un des rangs suivants : Fer, Bronze, Argent, Or, Platine et Platine pur. A part gonfler votre égo ou pour atteindre un objectif bien précis, ces médailles n’ont aucun impact dans la progression de l’histoire. A la fin du niveau, vous accédez à la liste des hauts faits de ce niveau et pouvez tenter de le recommencer pour tenter de les obtenir. Encore une lutte à venir entre votre égo et votre raison.
Après quelques scènes et péripéties scénaristiques, le jeu vous permettra lors de certains passages d’incarner également le personnage de Viola. Contrairement à Bayonetta, elle se bat avec un long katana et peut faire appel à une unique créature démoniaque nommée Chouchou. Elle pourra l’appeler à sa guise sans être handicapée mais devra à la place se battre à mains nues. Une autre distinction de gameplay est que l’esquive de Viola ne déclenche pas de stase temporelle. Pour l’activer, vous devrez contrer un coup parfaitement avec le katana ce qui ajoute une mécanique supplémentaire intéressante mais un peu frustrante quand vous êtes habitué à esquiver car les touches ne seront pas identiques. Lors de brefs interludes, vous aurez aussi l’occasion de changer de gameplay en jouant Jeanne qui est partie accomplir une autre mission de son côté. Avec une approche metroidvania, ces épisodes viennent ponctuer l’histoire et offrir un aspect humoristique très appréciable dans une mise en scène décalée mais bien jaugée. Vous devrez parcourir un niveau rempli d’homonculus le plus rapidement possible en optant entre la discrétion ou la violence. Vous pouvez également prendre votre temps pour récupérer différents objets afin de maximiser vos points et récolter quelques hauts faits au passage.
En dehors du menu pause qui ne servira globalement qu’à voir le temps passé dans le niveau et si vous avez trouvé les trois animaux, vous pouvez accéder à un autre menu plus intéressant en appuyant sur la touche “moins”. Ce menu vous permet de dépenser vos cœurs de sorcière et perles lunaires complets pour augmenter respectivement la vie et la jauge de magie de Bayonetta ou Viola. Vous devrez choisir si vous répartissez équitablement les ressources ou si vous mettez tous vos œufs dans le même panier. A côté de ça, vous récupérez des fragments du chaos lors de chaque combat. Ils vous serviront pour apprendre de nouvelles techniques et de nouveaux combos dans le menu d’amélioration de vos armes. Chaque arme étant liée à un démon, les deux apparaîtront face à face et vous pourrez soit améliorer le démon, soit l’arme ou bien les deux, la seule limite étant le nombre de fragments dont vous avez à disposition. Ce menu servant aussi d’inventaire, vous pourrez le déclencher à tout moment pour manger une de vos sucettes pour récupérer des points de vie, de magie, booster votre attaque ou devenir temporairement invincible. Les composants que vous récupérez en ouvrant des coffres et fracassant le décor vous permettront également de créer ces sucettes toujours via ce même menu. Le jeu est assez généreux et se voit même légèrement plus accessible que ses ancêtres. Nous avons joué en mode de difficulté normal et aucun combat ne nous a obligé à consommer des sucettes en grande quantité pour nous en sortir. Et même s’il venait à vous en manquer, la boutique Gates of Hell vous permettra toujours de refaire le plein.
En parlant de la boutique, Rodin se fera toujours une joie de vous accueillir pour vous proposer des objets en tout genre. En revanche, plus d’armes cette fois-ci, ces dernières seront majoritairement obtenues via la progression dans le scénario. En contrepartie, vous y trouverez des accessoires qui viendront apporter, simplifier ou modifier des éléments de gameplay et influencer vos gains de composants et de monnaie. Une section spéciale vous permet également d’acheter des variations cosmétiques pour modifier les couleurs de la tenue de Bayonetta mais aussi débloquer les tenues des Bayonetta du Multivers. Vous aurez ainsi l’occasion de changer l’apparence de Bayonetta et d’y jouer avec le modèle qui vous conviendra le mieux. Typiquement le genre d’option inutile mais indispensable et que l’on veut absolument acquérir, même si on ne s’en sert pas.
Côté bande-son, Bayonetta 3 propose une multitude d’univers et de décors qui ont chacun leurs thèmes, leurs bruitages et ambiances sonores, sans jamais tomber dans la routine ou la boucle auditive qui nous sort de l’immersion. Les musiques sont soignées et appropriées à chaque instant. De plus, pour chaque combat, Bayonetta et Viola disposent de leurs propres bandes sons. Bayonetta est restée sur son thème classique tiré de ses précédents opus tandis que Viola est plutôt orientée rock, ce qui donne un peu plus de nervosité aux combats et l’envie d’en découdre avec les poings. Ce changement de rythme entre les deux personnages est vraiment marquant et offre un réel impact sur l’appréhension des combats. Pour la partie graphismes, le jeu ne se mouille pas vraiment en cherchant du réalisme dans chaque détail car la majorité des décors ont été détruits ou absorbés par les homonculus. De ce fait, on se focalise plutôt sur les ennemis, les invocations de Bayonetta et les plateformes présentes dans chaque zone. Rien d’exceptionnel à ce niveau là mais rien de choquant non plus pour autant. Le jeu est propre, soigné et c’est tout ce qu’on lui demande. Nous sommes là pour frapper du méchant, déclencher des combos et déchaîner les enfers, pas pour s’extasier sur la verdure et voir notre reflet dans les fenêtres. En parallèle, cela fait plaisir de trouver des références à Astral Chain. Serait-ce un message caché de la part de Platinum Games ? On prendra également du plaisir sur le menu de choix des niveaux. Il s’agit d’un pan de mur où se trouvent différentes décorations ainsi qu’un énorme tableau en liège. La sélection du niveau se fait en lançant une fléchette à l’endroit voulu ce qui est très satisfaisant. Mais il est encore plus satisfaisant de lancer les fléchettes sur tout le décor autour. Bien que cela soit inutile et qu’il n’y ait que quelques minimes interactions (comme la guitare ou le jeu de fléchettes avec sa cible), c’est toujours agréable d’avoir un menu qui sort de l’ordinaire et qui ne se compose pas d’un simple sélecteur ou d’une liste déroulante. En prenant votre temps, il faudra compter approximativement une petite quinzaine d’heures pour arriver à bout de l’histoire et bien plus de temps pour trouver tous les défis et animaux cachés. Encore plus si vous avez pour objectif de finir tous les combats en platine.
Conclusion
L’attente en a valu la peine car Platinum Games met la barre haute avec son titre. Que ce soit l’exploitation du Multivers dans la licence, les combats bien plus dynamiques avec les invocations à volonté, le changement de gameplay avec Viola et Jeanne en personnages jouables ou la variété dans le choix des armes, Bayonetta 3 a sorti la recette d’un cocktail très addictif dès les premières minutes. Bien que la durée de vie des jeux de la licence n’ait jamais été démentielle, le temps passé est bien suffisant pour vous marquer avec son univers déjanté et ses combats épiques. Même sans avoir joué aux précédents opus, Bayonetta 3 vous assure de passer de bons moments et de comprendre l’histoire jusqu’à son dénouement.
LES PLUS
- La présence du Multivers, bien amené
- Les combats bien plus dynamiques
- Le gameplay de Viola
- Les interludes de Jeanne
- Le nombre d’armes que l’on débloque
- Ainsi que le nombre de démons que l’on peut invoquer
LES MOINS
- Des décors un peu trop simplistes parfois
- Une durée de vie tout de même assez courte en ligne droite
Merci pour ce test !