À chaque nouvelle génération de console apportant son lot d’amélioration de performance, le rêve du jeu vidéo ultime, qui serait capable de mélanger l’ensemble des genres dans un tout cohérent, refait son apparition. De nombreux titres ont déjà tenté cette expérience de mixité avec des résultats dont le dénominateur commun serait un flou déséquilibré. Loin d’être refroidis par ces tentatives concurrentes, les développeurs du studio espagnol de Games For Tutti nous offrent aujourd’hui leur dernier titre, Scrap Riders, qui vient mixer Point’n click et Beat’em All. Alors le résultat sera-t-il à la hauteur de ce mélange surprenant ? La réponse viendra en fin de test.
Futurama es-tu là ?
Si nous devions caricaturer le genre du Beat’em All, nous pourrions parler de bagarre sans narration, tandis que le genre du Point’n Click serait affublé d’une histoire sans action. Comment réconcilier ces deux genres qui semblent pourtant si éloignés sur le papier ? C’est la lourde tâche à laquelle s’est attelé Game For Tutti en partant du principe qu’à défaut d’être opposés, ces deux genres étaient juste complémentaires. Nous allons donc alterner entre des phases de combats et des moments basés sur la narration, tout simplement.
Mais avant de préciser si ce mélange est efficace, commençons par poser les bases de notre aventure. Dans un monde futuriste, nous incarnons Rast, un homme d’âge mûr dont les passions semblent être l’alcool et la castagne. Il est l’un des membres des Scraps Riders, une bande de contrebandiers galactiques qui procure, à ceux qui en ont les moyens, les objets dont ils ont besoin. Et l’éthique du travail bien fait et de la commande livrée en temps et en heure est importante chez ces mercenaires. Alors quand un gros malin vient leur piquer leur livraison en cours, il va nous falloir mener l’enquête et défoncer du crâne pour remettre les choses aux claires.
C’est ainsi que Rast sera amené à déambuler sur un monde en proie à la cupidité d’une multinationale toute puissante contrôlant aussi bien les forces de l’ordre que les différents groupes mafieux qui peuplent ces rues malfamées et ces déserts abandonnés. Tout dans Scrap Riders transpire l’amour du cyberpunk et de la science-fiction. Les références fusent dans tous les sens autant dans les clins d’œil graphiques que dans les dialogues, c’est un plaisir de suivre Rast tout au long de cette histoire.
Ces dialogues, entièrement traduits en français, font la part belle à l’autodérision et semblent tout droit inspirés de la série Futurama de Matt Groening. La galerie de personnages qui composent notre équipage est certes moins fournie en espèce extraterrestre, mais notre robot déluré est bien présent et vu son comportement, il doit certainement faire partie de la famille de Bender. Avec un humour largement situé en dessous de la ceinture, le titre de Games For Tutti n’est pas forcément adapté à tous les publics, ce qui explique sans doute son PEGI 16.
Riders on the Storm
Maintenant que ces bases sont posées, nous allons pouvoir aborder les deux phases de gameplay que nous allons devoir maîtriser. Et malheureusement pour nous, si ces deux genres que sont le Point’n Click et le Beat’em All sont bien présents et plutôt équilibrés en termes de temps de jeu, dans les deux cas, les mécaniques mises en place sont en deçà des ténors du genre. Ainsi, les moments basés sur la collecte, la combinaison et l’utilisation d’items sont assez simples et il ne ressemble davantage à une succession d’allers-retours sans liant ni aucune recherche dans le level design.
Les phases de Beat’em All sont, elles aussi, extrêmement classiques. Nous sommes proches de ce que proposaient les hits des années 90. Une attaque simple au pied ou au poing, un saut, un dash et une attaque super qui demande à une jauge de se charger avant d’être utilisable. Le résultat est intéressant, mais il ne propose rien de bien nouveau et l’impression de déjà vu qui s’en dégage arrive bien vite.
De plus, jouer à un Beat’em All ne peut se concevoir sans la possibilité de partager cette expérience de jeu avec un ami sur un même canapé. Avec la galerie de personnages des Scrap Riders, comment ne pas avoir pensé à implémenter cette possibilité ? De même, nous ne pouvons que contrôler Rast durant ces phases, c’est là encore frustrant et induit un manque de renouvellement des situations rencontrées qui devient très vite palpable. Les ennemis, malgré des designs différents, ont tous des capacités identiques entre les lourds qui chargent longtemps leur attaque et les légers qui nous foncent dessus. Il est facile de comprendre leur patern et il est rare d’être surpris.
La prise en main de cette partie est impeccable, nos coups sortent facilement et le mapping des touches ne souffre d’aucun défaut. Nous regrettons toutefois que la hitbox de nos ennemis laisse part à des petites approximations. Il n’est pas rare d’avoir l’impression de toucher un ennemi sans que celui-ci ne s’en rende compte, et cela est d’autant plus vrai sur les gros ennemis. Les graphismes sont, eux aussi, loin d’être optimaux.
Si le choix de privilégier un rendu d’hommage à la génération 16 bits est évident sur les décors, tout réalisé en pixel art, le travail sur les personnages est loin d’être à la hauteur. Pour rappel, des consoles telles la Super Nintendo pouvaient afficher des personnages dont les dimensions pouvaient monter jusqu’à un carré de 64 pixels de côté. Ici, seuls nos ennemis et les PNJs semblent bénéficier d’un tel traitement de faveur. Notre héros fait bien triste figure et nous sommes loin des canons du genre, notamment en ce qui concerne les visages.
Conclusion
Scrap Riders tente de mêler les deux genres bien différents que sont le Point’n Click et le Beat’em All. Si l’équilibre entre chacune de ces phases est bien présent, nous amenant à vivre une histoire intéressante dans un monde déjanté au fort accent de Futurama, force est de constater toutefois que chacune des phases de gameplay est en deçà de ce que proposent les ténors du genre. Le Point’n Click se limite trop souvent à des allers-retours pénibles tandis que le Beat’em All ne propose rien de neuf et ne se renouvelle jamais. Ses graphismes sont eux aussi bien trop inégaux suivant les lieux et les personnages. C’est dommage, car après avoir joué au titre de Games For Tutti, le potentiel de ce mélange semble maintenant évident, et il ne manque pas grand-chose pour faire de ce Scrap Riders un incontournable.
LES PLUS
- Les décors peuvent être soignés et détaillés
- L’humour décalé est présent de bout en bout
- Les références à la culture SF fusent de tous les côtés
- Le mélange Point’n Click et Beat’em All fonctionne à merveille
- Les mécaniques de beat’em all sont classiques et sérieuses
- La narration est prenante dès les premières minutes
- Les phases de beat’em all ne sont pas punitives malgré un challenge bien présent
LES MOINS
- Les phases de point’n click se limitent trop souvent à des allers-retours
- Un beat’em all sans multijoueur, nous disons non !
- Un seul personnage jouable et donc un seul gameplay en beat’em all, ce n’est pas assez
- Les sprites des personnages manquent cruellement de détails dès que nous touchons au visage