Il en a de tout temps été ainsi : une idée originale n’a de cesse d’être copiée avec plus ou moins de talent. Le monde du jeu vidéo n’échappe pas à cette règle et les clones de jeux à succès sont légions. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose et si nous parlons de Metroïdvania ou de Souls Like, ce n’est pas pour dire du mal de tel ou tel jeu, mais pour les catégoriser dans un genre défini par un titre qui les a précédés et qui a posé les bases d’une expérience. Toutefois, cette positivité de façade ne doit pas laisser oublier qu’à notre époque de Kickstarter et de projets indépendants douteux, il existe une liste de jeux, longue comme… un truc que le lecteur de ces lignes complétera à son envie, qui ne sont que des clones honteux de titres merveilleux. Et c’est ici que se présente Farm Adventure Life in Willowdale qui vient lamentablement reprendre tout ce qui faisait le charme de Stardew Valley.
Stardew Clone Valley
Si cette introduction ne vous a pas suffisamment éclairé sur ce qu’est Farm Adventure, nous allons tentés d’être plus explicites. Prenez tout ce qu’est Stardew Valley, déformez-le grâce à votre esprit tordu pour le rendre insupportable et vous obtiendrez une idée très proche de ce qu’est Farm Adventure. Ce n’est toujours pas assez clair ? Vous voulez davantage de détails ? Si c’est le cas, pensez à renouveler votre abonnement à cuir et clou magazine, car la suite va piquer.
Stardew Valley commence par une lettre dans laquelle nous apprenons que nous héritons d’une ferme familiale, notre vie de bureau dans une grande ville commençant sérieusement à devenir porteur d’angoisse, nous décidons de revenir à la terre et tout le reste n’est qu’une douce idylle ventant le charme de la vie à la campagne et du respect de la nature. Tout commence de la même façon dans Farm Adventure, ou presque. Nous apprenons dans une lettre que notre oncle a besoin de notre aide pour reprendre la ferme familiale, car sa fille ne souhaite que mettre en place un supermarché tout en laissant à l’abandon les terres familiales.
Bon pourquoi pas, mais quand dans le même temps, nous apprenons que l’absence de cette ferme fait peu à peu partir la ville en désuétude, nous commençons à avoir des doutes sur les capacités de marketing de notre rivale et quand en plus nous apprenons que des monstres arrivent peu à peu vers le village et que la seule solution est de redonner vie à la ferme, cette histoire commence franchement à sentir la rustine. Mais pourquoi pas après tout ?
Non, là où la narration commence sérieusement à être dérangeante, c’est au moment où, lors d’une des quêtes que nous devons effectuer pour avancer dans l’histoire, nous apprenons que pour récupérer une graine d’un arbre ancien, il faut tout simplement abattre l’arbre. Voilà, prends ça dans ta face l’écologie et la SVT du collège. Un arbre = une graine et pis c’est tout. Le message porté est très loin des valeurs défendues par Stardew Valley et ce n’est malheureusement que le premier des éléments qui nous font sortir très vite de cette aventure.
J’ai bobo à mes yeux
Le second élément qui va nous faire regretter d’avoir investi quelques euros sur ce titre disponible dans une version boîte qui aguiche le chaland par sa pochette colorée risquant d’attirer la grand-mère à la recherche d’un jeu gentil à destination de sa progéniture, concerne l’aspect graphique. Nous sommes clairement face au niveau zéro de la notion de travail bien fait. Dès le départ, cela est évident. Nous pouvons personnaliser notre avatar. Très bonne idée clameront les avocats de ce jeu. Certes, sauf que cette personnalisation est très limitée, forme de la chevelure, forme des yeux et pilosité avec au choix cinq couleurs par catégorie.
Le constat est faible, mais la volonté de bien faire est présente, oui, mais pourquoi, une fois en jeu, l’image qui s’affiche lors des dialogues ne correspond absolument pas à notre création et reprend juste l’image de la pochette du jeu. Quel est alors l’intérêt de mettre en place une personnalisation ? La première fois que cet inconnu a pris la parole, il nous a fallu quelques secondes pour comprendre que c’était notre propre personnage qui parlait.
Et ce n’est qu’un détail parmi d’autres. La même texture du sol, entre le centre-ville et sa périphérie subit un downgrade époustouflant, sans aucune raison, à un moment c’est un sol propre, et un centimètre plus loin, c’est flou. Pour le reste la modélisation rappellera les grandes heures de la GameCube avec des environnements au nombre de polygones limité et des intérieurs que ne renieraient pas un spartiate, tout en vide et en feng shui.
Et malgré cette pauvreté à l’écran, Farm Adventure se montre capable de saccader régulièrement et de devenir douloureux pour la rétine lorsqu’une étendue d’eau arrive dans notre champ de vision. Que ce soit sur un grand écran ou en nomade, Farm Adventure est le titre parfait pour les parents qui veulent dégouter leur enfant du jeu vidéo. Même le menu peine à s’afficher alors qu’il nous est très souvent nécessaire d’y passer pour gérer notre inventaire ou afficher la carte, heureusement pourvue d’un raccourci.
Et ça continue encore et encore
Et nous arrivons au dernier point pénible de ce clone de Stardew Valley. Sa prise en main. Même cet aspect est raté. Pour travailler dans Farm Adventure, nous avons accès à un ensemble d’outils sélectionnable via des raccourcis à la Minecraft, soit un ensemble visible en bas de l’écran et modifiable avec ZL et ZR. Sauf que les outils sont très nombreux, alors ajoutez à cela les graines, l’engrais et la nourriture pour les animaux et nous obtenons des raccourcis insuffisants. Il faut alors passer beaucoup de temps dans un menu, qui ne gère pas le tactile, et qui demande beaucoup de manipulations pour mettre à leur place les items nécessaires. En un mot : pénible !
Même l’affichage des messages est pénible. Depuis la nuit des temps, un appui permet de voir le message en entier et un autre appui nous fait passer au suivant. Ici un appui = message suivant, il faut soit attendre que le message s’affiche lentement, soit passer tous les dialogues. Mais ce problème d’optimisation n’est pas unique. Pour abattre un arbre ou casser un caillou, il faut lui faire face. La case sur laquelle repose l’objet à détruire se met alors en surbrillance, mais même ainsi, il n’est pas sûr que nous soyons à même de détruire l’item visé, il faut vraiment lui faire face, pourquoi dans ce cas mettre la case en surbrillance ? Nul ne le sait.
Et ce n’est pas encore fini, l’utilisation de ces outils, que ce soit pour jardiner ou pour combattre, car oui, clone de Stardew Valley oblige nous sommes conviés à châtier les monstres méchants, l’activation de nos outils une fois l’appui sur le bouton effectué est très lent, serait-ce une volonté de Dark Souliser leur titre ? La réponse est bien évidemment non et nous demandons à nos lecteurs de pardonner ce troll trop facile, mais il ne faut pas oublier que jouer à Farm Adventure ne se fait pas sans conséquence psychiatrique sévère.
Pour le reste du gameplay, c’est du Stardew Valley, mais sans le talent. Nous passons notre temps à suivre la carte pour effectuer les quêtes demandées au lieu de vraiment nous occuper de notre ferme. Les cultures sont moins nombreuses que dans son modèle tout comme les bâtiments disponibles ainsi que les bêtes à gérer. De plus, le temps mis à passer d’un endroit à un autre nous prend la majeure partie de notre temps, Farm Adventure est davantage un simulateur de marche qu’un jeu.
Conclusion
Ce test s’adresse à toi, le parent ou le grand parent qui doit acquérir un titre pour ton petit dernier qui a eu une Nintendo Switch et qui n’y connaît rien en jeu vidéo : N’ACHETE PAS Farm Adventure Life in Willowdale ! Avec un peu de chance, tu ne dégouteras pas ta progéniture du jeu vidéo. À la fois graphiquement indigne avec une prise en main défaillante tout en étant un clone raté de Stardew Valley, il ne lui reste vraiment pas grand-chose pour être agréable à jouer, à moins bien sûr d’être le rédacteur en chef de cuir et clou magazine, mais c’est un cas de figure assez rare. Passez votre chemin et jetez-vous plutôt sur Stardew Valley, Harvestella ou Sakuna of Rice and Ruin, là vous ne le regretterez pas.
LES PLUS
- Pratique pour dégoûter les enfants du jeu vidéo
- Tout en français
- Jouable à deux
- Le système de compétences est intéressant
- Donne envie de jouer à Stardew Valley, Harvestella ou Sakuna of Rice and Ruin
LES MOINS
- Les graphismes sont très pauvres
- Les textures deviennent floues sans aucune raison
- Les quêtes sont très loin de l’esprit « mère nature est avec nous »
- Les incohérences sont trop nombreuses pour être listées
- Des problèmes de traductions
- Beaucoup trop de temps passé à marcher
- La prise en main est à la fois molle et mal optimisée
- La bande-son monopiste qui tourne en rond pour être sûre de faire perdre la raison
- Les saccades à l’écran malgré la pauvreté graphique
- 40 € en boîte pour ça, c’est de l’extorsion de fonds de grands-parents innocents et donc punis par la loi
- Les images eShop sont clairement mensongères