Les Schtroumpfs est l’une des bandes dessinées les plus connues du monde et l’un des plus grands succès des éditions Dupuis. Vendue à plus de vingt-cinq millions d’exemplaires, son succès outre-Atlantique est surtout le résultat d’une série animée produite par NBC qui a bercé l’enfance de plusieurs générations. Preuve de sa popularité encore intacte, les Schtroumpfs se sont déclinés il y a quelques années en trois films d’animation générant plus d’un milliard de dollars ! Ces petits êtres bleus devenus ogres du marketing ont aussi jeté leur dévolu sur l’univers vidéoludique, avec des jeux sortis depuis les années 90. Schtroumpfs Kart est la deuxième apparition des Schtroumpfs dans le jeu de course, après Turbo Schtroumpf sorti en 2000.
Les Schtroumpfs arriveront-ils à sortir du lot des jeux de course, dans un monde où Nickelodeon ou encore Pat’Patrouille ont déjà posé pied à terre ?
Viens au pays des Schtroumpfs, ces petits êtres bleus
Le concept de Schtroumpfs Kart est simplissime et déjà vu et revu : notre objectif est, à l’aide de notre véhicule, de remporter les courses et les grands prix que l’on nous propose. La dextérité, la technique, mais aussi les objets que nous ramassons sur le passage sont primordiaux pour être le plus rapide des Schtroumpfs. Le bouton « A » nous permet d’accélérer, « L » de lancer des objets, et « R » nous sert à sauter et déraper. C’est à peu près tout ce qu’il y a à savoir.
Le jeu ne propose aucune histoire et se décline en trois modes de jeux : le grand prix, le défi chronométré, et la course libre. Il est jouable jusqu’à quatre personnes. Il y a deux difficultés possibles, douze circuits disponibles et douze personnages jouables. Nous en parlerons plus tard, mais c’est schtroumpfement peu.
La prise en main de Schtroumpfs Kart est assez intuitive, même agréable, mais dès les premières courses nous avons une impression de déjà-vu, et pour cause : Schtroumpfs Kart n’est pas un jeu original, il n’est qu’un ersatz de Mario Kart. Le gameplay copie son grand frère de fond en comble pour proposer un jeu sans aucune nouveauté, mais qui a le mérite au moins d’être efficace. Les objets, bien que le design change, sont exactement les mêmes. Nous avons le moustique, de deux couleurs différentes, qui remplace la carapace rouge et bleue, la feuille, qui remplace les champignons, ou bien un bogue qui fait office de peau de banane. Le concept des pièces, qui accumulées, nous donne un boost de vitesse, est lui aussi repris sous la forme d’un aliment qui ressemble à un navet, mais qui doit certainement être de la salsepareille, le mets préféré des Schtroumpfs.
Ce gameplay est efficace, mais il s’essouffle très rapidement à cause de nombreux défauts qui vont perturber l’expérience de jeu. Comme Mario Kart: Double Dash!!, chaque personnage jouable possède son objet unique. Cette personnalisation, intéressante sur le jeu de Nintendo, s’apparente à la fausse bonne idée ici : nous nous retrouvons avec des pouvoirs déséquilibrés, aléatoires, qui nous frustrent plus que nous amusent. Alors que certains Schtroumpfs possèdent des capacités de zone, souvent très peu utiles, d’autres peuvent changer la donne. Le Schtroumpf Farceur nous lance par exemple une bombe, qui, si nous ne nous débarrassons pas assez vite d’elle, aura le même effet qu’un moustique / carapace bleue. Nous avons aussi ressenti un profond sentiment d’impuissance à force de se prendre des objets sans aucune capacité de défense. Il existe bien une bulle protectrice, mais celle-ci est bien trop courte et nous nous retrouvons le plus souvent à subir les assauts de nos adversaires. De plus, comme les noix, ces copies des carapaces vertes, ne peuvent que s’envoyer vers l’avant, nous nous retrouvons à devoir esquiver un objet qui, au lieu de nous aider, revient la plupart du temps sur nous.
Viens au pays des Schtroumpfs, on copie les autres jeux
Quitte à vouloir copier Mario Kart, il manque des éléments qui auraient mérité un traitement particulier de la part d’Eden Games. Il n’y a aucune « collision » possible, le poids ou la vitesse n’entrent pas en compte lorsque nous percutons un adversaire. Nous pouvons, par exemple, ralentir un adversaire d’un coup bien placé et perdre toute sa vitesse en se cognant contre ledit adversaire. Il n’y a pas non plus d’aspiration, et les véhicules ont tous la même vitesse et accélération. Dans ce contexte, les pouvoirs spéciaux des Schtroumpfs revêtent une importance encore plus cruciale et comme ces derniers sont déséquilibrés…
Nous l’avons susmentionné, mais le jeu propose douze circuits dans l’univers des Schtroumpfs. Nous roulons dans la forêt, au milieu des champignons ou même à l’intérieur de la maison de Gargamel. Le tracé est bien fait, proposant des courses qui diffèrent vraiment les unes des autres. Certains circuits sont bien plus compliqués que d’autres, il y a des passages secrets à connaître, et de bonnes idées qui nous obligent à nous adapter à chaque fois. Ce point positif est malheureusement grandement contrebalancé par le prix rédhibitoire du jeu. Sur le Nintendo eShop, Schtroumpfs Kart est disponible à 49,99€, soit à 4€ le circuit. À titre de comparaison, Mario Kart 8 Deluxe est à 1,25€ le circuit, de quoi nous faire réfléchir sur le contenu rachitique que nous propose le jeu d’Eden Games.
La durée de vie est faible, et ce n’est pas un euphémisme. Trois grands prix, avec quatre courses de trois minutes chacune, si nous continuons les calculs, cela équivaut à trente-six minutes de jeu. Il y a bien un mode miroir déblocable, mais celui-ci ne gonfle qu’artificiellement la durée de jeu. Les seules récompenses que l’on peut gagner au fil du jeu sont des autocollants représentant nos amis les Schtroumpfs, ce qui nous offre une bien maigre compensation à notre investissement. Il y a bien le mode fantôme, appelé ici « Défi Chronométré », où le but est de battre le temps des bots et plus tard ceux des joueurs en ligne. Bien que la difficulté soit, sur certains circuits, étonnamment élevée, nous doutons que ce mode passionne les foules. Qui pourrait se targuer d’avoir le meilleur temps mondial sur Schtroumpfs Kart ? Plutôt que d’apporter de la compétitivité inutile, le jeu édité par Microids aurait peut-être dû apporter un meilleur divertissement pour se démarquer de la production actuelle.
Est-ce que Schtroumpfs Kart est destiné à un public enfant ? Difficile à dire. Bien qu’il y ait un mode de conduite automatique, celle-ci est très défectueuse, rigide et aléatoire. Sans aucune intervention de notre part sauf pour les objets, elle nous a fait terminer la course en dernière position. Nous imaginons alors mal un enfant s’amuser sur les circuits complexes où les chutes sont légion. À moins d’être un fan et collectionneur inconditionnel des petits êtres bleus, nous avons un peu du mal à savoir à qui ce jeu s’adresse. Entre un mode fantôme compétitif, des circuits ardus qui s’opposent à un gameplay limité, nous avons l’impression que le jeu lui-même ne sait pas quel est le cœur de cible.
Le mode multi-joueurs est amusant, sûr du court terme, mais nous lasse très rapidement, la faute à ce contenu trop maigre pour passer la soirée dessus. C’est dommage, car la qualité des circuits, comme nous l’avons déjà mentionné, est indéniable. Les graphismes, bien qu’ils ne soient pas les plus beaux, ne sont pas désagréables à regarder. Nous nous plaisons à rouler dans l’univers des Schtroumpfs, que ce soit en mode docké ou portable. La caméra est parfois trop rigide, impossible à modifier, mais nous faisons fi de ce léger problème. En revanche, la musique est désagréable au possible, un échec à tous les étages, avec des notes stridentes qui se répètent lorsque nous sommes sur les menus. Les musiques lors des courses sont oubliables et se ressemblent toutes.
Conclusion
Schtroumpfs Kart nous laisse avec une sensation mi-figue mi-raisin : ce n’est foncièrement pas un mauvais jeu, ce n’est qu’une énième pâle copie de Mario Kart avec [personnage préféré des enfants à insérer] dans le marché qui viendra vous prendre votre argent. Le contenu est très faible, douze circuits, douze personnages, pour une cinquantaine d’euros. C’est dommage, car le tracé des circuits est intéressant et propose une véritable variété. Nous avons affaire à un jeu qui n’atteint même pas le minimum syndical, avec un mode principal terminable en moins d’une heure.
LES PLUS
- Des jolis décors
- L’univers, plutôt agréable
- Le tracé des courses, varié
- Des raccourcis, des « passages secrets »
- Les Schtroumpfs
- Un gameplay forcément efficace : du Mario Kart dans le texte
LES MOINS
- Un contenu vraiment très faible
- Une bande-son des plus mauvaises
- Un piètre clone de Mario Kart
- La conduite automatique qui nous fait perdre les courses
- Des capacités spéciales déséquilibrées
- Manque de fun
- Le prix !!!
- Certains objets peu pratiques
- Pas de différence entre les voitures
- Le véhicule se ralentit complètement au contact d’un autre
- Pas vraiment de récompenses
- • Le sentiment de frustration que procurent certains moments à se faire frapper sans pouvoir réagir