Spacejacked est un tout petit jeu indépendant, qui, sans crier garde, était arrivé sur nos écrans d’ordinateur en 2016. Resté assez inaperçu, il a débarqué quatre ans après, toujours avec la même discrétion, sur toutes les consoles disponibles. Que vaut ce petit jeu, trouvable à moins de quinze euros sur le Nintendo eShop ?
Avant de débuter ce test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose pas de traduction française. Seules les traductions allemandes et russes sont disponibles. Un niveau débutant / moyen d’anglais est requis pour jouer correctement.
Des aliens, des aliens partout…
Spacejacked est un tower defense. Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est un tower defense, c’est très simple : nous avons une base à défendre et nous devons placer des tourelles afin d’empêcher les vagues successives d’envahisseurs de plus en plus nombreux.
Spacejacked ne déroge pas à cette règle. Nous incarnons Dave, l’ingénieur d’un vaisseau spatial attaqué par des aliens. Notre devons alors survivre jour après jour pour éviter notre mort ainsi que celle de notre équipage.
Nous préférons vous prévenir avant de débuter le test : Spacejacked est réservé aux joueurs qui aiment la difficulté, aux joueurs qui aiment se maudire et prononcer des noms d’oiseaux quand ils perdent, aux joueurs, qui, même après cinq échecs, sont prêts à remettre la main à la patte pour faire encore mieux. Si vous cherchez un jeu zen, passez votre chemin.
Vous l’avez compris, Spacejacked est un jeu compliqué. Nous-mêmes friands des tower defense et expérimentés, nous avons dû nous y reprendre plusieurs fois pour une bonne partie des niveaux. Nous avons même dû recommencer la partie à zéro afin de prendre un meilleur départ.
Pourtant le gameplay est assez simpliste et s’assimile assez facilement. Il y a trois types de tours pour se défendre : la mitrailleuse, le laser et le gel. La mitrailleuse tire vite, le laser peut infliger d’importants dégâts et le gel… gèle les adversaires. Nous pouvons améliorer nos tourelles et, plus tard dans l’aventure, nous pourrons aussi changer les fonctionnalités de nos défenses. Le laser, par exemple, au lieu de s’occuper d’ennemis en zone, pourra se concentrer sur un seul adversaire pour lui infliger d’importants dégâts. Cependant, notre mission ne consiste pas qu’à placer des tourelles et attendre qu’elles fassent le travail à notre place. Notre cher Dave possède lui aussi un blaster, améliorable au fil de l’aventure, afin de défendre au mieux notre colonie spatiale. Son arme surcharge par moment, et il faut donc manier avec précaution cette aide pour ne pas la gaspiller.
Comme pour chaque tower defense, nous avons une monnaie à utiliser avec parcimonie pour construire nos tours. Nous pouvons les revendre en dessous de leur prix d’achat, alors il faudra les construire en urgence mais avec intelligence. Nous pouvons récupérer chaque jour un peu de monnaie en jouant à un remake de Space Invaders. Nous perdons lorsque les monstres détruisent notre réacteur ou tuent notre ingénieur en chef.
Il y a trois modes distincts : le mode histoire, challenge et infini. Le mode histoire nous raconte l’histoire de Dave et de l’équipage de son vaisseau, attaqués par des aliens. Le mode challenge se débloque au fil du récit et nous propose des défis divers et variés, comme celui de jouer sans son arme, et le mode infini se termine dès que l’on a perdu.
Perdre, recommencer, perdre à nouveau, recommencer
Dans Spacejacked, la difficulté est progressive, bien dosée, mais elle est déjà à un très haut niveau dès le départ. Contrairement à d’autres jeux de ce genre, le but n’est pas d’empiler les tourelles pour créer une armada invincible. Nous n’en avons par ailleurs jamais l’occasion. Nous devons au contraire placer avec parcimonie nos défenses afin de créer un ensemble qui permet de nous défendre face aux difficultés qui se dressent à nous. Chaque journée est constituée de plusieurs vagues d’aliens et se déroule dans les deux seuls niveaux du jeu. Les tours que nous avons posées ou améliorées sont sauvegardées de la veille au lendemain. Cette idée de continuité est ce qui rend le jeu cruel, en plus d’être difficile. Une erreur à priori anodine est souvent préjudiciable dans les journées qui suivent. Recommencer le niveau avant d’être handicapé dans le futur paraît alors indispensable pour réussir.
Le gameplay, bien que simpliste, est terriblement efficace et addictif. Malgré la défaite, qui arrive souvent, nous refaisons le match avec cette constante envie de réparer les erreurs passées. La difficulté et la progression sont aussi très bien amenées et permettent un intérêt constant pendant toute l’aventure. Il faut savoir que les monstres peuvent apparaître dans trois salles différentes, et nous devons être en permanence sur le qui-vive afin d’éviter la défaite. En plus de gérer parfaitement notre progression, Spacejacked a une dizaine de monstres qui sont tous assez variés pour que chaque vague soit différente. Entre l’alien qui va foncer sans réfléchir vers nos réacteurs, celui qui a tellement de points de vie qu’il accapare toutes nos défenses, nous en voyons de toutes les couleurs. Nous donnons d’ailleurs une palme d’or à l’extraterrestre qui va essayer, pendant qu’on a le dos tourné, de vendre nos tourelles.
Malgré sa difficulté, le mode histoire de Spacejacked est assez court. Composé de trente niveaux, il se termine en cinq heures maximum et nous laisse, malgré le plaisir procuré, sur notre faim. Le scénario est très simpliste, assez drôle, mais ce n’est clairement pas ce qui nous intéresse le plus sur le jeu. Le script permet juste de donner l’impression de suivre un fil rouge tout au long de notre progression.
Heureusement, le mode challenge et le mode infini allongent considérablement la durée de vie. Ils constituent les parfaites additions à l’aventure principale. Si vous vous attendez à vous détendre, à trouver là un peu de répit bien mérité après les difficultés déjà éprouvées, vous vous trompez royalement. Le mode infini est en réalité un mode très court où malgré nos vingtaines d’essais, nous n’avons pour l’instant pas réussi à atteindre la dixième vague d’alien.
Le mode challenge propose des défis variés et vraiment compliqués. Au nombre de vingt, il faut parfois s’y reprendre une dizaine de fois pour les réussir. Là encore, si vous aimez la difficulté et la frustration, si Getting Over It with Benett Foddy est votre jeu de chevet, alors vous vous amuserez sur Spacejacked.
Concernant les graphismes… disons qu’il y a trois catégories de pixel art. Il y a les jeux, comme Kingdom Two Crowns, qui propose des graphismes à l’ancienne splendides, les jeux comme Stardew Valley qui ne sont ni beaux ni moches et il y a les jeux comme Spacejacked…
Les graphismes de ce jeu sont abrupts et le choix du pixel n’en est pas un : en réalité, nous ressentons que le jeu, à ce niveau-là, manque cruellement de moyens. La visibilité est d’ailleurs parfois compliquée lorsque les éléments se chevauchent. Il est impossible de surveiller le niveau d’énergie de notre blaster lorsque des aliens imposants sont autour de nous. La musique, au contraire, sent le rétro à plein nez et colle parfaitement. Son côté 8-bit dynamique se marie très bien avec toute l’action qui se déroule à l’aventure. Bien qu’elle ne soit pas transcendante non plus, elle est un atout indéniable pour le joueur.
Pour conclure ce test parlons de la plateforme sur laquelle nous avons essayé le jeu, notre chère et tendre Nintendo Switch. Spacejacked est au même prix sur console que sur PC, soit 9.99€. Cette version apporte l’avantage comme toujours de pouvoir jouer partout. Cependant, il est bien plus agréable de jouer en mode docké qu’en portable, car la visibilité devient d’autant plus limitée. Jouer à la manette n’est pas contraignant, loin de là, donc peu importe la console choisie, l’expérience restera la même.
Conclusion
Spacejacked est un très bon jeu indépendant. Simple à prendre en main, il propose une difficulté de tous les instants. Avec un gameplay addictif, c’est le genre de jeu où on tombe très régulièrement mais qui nous donne envie de nous accrocher et de recommencer. Son mode histoire est malheureusement trop court mais est compensé par des modes challenge et infini qui sont bien plus durs que l’aventure principale. Pour dix euros, c’est une expérience qui se tente, à condition bien sûr d’aimer la difficulté. Les graphismes ne sont pas très beaux, et attention, le jeu ne propose aucune traduction française.
LES PLUS
- Le gameplay dynamique et addictif
- La progression constante
- Une bande-son 8-bit entraînante
- Un prix accessible
- De l’humour bien placé
- Une difficulté très haute
LES MOINS
- Pas de traduction française
- Des graphismes vraiment pas très beaux
- Cette même difficulté qui peut rebuter certains joueurs
- Un scénario prétexte