Pour jouer au dernier titre de Salix Games, Dance of Death : Du Lac and Fey, il faut commencer par se mettre dans l’ambiance. Pour cela, c’est très simple, il faut tout d’abord mettre en fond sonore la Marche funèbre de Mozart, se vêtir de noir et arborer un air de circonstance. Les plus audacieux pourraient même envisager d’éplucher un oignon pour faire ainsi naître des larmes qui auront une place de choix dans cet ensemble. Pourquoi cette mise en scène est-elle nécessaire ? Et bien, car nous allons assister à la mise en terre d’une idée qui méritait bien mieux, mais qui s’est lâchement fait poignarder dans le dos et voici pourquoi.
J’ai mal à ma Nintendo Switch
Mais tout d’abord, précisons que Dance of Death : Du Lac and Fey est un point’ n click. Un jeu d’aventure dans lequel nous devons explorer noter environnement pour y dénicher de quoi nous faire progresser tout en ayant moult discussions avec les personnages qui hantent les lieux que nous foulons. Le genre est en plein revival et le fait d’avoir pu apprécier les suites respectives des aventures de Larry Lafner et de Guybrush Threepwood en est le signe le plus évident qui cache pourtant une multitude de projets indépendants tous plus intéressants les uns que les autres.
Alors quand nous voyons un titre nous proposer d’incarner Lancelot du Lac et la Fée Morgane, devenus immortels et chasseurs de démon, le tout dans un Londres victorien, forcément notre intérêt se voit titillé grandement. D’autant plus que Morgane a été transformée en un magnifique lévrier par nul autre que Merlin. Des souvenirs de nos aventures en compagnie de Gabriel Knight ressurgissent et nous laisse espérer de passer un bon moment devant notre écran, qu’il soit petit ou grand.
Et le début de nos aventures nous conforte dans cette impression première. Nous découvrons nos deux héros dans le froid de la Norvège, menant une enquête sur des morts suspectes. Nous apprenons bien vite que celles-ci sont l’œuvre d’un démon et après un combat aussi épique que la réalisation d’une pâte à crêpe, nous en venons à bout. L’occasion pour nous d’avoir une vision nous indiquant que Merlin se trouve à Londres. N’écoutant que notre compassion pour l’état de Morgane, nous décidons de nous rendre dans la capitale anglaise.
Et cette première partie est déjà annonciatrice de la catastrophe qui va se produire. Si le pitch de départ est prenant, la réalisation est catastrophique. Les déplacements de nos héros sont soumis à une latence incroyable et inexplicable pour le genre. Nous en arrivons à foncer dans des murs sans avoir aucune idée de la direction vers laquelle incliner notre stick pour juste aller tout droit. Le pire c’est que ces mouvements sont d’une lenteur affolante et vraiment pénible.
La cinématique qui conclut cette introduction à la fois inquiétante et pourtant pleine de promesses ne vient pas nous rassurer puisqu’elle saccade. Une cinématique qui saccade ! Nous n’arrivons même pas à trouver un exemple de jeu vidéo pour lequel ce fut le cas. Comment ces quinze premières minutes de jeu n’ont-elles pas pu alerter les développeurs sur l’état catastrophique du portage qu’ils proposent ? Les joueurs Switch sont-ils des vaches à lait aveugles pour Salix Games ?
Qui veut une balle dans le pied ?
La question est loin d’être exagérée, car la suite de notre aventure est encore pire. Des éclairages qui disparaissent, laissant notre personnage dans une obscurité incompréhensible. Des textures qui disparaissent, nous permettant de profiter de personnages ayant sans doute le T-1000 dans leur famille. Des personnages qui, trois fois sur quatre, souffrent d’une cataracte prononcée avant de subitement retrouver des pupilles saines. Des décors granuleux, des contrôles inopérants, des téléportations subites, voilà ce qu’il nous a fallu endurer pour avancer dans ce Dance of Death : Du Lac and Fey.
Mais le pire, c’est que le titre en lui-même, en dehors de ces défauts inexcusables, fait aussi énormément de choses pour se gâcher lui-même. Commençons par des déplacements trop lents dans des décors vides et sans vie qu’il va nous falloir arpenter en long, en large et en travers. Nous sommes les spectateurs de cette histoire, nous nous contentons d’emmener nos personnages d’un lieu à l’autre sans vraiment avoir l’impression de faire tourner nos méninges.
Mais ce n’est pas tout. Si la possibilité d’incarner Lancelot et la Fée Morgane, très vite accompagnés de Mary Jane Kelly, la dernière victime de Jack l’Éventreur est une idée vraiment intéressante, elle cache surtout le fait que le côté surnaturel de notre enquête, centrée autour du tueur en série londonien, disparaît quasiment jusqu’à la fin de notre aventure, qui se termine d’ailleurs en queue de poisson.
Tout le potentiel amené par les personnages et leur histoire disparaît ne laissant qu’une Mary Jane pouvant interagir avec les habitants de son quartier et une Morgane ayant la possibilité d’interagir avec les animaux. Toutes les légendes arthuriennes qui auraient pu servir ainsi que l’ensemble du folklore celte sont complètement oubliées. Alors certes la narration se base sur des éléments réels concernant Jack l’Éventreur, mais pourquoi faire intervenir deux chasseurs de démons dans l’histoire si c’est pour que leurs capacités soient inutiles ? Dance of Death semble avoir été pensé comme un premier épisode, malheureusement, il se tire une balle dans le pied en pensant à sa suite avant de soigner son épisode fondateur.
Conclusion
Comment oser sortir un titre dans un tel état sur une console qui accueille la quasi-totalité des jeux du genre, à savoir le point’n click ? Comment rendre un point’n click, pourtant pas le genre le plus exigeant en termes de framerate et de graphisme, à ce point injouable ? Beaucoup de questions qui se résoudront peut-être avec un patch, mais qui ne cachent toutefois pas des faiblesses de scénario et de gameplay déjà grandes et qui font de ce Dance of Death : Du Lac and Fey un titre à éviter à tout prix. Dire que nous sommes déçus est un euphémisme, nous somme en colère devant un tel gâchis.
LES PLUS
- Traduit en français
- Donne envie de jouer à n’importe quel autre point’n click pour se laver les yeux
LES MOINS
- Des saccades inexcusables pour un jeu du genre
- Des textures qui ne s’affichent pas
- Des contrôles inopérants
- Une histoire qui n’utilise jamais son potentiel