Great Conqueror: Rome est à la base un free-to-play pour téléphone développé par les développeurs chinois d’EasyTech. Présents depuis 2009 sur le marché très lucratif du jeu mobile, ils créent des licences plus ou moins similaires (Conqueror, European War ou Glory of Generals) dans lesquels nous revivons les grandes guerres de l’Histoire.
Great Conqueror: Rome ne fait pas exception à la règle. Sorti en 2019 sur mobile, il est porté un an plus tard sur Nintendo Switch au prix de 9,99€. Est-ce que le jeu vaut que nous abandonnions le free-to-play pour cette nouvelle version ?
Avant de débuter ce test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose pas de traduction française. Un niveau moyen / bon d’anglais est requis pour jouer correctement.
Veni, vidi, vici
Great Conqueror: Rome est une sorte d’Advance Wars avec des bases de Civilization. C’est un jeu de stratégie au tour par tour où notre objectif est de vaincre l’armée de l’adversaire afin d’asseoir notre domination sur le monde romain.
Pour ce faire, nous avons d’un côté notre armée, le fer de lance de notre nation, celle qui part au combat et meurt pour sa patrie. Il y trois types d’armées : l’infanterie, la cavalerie, et l’archerie. Chaque type a ses avantages et ses défauts : alors que l’infanterie est plutôt complète, la cavalerie a un avantage de mobilité, et les archers peuvent attaquer sans subir de riposte immédiate.
Nous pouvons produire l’infanterie dans n’importe quelle ville, alors qu’un camp militaire spécialisé est nécessaire pour les deux autres. Chaque unité peut comporter jusqu’à trois garnisons, voire plus si celle-ci est équipée d’un général (nous vous expliquerons le fonctionnement des généraux un peu plus tard.). Plus il y a d’unités dans la garnison, plus celle-ci est puissante. Si nos militaires prennent des dégâts, il est toujours possible de retourner dans un camp militaire ou en ville pour remettre des garnisons.
Chaque unité, une fois placée sur l’eau, devient un navire de guerre que l’on peut améliorer dans notre port. Les navires ont une excellente mobilité, mais sont très fragiles face à n’importe quelle unité qui l’attaque depuis la terre ferme.
De l’autre côté, nous avons nos villes, plus discrètes que notre armée, mais tout autant indispensables. Ce sont sur elles que reposent notre population, notre économie, notre industrie, notre recherche ainsi que toute notre production. Chaque ville possède un niveau maximum qui varie en fonction du mode choisi.
Lors des guerres puniques, Rome, par exemple, peut être augmentée jusqu’au niveau six, alors que Burdigala, actuellement Bordeaux, ne peut aller que jusqu’au niveau trois. En revanche, du temps d’Auguste, Burdigala peut monter jusqu’au niveau cinq.
Dans Great Conqueror: Rome, chaque ville est constituée de quartiers que l’on peut construire sur une case adjacente à celle-ci. Outre le camp militaire que nous avons déjà mentionné, nous pouvons construire une zone commerçante pour augmenter nos revenus, une zone résidentielle, pour la limite d’armée, une zone industrielle, pour gagner une ressource dont nous vous parlerons plus tard, une zone défensive, pour défendre au mieux sa ville, et, si notre ville est maritime, un port, qui nous permettra de construire des navires et d’augmenter nos revenus.
Plus le niveau d’une ville est élevé, plus nous pouvons faire de quartiers, et plus haut nous pouvons augmenter le niveau de ces derniers. Augmenter le camp militaire nous permettra, par exemple, de produire des unités plus puissantes.
Great Conqueror: Rome repose sur une gestion parcimonieuse de son armée et de son économie. Il existe trois types de ressources différents : nous avons d’abord la monnaie, qui permet d’améliorer ses bâtiments ainsi que d’acheter des unités militaires. Nous avons ensuite le marteau, qui est aussi nécessaire pour les bâtiments et les armées, mais qui permet en plus de construire des tranchées pour se défendre ou bien d’équiper notre unité avec des armes de sièges. Le parchemin, lui, aide à la recherche et nous donne l’opportunité d’utiliser notre technologie contre l’adversaire, en brûlant par exemple une case que nous avons sélectionnée.
Great Conqueror: Rome se caractérise donc et surtout par ses phases de combat : nous devons anéantir les armées adverses et leurs défenses afin de récupérer leurs villes. Les batailles se déroulent au tour par tour, chaque unité pouvant attaquer qu’une seule fois lors de son tour (parfois deux avec la technologie). Outre les spécificités des unités en place, le positionnement sur la carte est aussi indispensable pour réussir son attaque. Une unité qui sera attaquée sur deux flancs différents aura un malus, malus qui sera décuplé si elle est attaquée par d’autres flancs. Une armée entièrement entourée d’adversaires ne saura même plus riposter lorsqu’elle est attaquée.
Rome, ville ouverte
Tout ce gameplay, bien que finalement très classique pour un jeu de stratégie, est très prenant. Great Conqueror: Rome fait partie de ces jeux « encore un tour », qui réussissent à nous convaincre de continuer encore et encore afin de voir ce qui va se dérouler dans notre partie.
Le jeu possède trois modes distincts : la campagne, la conquête et l’expédition. La campagne reprend un point de l’histoire de Rome que nous développons en plusieurs missions assez courtes, comme la troisième guerre servile. La conquête se déroule sur trois cents tours, et nous permet de jouer une nation de notre choix pour réussir à influer sur le cours de l’Histoire. Il y a cinq conquêtes disponibles, où la carte est légèrement modifiée et les pays, forcément, sont différents. Le mode expédition teste nos compétences et voit jusqu’où on peut aller avec un nombre de troupes prédéfini.
Bien que le mode expédition soit un peu anecdotique, la campagne est à la fois intéressante historiquement parlante et avec un niveau de difficulté assez croissant pour que l’on ne s’ennuie pas. Les objectifs sont différents, nous pouvons par exemple récupérer des villes à l’adversaire, ou alors avoir à tuer des unités adverses spécifiques.
Dans le mode conquête, chaque nation que nous pouvons jouer est classée en fonction de sa difficulté. Un pays avec un faible nombre de villes aura forcément une moins bonne économie que les autres, et donc, un retard à combler. Ce mode est très addictif et nous avons un vrai sentiment de satisfaction à marcher sur Rome avec un peuple barbare.
À part le système sanitaire, la médecine, l’éducation, le vin, l’irrigation, les routes et le système de santé publique, qu’est-ce que les Romains ont fait pour nous ?
Cependant, c’est aussi dans ce mode conquête que les défauts de Great Conqueror: Rome se montrent le plus. Le jeu propose trop peu de technologies à débloquer, et nous avons fait toutes les recherches au trentième tour. La gestion devient quelque peu répétitive, voire ennuyeuse, et nous nous dépêchons d’augmenter nos bâtiments pour ne plus en entendre parler.
La logique de l’IA se révèle défectueuse sur le long-terme, et l’absence d’une diplomatie poussée fut parfois très problématique. Un peuple que nous assiégeons se défendra souvent de façon aléatoire face à nos assauts. Alors que nous étions en train de prendre les deux dernières villes égyptiennes, leurs armées, elles, étaient concentrées dans le Sud de l’Italie.
Dans cette même conquête, par ailleurs, les développeurs ont eu une fausse bonne idée. En attribuant aux Scordiques le rôle de trouble-fêtes, capables d’engager la guerre contre ceux qui ne les paient pas, EasyTech avait le doigt sur une très bonne idée.
Cependant, dans les faits, nous nous sommes retrouvés face à un peuple qui nous déclare la guerre de façon automatique, et qui, quand nous essayons de riposter, redevient neutre de façon tout aussi automatique. Être contraint d’arrêter une guerre alors que nous sommes au milieu d’affrontements décisifs se trouve être frustrant au possible.
Le jeu se révèle aussi parfois d’une difficulté incompréhensible, car, même lorsqu’un pays n’a plus aucune unité, il peut parfois sortir de son sac une armée magique qui apparaît de nulle part.
Le déplacement des unités, lorsque nous arrivons dans les alentours du centième tour, peut aussi se révéler peu ergonomique. Nous aurions apprécié que le jeu nous donne la possibilité de sélectionner plusieurs unités.
Globalement, Great Conqueror: Rome souffre aussi d’un défaut qui est lié à sa conception free-to-play. Le jeu est conçu pour que nous puissions assigner des généraux à nos armées. Ceux-ci sont capables d’augmenter de façon considérable l’unité à laquelle elle est attachée. Nous avons un général, que nous façonnons à notre image, et nous avons ceux que nous pouvons acheter avec la monnaie du jeu.
Vercingétorix, version pay-to-win
Cette monnaie est peut-être ingénieuse pour pousser le joueur free-to-play à consommer, elle est très mal pensée pour un jeu payant. Vercingétorix, qui est un général « haut-de-gamme », coûte 885 pièces. Or, nous ne gagnons que 120 pièces par campagne. Pire encore, le mode conquête, qui devrait récompenser le joueur de son investissement, nous a rapporté 75 pièces pour 184 tours de jeu.
Le problème, c’est que le mode campagne devient réellement complexe quand nous n’avons pas de généraux pour notre armée. Et, alors qu’un joueur mobile doit passer à la caisse pour acheter ledit personnage, nous, joueur payant, n’avons aucune alternative pour gagner notre Vercingétorix de façon décente.
Ajoutons à cela une autre monnaie qui permet d’acheter des équipements et des compétences pour nos généraux ainsi que d’améliorer nos armées, et vous aurez là toutes les caractéristiques d’un pay-to-win qui aurait dû être réévalué pour sa sortie sur console.
Malgré ces défauts, Great Conqueror: Rome reste très agréable, addictif, et nous avons pris beaucoup de plaisir dessus. Nous y retournerons certainement, juste par plaisir. Nous trouvons juste dommageable que le jeu n’ait pas pris la peine d’adapter son jeu pour le portage.
La durée de vie de Great Conqueror: Rome est colossale. Le mode campagne peut vous faire tenir quelques heures. Le mode conquête, avec sa rejouabilité et ses différentes nations jouables, peut vous faire tenir quelques dizaines d’heures. Pour dix euros, vous aurez un jeu qui n’est, certes, pas révolutionnaire, mais en échange vous aurez une expérience de qualité et d’une très grande durée de vie.
Malgré les défauts déjà mentionnés, le jeu est sympathique et agréable en mode docké comme en mode portable, même si l’expérience tactile est bien plus agréable pour déplacer nos armées que la manette, parfois rigide lorsqu’il y a énormément d’unités.
Les graphismes ne sont pas exceptionnels et c’est souvent normal pour ce genre de jeu : nous sommes dans des « jeux de plateau », avec des unités qui se déplacent sur une carte du bassin méditerranéen. Ce n’est pas très beau, ça ne vaut pas le coup d’œil, mais au moins, c’est clair et lisible, et c’est tout ce qu’on lui demande.
La bande-son nous a perturbés. Non pas qu’elle soit mauvaise, elle remplit sa fonction d’ambiance, mais nous avons l’impression d’avoir entendu la même musique dans un autre « jeu de plateau », Realpolitiks. Cependant, étant donné que Great Conqueror: Rome ne permet pas de voir les crédits de son jeu, il est impossible d’avoir des précisions sur ce sujet. Est-ce une musique libre de droit utilisée par les deux jeux ? Est-ce juste une simple coïncidence ? Le débat est ouvert.
Conclusion
Great Conqueror: Rome est un jeu très sympathique, avec une durée de vie colossale pour ses dix petits euros. Avec un gameplay simple mais efficace, il réussit à passer le cap très laborieux de free-to-play à jeu payant. Le mode conquête offre cinq scénarios différents autour de l’histoire romaine qui permettent de renouveler l’expérience. Malheureusement, EasyTech ternit l’expérience en oubliant d’adapter son jeu, qui reste avec des mécaniques de pay-to-win inadaptées à la version console. Attention, aucune traduction française n’est disponible pour ce jeu.
LES PLUS
- Un jeu complet, avec une durée de vie colossale
- Des mécaniques simples mais très efficaces
- Le mode conquête, très plaisant
- Le mode campagne, avec une vraie difficulté
- Le gameplay, très addictif, qui donne envie de terminer sa partie
- Le mélange d’Advance Wars et de Civilization
- La rejouabilité assez grande du mode conquête
- La possibilité de jouer d’autres nations que Rome
- La possibilité de jouer sur des périodes d’Histoire différentes
- Très accessible
- Une carte lisible et claire
LES MOINS
- Pas de traduction française
- Impossible de sélectionner plusieurs unités
- L’arbre des technologies qui se termine trop vite
- La gestion, parfois trop simpliste
- Une répétitivité qui peut décourager certains
- Une IA qui manque de logique
- Les mécaniques pay-to-win pas adaptées à un jeu complet
- Le mode expédition, beaucoup moins intéressant
- La difficulté parfois incompréhensible
- Des graphismes pas très beaux
Mais n’aurions-nous pas un test avec des petits morceaux de « La vie de Brian » dedans ?
bien joué !!!
Hehe ! 😉
Je ne louperais jamais l’occasion de citer les Monty Python !