Utiliser un monde aussi dense et intéressant que celui mis en place depuis ces débuts par la série des Borderlands paraît être une évidence. Alors en plus des FPS Looter, GearBox nous avait offert un titre bien plus narratif, en collaboration avec Telltale Games, avec son Tales from the Borderlands. Après le succès de ce premier spin-off, Gearbox reprend la formule, mais sans l’aide de Telltale, pour nous offrir une nouvelle virée dans son univers bigarré avec son New Tales from the Borderlands. L’occasion pour nous de mettre en lumière la devise « un seul être vous manque et tout est dépeuplé »…
On ne plaisante pas avec l’humour
L’arrivée du premier Tales From the Borderlands avait su créer un petit engouement tant l’univers déjanté de la licence de GearBox avait su être respecté pour ainsi nous offrir une aventure très bien écrite, à la fois prenante et drôle. Avec son respect du matériau d’origine et sa galerie de personnages que nous qualifierons gentiment « d’attachants », la formule avait permis aux amateurs de Borderlands de profiter autrement de leur franchise de jeu en lui faisant porter les habits du jeu narratif.
Ce second épisode reprend les mêmes mécaniques, mais il oublie de faire participer TellTale, et malheureusement pour lui, dès les premiers instants, nous ressentons clairement que la patte des experts en dialogues ciselés a disparu. Nous incarnons tour à tour trois personnages, des loosers magnifiques forcément. Anu, la scientifique travaillant pour une corporation d’armement, mais refusant de mettre ses talents dans la création d’un engin de mort, son frère Octavio, qui représente à lui seul la majeure partie des influenceurs actuels et Fran, la patronne d’un Ice Bar détruit par l’invasion d’une corporation concurrente dans l’épisode 3 de la licence.
Si la volonté de rendre ces personnages attachants et drôles est évidente, la réalisation de cette volonté est plus que délicate. Tout le long de la toute petite dizaine d’heures nécessaire pour venir à bout de leurs aventures, leurs répliques tombent le plus souvent à plat et seuls quelques personnages secondaires ont de temps à autre des fulgurances humoristiques. À aucun moment nous ne ressentons une quelconque empathie pour ces personnages dont les traits sont poussés au-delà de la simple caricature.
L’histoire qui nous est narrée est bien plus intéressante que les personnages qui la vivent. Celle-ci suit directement les événements décrits dans l’épisode 3 de Borderlands. Un an après la guerre, pardon l’OPA hostile, démarrée par Maliwan, Atlas va maintenant devoir survivre à celle lancée par Tediore et ce sont bien évidemment les habitants de la planète Prométhée qui vont en subir le plus gros des dégâts collatéraux. Vont-ils se laisser faire, réagir et forcément mettre la main sur un trésor extraterrestre ? Beaucoup de questions qui trouveront une réponse tout au long de notre progression. L’histoire est prenante et c’est clairement pour en savoir plus que nous continuons à subir les dialogues jamais inspirés de ces protagonistes insipides.
Mets ton doigt là, ou là, ou là
Jeu narratif oblige, nous aurons droit à deux phases de gameplay qui s’enchaîneront. La première consiste tout simplement en des phases de QTE. Depuis l’apparition de ces mécaniques, la recette n’a pas changé. Il va falloir appuyer au bon moment sur le bon bouton. Malheureusement pour nous, ces moments de tensions sont complètement ruinés par la permissivité de ces phases. Pour chaque QTE, une barre de temps nous laisse le temps de nous tromper de bouton puis de rectifier notre appui pour ainsi réussir ce test.
Au pire, cela entraîne une mort qui nous oblige à recommencer celui-ci. Au moins pire, l’histoire continue et un événement bonus ne se déclenche pas. L’impact sur l’histoire globale est vraiment faible et la tentation de laisser la narration se poursuivre en l’écoutant d’une oreille tout en lorgnant les dernières infos sur notre smartphone est vraiment grande. Notre implication est à ce point limitée qu’il faut se forcer pour arriver au bout de cette histoire avec une motivation intacte.
Un système de point vient toutefois nous obliger à rester concentrer. En effet, réussir ces QTE augmentera notre note de coordination donnée par le robot assassin LOU13. Celui-ci est clairement l’un des personnages les plus drôles du jeu, son système de notation, en skateboard, nous donnera des indications sur la capacité de travailler en équipe de nos trois héros. Bref, vont-ils pouvoir débloquer les événements annexes ?
L’autre phase de gameplay consiste tout simplement à choisir une ligne de dialogue parmi plusieurs proposées. Si le premier Tales from the Borderlands nous incitait à choisir les lignes les plus loufoques pour voir ce qui en résulterait, ici, la jauge d’amitié entre les protagonistes nous oblige à chercher à optimiser nos réponses et limite donc la plupart du temps les folies que nous pourrions faire. Cela se ressent dans les lignes de dialogues mêmes qui sont beaucoup plus terre à terre et qui n’incitent jamais vraiment à choisir la plus lunatique des possibilités, si tant est qu’elle existe.
La technique qui pique… les yeux
D’un point de vue technique, il est difficile de s’extasier sur le rendu de ce New Tales from the Borderlands. Dans un effort de cel-Shading propre à la série, nous n’avons le droit qu’à des graphismes globalement assez pauvres qui subissent beaucoup de petits bugs. Il y a dans un premier temps les textures qui peinent énormément à se charger et à apparaître en même temps que le reste. C’est une véritable valse d’apparition à laquelle nous devons faire face à chaque changement de position de la caméra.
Un autre problème apparaît lui aussi régulièrement. Le principe du cel-shading, très grossièrement résumé, est de délimiter les contours d’un objet avec des traits noirs pour lui donner un aspect bande dessinée. Sauf qu’ici ce procédé n’est pas mis en place partout à l’écran, nous avons ainsi de temps en temps des diagonales qui apparaissent et qui séparent notre écran en une partie cel-shader tandis que l’autre ne l’est pas, c’est assez étonnant à observer, tout comme les animations assez rigides de l’ensemble des intervenants de cette histoire.
Même le menu de lancement est très perturbant avec nos personnages qui peinent à s’afficher correctement dans des décors assez pauvres et surtout un fond remplacé par ce que nous nommerons un brouillard de guerre. Que cache celui-ci, nous en sommes encore à nous poser cette question en espérant qu’il ne soit qu’un bug de notre version de test et que l’ensemble des problèmes mentionner plus avant soit résolu pour la sortie du jeu. C’est vraiment que ces soucis gâchent notre expérience de jeu, car le soin apporté aux expressions faciales est remarquable et rend les dialogues plus vivant.
La partie dédiée à notre oreille est bien plus flatteuse. Il y a dans un premier temps une localisation impeccable. Tous les dialogues sont parfaitement doublés dans notre chère langue maternelle, ou d’adoption pour certains, par des acteurs qui respectent à la lettre l’esprit de la licence et le caractère des personnages qu’ils incarnent. La bande-son est dans la même veine avec des titres originaux dédiés à chaque chapitre et une présentation de ceux-ci digne d’un clip MTV.
Conclusion
Bien sûr, retourner dans l’univers violent et déjanté de Borderlands est toujours un plaisir, mais le faire avec les protagonistes de ce New Tales from the Borderlands s’apparente plus à un chemin de croix. Ce nouveau jeu narratif qui tente de faire du TellTale Game n’en reprend que les codes et se voit dépourvu d’une âme avec des dialogues dont l’humour est tellement forcé qu’il en devient indigeste trop rapidement. Les mécaniques de jeu ne font rien pour rehausser l’intérêt du titre de GearBox avec des QTE trop permissifs et des choix de dialogues dépourvus de la folie du précédent épisode. De plus les errements graphiques de cette version Switch ne font rien pour arranger les choses. Notre déception est grande après un premier épisode pourtant si prometteur.
LES PLUS
- Retrouver l’univers violent et déjanté de Borderlands est toujours un plaisir
- La bande-son est mise en avant et offre de très bons morceaux
- La durée de vie pour un jeu narratif est correcte
- La prise en main est irréprochable
- Le soin apporté aux expressions des visages est important
LES MOINS
- Les changements cosmétiques sont vraiment limités
- Les phases de QTE sont bien trop permissives
- L’importance des dialogues et des QTE est bien trop minime en dehors de la toute fin de l’histoire
- Les dialogues manquent cruellement d’un humour réellement humoristique
- Les textures sont vraiment longues à s’afficher
- Les diagonales avec/sans cel-shading sont étonnantes