Depuis Spelunky (2008) puis The Binding of Isaac (2011), le roguelike (et le roguelite) est vraiment un des genres de prédilection pour les développeurs indépendants. Avec la consécration critique et publique d’Hadès (2020), la popularité de ce genre n’a cessé de croître et de croître. Doomed to Hell, sorti le 20 novembre sur la Nintendo Switch, descend directement de ces succès. Le jeu, créé par quelques développeurs indépendants brésiliens encore vingtenaires, arrive sur l’eShop à un prix très alléchant de 4,99 €. Devant des jeux à ce prix-là, une question nous taraude régulièrement : sommes-nous face à une bonne affaire ou une arnaque ?
Avant de débuter ce test, nous tenons à préciser que le jeu ne propose pas de traduction française. Seule la traduction portugaise est disponible. Un niveau débutant voire moyen d’anglais est requis pour jouer correctement.
Hades + Enter the Gungeon = Doomed to Hell
Doomed to Hell nous propose une cinématique d’introduction afin de nous mettre dans le contexte. Rose, notre personnage, choisit mal son moment pour mourir : le Diable en personne vient de décréter que les Enfers étaient surpeuplés, et que la seule solution pour régler ce problème serait d’organiser une bataille royale où le survivant aurait le droit de retourner sur Terre.
Une fois que le Diable nous explique brièvement comment esquiver, viser et tirer, nous voilà face à une horde de créatures qui ne rêvent que d’une seule chose : pouvoir partir des Enfers. Le gameplay est très simple et s’assimile tout aussi rapidement. Le joystick et la gâchette gauches nous permettent de nous déplacer et de faire des roulades pour esquiver les balles, alors que le joystick et la gâchette droites nous permettent de viser et tirer avec nos armes.
Chaque niveau est constitué de cinq vagues d’ennemis. Entre chaque vague, nous pouvons choisir une amélioration qui ne sera active qui le temps du niveau. Entre chaque niveau, nous pouvons acheter des armes et des améliorations qui dureront le temps de notre partie. Nous récupérons de l’argent sur la carte mais aussi en tuant des ennemis.
Les améliorations sont vraiment classiques de ce genre de jeux. Nous pouvons augmenter notre barre de vie, notre vitesse de tir, les dégâts que nous faisons, notre propension à faire des coups critiques, etc. Doomed to Hell propose seulement deux types d’armes : les fusils (à pompe, pistolet, d’assaut) et les épées. En avançant dans notre progression, nous aurons la possibilité d’acheter des armes plus puissantes, dont les balles seront notamment à tête chercheuse.
Doomed to Hell nous laisse une impression mi-figue mi-raisin, l’impression d’un jeu qui, avec un peu plus d’effort, aurait pu être bien plus efficace et amusant. Tout d’abord, son côté roguelike n’en est pas vraiment un. Les donjons ne sont pas créés aléatoirement, et nous nous retrouvons avec des cartes vraiment petites, sans possibilité d’exploration, où le seul intérêt est de tirer bêtement sur un bestiaire très réduit.
Pour chaque zone (il y en a trois), comptez quatre ennemis différents qui apparaissent dans un ordre prédéfini en fonction de leur puissance. Chaque zone se termine avec le même boss qui n’a pas vraiment de cohérence avec l’histoire globale, à l’exception faite du dernier. Nous nous retrouvons très rapidement avec un jeu répétitif et sans créativité. Le choix des armes est aussi drastiquement restreint et vous vous retrouvez très rapidement à suivre le même chemin pour arriver à la victoire.
Le diable s’habille en canard
Par ailleurs, la durée de vie est très courte, ce qui est un comble pour un jeu inspiré du roguelike. Comptez une à deux heures pour terminer le jeu complètement. Il n’y pas de fin alternative, de nouveaux donjons, ou d’objets à débloquer : les crédits s’affichent et vous pouvez recommencer la partie. Même pour cinq euros, la rejouabilité étant inexistante, nous avons du mal à vous recommander le jeu, tant le marché du roguelike est saturé de très bons jeux.
De plus, la difficulté n’est pas très bien dosée : le premier boss est bien plus compliqué que les deux autres. En général, une fois que nous avons accès aux armes qui visent automatiquement, la difficulté devient tristement simple. Nous avons dû recommencer une dizaine de fois le premier boss, alors que nous avons tué le deuxième en moins d’une minute.
Nous sentons clairement les influences de Doomed to Hell, coincé entre un Hades et un Enter the Gungeon. Cependant, le contenu du jeu est famélique, sans créativité, et ressemble bien plus à un shoot ’em up au rabais qu’à un roguelike.
Nous avions très envie d’encourager des jeunes développeurs, mais il nous est impossible de cautionner un jeu qui se vend en mentant au futur acheteur. Contrairement à ce qu’il est écrit sur sa fiche, ne vous attendez pas à des « combats de boss épiques et stimulants » et à voir « beaucoup d’armes et de compétences différentes ». Attendez-vous plutôt à un jeu fait pour se défouler répétitif et très court, qui, une fois terminée, tombera dans l’oubli de votre bibliothèque.
Les graphismes, contrairement à sa fiche, ne sont pas du « pixel art incroyable », mais ils sont quand même intéressants. Malgré la faible variété de décors et d’ennemis, leur manque de cohérence, le pixel art est plutôt joli. La musique est elle aussi peu variée, mais dynamique et suffit pour le peu de contenu que nous propose le jeu.
Conclusion
Doomed to Hell est un jeu très moyen, sans originalité, et à la très courte durée de vie. Le gameplay est répétitif, et la seule chose qui pourrait vous laisser tenter est le tout petit prix du jeu. Pour notre part, l’aventure fut bien trop courte et peu divertissante pour que nous puissions réellement vous recommander ce jeu.
LES PLUS
- Un jeu dynamique et plein de vie
- Des canards
- De jolis graphismes
- Un petit prix
- Une musique rythmée
LES MOINS
- Une durée de vie minime (une à deux heures de jeu)
- Aucune rejouabilité
- Ni roguelike, ni shoot ’em up
- Pas d’originalité
- Un choix des armes minuscule
- Un bestiaire très limité
- Une répétitivité qui s’installe malgré la faible durée de vie
- La difficulté mal dosée
- Un scénario prétexte
- Manque de cohérence dans l’univers