Alors que la Coupe du monde continue d’attirer le monde entier malgré les polémiques, nous, les joueurs sur Switch, sommes toujours sur notre faim footballistique. Depuis qu’EA Sports a clairement assumé que le dernier Fifa sur la console nippone n’était qu’une mise à jour, nous nous sommes retrouvés désemparés. C’est là qu’arrive Soccer Story de Panic Barn, un studio qui nous propose un jeu indépendant sur le football. Arrivera-t-il à s’imposer au milieu de ces mastodontes que sont les Fifa, Football Manager ou même eFootball ?
Tu es un footballeur, Harry
Depuis qu’un mystérieux Cataclysme a dévasté le stade dans lequel se déroulait la grande finale de l’Apple Cup, le football est interdit. Seuls quelques matchs sont autorisés, organisés par la Business Corp. Le basket a remplacé notre sport préféré et les terrains qui jonchaient la ville de Soccertown sont désormais en friche.
Alors que notre mère ne souhaite plus mentionner le mot « football », depuis que son mari a tragiquement disparu lors de la finale, un ballon magique traverse la fenêtre et nous mène jusqu’au stade. Nous ne connaissons pas l’expéditeur, mais une chose est sûre : le football est prêt à retrouver son second souffle.
Soccer Story est un jeu qui mélange l’aventure, le RPG et l’arcade. Comme vous avez pu le comprendre, il nous propose une histoire où nous allons essayer de démontrer, ballon au pied, que le football est indispensable dans nos vies. Notre objectif est simple : notre personnage va devoir écumer la ville de Soccertown et ses alentours afin de convaincre tout le monde de braver l’interdiction qui pèse sur le football.
Malgré des graphismes pas très réussis dont nous reviendrons, l’enthousiasme est là : il est rafraichissant de voir un jeu-vidéo qui propose une aventure différente autour du football. Le gameplay est intéressant et nous propose de monter une équipe qui viendra à bout des autres équipes de la région. Le jeu est alors séparé entre la quête principale, qui nous permet d’avancer sur le récit, et les quêtes secondaires, qui vont nous permettre autour de mini-jeux d’améliorer notre équipe.
Soccer Story repose sur une base de RPG simple mais qui est agréable. Notre équipe est constituée de bras cassés, d’anciennes gloires qui ont visiblement perdus leur football. Heureusement, grâce à plusieurs mini-jeux divers et variés, comme du foot volley, un toro, ou encore une course d’endurance, nous pouvons débloquer pièces et médailles qui permettront de nous améliorer, nous et nos coéquipiers. Nous pouvons gagner en endurance, pour courir plus longtemps, en vitesse, en puissance de frappe ainsi qu’en force, afin de placer des tacles assassins bien sentis.
La partie la plus importante, celle du match, est malheureusement bien moins réussie. Alors qu’il aurait pu s’éloigner des mastodontes, le gameplay de Soccer Story est un mashup entre Fifa et Mario Strikers. Malheureusement, il ne s’approche ni du « réalisme » du premier ni du fun du deuxième.
Dans Soccer Story, nous sommes dans un terrain fermé où il n’y a pas de fautes. Nous pouvons tacler à tout va, mais toucher un joueur permet de récupérer le ballon. Le tacle est donc inutile. Seule la zone du gardien est interdite pour les joueurs de champ. Ce dernier, en plus d’être très imprécis dans ses arrêts, a une sorte de barre de vie qui est elle aussi aléatoire. Le principe aurait pu être intéressant : notre gardien peut arrêter un certain nombre de ballon avant de se prendre un but. Dans les faits, un gardien avec toute sa vie peut encaisser un but alors qu’un gardien qui est une cible vivante depuis une minute peut arrêter tous les ballons sur sa trajectoire.
Un gardien aux plongeons aussi aléatoires que ceux d’Anthony Lopes
Les déplacements des joueurs sont rigides, et il nous arrive très régulièrement de pester sur le positionnement statique de nos coéquipiers. Ces derniers restent sur leur partie de terrain attitrée et ne cherchent pas à se démarquer. Nous nous retrouvons la plupart du temps à privilégier une action individuelle (c’est-à-dire sprinter sur le côté du terrain.). Pire encore, les actions collectives, dans un jeu où nous apprenons l’universalité du football, annihilent la grande majorité du temps les occasions de but que nous avons. Cette partie du gameplay est vraiment le point noir de Soccer Story. Un jeu de football où les matchs de football sont pénibles à jouer, c’est un comble.
Il y a un mode match rapide, jouable jusqu’à quatre, mais malheureusement, le gameplay du jeu ne parvient pas à être assez intéressant pour faire oublier les mastodontes susmentionnés. S’il faut choisir, pour jouer avec ses amis sur Switch, nous préférons Rocket League pour une expérience online et nous resterons sur notre bon vieux Fifa 18 pour le mode local.
Un autre point noir à souligner, bien que nous le précisons, nous jouons sur la version 1.0.2 et qu’un patch arrivera certainement à la sortie, ce sont les bugs à la pelle de Soccer Story. Si certains sont déçus du dernier Pokémon, vous découvrirez avec ce jeu des bugs qui entravent vraiment l’expérience et le plaisir du joueur.
Alors que nous étions précédemment bloqués à 30% du jeu sur le patch 1.0.1 à cause d’un bug, nous découvrons avec le nouveau patch 1.0.2 que Soccer Story n’est pas calibré à la manette. En avançant dans l’aventure, nous remarquons que les mini-jeux ne sont pas réalisables à la manette, et que la difficulté est passée de facile à extrême sans que nous puissions réagir. Les développeurs n’ont tout simplement pas réfléchi à l’expérience manette ainsi qu’à la grande différence entre un joystick et une souris. Nous avons finalement préféré être bloqués à 30% de l’aventure que de découvrir la suite frustrante qui nous était réservée. Nous restons donc dans l’attente d’un nouveau patch pour poursuivre notre progression.
La traduction est par ailleurs parfois partielle et comportant quelques fautes d’orthographe. Nous espérons là aussi qu’un patch viendra corriger ces problèmes.
L’histoire, bien que classique et manichéenne, se tient. Nous avons forcément les méchants, ceux qui voient le football comme un business, et les gentils, qui eux défendent un football populaire, où tout le monde, même les résidents de la maison de retraite, peuvent jouer. Malgré l’humour, le manque de risque dans le scénario n’aide pas Soccer Story. Au lieu d’explorer vraiment le football, nous avons une histoire assez timide qui ne justifie pas entièrement le nom du jeu.
Pour le prix affiché de vingt euros sur l’eShop, la durée de vie semble intéressante. En cinq-six heures de jeu et en nous attardant énormément sur les quêtes secondaires, nous sommes arrivés à un tiers du jeu. Nous supposons donc une quinzaine d’heures pour terminer le jeu au complet, sachant que les quêtes annexes peuvent vous faire perdre beaucoup de temps. Nous estimons que ce jeu est à un tarif un peu élevé au niveau du contenu actuel. Nous vous conseillons d’attendre une promotion pour vous laisser tenter.
Les graphismes de Soccer Story ne sont pas des plus beaux. Nous n’avons rien contre cette mode « rétro » qui permet à énormément de jeux indépendants d’exister, nous sommes en revanche beaucoup plus sceptiques quand les graphismes, comme ceux de Soccer Story, sont fades et sans originalité. Nous avons l’impression d’avoir déjà vu une centaine de fois ce style de graphismes, comme si c’était la même personne qui s’occupait de tous les jeux indépendants de la planète. La bande-son n’est pas des plus mémorables. Celle-ci remplit sa fonction sans être exceptionnelle.
Conclusion
Soccer Story, c’est l’occasion manquée pour Panic Barn de proposer une alternative crédible au jeu de football. Au lieu de ça, nous avons un jeu moyen, sympathique par moments, mais qui est loin d’être mémorable et n’apporte rien de nouveau. Nous avons beaucoup apprécié la partie RPG, mais cette belle idée est malheureusement contrebalancée par des matchs qui ressemblent à des purges : le gameplay est rigide et les possibilités très limitées. Le jeu n’est pas calibré pour la Switch et doit se jouer à la souris. À l’heure où nous avons testé le jeu, celui-ci comportait plusieurs bugs et la traduction était parfois imprécise et partielle.
LES PLUS
- Un jeu de football indépendant
- L’humour
- Des quêtes secondaires amusantes
- Durée de vie intéressante pour le prix
- La partie RPG vraiment sympa
- Des mini-jeux variés autour du football
LES MOINS
- La partie match est très frustrante
- L’histoire très simpliste
- Des bugs à foison et une traduction imprécise
- Un gardien aléatoire dans ses déplacements
- Des déplacements statiques, des joueurs qui n’ont aucune créativité
- Des graphismes qui ne sortent pas de l’ordinaire