Parce que cette année énormissime de la Switch en termes de sorties semble ne pas avoir de fin, c’est au tour d’It Takes Two, unanimement élu meilleur jeu de l’année 2021, de débarquer sur nos consoles hybrides préférées. Reste-t-il des choses à jouter sur ce jeu qui mérite tant d’éloges que ça en devient indécent ? Est-il toujours aussi bon de partager cette aventure sur Switch ? Beaucoup de questions dont nous allons bien évidemment donner des réponses éclairées.
Un miroir de la vie
Commençons par évoquer ce qui fait d’It Takes Two un immanquable. Il y a tout d’abord sa narration. Celle-ci nous entraîne dans la vie de May et Cody, un couple d’adultes dont l’histoire d’amour est en pleine Bérézina et qui a décidé de divorcer. La plus malheureuse dans cette situation est Rose, leur fille âgée d’une petite dizaine d’années. Dans une telle crise, ses larmes sont bien compréhensibles et lorsqu’elles finissent par tomber sur deux poupées, il ne faut pas s’étonner que celles-ci prennent vie et que les esprits de ses parents, à l’insu de Rose, finissent par s’y réfugier.
Commence alors un périple qui va les conduire à retrouver leurs corps tout en comprenant les raisons qui ont fait que leur relation s’est délitée petit à petit. Si les sujets abordés que sont la parentalité ou la vie de couple sont loin d’être légers, le ton de la narration est tout autre. Le personnage secondaire du Dr Hakim, un livre de conseil conjugal ayant pris vie est une vraie bouffée de bien-être et d’amusement qui contraste fortement avec les personnages principaux et leurs remarques tantôt acerbes, tantôt désabusées.
Les contrastes mis en place par ces situations et ces dialogues permettent aux joueurs de tout âge de profiter de sa propre lecture. Tandis que les enfants s’amuseront des interventions du Dr Hakim, les adultes pourront trouver beaucoup de similitudes avec des problématiques qu’ils doivent affronter au sein de leurs couples. Car oui, c’est un des points importants d’It Takes Two, il ne se joue qu’exclusivement à deux joueurs.
Entièrement coopératif du début à la fin, le titre d’Hazelight Studios est une parfaite mise en abîme des thèmes qu’il aborde. Pour se sortir de la situation dans laquelle sont embourbés leurs avatars, les joueurs doivent coopérer pour que leurs personnages retrouvent une taille dépassant les dix centimètres. Travailler ensemble dans le monde réel pour que leur May et Cody fassent de même dans cet univers virtuel fait parfaitement sens et il est impossible de ne pas être aspiré dans cette histoire. Loin d’être manichéenne, cette narration ne cherche pas un coupable, elle met juste en lumière le fait qu’un couple, ça se construit et s’entretient.
Un GOTY bien mérité
Les jeux qui demandent à plusieurs joueurs de travailler ensemble existent depuis déjà de nombreuses années, mais il faut bien avouer que depuis quelques années, le concept nous a offert quelques pépites, que ce soit sur des jeux arcade tels Lovers in a Dangerous Spacetime et Heave Oh, ou sur des titres plus narratifs tels A Way Out (la précédente production d’Hazelight Studio). Souvent jouables en solo, ces titres ne dévoilent leur vrai potentiel qu’une fois à deux devant le même écran.
It Takes Two va plus loin puisqu’il n’est jouable que lorsque deux joueurs humains se retrouvent sur la même partie. Pour cela, cette version Switch est un modèle du genre puisque nous pouvons jouer sur un même écran splitté, que ce soit en nomade ou en docké. Mais nous pouvons aussi profiter de l’expérience sur deux Switchs, que ce soit en connexion locale ou en ligne. Pas besoin de passer deux fois à la caisse dans ce cas : un passage sur l’eshop nous permet de télécharger le Pass Ami d’It Takes Two pour rejoindre le possesseur du jeu complet gratuitement. Notons alors qu’un espace de 11 Go est alors nécessaire sur la console et que l’expérience n’est pas crossplateforme, un joueur Switch ne peut jouer qu’avec un autre joueur Switch.
Une fois ces deux joueurs réunis sur la même partie, nous découvrons un action/puzzle/plateformer de qualité. Chacun des huit mondes que nous allons parcourir va nous demander d’utiliser les compétences permanentes que sont le saut, le double saut, le dash et l’activation de différents objets tout en ajoutant une composante qui dépend du niveau en cours. Ainsi le premier des tableaux que nous allons parcourir va ajouter à Cody la possibilité de lancer des clous tandis que May pourra utiliser un marteau. Dès le second niveau, oubliés les clous et le marteau, ce sont deux nouvelles mécaniques qui les remplaceront.
Le gameplay est sans cesse renouvelé, la sensation de tourner en rond n’est jamais présente. Nous apprenons à maîtriser ces nouvelles mécaniques petit à petit avant de devoir les utiliser au plus haut de leur potentiel dans un combat de boss toujours énorme pour ensuite découvrir de nouvelles compétences et recommencer ce cycle. L’autre point fort est que ces mécaniques, souvent différentes pour Cody et May, se complètent logiquement et demandent toujours à nos deux avatars de travailler ensemble pour progresser. Le dernier point agréable est qu’un enfant, dès 10 ans et avec un minimum d’habitude sur les plateformers 3D, peut tout à fait progresser en compagnie d’un adulte.
À deux c’est toujours mieux
Alors oui, It takes Two mérite cent fois son titre de GOTY 2021 mais qu’en est-il de cette version Switch qui pèse quatre fois moins que celle disponible sur un pc ? Console hybride oblige, nous allons devoir aborder le jeu en nomade ainsi qu’en docké. Dans les deux cas, il faut noter que nous jouons sur un écran scindé en deux. Même sur deux consoles, en local ou en ligne, notre écran présente les deux personnages et nous ne jouons que sur la moitié de celui-ci.
En nomade, la taille de l’écran est donc forcément plus petite, mais il n’y a aucun problème de prise en main ou de lisibilité à déplorer. Tout est toujours parfaitement clair et jouable. L’autre avantage est que nous pouvons observer en direct ce que fait notre partenaire et ainsi le guider sans avoir à lui prendre la console des mains. Notons que pour le jeu en ligne, un chat vocal, à l’instar de ce que propose Fortnite, aurait été une bonne idée. Ici il est absent et il faut passer par un logiciel type discord pour communiquer. C’est dommage.
Pour le reste, c’est un sans faute. Les jeux en local et en ligne ne souffrent d’aucune latence ni d’aucun problème de fluidité. De plus, l’invitation à rejoindre une session se fait très facilement. Nous sommes toujours parfaitement maîtres de notre personnage et nous pouvons toujours prendre le temps de regarder, sur la deuxième partie de l’écran, ce que fait notre partenaire. En docké, évidemment le problème ne se pose pas vu que l’affichage est en direct. Toujours dans ce mode, la fluidité est là aussi exemplaire. Aucun retentissement n’a été à déplorer durant nos parties.
Dans les deux cas, les graphismes, s’ils sont inférieurs aux versions des consoles de salons plus puissantes, restent toutefois d’un niveau de détails élevé et seules les textures à l’écran sont moins fines que celles des versions concurrentes. Le résultat est donc un peu plus baveux sur un grand écran, mais cela reste parfaitement acceptable et jouable. Le problème ne se pose même plus lors d’une utilisation en nomade. La direction artistique du titre vient de plus rehausser grandement cet aspect graphique avec un monde vivant et une galerie de personnages et de lieux tous plus originaux les uns que les autres.
Conclusion
It Takes Two du studio Hazelight n’a absolument rien perdu de sa superbe en arrivant sur nos Nintendo Switch et il mérite toujours son titre de GOTY. Avec sa narration mêlant des thèmes profonds à un humour soigné, avec son gameplay se renouvelant à chaque nouveau tableau, avec sa bande-son de qualité et avec son principe de faire partager cette expérience à deux joueurs, il est toujours ce titre prenant de 7 à 77 ans. Aussi jouable en nomade qu’en docké, en écran partagé qu’en local ou en ligne sur deux consoles, il est le compagnon idéal pour passer un bon moment à deux et faire de la coopération un mode de vie. Un must have de plus sur nos Nintendo Switch.
LES PLUS
- Les graphismes sont très détaillés et soignés
- La bande-son est toujours adaptée à la situation
- La prise en main est exemplaire
- Le gameplay est complet et il se renouvelle à chaque niveau
- La coopération n’est jamais un vain mot et c’est tant mieux
- La narration est exemplaire de profondeur et d’accessibilité
- Un seul jeu est nécessaire pour jouer à deux sur deux consoles
- L’humour mis en place tombe toujours juste
- Le jeu en nomade ne souffre d’aucun problème de lisibilité
- Adapté aussi bien aux couples qu’à une utilisation en compagnie d’un enfant
- La charte graphique de chaque niveau est à chaque fois complètement différente
- Ma fluidité autant en local qu’en ligne n’est jamais prise en défaut
- La durée de vie d’une quinzaine d’heures est correcte
LES MOINS
- Il manque un chat vocal intégré, mais c’est pour pinailler