Buddy Simulator 1984 ? Quel nom intriguant pour ce jeu sorti le 27 octobre sur notre console. C’est le premier « vrai » jeu de Not a Sailor Studios, un studio indépendant américain qui s’était fait remarquer par un mini-jeu gratuit au nom tout aussi étonnant : A Game Literally About Doing Your Taxes. Que nous vaut donc ce Buddy Simulator 1984 ? Le jeu arrive-t-il à dépasser la curiosité que nous inspire son titre ?
Avant de débuter ce test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose pas de traduction française. Un niveau courant d’anglais est requis pour jouer correctement.
Est-ce que vous vous sentez seuls ? N’avez-vous jamais eu la sensation que personne ne vous aimait à votre juste valeur ? Que vous n’étiez qu’un grain de poussière face à ce monde froid, triste, et égoïste ? Heureusement, Buddy Simulator 1984 est la réponse à tous vos soucis.
En installant ce jeu, vous aurez affaire à une expérience unique. Sans vouloir aller dans les détails, car le gameplay est intimement lié à l’histoire, nous arrivons dans un simulateur d’ami pas très développé où il n’y a que trois pauvres petits jeux à se mettre sous la dent. Malheureusement, nous nous ennuyons très vite à faire des parties de pierre-feuille-ciseaux…
Cette lassitude, notre nouvel ami l’a bien compris. Avec notre aval, va changer le code source du simulateur afin de nous proposer une toute nouvelle aventure…
Pour essayer de vous décrire le jeu sans vous gâcher le plaisir de la découverte, disons que le gameplay ressemble par moment à celui d’Evoland, le jeu qui traverse les époques. Dans Buddy Simulator 1984, nous sommes à la lisière du jeu d’aventure, du puzzle-game, du RPG, du jeu textuel et même du jeu d’horreur, le tout avec beaucoup d’humour. En revanche, pas de trace de « simulation » à proprement parler, donc, si c’est ce que vous recherchez, nous vous conseillons de tourner les talons.
Buddy Simulator 1984 ne ressemble à aucun autre jeu : c’est une aventure singulière, et Not a Sailor Studios a réussi à faire un jeu indépendant totalement inclassable qui nous a profondément marqué. Pour vous le situer, nous le mettons dans les jeux « hors-circuits » comme Her Story, ou The USB Stick Found in the Grass ou The Stanley Parable.
Buddy Simulator 1984 fait partie de ces jeux qui nous désarçonnent, nous énervent, nous surprennent et réussissent, malgré leurs défauts, à nous donner un intense sentiment de satisfaction au moment des crédits finaux. Nous avons été épatés par cette capacité à créer de la cohérence au milieu du chaos, par cette capacité à reprendre des codes déjà connus et à les exploiter pour nous proposer une expérience totalement originale.
Le scénario, maitrisé de bout en bout, nous propose une réflexion qui tourne autour de l’amitié et du jeu vidéo avec cette question qui traverse le récit tout du long : à quel point un jeu vidéo doit-il se plier à l’attente des joueurs ?
Le rapport durée de vie / qualité de jeu / prix est intéressant. Pour dix euros, vous aurez un jeu qui se fait en sept–huit heures. Cerise sur le gâteau, il y a quatre fins dans Buddy Simulator 1984. Ces quatre chemins réussissent à attiser assez notre curiosité afin de recommencer l’aventure. Ces fins sont aussi liées à des chansons que l’on peut débloquer qui nous décrivent avec humour et ironie l’histoire que nous venons de vivre. Nous avons par exemple hérité de la chanson « Scared of you ». Il y a aussi d’autres éléments moindres qui renforcent la rejouabilité, comme le choix de nos compagnons lors de la partie RPG.
Malheureusement, et cela vient ternir un tableau presque parfait, Buddy Simulator 1984 est mal calibré pour la Nintendo Switch, et toute la première partie du jeu s’en ressent grandement. Avez-vous déjà essayé de faire un jeu textuel sur Switch ? Avez-vous déjà essayé d’écrire sur console ? Comme nous, vous utilisez certainement le clavier tactile qui s’affiche en mode portable. Mais vous souvenez-vous de cette sensation désagréable à la manette, lorsque vous devez chercher chaque lettre manuellement ?
Buddy Simulator 1984 propose toute une première partie textuelle, avec aucune possibilité d’utiliser le tactile. Si nous n’avions pas à tester le jeu, nous aurions certainement déjà abandonné l’aventure tant cette utilisation est peu ergonomique, peu adaptée à une console, et frustrante au possible. Not a Sailor Studios a bien conscience de ce problème et a essayé d’intégrer un bouton pour remplir automatiquement le texte, toujours est-il que cette partie du récit, qui doit globalement durer d’une à deux heures, s’est transformé en un calvaire de quatre heures sur la console de Nintendo.
De plus, certains passages respirent très fortement le « succès Steam », qui récompensent le joueur sur ordinateur mais qui ne nous apportent rien sur Nintendo Switch, pas même une petite icône de réussite. Après vérification, effectivement nous réalisions des « succès Steam » et aucun équivalent n’a été proposé sur Nintendo Switch. Quitte à choisir, nous vous conseillons très fortement de faire cette aventure sur ordinateur plutôt que sur la console nippone.
Buddy Simulator 1984 a aussi quelques problèmes de rythme et certains passages traînent en longueur. La partie RPG, notamment, est assez figée, et bien que l’humour omniprésent nous permette de tenir, nous attendons parfois impatiemment le prochain nœud dramatique qui relancera le récit. Certains chargements sont parfois longs, surtout quand nous changeons de zone, ce qui a le défaut de ralentir encore le rythme. Les dialogues sont parfois aussi trop bavards.
Il est compliqué, voire impossible, de juger les graphismes de Buddy Simulator 1984. La direction artistique est intimement liée au scénario, n’hésitant pas à « salir » l’image pour la rendre plus conforme au récit. Elle peut décevoir les puritains de jeu triple AAA, mais elle est cohérente avec l’univers qu’elle présente. La musique et la bande-son sont très réussies et nous plongent parfaitement dans l’ambiance.
Conclusion
Quelle aventure étonnante que ce Buddy Simulator 1984 ! Cela faisait longtemps que nous n’avions pas été autant surpris par un jeu, qui, à la fois par sa forme et son fond, s’impose comme une expérience singulière dans le monde vidéoludique. Nous avons apprécié son concept, son côté « inclassable », son ambiance, son humour… Son style si particulier ne fera pas que des ravis et rebutera certainement une partie des joueurs. Par ailleurs, le début du jeu, textuel, est une véritable tannée qui n’est pas adaptée à l’expérience sur console. Nous vous conseillons alors vivement de privilégier la version ordinateur, et le cas échéant, de vous accrocher car l’expérience en vaut clairement le coup. À rappeler que le jeu n’est pas disponible en français, et qu’il nécessite un anglais courant pour l’apprécier à sa juste valeur.
LES PLUS
- Un concept vraiment étonnant
- Une aventure singulière qu’on ne regrette pas
- Une direction artistique cohérente
- Plusieurs fins qui donnent envie de recommencer le jeu
- Une bande-son réussie
- Un humour omniprésent
- Son rapport prix/qualité/durée de vie
LES MOINS
- La partie jeu textuel, pas adaptée à l’expérience console
- Des « succès Steam » qui n’apportent rien sur Switch
- Quelques longueurs
- Les temps de chargement
- Un jeu à faire sur l’ordinateur pour en profiter au maximum
- Pas de traduction française