En bon jeu de course à la F-Zero et WipEout, Space Ribbon nous convie à une suite de championnats de tutures dans le vide spatial. Vous savez, quelque part entre la nébuleuse bulbeuse, la grosse planète rouge, deux champs d’astéroïdes et une station orbitale (high tech forcément). Mais cette foi-ci, point de vaisseaux à la pointe de la technologie, nous sommes à bord de vieilles Américaines customisées pour l’occasion.
Nous pourrons à ce propos dépenser nos deniers gagnés course après course, niveau après niveau (il y a une composante RPG dans le jeu) dans une berline aux aéroglisseurs derniers cris, des armes qui vont nucléarisé la piste de lumières de boîtes de nuit, et des gadgets décoratifs sur l’antenne radio du même type que le sapin parfumé qui pendait autrefois sur nos rétroviseurs… Notons que certains championnats exigeront un certain niveau ou un certain type de véhicule, histoire de varier les challenges.
Aléatoire, mon cher Watson
Pour faire dans l’originalité, le jeu combine le principe du « slipstream », qui nous permet de prendre de la vitesse en se plaçant derrière un concurrent (et en doublant au bon moment), avec une ligne d’arrivée en mouvement. Oui, vous avez bien lu une ligne d’arrivée mobile, laquelle prend la forme d’une tête géante de mascotte (panda ou tigre) et se déplace en même temps que nous. Ce qui donne un peu d’aléatoire à tout ceci.
De l’aléatoire, il y en aura aussi avec l’ensemble de ces circuits, dispatchés en une dizaine de coupe, et qui se génèrent en direct au hasard de savants algorithmes.
Tout cet aléatoire pose d’ores et déjà un problème qui n’existe pas dans les jeux de course traditionnels : il est impossible de s’aguerrir sur un circuit puisque les dénivelés et les virages sont le fait complet du petit bonheur la chance.
Et il est impossible de prévoir quoi que ce soit, puisque la ligne d’arrivée qui bouge ne se contente pas de bouger, elle ralentit et accélère comme elle l’entend et sans grande logique apparente. Enfin si… Il y a cette logique de nous faire hurler de rage quand nous sommes à 2 mètres de toucher du doigt le finish, et que la ligne d’arrivée s’emballe pour nous semer (et nous seumer).
Houston, on a un problème !
N’oublions pas qu’en plus de tout cet aléatoire, il y a des concurrents. Et ces concurrents, apparemment dépourvus de tout cerveau, se croient non pas dans une course, mais dans un Destruction Derby et vous tamponnent dès qu’ils le peuvent.
Ils sont stupidement agressifs puisqu’eux même vont plonger dans le vide intersidéral à force de faire n’importe quoi et de partir dans tous les sens, notamment dans ces courses sans barrière de sécurité.
Nous admirerons dans ces moments de grands « nawak » la physique un peu légère de nos véhicules (en même temps dans l’espace, c’est compréhensible) qui décollent n’importe comment, à des hauteurs stratosphériques. Et nous apprécierons le maniement de notre bolide, qui en dehors des lignes droites où il assure (comme la MAAF), questionne sur notre taux d’alcoolémie dès qu’il y a une légère courbe. Pour résumer, ça zigue et ça zague, les commandes étant particulièrement sensibles.
« Slipstream » ou « caleçonstream » ?
Pour rouler vite et coiffer tout le monde sur la ligne d’arrivée, le jeu nous oblige (donc) à nous servir de l’aspiration des autres concurrents. Or, c’est là qu’un nouveau problème intervient : si nous nous retrouvons en 1re position trop tôt durant la course, nous allons rouler à la vitesse de l’escargot, par temps sec, le reste du temps. Un principe qui se défend dans un autre jeu de course-poursuite.
Or, avec la haute dose d’aléatoire évoquée plus tôt, le résultat est sans appel : il n’y a rien qui fonctionne ! Nous ne savons jamais vraiment quand on doit appuyer sur le champignon, vu que cette punaise de ligne d’arrivée accélère et ralentit comme elle veut. Nous sommes contraints de rester derrière tout le monde, en freinant le plus souvent le long de la course et en ayant les yeux rivés sur la barre des différentes positions des concurrents et de la ligne d’arrivée en haut de l’écran (ce qui est pratique pour conduire…). Un beau naufrage interstellaire !
Au rayon des points positifs, il y en a. La techno, technoïsante à souhait, fait le taf (nous sommes dans le futur, c’est sûr !).
En-dehors de la présentation qui fait franchement discount (traduction en français à-peu-près et typo non loin du Comic sans MS), en dehors du fait que la grande majorité des courses se ressemblent graphiquement, le jeu se pare d’un certain style. Nous avons droit à de la SF mêlée à du rétro incluant des véhicules old-school (années 50 ou 60), et du cartoon sympa avec de grosses têtes d’animaux rigolos (featuring le panda qui sonde notre âme !).
La résolution n’est pas mauvaise, c’est fluide et la vitesse peut même surprendre. Mieux, vous n’allez pas en croire vos écoutilles : elle peut griser le joueur qui n’en demandait pas tant. Gagner les courses à pleine vitesse, sur le fil, même sans avoir ce sentiment de contrôler quoi que ce soit, restent un plaisir.
Néanmoins, sur la fin du jeu, tout doute n’est plus permis sur la qualité de ce Space Ribbon. Les dernières courses s’apparentent à un petit calvaire, la difficulté augmentant tous les défauts précédemment cités. Pire, vous allez vous frotter aux « fameuses » courses psychédéliques (vague rappel des courses arc-en-ciel de Mario Kart). Elles dégueulent littéralement de couleurs criardes. Qui se déposent directement comme du plâtre sur nos pauvres globes oculaires (lesquels hurlent en dégobillant sel et repas de la veille). En plus de vous filer possiblement la nausée, le ragequit va s’imposer de lui-même, ad-vitam eternaem.
Conclusion
Space Ribbon combine l'aléatoire et le « slipstream ». Résultat : l'ensemble paraît parfaitement contre-nature, incontrôlable et frustrant. Il arrive de lever le poing de la victoire quand nous parvenons à finir premier. Mais c'est plus le « pifomètre » qu'il faudra féliciter que notre skill, aussi vaillant soit-il !
LES PLUS
- Le style rétro des bolides
- De l'originalité en veux-tu, en voilà
- La victoire sur une dernière accélération est toujours satisfaisante
LES MOINS
- Beaucoup trop d'aléatoire
- La ligne d'arrivée qui fait ce qu'elle veut, quand elle veut
- Sensation de non-maîtrise totale
- Des concurrents totalement stupides
- Physique des véhicules
- Les courses psychédéliques, horribles !
- Trop d'originalités, combinées au burin